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La Scena Musicale - Vol. 20, No. 1

Jazz : Perspectives d’automne

Par Marc Chénard / 1 septembre 2014

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Après le délire festivalier de juin et la pause estivale qui s’ensuit, la scène jazz sort lentement de sa torpeur en ce mois de rentrée. Comme d’habitude, il faut vraiment attendre à octobre pour que les activités décollent. Certes, on peut toujours compter sur le bar Upstairs Jazz, le Dièse onze et le Café Résonance pour assurer une certaine continuité dans la présentation de musiques en direct, mais il faut vraiment attendre le passage à l’automne pour les saisons de concerts.

Exception à cette règle, l’Orchestre national de Jazz – Montréal (ONJ) lance sa deuxième saison dès le 12 septembre à l’Astral. Placé sous la direction du tromboniste Jean-Nicolas Trottier, l’ensemble interprétera de ses œuvres et d’autres du réputé arrangeur américain Jim McNeely. Le 30 octobre, le saxo Samuel Blais présentera sa musique et celle de Darcy James Argue, ex-Montréalais et chef de sa propre formation new-yorkaise, la Secret Society. Un mois plus tard (le 27), la saxophoniste Jennifer Bell et son mari Bill Mahar dirigeront le groupe dans une soirée de musiques inspirées par des poètes québécois et canadiens ainsi que de la suite Such Sweet Thunder de Duke Ellington Le 25 septembre le trio Derome-Guilbeault-Tamguay présentera son hommage à Lennie Tristano avec Alexendre Grogg au piano, à la Salle Bourgie du MBAM (18 h).

Dès le début octobre, l’Off Festival de jazz de Montréal marquera sa quinzième édition avec une brochette de 32 concerts répartis entre dix salles. En guise d’avant-goût, une soirée d’ouverture excitante est à l’affiche (le 3), avec le duo Michel Lambert et Alexandre Grogg suivi du quartette new-yorkais du bassiste Michael Formanek (incluant l’altiste Time Berne). Ça promet. En mi-festival (le 8), l’OFF salue deux de ses fondateurs, Jean Vanasse et Pierre St-Jak, avec leurs groupes respectifs. Nous reparlerons de cet événement le mois prochain.

Quant au vénérable FIJM, lui aussi revient en force avec sa saison Jazz à l’année longue. En vedette  : le guitariste John Abercrombie (vendredi 24), Jacques Kuba Séguin (25, voir article ci-contre), Pat Metheny Unity Group (jeudi 13 novembre) et le Jim Doxas Trio (jeudi 20).

Séguin, notons-le, lancera son disque en concert, l’un de plusieurs qui paraîtront chez nous durant la saison. Signalons du reste quelques-uns des albums à surveiller :

· Félix Stüssi Sextette (avec Ray Anderson) – Arrabbiata – (Effendi)
· Samuel Blais (avec Dave Liebman) – Cycling – (Effendi)
· Eric Hove TentetSaturated Colour – (Autoproduction de l’artiste)
· Marianne Trudel Quintet (avec Ingrid Jensen) – La vie commence ici – Justin Time (Lancement de ce disque en concert à la Maison de la culture Frontenac, 22 octobre). À noter  : Trudel annonce une campagne de financement de son disque. Information :www.indigogo.com(Onglet « musique » et inscrire le titre du disque dans la case recherche.)

Côté Maisons de la culture, on peut consulter le site « accèsculture.com » (onglet musique) pour l’ensemble de la programmation. Notons toutefois les maisons où le jazz sera particulièrement mis en évidence cet automne.

• Ahunstsic-Cartierville
9 octobre – Joel Miller et Honeycomb
22 octobre – Parc-X Trio
30 octobre – Jacques Kuba Séguin - Litania Project

• Côte-des-Neiges                                                                       
12 novembre – Yves Léveillée Septette – Essence                                       
27 novembre – Vincent Dionne et Brubeck en Tête

• Frontenac                                                                              
2 octobre – Jazz Lab Orchestra avec Jon Roney – World colors                             
5 novembre – Yves Léveillée Septette – Essence

(Tous les concerts à 20 h)

Requiem : Jan Jarczyk (1948-2014)

Le 3 août, le pianiste Jan Jarczyk s’est éteint, victime d’un cancer. La nouvelle, annoncée discrètement sur son site le lendemain, surprit la communauté jazzistique montréalaise qui ignorait son état, qu’il avait choisi de taire. Né en Pologne, il a élu domicile à Boston en 1977, enseignant à l’école de musique Berklee. Huit ans plus tard, il se joint au département jazz de l’Université McGill, y prenant sa retraite en début d’année. Il aura donc contribué à la formation de moult jeunes talents, les Jon Roney, Marianne Trudel, les frères Doxas, Christine Jensen et j’en passe.

Comme tout Européen, la musique classique était sa première influence, plus précisément la tradition romantique incarnée par Chopin, l’icône même de la musique polonaise. De ce fait, il bénéficiait d’une connaissance approfondie de l’harmonie, sa principale force. En jazz, il pouvait aussi se revendiquer de cet autre légende pianistique, Krzysztof Komeda – réputé pour ses trames sonores, comme Rosemary’s Baby, film terminé peu avant son décès accidentel en 1969. La production discographique de Jarczyk est modeste (une dizaine d’albums), mais elle reflète bien son penchant lyrique, sa touche nuancée et toute classique, un sens de swing assez mesuré, parfois un peu trop contenu dans ses élans. Outre des collaborations ponctuelles en duo avec un de ses anciens étudiants, John Stetch, il se produisait ces derniers temps en trio avec Jim Doxas (btr.) et Fraser Hollins (cb), sa dernière prestation remontant à l’hiver dernier dans un festival au Mexique. Ceux qui l’ont connu se souviendront de lui pour son parler hachuré, teinté de son fort accent. À cet effet, un musicien qui l’a côtoyé estimait qu’il avait déjà cinq phrases d’avance dans sa tête et qu’il essayait de toutes les débiter. Le jazz ne manque pas de personnages, certains singuliers de nature, et Jan Jarczyk en était un aussi, et ce, dans le meilleur sens du terme. R.I.P.


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