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La Scena Musicale - Vol. 17, No. 8 mai 2012

Tourné vers l’avenir

Par Tiana Malone / 1 mai 2012

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Cette saison marque le 40e anniversaire du Chœur Saint-Laurent de Montréal. Ce chœur amateur de plus de 70 voix fêtera cette occasion en donnant un concert accompagné par l’Orchestre symphonique de Longueuil où sera présentée la première montréalaise de la magnifique Messe en ut mineur de Mozart, dans sa version complétée par le musicologue Robert Levin. Le chœur sera dirigé par le jeune chef Michael Zaugg.

Le Chœur Saint-Laurent a été créé en 1972 par Iwan Edwards et un groupe de chanteurs de l’Ouest-de-l’Île de Montréal. Depuis, le chœur a fréquemment accompagné l’Orchestre symphonique de Montréal et il a réalisé de nombreux enregistrements. Il est dirigé par Michael Zaugg, un chef d’origine suisse, depuis 2008. En quelques petites années, M. Zaugg s’est imposé comme un artiste novateur et polyvalent qui jouit d’une grande popularité sur la scène chorale canadienne.

M. Zaugg a rencontré son prédécesseur Iwan Edwards en 2005. «En fait, il m’a parlé de travailler à Ottawa avec les Cantata Singers, l’un de mes autres groupes, et c’est devenu mon premier emploi au Canada, explique-t-il. Il m’a ouvert la porte du monde choral ici, au Canada. » En 2008, M. Edwards a quitté son poste au Chœur Saint-Laurent, et une brève recherche a abouti au recrutement de M. Zaugg.

Le Chœur Saint-Laurent avait fermement établi sa réputation comme chœur d’oratorio sous la baguette de son chef gallois. M. Zaugg demeure dans cette tradition, mais il y ajoute sa propre touche européenne. «Notre répertoire est très spécifique, souligne-t-il. Nous montons de grandes œuvres, et je veux conserver cette vocation.»

Le prochain concert du chœur s’inscrit dans cette lignée, puisqu’il est consacré à la version Levin de la Messe en ut mineur de Mozart, œuvre dont la composition, comme celle du Requiem, a été interrompue par la mort de Mozart. «La messe est achevée à 60 ou 70 pour cent, avec quelques notes et idées éparses pour le reste, explique M. Zaugg. L’intervention de Robert Levin consistait à les étoffer ici et là.»

En effet, le musicologue a intégré les idées de Mozart à la structure, en faisant quelques emprunts à une œuvre similaire du compositeur, le Davide Penitente. Les pratiques de ce genre étaient monnaie courante du temps de Mozart.

Cette version retravaillée du chef-d’œuvre de Mozart donne un éclairage neuf à une musique archiconnue. « Nous jetons à la fois un regard vers l’arrière, sur le répertoire classique, dit Michael Zaugg, et un regard vers l’avant, avec ce que cette œuvre offre de nouveau. C’est un profil qu’on pourrait appliquer au chœur lui-même : à la fois implanté dans la tradition, et prêt à innover et à évoluer. Nous abordons le répertoire classique sous différents angles. »

Dans cette optique, la prochaine saison promet d’allier tradition et avenir. «Nous avons au programme des œuvres de Bruckner, de Brahms, de Scarlatti, de Saint-Saëns – donc, les grands maîtres du répertoire, annonce-t-il. En même temps, je veux plonger le chœur dans la modernité, avec des œuvres de Whitacre et de Mealor, celui qui a composé un Ubi Caritas pour le mariage de Kate et William... Ce sera un dialogue entre l’ancien et le nouveau, dans la musique elle-même.»

Michael Zaugg aime utiliser différentes formes artistiques en concert, comme il l’a fait l’année dernière lorsque dix artistes ont été invités à peindre des toiles dans la salle pendant que le chœur chantait. Il n’hésite pas non plus à employer les médias sociaux, Internet et les nouvelles technologies dans la salle de répétition et comme outil d’enseignement.

«Je participe à un projet de recherche avec une université en Norvège afin de déterminer comment on peut utiliser Skype ou Internet pour diriger des musiciens en Europe depuis le Canada. Comment cela fonctionnerait-il? Je fais passer des auditions pour une chorale de jeunes sur Skype. Les possibilités sont infinies. Dans la musique classique, on a pris un certain retard.»

Michael Zaugg s’intéresse même à l’impact des médias sociaux dans la salle de concert. Il évoque la possibilité d’utiliser Twitter pendant les concerts, d’aménager dans la salle une section «médias sociaux» où les gens pourraient diffuser leurs observations en direct pendant le concert lui-même.

«Quelle forme prendront nos concerts de musique classique dans 20, 30, 40 ou 100 ans? se demande-t-il. Il y aura certes encore des concerts, mais des salles de concert?… Tout se fera-t-il en ligne? Tous les concerts seront-ils diffusés en mode continu? J’ai envie d’essayer différentes options.»

Même si le Chœur Saint-Laurent n’en est pas à tweeter durant les concerts, il arrive que cela se fasse pendant les répétitions. En outre, il diffuse des vidéoclips de ses répétitions et de ses concerts sur YouTube.

«Les choses vont changer, affirme Michael Zaugg. Je pense qu’il faut être en mesure de participer au changement, ou tout au moins s’y préparer afin de ne pas être pris au dépourvu. Nous devons être présents et savoir ce qui se passe afin de nous adapter à la situation au fur et à mesure qu’elle évolue.»

Traduction: Anne Stevens


Le 26 mai à 19h30. Église Saint-Jean-Baptiste, Montréal. Avec l’Orchestre symphonique de Longueuil. www.choeur.qc.ca
Sur Twitter: @ChoeurStLaurent


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(c) La Scena Musicale 2002