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La Scena Musicale - Vol. 18, No. 5 février 2013

JAZZ : Ambiances nouvelles

Par Marc Chénard / 1 février 2013


Version Flash ici.

À l’automne 2011, le mot courait depuis un moment dans le milieu des musiques actuelles de Montréal que l’étiquette maîtresse du genre, Ambiances magnétiques, cesserait ses activités. Fondée en 1983 par un noyau de musiciens novateurs, la maison allait établir un style aux confins de tous les autres : loin du jazz, mais zyeutant la musique improvisée libre, se tenant loin de la pop la plus rock, mais attirée tout de même par ses tendances plus expérimentales, cette jeune cohorte ne dédaignait pas non plus les recherches de pointe en musique contemporaine, sans toutefois se camper dans des partitions entièrement écrites.

De ses débuts modestes, l’étiquette prit son plein essor en 1992 avec l’établissement de sa maison de distribution Dame Distribution musique actuelle. D’une vingtaine de titres à cette époque, le catalogue passa à plus de 200 titres, comptant plusieurs parutions incluant des grandes pointures internationales en musiques de création.

Mais tout juste un an après la sortie de sa «dernière » cuvée, Ambiances nous revient, tel un Phénix renaissant de ses cendres. En effet, trois nouveaux titres s’ajoutent à son catalogue, ceux-ci lancés en public à la mi-décembre. Profitant de l’occasion, on signalait la reprise de ses activités mais à un rythme réduit, trois ou quatre nouveautés par an au plus. Sans plus tarder, passons à ces trois albums en question.

Quatrième document issu du trio Derome-Guilbeault-Tanguay, Wow! (AM209) confirme la merveilleuse confrérie de ces trois complices empreints de jazz jusqu’aux bouts de leurs phalanges. Se vouant bien sûr au répertoire de la note bleue, le groupe propose également des compositions tout aussi convaincantes de Derome, qui excelle toujours à la flûte, tout comme à ses deux saxos. Guilbeault, de sa pulsation de roc, est un véritable Gibraltar, Tanguay est un modèle de swing et d’inventivité. Que vous ayez entendu les autres enregistrements, peu importe, tout fana de jazz ne saurait se passer de ce disque au titre des plus pertinents.

Autre disque, autre proposition musicale, celle-ci nous vient de l’Ensemble SuperMusique (Bruit court-circuit AM210). Cette formation « toutes étoiles » (à défaut d’un meilleur descriptif) incarne comme nulle autre l’esthétique de ce collectif. Six titres s’étalent sur cette surface d’un peu plus de 50 minutes, l’un d’eux offert en deux versions d’ailleurs si dissemblables qu’il est difficile de reconnaître leur parenté. Outre Derome (qui, chose intéressante, joue du saxo ténor ici), on retrouve les Martin Tétreault, Joane Hétu, Danielle-P. Roger et des plus jeunes comme Guido del Fabbro (vln), Émilie Girard-Charest (vcl.) et Virgil Sharkya (synthé.) Les habitués seront comblés.

La Femme territoire (AM211), enfin, est une œuvre de plus d’une heure de Joane Hétu, créée à l’Agora de la Danse en 2010. J’ai assisté au spectacle et apprécié, mais il manque ici la dimension visuelle de cet événement pluridisciplinaire (dont on peut voir quelques photos dans le livret incluant tous les textes lus et chantés). Je laisse donc aux auditeurs le soin de former leur propre opinion sur ce disque.


(c) La Scena Musicale 2002