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La Scena Musicale - Vol. 18, No. 7

MISQA : une tradition née pour durer

Par John Delva / 1 juin 2013

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L’Académie internationale de quatuor à cordes de McGill (MISQA), quatrième édition, accueille des quatuors de premier plan du monde entier qui offriront des concerts en perfectionnant leur art sous la tutelle de chambristes réputés. Selon sa fondatrice, Constance V. Pathy, et son directeur, André J. Roy, la tradition orale est très importante. Le MISQA, dont il est le directeur général et artistique, s’appuie sur le partage des connaissances entre le maître et l’élève. Cela n’a rien d’étonnant, car tous ceux qui ont rencontré le professeur d’alto ne tarissent pas d’éloges sur son amabilité. Les participants ne manquent pas de mentors et à juste titre! Citons les professeurs et artistes invités Gerard Schultz et Günter Pichler du quatuor Alban Berg, Michael Tree du quatuor Guarneri, Keith Robinson du quatuor Miami et le quatuor à cordes Vogler.

L’Académie a pris son envol dès ses débuts en 2010. Comment cela a-t-il démarré ?

André J. Roy : C’est le fruit de rencontres, principalement entre notre fondatrice, Constance Pathy, le Cecilia String Quartet et moi-même. En 2010, je travaillais avec les membres du Cecilia Quartet que Madame Pathy a aidés à venir faire leurs études à McGill. Elle était très intéressée à fonder une institution de formation musicale à Montréal. Nous étions alors en avril et les professeurs que je souhaitais inviter avaient un agenda rempli deux à trois ans à l’avance. Ce qui n’est pas étonnant puisque ce sont des musiciens émérites. En mai et en juin, j’organisais l’Académie afin d’être fin prêt en août. C’était déraisonnable! Je me suis entretenu longuement avec Gerhard Schulz, lui expliquant ce que nous voulions accomplir avec l’Académie et il a compris que ce serait un lieu de formation des quatuors à cordes de relève. Je m’estime chanceux qu’il ait accepté d’offrir quelques journées dès la première année. Depuis, il n’a jamais manqué d’être présent pendant les deux semaines que dure l’Académie. 

La croissance rapide de l’Académie témoigne de son succès grandissant au fil des années. Quand avez-vous compris que vous aviez quelque chose de spécial ?

AJR : Nous avons donc lancé la première édition de l’Académie. J’ai accompagné le quatuor Cecilia au concours international de Banff. Le rêve est devenu réalité: le quatuor a remporté le premier prix! Cela a suscité l’intérêt de bien des gens qui se sont demandé: « Qui sont ces gens de Montréal ? »

Quels sont les critères de l’Académie en matière de sélection des participants ?

AJR : Au MISQA nous avons des quatuors séniors et juniors. Les quatuors séniors sont des ensembles de niveau professionnel qui évoluent sur la scène internationale alors que les quatuors juniors sont de jeunes ensembles qui souhaitent être sélectionnés pour des concours internationaux.

Et comment choisissez-vous les professeurs ?

AJR : On connaît les grands professeurs et on essaie de les rejoindre un à deux ans à l’avance. Parmi les huit professeurs que nous comptons, il y a les deux violonistes du quatuor Alban Berg et l’altiste du quatuor Guarneri. Bref, des quatuors et des musiciens prestigieux, d’excellents pédagogues qui ont formé des quatuors ayant remporté des concours internationaux.

À quoi ressemble la journée typique d’un participant ?

AJR : Tous les matins, de 10h à 13h, il y a les leçons privées. J’essaie toujours d’avoir, au cours de la semaine, deux violonistes, un altiste et un violoncelliste (si on a un musicien qui fait carrière en qualité de second violon, il est certain que son répertoire sera très étendu). Puis, de 14h à 17h, un de nos professeurs donne un cours de maître. Les participants sont libres d’utiliser le reste de la journée pour répéter tant en solo qu’au sein de leur quatuor.

Quels sont les objectifs de l’AIQCM pour ses participants ?

AJR : Je veux qu’ils aient la possibilité de travailler avec les meilleurs musiciens, qu’ils bénéficient de la tradition orale au même titre que les quatuors à cordes au temps de Beethoven et Chostakovitch. Je voulais également que ce programme soit à l’image de Montréal: on dit souvent que Montréal est un bon mélange d’Europe et d’Amérique du Nord. Je souhaite que les Européens tirent profit de ce qu’on fait et vice versa.

