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La Scena Musicale - Vol. 18, No. 2 octobre 2012

Le rêve de Marika

Par Philippe Michaud / 1 octobre 2012

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Il est rare que l’on puisse pénétrer dans l’univers intime d’un artiste de la musique classique. C’est pourtant ce qu’a fait Bobbi Jo Hart dans le documentaire Le rêve de Marika, où elle a suivi, caméra à la main, pendant huit ans, la jeune pianiste montréalaise Marika Bournaki, qui n’a alors qu’un rêve : devenir la meilleure pianiste classique au monde.

Avoir une équipe de tournage constamment avec soi pourrait déranger plusieurs personnes, surtout quand on est un enfant. Au début de l’aventure, Marika avoue que la réalisatrice devait la guider un peu, en lui posant par exemple des questions précises. Il faut dire que lorsque le tournage a commencé, la jeune femme n’avait que 12 ans. Mais par la suite, un lien s’est rapidement établi entre l’équipe de tournage et la jeune prodige. Marika confesse qu’à la fin, elle se confiait presque à la caméra.

Elle avoue cependant que tout n’a pas toujours été très facile : « Bien entendu, il a des fois été difficile d’avoir une caméra qui me suivait partout, en particulier lorsque je vivais des moments stressants, que j’étais énervée ou que j’avais de la peine. C’était des moments où je n’avais envie de parler à personne. Mais c’est ce qui fait que ce film est vrai et brut. »

Bobbi Jo Hart a suivi Marika partout où elle allait. La pianiste se souvient encore de la première journée passée avec la cinéaste. C’était lors du voyage entre Montréal et la prestigieuse école Juilliard de New York, où elle se rendait à toutes les fins de semaines pour suivre des cours. Par la suite, la caméra ne l’a jamais abandonnée ou presque. Elle l’a suivie partout : dans les festivals, pendant ces cours et même à la maison, dans sa vie intime avec ses parents et ses amis.

Durant toutes ces années, Marika a eu la chance de donner des concerts un peu partout dans le monde. Elle essaie de plus en plus d’intégrer des éléments de multimédias (projections, jeux de lumière, mise en scène, etc.) dans ses récitals. Selon elle, il faut profiter de l’engouement pour les technologies dans les concerts pour attirer les gens : « Je veux faire découvrir la musique classique à tous les publics, avec un petit quelque chose en plus. Mais je veux que le contenu et le message de la musique restent puissants et authentiques. J’essaie juste de trouver une façon d’apporter ça à mon public de manière originale et peu traditionnelle. » Sa méthode semble bien marcher puisqu’elle avoue fièrement n’avoir reçu aucune critique négative concernant cet aspect. Même si elle semble être branchée sur la technologie, étonnamment, elle ne possède pas d’iPod et croit que le CD a encore sa place dans notre monde.

La pianiste qui adore jouer Bach, Beethoven et Schumann déclare aimer autant jouer avec des orchestres devant des centaines de personnes que de donner des récitals dans de plus petites salles : « J’aime jouer avec un orchestre, le son et la sensation d’être soutenue par cette énergie, et son répertoire. Quand je joue des récitals en soliste, je préfère que ce soit dans un cadre plus intime. Je pense que c’est plus agréable autant pour moi que pour le public. »

L’un des éléments les plus importants de la carrière de Marika est d’initier les jeunes à la musique classique. Elle se sent choyée, d’avoir été élevée dans une famille où la musique classique était présente. Hélas, tous n’ont pas eu cette chance. Selon elle, la musique classique peut avoir un impact positif dans la vie des jeunes et il est donc important de leur en faire écouter. « Pour moi, la musique classique est une des plus belles choses au monde, et de pouvoir partager ça avec la jeunesse a été très intéressant jusqu’à présent, ajoute-t-elle. Les enfants entendent et comprennent les choses différemment, et c’est merveilleux de voir comment ils réagissent face à la musique classique. Cela m’apprend beaucoup et me fait découvrir de nouvelles perspectives. »

La jeune artiste, qui est maintenant dans la vingtaine, voit d’un œil positif toutes ces années passées à être scrutée par la camera : « Je n’ai aucun regret, et je suis fière de mes échecs et de mes réussites. Je suis fière de la personne que je suis devenue, mais surtout, je suis comblée de joie et me sens vraiment chanceuse de pouvoir faire partager mon voyage avec les gens et de pouvoir les inspirer. »

Aux jeunes qui souhaitent devenir musiciens classiques professionnels, elle voudrait donner ce conseil : « J’aimerais leur dire de travailler dur, de ne jamais abandonner, de croire en eux et d’apprécier chaque note qu’ils jouent. »


Le rêve de Marika sera en salle à Montréal à partir du 27 octobre. www.adobeproductions.com

• Marika se produira à un concert-bénéfice pour la Fondation des maladies mentales au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts le 9 octobre; www.fondationdesmaladiesmentales.org
• avec l’Orchestre Métropolitain en avril 2013; www.orchestremetropolitain.com;
• avec l’Orchestre symphonique de Québec en mai 2013; www.osq.org

www.marikabournaki.com

Traduction des citations : Fabrice Petit


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