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La Scena Musicale - Vol. 20, No. 6 avril 2015

Comment s’illustrer dans un concours de chant

Par Marc-Olivier Laramée / 1 avril 2015

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Wolfgang Holz

L’édition du Concours musical international de Montréal de cette année est consacrée au chant. Tout donner en moins d’une demi-heure, voilà ce que doit faire un chanteur lorsqu’il se présente à un concours. Vingt-quatre candidats provenant de 9 pays se livreront une joute du 25 mai au 5 juin prochain.

Les préparatifs pour une telle épreuve sont fastidieux. Rien ne doit être négligé, à partir du choix du répertoire jusqu’à la prestation finale, sans omettre un travail rigoureux de la voix. Voici quelques-uns des précieux conseils provenant de deux membres du jury.

Wolfgang Holzmair d’Autriche, baryton de réputation internationale, a été membre de plusieurs jurys internationaux.

Selon M. Holzmair, l’essence même d’un chanteur est une voix solide jointe à une personnalité forte. « Une voix peut être belle, mais ennuyeuse si elle n’est pas soutenue par de solides basses, de l’émotion et surtout une histoire derrière chacune des notes de musique, dit-il. Chanter, tout particulièrement des airs des grands opéras, doit toujours se faire en allant au-delà des lignes mélodiques. Comme l’expression le dit, c’est l’intention qui compte. Le chanteur doit faire passer son message en chantant les émotions et l’histoire, c’est ainsi qu’il peut alors bien communiquer. Il peut avoir la plus belle voix du monde, mais cela n’est rien s’il est impossible de l’apprécier et de créer un lien entre le chanteur et l’auditoire », précise M. Holzmair.

La préparation pour le concours est cruciale. Le plus important est de s’approprier les arias. « La pire chose qu’il puisse arriver, c’est qu’un chanteur en imite un autre. Le travail accompli ne sert plus à rien, car la prestation ne devient qu’une contrefaçon du chant », souligne-t-il.

Le choix des traits est le reflet du chanteur. Ce choix ne se fait pas à la légère. « Puisque le temps alloué aux chanteurs est limité, les participants ne doivent pas oublier qu’ils n’ont pas le temps de faire une pièce pour se réchauffer, ce n’est pas comme à l’opéra, on donne tout sans compter », dit M. Holzmair. Les arias devraient être variées pour démontrer l’étendue des capacités du chanteur. Il conclut en ces termes : « Quand j’écoute un chanteur, je recherche l’authenticité. »

Richard Bonynge, d’Australie, est chef d’orchestre, pianiste de formation. Il a aussi une profonde connaissance de la voix, ayant dirigé d’innombrables productions d’opéras.

« Je dois admettre que suis un peu difficile quand vient le temps de décider si un chanteur est bon ou non, car j’en ai entendu beaucoup. Je recherche une voix, de la musicalité et la technique vient en troisième lieu », dit M. Bonynge. Il souligne que c’est bien la voix qui est la plus importante. Sans voix, un chanteur n’est pas un vrai chanteur.

La musicalité est un terme dont la définition est bien personnelle. Pour maestro Bonynge, la musicalité réside dans la compréhension des lignes mélodiques, de la direction de l’air voulue par le compositeur. Une fois de plus, la communication revient comme élément décisif dans une prestation. « C’est le cœur du lien qui se tisse entre l’artiste , la musique et le public », dit M. Bonynge. La musique s’apprend dit il, mais non l’instinct musical. Et sans cela, le chant n’a plus de valeur.

Le répertoire doit comporter des grands airs, d’opéras italiens et français par exemple. « L’essentiel, c’est de montrer qu’on a une voix », dit le chef. Il est bon d’écouter des enregistrements anciens effectués par les plus grands artistes lyriques, et non seulement les plus récents. « Cet exercice ne doit par ailleurs jamais inciter à copier. Par contre, on peut s’en inspirer ».

« Je trouve qu’il est de plus en plus difficile de trouver de bons chanteurs, les jeunes sont trop impatients. » Le chef explique cela par la préparation qui semble insuffisante. Il faut prendre le temps de faire ses gammes, tous les jours, et « avec un travail ardu, on atteint les sommets ».

Le CMIM remettra un total de plus de 70 000 $ en bourses, sans oublier de nombreuses offres de contrats pour les finalistes.


Le Concours musical international de Montréal présentera 24 candidats dans l'édition chant qui aura lieu du 25 mai au 5 juin. Un Prix du lied et de la mélodie française a été ajouté cette année. Les premières épreuves auront lieu du 25 au 27 mai à la salle Bourgie. L’épreuve finale aura lieu les 2 et 3 juin, et le concert gala des lauréats le 5 juin à la Maison symphonique. concoursmontreal.ca
- Renée Banville


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