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La Scena Musicale - Vol. 19, No. 7

Critiques

Par Joseph So, Pemi Paull, Paul E. Robinson, Marc-Olivier Laramée, et Dwain Richardson / 1 juin 2014

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Version Flash ici.

Mozart – Airs d’opéra et de concert
Karina Gauvin, soprano
Les Violons du Roy, dir. Bernard Labadie
ATMA Classique ACD2 2636 (63 m 26 s)
***** (5/5)
La soprano québécoise Karina Gauvin, l’une des artistes les plus accomplies de notre temps, est probablement la chanteuse lyrique qui compte le plus d’enregistrements. Sa discographie est certes impressionnante, allant de la musique ancienne à la musique contemporaine, mais c’est dans les répertoires baroque et classique qu’elle se distingue particulièrement. Ce disque d’airs d’opéra et de concert de Mozart, sur étiquette ATMA, a été enregistré en juillet 2012, mais pour une raison inconnue, ne sort que ce printemps. L’attente aura valu la peine. La beauté du timbre et la remarquable musicalité de Karina Gauvin y sont mises en valeur. Elle chante depuis l’âge de 8 ans, d’abord comme membre du Canadian Children’s Opera Chorus puis comme soprano au début des années 1990, mais elle est toujours remarquable par sa technique superbement maîtrisée et sa voix magnifique, pleine de fraîcheur. À l’écoute de Deh vieni, non tardar, on ne peut qu’être ravi par son timbre étonnamment jeune, incarnant une Susanna des plus crédibles. Quant à l’air de Pamina Ach, ich fühl’s, elle sait rendre la douleur, l’agitation que ressent le personnage. J’ai eu le bonheur de l’entendre interpréter La flûte enchantée, il y a trois ans à Toronto, et cette sélection d’arias me rappellent de bons souvenirs. Il est bon de l’entendre chanter Come scoglio et Non più di fiori, d’autant plus qu’à ma connaissance, elle n’a jamais interprété sur scène Fiordiligi ni Vitellia. Elle chante à merveille ces deux airs difficiles, révélant toute sa virtuosité, bien que les notes graves de l’air de Vitellia soient vraiment hors de son registre habituel. La soprano tire parti du soutien de son fidèle collaborateur Bernard Labadie et de son orchestre Les Violons du Roy. L’album contient les ouvertures de Lucio Silla et La clemenza di Tito. Vivement recommandé. JS

Departures : Concerto pour flûte et orchestre à cordes (2011); Overscript : Concerto pour flûte et orchestre de chambre (1993/2012)
Christos Hatzis
Patrick Gallois, flûte
Orchestre symphonique de Thessalonique / Alexandre Myrat
Naxos 8.573091 (72 min 14 s)
**** (4/5)
Christos Hatzis (né en 1953), enseignant à la Faculté de musique de l’Université de Toronto et compositeur prolifique à ses heures, écrit des œuvres en puisant son inspiration librement dans la spiritualité et diverses sources éclectiques. Il insuffle dans ses compositions des accents de la Grèce, son pays natal, mais aussi des éléments de bien d’autres cultures. Il s’intéresse au jazz et à la musique populaire.

Ce nouvel album, sur étiquette Naxos, propose deux concertos pour flûte, l’un inspiré du tsunami qui a frappé le Japon en 2011 et l’autre, du concerto en sol mineur pour flûte de Bach. Ces deux compositions sont très différentes par nature et j’ai l’impression que les auditeurs trouveront Departures plus à leur portée.

Departures s’ouvre sur un agréable mouvement aux sonorités quasi orientales et progresse selon un « thème hollywoodien » au dire de son auteur. Tout est magnifique… jusqu’à la fin tragique. N’est-ce pas ce qu’évoque l’horreur du tsunami ?

Overscript diffère du tout au tout. C’est un commentaire musical sur le concerto en sol mineur pour flûte de Bach. Hatzis n’est pas le premier à entreprendre pareille chose. Déjà en 1967, Lukas Foss se livrait à son penchant pour l’improvisation dans ses Baroque Variations. Toutefois, certains verront l’œuvre de Hatzis non comme une illumination, mais plutôt comme une profanation. Pour en savoir davantage sur les techniques employées par Hatzis pour composer cette pièce, on peut consulter un essai exhaustif et plutôt complexe sur le site Web de l’auteur (www.hatzis.com). Rédigé en 1998, l’essai est intitulé « The Art of the Palimpsest : Compositional Approaches to the Music of J.S. Bach. »

