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La Scena Musicale - Vol. 17, No. 7 avril 2012

Critiques

1 avril 2012

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Version Flash ici.

Beethoven: The Middle Sonatas
Stewart Goodyear, piano
Marquis 7 74718 15112 4 (CD1: 51 min 47s / CD2: 64 min 41s)

Beethoven crée de l’accoutumance–demandez simplement à Stewart Goodyear. Ce nouvel album représente la deuxième étape dans le projet du pianiste canadien d’enregistrer l’intégrale des sonates de Beethoven. Le scoop est que Goodyear va tenter l’exploit surhumain de jouer chacune des 32 sonates en une seule journée – un total de 103 mouvements et de 10 heures de musique! L’événement aura lieu le 9 juin au Koerner Hall à Toronto, et sera coproduit par le Festival Luminato et le Royal Conservatory of Music. Nous pourrions dire que la performance de Goodyear à Ottawa en juillet 2010, dans laquelle il joua toutes les sonates en trois jours, était un premier essai, et une façon de développer sa résistance. En attendant, nous pouvons en avoir un avant-goût. Cet ensemble de deux disques comprend six sonates, incluant une interprétation magique de l’opus 27 no 2 « Clair de lune » et une tumultueuse « Tempête » opus 31 no 2. D’autres pianistes ont peut-être une technique audacieuse ou un flair pour le drame similaires, mais la version de Goodyear les surpasse particulièrement par sa clarté, son élégance dépourvue de sentimentalité, son interprétation idiomatique (mais jamais idiosyncrasique) et son sens profond de l’architecture. Enregistré dans les Studios Glenn Gould à l’automne 2010, le son est clair et chaleureux. Le livret contient des notes d’information (en anglais uniquement) écrites par l’artiste lui-même. Ce nouvel album est un ajout bienvenu à la discographie des sonates de Beethoven et l’une des sorties les plus notables de l’année (encore jeune) 2012.             Joseph K. So

Rachmaninov: Concerto No. 4/Scriabine: Prométhée – Le Poème du feu
Alain Lefèvre, piano; Orchestre symphonique de Montréal/Kent Nagano
Analekta AN 2 9288

Le tempo rapide imposé d’emblée par Kent Nagano à l’Orchestre symphonique de Montréal, dès les premières mesures du Concerto pour piano no 4 deRachmaninov, est annonciateur de belles choses pour ce premier enregistrement complet de la version originale (1926) de cette œuvre. Au piano, Alain Lefèvre se moule aisément dans ce tempo, adoptant des lignes mélodiques toutes en souplesse et clarté. Le deuxième mouvement, Largo, témoigne d’un sens aigu du romantisme; il se termine sur une série d’arpèges vibrants d’émotion.
L’œuvre a été tronquée par Rachmaninov à deux reprises, en 1928 puis en 1941, pour se réduire à 824 mesures. Nagano et Lefèvre montrent ensemble que la version originale, qui fait 1 016 mesures, était la bonne – voire un chef-d’œuvre. Lefèvre se lance à vive allure dans le troisième mouvement, fort difficile, ne trébuchant que sur quelques petites notes à mi-chemin.
Ce CD propose également une excellente interprétation de Prométhée ou Le Poème du feu, de Scriabine. Capté en concert à la Maison symphonique, ce premier enregistrement officiellement réalisé dans la nouvelle salle montréalaise met en valeur la richesse des sonorités produites par l’OSM dans cet environnement chaleureux.              Wah Keung Chan

 

Mascagni: Cavalleria Rusticana/Leoncavallo: Pagliacci
Placido Domingo, Tatiana Troyanos, Teresa Stratas, Sherrill Milnes, Vern Shinall; Orchestre et chœur du Metropolitan Opera/James Levine
Sony DVD 88697910089 (152 min)

C’est des archives vidéo du Met que provient ce double programme Cav-Pag, tel qu’il est affectueusement appelé. Il est bon de voir tous les acteurs principaux au sommet de leur forme, et ce, dans une production somptueuse. La production de Zeffirelli peut aujourd’hui paraître un peu surannée, mais il y a trois décennies, elle a établi un standard dans le réalisme à l’opéra. Dans une voix merveilleuse–mis à part un craquement peu après le début du Pagliacci–,Domingo fait double office, rendant entière justice autant à Turridu que Canio. Son intensité dans le rôle du Clown dans la scène d’affrontement est parfaitement assortie à l’incandescente Nedda de Teresa Stratas, ici dans l’un de ses meilleurs rôles et d’une voix bien plus fraîche que dans l’émission télévisée de 1994 aux côtés de Luciano Pavarotti. La regrettée mezzo-soprano gréco-américaine Tatiana Troyanos interprétait une Santuzza assez mûre, capturant parfaitement la qualité sombre et tragique du personnage. Sherrill Milnes quant à lui jouait un Tonio formidable, sans aucun des problèmes de voix qui l’ont affligé quelques années plus tard. Également notable était le Silvio du baryton canadien Allan Monk, alors en pleine ascension. La technique vidéographique s’est énormément développée au cours des 34 dernières années. À l’époque « primitive » de 1978, l’image était floue et sombre, le son peu clair, et il n’y avait aucun des gros plans extrêmes auxquels nous sommes devenus habitués. Mais c’est une chance que d’avoir cette vidéo de grands artistes à leur apogée. Plusieurs photos sont reproduites en intérieur de couverture, mais il n’y a presque aucun texte hormis la liste des morceaux et un bref résumé de chaque opéra. Il s’agit d’une nouveauté indispensable pour les admirateurs de ces grands artistes.             Joseph K. So

Traduction: Juliette Colinas, Anne Stevens


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