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La Scena Musicale - Vol. 18, No. 1

Leçons de musique 101

Par Shira Gilbert / 1 septembre 2012

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Plus l’été progresse, plus j’ai hâte d’inscrire mes deux enfants à leurs cours de musique. À cinq et sept ans, ils sont arrivés à un moment idéal pour passer à un apprentissage structuré, ayant déjà acquis un bon niveau de lecture ainsi que la capacité de se tenir tranquilles suffisamment longtemps.

La musique est primordiale chez nous. Mais comment puis-je continuer à offrir aux enfants les meilleures occasions d’apprécier la musique? Quels instruments peuvent-ils choisir selon leurs talents particuliers? Mon fils est très sociable (peut-être la guitare?) et quelque peu bruyant (la trompette?). Passionné par les échecs, il est aussi capable de se concentrer et de démontrer un côté plus intellectuel. J’ai l’impression que ma fille, elle, possède des talents naturels en musique: elle s’amuse inlassablement au piano, elle adore écouter sa collection de musique et elle chantait juste même bébé. En quête de conseils, je me suis tournée vers trois amis qui sont musiciens professionnels.

Reuven Rothman est un contrebassiste qui joue au sein de plusieurs ensembles, dont le Theatre of early Music et l’Orchestre baroque de Montréal. Il a mis en scène Bach avant dodo, une série de concerts fort appréciée produite par Musique de chambre Allegra. Il cherche actuellement un professeur de piano pour son fils aîné de six ans et il croit que son petit de trois ans, qui aime «jouer» à la guitare et au piano de son père, est prêt à jouer de l’ukulele, un bon instrument d’apprentissage avant de passer à la guitare. Rothman croit fermement que l’enfant a un rôle à jouer dans le choix de l’instrument. Il a lui-même commencé à apprendre à jouer de la guitare à huit ans, après avoir rejeté les «leçons de flûte à bec minables» auxquelles sa mère l’avait inscrit sans le consulter. 

Sara Laimon est vice-doyenne des affaires universitaires et étudiantes et professeure associée de piano à l’École de musique Schulich de McGill. Je suis complètement émerveillée par ses deux filles, de 13 et de 9 ans. Elles jouent toutes deux déjà fort joliment. Elles ont commencé à suivre des cours de musique plusieurs mois avant d’entrer à la maternelle, déjà initiées à la musique – et possédant déjà la capacité de rester assises sagement – grâce aux concerts de leur mère auxquels elles ont assisté depuis leur petite enfance. Elles prennent des leçons de violon et de violoncelle en suivant la méthode Suzuki. «Au début, j’avais des préjugés négatifs par rapport à la méthode Suzuki; je croyais que cela allait se faire machinalement, dit Laimon, mais j’ai aujourd’hui une grande appréciation pour la progression des pièces à l’étude. [Suzuki] croit que n’importe quel enfant peut apprendre la musique de la même façon qu’il apprend sa langue.» Je trouve cette idée rassurante. Mais les parents devraient savoir que la méthode Suzuki demande un énorme dévouement de la part de toute la famille. Même s’ils n’apprennent pas à jouer de l’instrument en même temps que leur enfant (un aspect traditionnel de cette méthode), leur présence est requise pour toutes les leçons, individuelles et collectives. Il n’est pas question de laisser les enfants à leur cours pour aller faire des courses!

Également mère d’un jeune musicien d’instruments à cordes, Louise Bessette est professeure de piano au Conservatoire de musique de Montréal. Son fils de douze ans est un violoncelliste talentueux. Même si Laimon et Bessette sont toutes deux pianistes, pas un seul de leurs enfants ne l’est. Bessette dit que, pour elle, c’était un choix conscient. «C’était important qu’il joue un instrument différent afin d’éviter la compétition et la pression», explique-t-elle. Le fils de Bessette a choisi le violoncelle tout seul, à cinq ans, alors qu’il était inscrit au cours de l’École des jeunes de l’Université de Montréal, où les enfants sont encouragés à faire l’essai de différents instruments. Contrairement à la méthode Suzuki, ce cours enseigne à lire la musique dès le départ, ce qui a, selon Bessette, aidé son fils à comprendre facilement les trois clefs qui apparaissent dans les partitions pour violoncelle. Maintenant, il participe à des concours, souvent accompagné de sa mère au piano.

Et comment trouver un bon professeur? «Il faut parler aux gens, rencontrer le ou la prof, demander si l’on peut assister à un cours, conseille Laimon. Parlez-lui de sa philosophie. S’il ou elle utilise la méthode Suzuki, demandez-lui si l’on peut ajouter d’autres pièces et à quel moment on commence à apprendre à lire la musique. C’est bien de s’exposer au plus grand nombre de styles possibles.» Bessette croit également que les parents ne devraient pas hésiter à prendre un prof à l’essai pour un cours ou deux et recommande les camps ou les programmes d’été où cela pourrait être «extraordinaire de travailler avec un prof différent».

Une fois que l’enfant a choisi son instrument et qu’il a trouvé son professeur, comment les parents peuvent-ils l’aider à rester dans la bonne voie? Les exercices sont toujours difficiles, selon Laiman. «Si on ne le pousse pas, même un peu, l’enfant ne sera pas suffisamment motivé de lui-même, n’ayant pas encore atteint un niveau où il peut être fier de ses progrès.» Mais le plus important, souligne Rothman, c’est que «ça doit rester amusant».


Comme parent, avez-vous votre propre point de vue sur la musique et les enfants? Partagez votre expérience avec nos lecteurs! Envoyez vos idées de chronique à editor[à]scena.org.

Traduction: David-Marc Newman
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