Soulignons l’impressionnante prestation des musiciens, notamment celle du flûtiste Patrick Gallois qui relève avec brio les défis techniques avec une sonorité des plus agréables. PER

Splendore a Venezia
ATMA Classique ACD2 3013
**** (4/5)
Cette année se tenait au Musée des beaux-arts de Montréal l’exposition Splendore a Venezia. Ce disque a été produit pour accompagner l’exposition. On y retrouve un très bel échantillon de musique de la Renaissance au baroque à Venise. Parmi la longue liste des interprètes, l’Académie baroque de Montréal, Arion Orchestre baroque, Les Boréades, le Studio de musique ancienne de Montréal, Vincent Boucher, Karina Gauvin et Mathieu Lussier, pour ne nommer que quelques-uns des 33 solistes et ensembles sur ce disque.

Ce disque est un joli chef-d’œuvre, chacun y trouvera son petit bijou. Une des œuvres les mieux interprétées est le motet à 6 voix Laetatus sum de Claudio Monteverdi. Tous les solistes sont exquis. On n’assiste pas à une guerre de diva, c’est une harmonie qui donne un résultat splendide. Dans la même veine, O magnum mysterium de Giovanni Gabrieli est tout aussi parfait.

L’aria Addio Caro d’Antonio de Vivaldiavec Karina Gauvin comme soliste est très bien réussi. La voix riche et chaude de Gauvin s’arrime avec grâce à la finesse de l’Orchestre baroque Arion. La dernière pièce du disque avec Vincent Boucher à l’orgue interprétant Johann Sebastian Bach tombe juste à point pour terminer le périple musical. MOL

Terra Incognita  : Seven Sound Portraits
Arturo Parra, guitare
La Grenouille Hirsute LGH1301
***** (5/5)
Terra Incognita, d’Arturo Parra, lui a été inspiré par des conversations, des observations et par des images évocatrices du vent, de l’obscurité, des sensations et des animaux.

Les sept portraits sonores qui nous sont proposés mélangent musique de film, musique classique et musique latino-américaine. « Miroitements de quartz », le deuxième des sept mouvements, s’inspire de Schubert et de Brahms. « Rayo del sol », de son côté, évoque les danses traditionnelles colombiennes, comme le merengue.

Chaque mouvement représente une différente image qui correspond aux sept personnes que Parra a rencontrées et observées. Après la rencontre, Parra a transposé leurs images en musique. Ces images sont représentées de nombreuses façons, en utilisant pizzicatos, « shakers », vibratos, et des contrastes de tempos et de dynamique.

Terra Incognita se distingue des précédents albums de Parra en ce qu’il se focalise uniquement sur la guitare (il n’y a pas d’autres instruments, sauf, et de façon irrégulière dans certains mouvements, « shakers » et chœurs). Dans l’ensemble, la musique est mélodique, riche de nombreuses textures harmoniques, relaxante, plaisante à l’oreille. Pendant 60 minutes, ce guitariste et compositeur nous invite à explorer un large éventail de paysages sonores – et permet aux auditeurs de découvrir les nombreuses techniques de jeu de Parra. DR

Love’s Minstrels
Philippe Sly, baryton
Michael McMahon, piano
Analekta AN2 9967 (62 min 29 s)
**** (4/5)
Le baryton-basse Philippe Sly, gagnant du Concours Musical International de Montréal en 2012 (chant), fait partie de cette veine d’excellents barytons canadiens qui semble actuellement inépuisable. L’ayant vu sur scène avec l’Ensemble Studio de la Canadian Opera Company, je peux affirmer avec certitude que voici un chanteur « authentique » – un merveilleux baryton à la voix chaude, belle et flexible, possédant une technique solide, une riche musicalité et une présence sur scène remarquable. Ce disque est son troisième avec Analekta et son deuxième CD en solo pour cette étiquette. Il nous présente des mélodies bien connues du répertoire anglais, notamment de John Ireland, Roger Quilter, Ralph Vaughan, William et Gustav Holst, ainsi que des arrangements de chants folkloriques traditionnels par Healey Willan. Il interprète ces morceaux avec la chaleur, la voix séduisante et l’intelligence musicale auxquelles il nous a habitués. Pour un baryton, sa voix dans les aigus est solide et puissante et il en fait ici une généreuse démonstration. Le chanteur et le pianiste nous offrent une interprétation claire, précise et très fidèle. On aurait aimé, cependant, un peu plus d’expression et de proximité avec le texte. Ces chansons étant très portées sur la sentimentalité et la nostalgie, un peu plus de souplesse dans le rythme et quelques rubati auraient eu leur place ici. La qualité de l’enregistrement est bonne. Le mince livret présente une biographie des deux artistes, celle du chanteur étant un peu trop courte, ainsi qu’un essai général par Cody Growe qui ne porte pas précisément sur les airs du présent disque. Pour avoir les paroles des chansons, on devra les télécharger à partir du site www.analekta.com. En conclusion, voici un disque bien fait, qui plaira particulièrement aux amateurs de mélodies anglaises. JS

