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La Scena Musicale - Vol. 20, No. 1

Intégrale des cantates de Bach à la salle Bourgie

Par Caroline Rodgers / 1 septembre 2014

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Isolde Lagacé

La saison 2014-2015 marquera le début d’une grande aventure musicale pour la Fondation Arte Musica et la salle Bourgie. Ce sera l’an un de la présentation de l’intégrale des cantates de Bach par différents ensembles. Le projet s’étalera sur huit ans,  à raison de huit concerts par saison.

Isolde Lagacé, la directrice d’Arte Musica, qui a grandi avec les cantates de Bach, chérissait cette idée depuis longtemps.

« À la maison, comme ils étaient musiciens, mes parents (NDLR : les organistes Bernard et Mireille Lagacé) en écoutaient beaucoup et ils en jouaient. Quand j’étais petite, ma mère était organiste à l’église Erskine and American, qui est devenue la salle Bourgie. À l’époque, un dénommé George Little, qui était chef de chœur et organiste, faisait une cantate par semaine. Déjà, à l’époque, la beauté de cette musique me frappait. »

Plus tard, quand Gustav Leonhart et Nicolas Harnoncourt ont entrepris leur intégrale des cantates sous étiquette Telefunken, Isolde Lagacé et sa sœur, la claveciniste Geneviève Soly, attendaient avec impatience chaque nouveau coffret.

« Nous apprenions les textes et les airs, et nous faisions des concours pour deviner le numéro de chaque cantate en écoutant les premières notes, se souvient Isolde Lagacé.

C’est vraiment un corpus exceptionnel dans l’histoire de la musique. Le musicologue Gilles Cantagrel a déjà dit qu’il s’agissait d’un trésor du patrimoine culturel de l’humanité, et je suis tout à fait d’accord. Il continue de toucher par son universalité. »

La nouvelle de cette intégrale a soulevé l’enthousiasme du milieu musical.

« Quand j’ai annoncé que nous nous lancions dans cette aventure, je pensais que cela allait toucher certains mélomanes, mais surtout les amateurs de musique ancienne. Mais j’ai entendu des réactions venant de gens de la musique contemporaine, et même du jazz, qui venaient me dire qu’ils trouvaient ce projet fantastique. »

Première année

« Avec un projet de cette ampleur, nous ne pouvons pas nous en tenir à un seul ensemble. Depuis que la salle est ouverte, j’ai établi des partenariats avec plusieurs ensembles. On voulait aussi qu’il y ait une diversité d’approches, car les cantates sont très diversifiées et demandent des effectifs différents. »

Certains concerts seront limités à une douzaine de musiciens tandis que d’autres seront à grand déploiement. L’ordre de présentation respectera grosso modo l’année liturgique.

« Les numéros de catalogue BWV sont complètement aléatoires. Il n’y aucun ordre chronologique ni musicologique. Cela n’aurait eu aucun sens de les faire par ordre de BWV. Mais le corpus des cantates fait partie intégrante du culte luthérien. Bach écrivait ses cantates en suivant l’année religieuse. Même si, aujourd’hui, la plupart des gens sont non pratiquants, on ne peut pas évacuer cet aspect. La musique est liée à sa signification. »

Tous les concerts de la série, sauf exceptions, auront lieu un dimanche. Le concert inaugural de la série sera donné le 13 septembre par l’OSM, sous la direction de Kent Nagano, avec le Chœur de l’OSM dirigé par Andrew Megill. On entendra les cantates BWV 164, BWV 75 et BWV 147.

Pour cette première saison, les autres ensembles participant à l’intégrale sont le Chœur et l’ensemble instrumental du Concours international d’orgue du Canada (26 novembre), Clavecin en concert (30 novembre), le Studio de musique ancienne de Montréal (13 et 14 décembre), les Violons du Roy (25 janvier), l’Ensemble Caprice (22 février), les Idées heureuses (29 mars) et Cappella Antica McGill avec l’Ensemble de la Fondation Arte Musica (26 avril).

« C’est le plus gros projet que nous ayons fait à la salle Bourgie jusqu’à maintenant, par son budget, par son ampleur et par sa durée dans le temps. Nous avons décidé de le faire sur huit ans pour qu’il y ait un concert par mois d’une saison régulière. Pour arriver à faire toutes les cantates sacrées, il nous faut 64 concerts. Cela demande une énorme planification. Pour l’instant, ce sont des ensembles locaux, mais dans les années à venir, j’espère que cela nous amènera à inviter des ensembles de l’extérieur. »

Un autre aspect tient beaucoup à cœur à Isolde Lagacé : celui de la participation du public.

« Une cantate est généralement conclue par un choral luthérien. À l’époque, ce choral était chanté par l’assemblée. Tout le monde se levait et chantait. Je veux reproduire cette expérience. Tous les spectateurs intéressés peuvent venir à une répétition juste avant le concert, pour apprendre le choral avec un chef de chœur. L’ensemble embauché pour le concert va faire le choral une fois, et le public pourra ensuite le chanter en rappel. »

www.fondationartemusica.ca


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