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La Scena Musicale - Vol. 21, No. 5 février 2016

Jazz : Perspectives hivernales (En concert et sur disque)

Par Marc Chénard / 1 février 2016

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Du solo aux orchestres

En mars 2015, en soirée de clôture du festival Effendi Jazz en Rafale, le guitariste Michel Cusson présentait, en première, un concert solo. Moins d’un an plus tard, il revient sur scène le 11 février au Lion d’Or avec le même programme, deux semaines après le lancement du disque en magasin. Musique cinématographique, son projet, simplement intitulé Solo, tire son inspiration d’une série de photos laissées par une femme sur une plage américaine puis récupérées et remisées par l’artiste chez lui pendant plus de dix ans. La redécouverte de ces clichés a alors stimulé son imaginaire. Il en résulte une espèce de trame sonore impressionniste où le musicien enrobe son jeu en direct d’effets électroniques variés (boucles, enregistrements multipistes, etc.). Jadis rendu célèbre dans le légendaire trio fusion Uzeb, Cusson persiste et signe dans cette même veine électrifiée avec ce projet.

Les grandes formations en jazz sont presque un luxe de nos jours. Pourtant, l’Orchestre National de Jazz de Montréal a connu son année la plus faste l’an dernier, avec pas moins de quatre prestations festivalières. Mais il y en a d’autres qui hantent nos scènes, dont le Ratchet Orchestra du contrebassiste Nicolas Caloia et un nouveau venu, le grand orchestre de la saxophoniste Beth McKenna.

Les amateurs de musiques improvisées connaissent bien le premier, doué comme il est par un don d’ubiquité dans les cercles des musiques actuelles. C’est dans ce bassin qu’il puise la main-d’œuvre de sa formation, les Jean Derome, Lori Freedman, Jean René, Isaiah Ceccarelli et j’en passe. Le 27 mars, Caloia lance le troisième enregistrement de son ensemble sur une étiquette américaine, Mode Records. The Ratchet Orchestra Plays the Music of Goldstein regroupe cinq compositions de ce violoniste américain de renommée internationale en musiques contemporaines et improvisées qui, pour une rare fois, révèle l’autre versant de son travail.

La prestation, qui se déroulera à la Casa del Popolo, ne réunira pas l’orchestre au complet, mais plutôt une petite formation rassemblée pour rendre hommage à Goldstein le jour même de son 80e anniversaire. Si vous avez manqué la première en 2013 (j’y étais), voire les quelques concerts en ville l’an dernier, ce disque sera une belle découverte, sinon une révélation pour les amateurs d’aventures sonores aux confins des styles.

À 26 ans, Beth McKenna est une saxophoniste ténor native de Nouvelle-Écosse qui a élu domicile chez nous pour étudier à McGill. L’an dernier, elle lance son grand orchestre avec un premier disque autoproduit (Start). En janvier, elle et ses acolytes, jeunes pour la majorité, sont retournés en studio pour réaliser Home, Montréal, une suite en hommage à sa ville d’adoption. Le 24 mars prochain à l’Astral, elle lance l’album en interprétant cette œuvre de plus d’une heure. Inspirée autant par Christine Jensen que par cet autre ancien de McGill, Darcy James Argue, Beth McKenna cherche à repousser les frontières du genre, autant par son écriture que par l’emploi d’électroniques. À surveiller.


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