Valérie Milot, harpe, Claire Marchand, flûte, et Les Violons du Roy, Bernard Labadie
Haendel, Boieldieu, Mozart
Analekta AN 2 9990
**** (4/5)
C’est le disque par excellence pour votre lecture estivale. Il est peu fréquent d’avoir des enregistrements de concertos pour harpe. Ici, la touche parfaite de Valérie Milot et des Violons du Roy sauront vous envelopper. Le son envoûtant de la harpe transporte l’auditeur.

La Québécoise Valérie Milot exécute avec souplesse et agilité chacune des pièces. Dès les premières secondes de l’enregistrement vous ferez tous un ah ! Et oui, ce concerto pour harpe de Haendel. Labadie et son ensemble réussissent parfaitement à s’adapter au timbre de la harpe. Il aurait été facile de l’enterrer. Mais non, il y a ici un équilibre des nuances parfait. Puis, quand vient le concerto de Boieldieu, c’est un style plus ample. Tout en ayant un caractère plus fort, ce concerto met en valeur les talents de musicienne de Milot. Les cadences, articulations et trilles sont très bien. Pour clôturer le disque, un concerto pour harpe et flûte de Mozart. Le mariage est parfait. Claire Marchand a un son clair et pur. Son vibrato n’est pas trop imposant. L’ensemble formé par l’orchestre, la harpe et la flûte est à son meilleur. MOL

Verso Venezia : Castello, Merula, Legrenzi Sonata & Canzoni
Pallade Musica
ATMA ACD2 2697 (60 min 23 s)
***** (5/5)
Verso Venezia est le tant attendu premier album de Pallade Musica de Montréal, les gagnants du Grand Prix de 2012 de la compétition américaine d’interprétation de musique ancienne baroque. Ce charmant album offre un aperçu attrayant du monde sonore de la culture musicale vénitienne du 17e siècle, soulignant l’œuvre de trois maîtres de l’époque, Tarquinio Merula, Dario Castello et Giovanni Legrenzi. Aussi importantes et influentes qu’aient été ces personnalités musicales, leurs œuvres ne sont pas souvent interprétées, et Pallade Musica doit être loué pour les avoir exécutées de façon aussi vibrante. La programmation du disque est aussi très intelligente, car elle se concentre sur seulement deux genres, la canzona et la sonata, et ce faisant, souligne la fascinante transition entre le langage de la Renaissance et celui du Baroque qui avait lieu à Venise à l’époque. Une fois parvenu à Legrenzi, le plus jeune des trois compositeurs sur cet album, vous faites face à une forme de sonata qui influencera les maîtres postérieurs et mieux connus du baroque, de Corelli et Vivaldi à Bach. C’est donc un commencement fabuleux pour Pallade Musica, et il sera intéressant de voir où leur curiosité et leur jeu dynamique vont les conduire ! PP

Terra Tremuit, Studio de musique ancienne de Montréal, Christopher Jackson
Byrd, Brumel, Lassus, Vaet, Crécquillon, Palestrina
ATMA Classique ACD2 2653
**** (4/5)
Ce disque est le fruit d’une chorale professionnelle ayant 40 ans d’existence. Christopher Jackson et ses 12 choristes présentent un enregistrement de chant choral a capella d’une qualité inouïe. Le premier extrait, un motet de Byrd, est une mise en bouche avant la pièce de résistance, la messe à 12 voix de Brumel Et ecce terrae motus.

Cette pièce est d’un compositeur peu connu ayant vécu autour de 1460 en France. Elle aurait été écrite vers 1497. Le manuscrit nous est parvenu grâce à Roland de Lassus. L’ensemble de la messe est remarquablement juste. Malgré quelques passages un peu plus chancelants chez les hommes, ce chœur est solide et comprend bien l’esprit d’une messe. Il met de côté les réflexes classiques de musiciens et laisse place à une interprétation sensible. Étonnement, ce chœur respecte la prosodie latine, les fins des mots latins est légère.

