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La Scena Musicale - Vol. 20, No. 5

Les Petits Violons sont devenus grands

Par Michèle-Andrée Lanoue / 1 février 2015

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 Les Petits Violons 2014-2015

« Pas de haute civilisation sans musique », affirmait Jean Cousineau, violoniste, compositeur et fondateur de l’école Les Petits Violons. L’année 2015 coïncide avec le 50e anniversaire de cette école pas comme les autres.

Les Petits Violons, c’est à la fois une école, une méthode d’enseignement et un orchestre. Ce succès, étroitement lié à l’histoire de la musique au Québec, débute en 1965 alors que la province est plongée en pleine Révolution tranquille. Jean Cousineau constate un manque important d’écoles structurées en enseignement des cordes. Il élabore alors une méthode originale d’apprentissage fortement inspirée des travaux du pédagogue japonais Shinichi Suzuki–dont il fera d’ailleurs la rencontre à l’été 1965. M. Suzuki dira de Cousineau qu’il est le professeur de violon le plus important en Amérique du Nord.

La méthode Cousineau initie les enfants au violon dès l’âge de cinq ans. Elle repose sur le juste apprentissage et la corrélation entre la vue, le toucher et l’ouïe; Jean Cousineau a créé une méthode par laquelle le violon est porté naturellement par le corps, avec le moins d’effort possible.

« Il avait une façon très précise d’enseigner. Nos musiciens n’ont pas de tendinites », explique Marie-Claire Cousineau, fille du pédagogue et violoniste. Celle qui est désormais directrice de l’école mentionne un autre aspect central de la méthode : la représentation mentale de l’exécution.

« Tout geste est commandé par le cerveau, ajoute-t-elle. Le geste erroné n’est pas plus facile que le geste exact. Nous apprenons à l’étudiant à ne pas programmer une erreur. »

La vie de l’éminent pédagogue a été portée par le désir de transmettre le goût de l’archet, de la musicalité et de la rythmique. C’est dans le jeu de l’instrument que l’élève trouve sa motivation. « La rigueur n’exclut pas le plaisir, au contraire elle le bonifie », se plaisait à dire M. Cousineau. Marie-Claire Cousineau explique que la méthode ne contient pas de gammes et d’arpèges. « Nous intégrons plutôt des exercices spécifiques au sein même de certaines pièces. C’est un peu moins rébarbatif comme façon d’aborder la technique. »

Au début de l’année 1974, Jean Cousineau lance l’Ensemble Les Petits Violons qui rassemble les recrues les plus avancées de l’école; les jeunes violonistes sont accompagnés par un orchestre lors du concert de fin d’année. Les âges et niveaux s’effacent alors derrière une passion commune pour la musique.

« C’est magnifique de voir ces yeux qui brillent. Il faut également mentionner que la qualité musicale est remarquable », poursuit Mme Cousineau. L’Ensemble Les Petits Violons a gravé plusieurs disques et fait des tournées en France, au Canada et aux États-Unis.

En 2009, Jean Cousineau fonde un ensemble de musiciens professionnels qui porte son nom. Parmi eux, Xavier Lepage-Brault, altiste. Il s’est joint aux Petits Violons à l’âge de 7 ans. Aujourd’hui, il enseigne à l’école et joue dans l’Ensemble Jean Cousineau. La principale force de la méthode réside selon lui en ce qui a trait à la main gauche. « Nous préconisons une main efficace et agile, sans efforts inutiles avec de nombreux exercices tels que des tierces, articulations, démanchés », explique-t-il.

M. Lepage-Brault apprécie particulièrement le fait d’insuffler un jeu d’ensemble tôt dans le processus d’apprentissage. « Il est important de prendre ces réflexes dès le départ », dit-il.

« Nous développons le goût de la musique pour tous, même ceux qui ne poursuivront pas en musique », souligne Mme Cousineau. Ils sont pourtant nombreux à avoir choisi une carrière musicale professionnelle. Certains se sont joints à des orchestres de renom, d’autres sont devenus des solistes reconnus à Montréal, ailleurs au Québec et dans le monde, s’avérant ainsi de magnifiques ambassadeurs de la communauté artistique québécoise.

L’héritage musical de celui qui nous a quittés le 3 avril 2013 est plus vivant que jamais.

« Quelle passion, quel dévouement, quel talent mon père avait ! Et avant tout, un profond respect du violon. Il a pratiqué jusqu’à la fin de ses jours. Il réinventait constamment : il tentait par exemple de trouver le meilleur doigté possible. Il présentait une œuvre d’une telle manière que nous avions tous envie de la jouer. »

Un profond respect du violon animait Jean Cousineau, mais également un respect indéniable pour l’enfant. « Pour Jean, l’enfant est entier, il est intelligent. Ils devenaient des amis rapidement. » De grandes qualités sociales et pédagogiques qui ont fait et font toujours de Jean Cousineau un homme d’exception. 

D’anciens membres des Petits Violons
· Angèle Dubeau (La Pietà)
· Martin Chalifour (violon solo de l’Orchestre philharmonique de Los Angeles)
· Chantal Juillet
· Alexandre Da Costa
· Marc Béliveau, Myriam Pellerin (OSM)
· Alain Giguère, Brigitte Lefebvre, Lucie Ménard, Johanne Morin, Marcelle Mallette, Florence Mallette (OM)
· Yukari Cousineau (violon solo de l’Orchestre Métropolitain)
· Christian Prévost, Anne Beaudry, Françoise Morin-Lyons et Denis Béliveau (I Musici)


Le concert du 50e anniversaire aura lieu le 3 mai 2015 à la salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau. Tous les anciens élèves sont invités à se joindre à la fête pour interpréter « l’hymne » des Petits Violons : Le Petit Poulet. www.lespetitsviolons.com


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