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La Scena Musicale - Vol. 19, No. 3

Manon Lafrance : En coulisses avec la nouvelle directrice du Conservatoire de Musique de Montréal

Par Emilie White / 1 novembre 2013

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En fonction depuis juin 2012 au Conservatoire de musique de Montréal, Manon Lafrance a accueilli son rôle de directrice avec simplicité. La nouvelle directrice du Conservatoire se sent à la maison – au bureau. Son métier d’interprète pour le fameux Canadian Brass ou à l’Orchestre symphonique de Montréal ne l’a pas éloignée de sa vocation au Conservatoire. Elle y a passé la plus grande partie de sa vie : elle y a étudié de l’âge de 13 ans à l’âge de 27 ans et, par la suite, comme professeure de trompette et chef de la section des cuivres depuis une quinzaine d’années. Elle aborde donc son rôle naturellement : « Je souhaite que le Conservatoire garde sa mission première, de former les élèves, et de voir rayonner nos élèves le plus possible sur les plus grandes scènes du monde. Moi-même, étant étudiante, j’avais ce rêve, que j’ai réalisé. Et puis finalement, je suis la personne la plus comblée, parce j’ai atteint mon but, mes rêves, et maintenant je suis en mesure d’aider les autres. »

Elle a tout de même pu mettre son grain de sel depuis son arrivée. Nostalgie oblige, elle a voulu réinstaurer le programme de Big Band au Conservatoire. Lorsqu’elle était elle-même adolescente, elle a pu toucher au jazz sous la direction du leader Nick Ayoub, qui s’est éteint. Maintenant ressuscité, le Big Band s’est vu renaître sous la direction de Jean-Nicolas Trottier.

« Je trouvais important que les élèves fassent ce type de musique parce que de toute façon à l’orchestre symphonique, il y a toujours du travail de type populaire ou encore au studio. C’est un langage que tout le monde devrait apprendre, spécialement les cuivres, naturellement, parce que c’est un volet très, très important. »

Ensuite, côté financier – question épineuse pour le Conservatoire –, la soirée-bénéfice a été un succès retentissant. L’objectif modeste de Mme Lafrance était d’amasser 100 000 dollars.

« Notre salle était complète une semaine avant la soirée. Et nous avons amassé 140 000 $, et ça c’est de l’aide directe aux élèves : pour aller faire des auditions professionnelles, aller faire des stages, cours de maître, concours. Je suis très fière de ça. »

La soirée-gala était animée par Yannick Nézet-Séguin, porte-parole pour le Conservatoire de musique, et Albert Millaire, porte-parole pour le Conservatoire d’art dramatique.

Elle dit aussi que les fonds seront utilisés pour aider les étudiants à acheter des instruments de musique. « On a un très bon parc d’instruments au Conservatoire, mais une fois que les étudiants quittent le programme, ils n’y ont plus accès et ont besoin d’un bon coup de main financier. »

Aussi, Mme Lafrance s’inquiète des coupes budgétaires des programmes de musique d’écoles secondaires à travers la province. Elle compte établir des partenariats avec des écoles de musique afin d’y remédier.

« On sait très bien que les écoles de musique ferment à la vitesse grand V. Les orchestres ou les harmonies : ça devient un lieu de rencontre pour les jeunes, il y a une communication intellectuelle et émotive qui se crée. C’est un lieu de rassemblement pour les jeunes : ils ne traînent pas les rues. Faire de la musique, c’est bon pour la concentration, pour le social, pour les émotions. Ça me tient à cœur de maintenir les écoles de musique. »

Elle qualifie de « crève-cœur » les récentes coupes budgétaires, dont les 500 000 dollars supprimés pour les programmes de musique dans les écoles secondaires à Laval. Elle reste délicate dans son approche et à l’écoute des besoins des professeurs et des élèves. « Je pense que je fais du mieux que je peux dans ce rôle-là : j’essaie de faire ce qui est la mission du Conservatoire. »


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