Vient ensuite une succession de motets de Lassus, Vaet, Crécquillon et Palestrina. Celui de Crécquillon est le plus intéressant. Les voix d’hommes y sont à l’honneur. Le seul reproche pour l’ensemble du disque serait l’aspect parfois perçant des sopranos. Un son plus rond compléterait mieux la cohésion du chœur. MOL

Canadian Brass, Carnaval
Robert Schumann, Carnaval opus 9 et Kinderszenen opus 15
Christophe Coletti (trompette), Brandon Ridenour (trompette), Caleb Hudson (trompette), Eric Reed (cor français), Achilles Liarmakopoulos (trombone) et Chuck Daellenbach (tuba)
Opening Day ODR 7438
**** (4/5)
Le Canadian Brass est sans contredit la référence en matière d’ensemble de cuivres. Fondé en 1970, cet ensemble s’est constamment renouvelé dans ses enregistrements. Cette fois, c’est avec deux œuvres du compositeur Robert Schumann qu’il invite le public à apprécier les qualités exceptionnelles de chacun de ses membres. Comme toujours, la précision des attaques, la justesse ainsi que la sonorité d’ensemble définissent ces deux enregistrements. Le préambule d’ouverture saura vous convaincre. Pour les amateurs de fugues où chacune des interventions est quasi parfaite, ce seront les Lettres dansantes. Pour un mouvement lent, Fast zu ernst. Ce disque peut s’adresser à un public déjà amateur du Canadian Brass ou à tous ceux qui auraient un préjugé défavorable envers les cuivres. Ce disque est parfait pour vous faire ressentir les qualités sonores et surtout la musicalité et la cohésion pouvant régner dans un ensemble. MOL

Tchaïkovski : Symphonie no 6 en si mineur, op. 74 « Pathétique »/Chostakovitch : Symphonie no 6 en si mineur, op. 54
Orchestre symphonique de la Radio bavaroise/Mariss Jansons
BR Klassik 900123 (75 min 25 s )
**** (4/5)
Marris Jansons a récemment annoncé qu’il quitterait son poste de chef d’orchestre principal de l’Orchestre royal du Concertgebouw à la fin de la saison 2014-2015. Il va cependant conserver cette position au sein de l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise à Munich. Cet excellent orchestre, fondé par Eugen Jochum, s’est développé grâce à Rafael Kubelik et Lorin Maazel, et Jansons a participé à de nombreux enregistrements avec cet ensemble.

La réunion sur un même disque de deux sixièmes symphonies de compositeurs russes, toutes deux en si mineur, semble aller de soi, et Janssons a déjà fait la preuve de ses affinités avec la musique de ces deux compositeurs. Le jeu est magnifique, le son excellent et Jansons apporte une interprétation toute en nuances, particulièrement dans les moments les plus doux. Le dernier mouvement du Tchaïkovski est peut-être ce que j’ai entendu de plus doux, et pas seulement dans la toute dernière partie. Cependant, si vous cherchez une interprétation de la Pathétique plus intérieure et passionnée, vous serez déçu de ne pas retrouver ces qualités dans le présent enregistrement. À mon avis, nous sommes plus devant une interprétation désincarnée quasi architecturale de l’oeuvre que d’une interprétation authentique et engagée.

D’un autre côté, le Chostakovitch semble plus intense, surtout le dernier mouvement. Le timbalier se donne à fond, ce qui est une bonne chose avec ce genre de musique. En fin de compte, la différence entre ces deux interprétations tient peut-être surtout au fait que l’une est en direct (Chostakovitch) et l’autre non (Tchaïkovski). PER

EUROPAKONZERT 95
Beethoven : Ouverture de Fidelio, op. 72; Blacher : Variations d’orchestre sur un thème de Paganini; Paganini : Concerto pour violon no 1 : allegro maestoso*; Stravinski : Petrouchka; Dvořák : danse slave op. 46 no 8 en sol mineur (encore)
Sarah Chang, violon*; Philharmonique de Berlin/Zubin Mehta
Palazzo Vecchio (Florence, Italie)
EuroArts Blue Ray Disc 20122024 (106 min)
***** (5/5)
Tous les 1er mai, l’Orchestre philharmonique de Berlin donne un concert dans une ville européenne, différente d’une année à l’autre. L’Europakonzert est devenu, depuis 20 ans qu’il existe, un événement très spécial. C’est à Florence, au Palazzo Vecchio, résidence de la famille des Médicis au seizième siècle, qu’a eu lieu l’édition de 1995. Ce palais possède, en plus de douzaines de chefs-d’œuvre d’artistes majeurs, une collection remarquable de violons de Crémone, dans laquelle on trouve des instruments d’Amati, Stradivari et Guarneri. Pour ce concert, la jeune Sarah Chang, alors âgée de 14 ans, avait choisi un Guarneri.