Quels sont les défis que les musiciens rencontrent au sein des quatuors ?

AJR : Chacun possède sa signature sonore. On donne beaucoup de soi, mais cela dépasse le simple cadre individuel. Le son que vous produisez fait partie d’un tout, d’un ensemble et c’est ce qui est le plus difficile à acquérir.

La plupart des gens connaissent les grands compositeurs qui ont contribué au développement des quatuors à cordes comme Haydn, Mozart et Beethoven. Croyez-vous qu’il y ait un compositeur de quatuors qui ne soit pas reconnu à sa juste valeur ?

AJR : Thomas Adès est un compositeur remarquable, bien que l’interprétation de ses œuvres par les quatuors relève de l’exploit! Dès qu’un quatuor amorce sa carrière, il sera invité dans des séries de musique de chambre pour jouer les œuvres de Haydn, Bartók, Chostakovitch et ainsi de suite. Une fois de temps en temps, on acceptera de présenter une pièce contemporaine, mais sans plus. Les quatuors à cordes ont un répertoire déterminé pour une saison donnée. Si on passe la moitié du temps à apprendre une nouvelle pièce tout en continuant d’être en demande et au meilleur de son art, il faut pouvoir l’intégrer à la programmation. À mon avis, on ne joue pas assez les œuvres d’Adès ou de Wolfgang Rihm, mais c’est à venir, lorsque les quatuors les intégreront dans leur répertoire. À chaque concours, un compositeur écrit une nouvelle pièce, ce qui permet aux jeunes quatuors d’apprendre du nouveau.

MISQA se déroule du 11 au 23 août. www.misqa.com/fr

Dix des meilleurs jeunes quatuors à cordes émergents au monde viendront au Canada pour participer au 11e  Concours international de quatuor à cordes de Banff (BISQC) du 26 août au 1er septembre.

Cette année, les quatuors sont : Quatuor Anima (Russie/Chine), Quatuor Attacca (USA), Quatuor à cordes Calidore (USA/Canada), Quatuor Cavatine (France), Quatuor Dover (USA), Gémeaux Quartett (Suisse), Quatuor à cordes Linden (USA/Canada), Quatuor Navarra (RU/Irlande/Pays-Bas), Quatuor Noga (France/Israël) et le Quatuor Schumann (Allemagne).

Parmi les anciens lauréats du BISQC, on retrouve deux quatuors canadiens : le Quatuor à cordes St. Lawrence et le Quatuor à cordes Cecilia, ainsi que le quatuor australien Tinalley.

Pendant le concours, chaque quatuor devra exécuter un vaste répertoire musical dans de nombreux concerts devant un public fidèle de plus de 900 spectateurs. Les œuvres jouées incluent les répertoires classique, romantique et du 20e siècle, ainsi qu’une nouvelle œuvre de la compositrice Vivian Fung, commandée par le Banff Centre et la CBC. Trois quatuors seront sélectionnés le 31 août pour participer à la finale du concours, le 1er septembre, avec au programme, une œuvre de Beethoven.

Le premier prix comprend une somme de 25 000 $, un quatuor d’archets fabriqués par l’archetier canadien François Malo, des tournées en Amérique du Nord et en Europe, et une résidence en création au Banff Centre, ce qui inclut la production d’un enregistrement professionnel par le département audio du Centre. Également compris, le prix de la Fondation Esterházy – un concert spécial à la salle Haydn au palais d’Esterházy à Eisenstadt en Autriche. 

Le jury cette année est composé de l’altiste Miguel de Silva du Quatuor Ysaÿe; du violoncelliste András Fejér, fondateur du Quatuor Takács; du violoniste Kikuei Ikeda du Quatuor à cordes de Tokyo et professeur à l’école de musique de Yale; de l’altiste Garth Knox, ancien membre du Quatuor à cordes Arditti; du violoniste Nicholas Kitchen, fondateur du Quatuor à cordes Borromeo; du violoncelliste Richard Lester du London Haydn Quartet, et du violoniste Scott St. John du Quatuor à cordes St. Lawrence.

 Traduction : Lina Scarpellini


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