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La Scena Musicale - Vol. 21, No. 1 septembre 2015

Les Productions Geordies : une passion bien vivante depuis 35 ans

Par Lucie Renaud / 1 septembre 2015

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Beethoven Lives Upstairs
Image de Beethoven Lives Upstairs

Depuis leur création, en 1980, les Productions Geordie n’ont cessé de présenter des pièces sur scène en langue anglaise à un jeune public, que ce soit dans les écoles ou au théâtre. À raison de plus de 300 représentations par année, l’organisme apporte la magie du direct tout en cherchant à augmenter continuellement son public de base.

Le directeur artistique, Dean Patrick Fleming, a pleinement conscience des embûches auxquelles, quotidiennement, la compagnie fait face en termes de créativité et de marketing. « Il faut constamment changer son approche parce que le monde des médias change, évolue, et que le monde de la culture en anglais a beaucoup rétréci », explique-t-il lors d’une entrevue au téléphone.

Les bons vieux classiques et deux nouvelles productions

Même si un anniversaire peut sembler l’occasion idéale pour s’arrêter, faire le point et présenter des « valeurs sûres » (dans ce cas, le toujours populaire Beethoven Lives Upstairs, Hana’s Suitcase et A Christmas Carol, œuvres qui ont connu un grand succès ces dernières années), la compagnie doit aussi de continuer de traiter des sujets et problèmes sociaux actuels. Squawk,une pièce écrite par l’auteure terre-neuvienne Megan Coles, parle des choix que doit affronter une jeune autochtone, coincée entre un mode de vie traditionnel et celui plus actuel des jeunes branchés sur internet. Le monde des jeux vidéo devient un exutoire, un outil lui permettant d’exprimer ses peurs. « Notre directeur vidéo a fait un travail énorme pour créer quelque chose qui nous rappelle le monde du jeu vidéo Sin City; le reste de la pièce se déroule dans l’aire de restauration d’un centre commercial », explique Fleming. Ce n’est pas la première fois que les Productions Geordie empruntent des chemins inusités. Pendant la saison 2012-2013, notamment, elles avaient présenté Jabber, une pièce mettant en scène une jeune fille, seule dans son école à porter le hijab.

L’autre nouvelle production, Chalk City de l’auteur Cliff Cardinal, parle de l’amitié entre une fillette de 4e année de primaire et un garçon de 6e année. Lorsque ce dernier apprend que ses parents sont sur le point de divorcer, il réagit en rompant cette amitié avec sa meilleure amie, la différence d’âge étant devenue un obstacle insurmontable. Quand cette confrontation arrive, leur monde commence à s’écrouler et le monde qu’ils ont dessiné à la craie devient réel. « C’est très simple en matière d’animation, presque un hommage à Scooby Doo, confie Fleming. Nous n’avions jamais auparavant créé un spectacle de ce genre où la vidéo et les personnages interagissent. »

Un travail d’écriture qui s’adresse aux enfants

Depuis bientôt 35 ans, les Productions Geordie ont toujours essayé d’aller de l’avant dans leurs pièces pour enfants. « Vous pouvez emmener où vous voulez un public composé de jeunes, croit-il fermement, car ils ont une imagination très fertile. La seule chose inacceptable à leurs yeux est de mentir ou d’arrêter de raconter une bonne histoire. Le jeune public d’aujourd’hui est plus informé et réagit plus qu’il y a 35 ans, même si je reste convaincu que les enfants ont toujours formé le public le plus éveillé. Ils sont habitués à ce qu’on leur raconte des histoires et ils constituent un très bon public. »

Les défis

Directeur artistique depuis dix ans, Dean Patrick Fleming n’est pas du genre à se reposer sur ses lauriers. « Je travaille à créer des mondes imaginaires et à collaborer avec des artistes époustouflants qui adorent leur travail, même si les revenus sont ridiculement bas », commente-t-il avec un petit rire. Comme le marché anglophone ne cesse de rétrécir, les spectacles sont désormais présentés dans les écoles françaises comme faisant partie du programme d’anglais. La compagnie offre d’ailleurs des guides d’études détaillés pour faciliter le travail du professeur avant et après la présentation de la pièce.

Une école de théâtre a également été mise sur pied qui offre des programmes dans les écoles et des cours qui se déroulent au siège des Productions Geordie les soirs et les fins de semaine. L’an dernier, environ 140 enfants, de 5 à 17 ans, se sont inscrits à ce programme. Ils travaillent d’abord la base – la création de personnages dans des jeux d’improvisation – et préparent aussi un spectacle complet qui est présenté pendant deux soirs à la fin de l’année.

Fleming insiste sur l’importance pour les spectacles de la compagnie d’avoir une deuxième vie après leur présentation dans les écoles de Montréal. Jabber, par exemple, a été monté l’année dernière à Toronto et aux États-Unis et sera présenté dans le cadre de deux superproductions. « Cela va probablement nous emmener faire une autre tournée aux États-Unis, croit-il. Je pense que, à certains égards, c’est ce que la compagnie a besoin de faire : créer des spectacles qui vont continuer leur vie ailleurs et vont tourner à travers le pays et aux États-Unis, et, espérons-le, en Europe, des spectacles qui vont voyager pendant des années. Nous espérons que Beethoven Lives Upstairs va traverser le Canada d’est en ouest l’an prochain et c’est dans cette optique que nous travaillons actuellement sur deux nouveaux spectacles » Déjà au top aujourd’hui sur la scène locale, les Productions Geordie peuvent devenir, demain, des ambassadeurs exceptionnels à l’échelle internationale.

Traduction : Brigitte Objois

geordie.ca


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