Ce concert fut donné il y a 19 années et a déjà été enregistré sous l’étiquette TDK. La nouvelle version Blue Ray d’EuroArts est complètement rénovée et le son et l’image sont fantastiques. La salle a un pouvoir de réverbération incroyable et on se demande comment le Philharmonique a pu jouer avec une telle précision ! Mais bon, après tout, c’est le Philharmonique de Berlin !

Le point culminant de ce concert est sans aucun doute l’interprétation de Petrouchka. Mehta dirige une interprétation enlevante et pleine de couleurs, au-delà de nos rêves les plus fous !

En supplément, comme c’est l’habitude avec la série des Euroconcerts, un documentaire de 19 minutes sur Florence et le Palazzo Vecchio et des entrevues avec Sarah Chang et Zubin Mehta PER

Auguste Descarries, œuvres sacrées pour choeur, solistes et orgue
Hélène Panneton, Gilbert Patenaude, Les Chantres Musiciens, Les Filles de l’Île et solistes
SMD 232-1
**** (4/5)
Auguste Descarries est un compositeur québécois. Pianiste de formation, ses talents de compositeur l’amèneront à se produire avec la Société des concerts symphoniques de Montréal. Auparavant, il aura été professeur dans diverses grandes institutions de musique. En 1938, il devint maître de chapelle à l’église Saint-Viateur d’Outremont à Montréal. Ses talents d’improvisateur seront remarqués. Les œuvres de Descarries sont aujourd’hui sorties de l’oubli grâce au travail de l’Association pour la diffusion de la musique d’Auguste Descarries.

Le disque regroupe deux messes pour chœur d’hommes, des œuvres mariales avec chœur de femmes ou soliste ainsi qu’un motet pour chœur mixte, soliste et orgue. Sur le plan musical, on retrouve de belles lignes mélodiques. Une des messes pour hommes, La Messe brève, a des inspirations de chant grégorien et est particulièrement bien interprétée a cappella. Le chœur des Chantres Musiciens et celui des Filles de l’Île sont tous deux particulièrement justes. La direction du chef Gilbert Patenaude est vigoureuse.

Ce disque rassemble un bel éventail de chant sacré a cappella ou accompagné à l’orgue et peut compter sur d’excellents solistes. Descarries, un compositeur à redécouvrir ! MOL

Tour de France
Trio Arkaède
www.leaf-music.ca LM202 (64 m 22 s)
**** (4/5)
Fondé en 2006, le trio Arkaède réunit trois des meilleurs musiciens de la région atlantique, spécialisés en musique de chambre. Dans leur nouvel album, intitulé Tour de France, la flûtiste Karin Aurell, la violoniste Isabelle Fournier et le pianiste Julien Leblanc explorent le paysage exotique de la musique de chambre qu’on jouait à Paris au tournant du XXe siècle. On est impressionné par le soin apporté à cet album.

À part Debussy, qui fait une apparition avec sa Sonate pour violon interprétée par Fournier et Leblanc avec subtilité et une démarche introspective rafraîchissante, beaucoup des compositeurs que l’on retrouve dans cet album ne sont plus connus de nos jours. C’est le cas de la fascinante Mélanie Bonis, la première femme compositeur à être admise au Conservatoire de Paris. Sa Suite en Trio op. 59, écrite en 1903, magnifiquement interprétée par Arkaède est une musique de salon compacte et charmante, qui rappelle Debussy tout en étant fermement enracinée dans le XIXe siècle.

Un autre moment fort de ce disque est le morceau Médailles Antiques, écrit par Philippe Gaubert, un compositeur et flûtiste du début du XXe siècle et qui s’avère plein de couleurs et de rêverie impressionniste. Beaucoup d’autres joyaux sont à découvrir dans cet album. Reste à signaler que le fait que beaucoup des œuvres interprétées ne soient pas très connues rend l’écoute de ce disque très intéressante, d’autant plus que le jeu de l’ensemble, plein de beauté et de sérénité, évoque parfaitement et avec style l’atmosphère d’un concert donné dans un salon français. PP

Traduction par Lina Scarpellini, Brigitte Objois, et Juliette Colinas


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(c) La Scena Musicale