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La Scena Musicale - Vol. 17, No. 5 février 2012

Opéra VMana : L’opéra pour tous

Par Caroline Rodgers / 1 février 2012

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Un nouveau joueur vient d’apparaître sur la scène lyrique québécoise : Opéra VMana, un centre de formation pour les chanteurs qui vise aussi à faire découvrir au grand public l’opéra dans un format très accessible.

« Nos billets vont être vendus à un prix abordable, et nous allons choisir des œuvres courtes et faciles d’approche, pour que les néophytes puissent apprécier cet art », explique Maude Brunet, cofondatrice de la compagnie.

Elle et son associée dans ce projet, Nadine Guertin, ont reçu une double formation. Maude Brunet détient une maîtrise en chant classique et une maîtrise en administration des HEC. Nadine Guertin est avocate et diplômée universitaire en chant.

« Nous avons toutes deux participé à beaucoup de stages, et relevé certaines lacunes dans la formation disponible, ajoute-t-elle. Nous avons donc décidé de créer ce que nous aurions aimé recevoir pendant nos études en fondant Opéra VMana. »

Le « V » de « VMana » représente la voix. Quant à Mana, il s’agit d’un terme d’origine polynésienne qui désigne une force surnaturelle conférant un grand charisme.

« Les voix opératiques portent cette force et ce charisme quand elles sont mariées à une belle présence scénique, dit la jeune femme. Nos formations seront très axées sur le jeu scénique et l’interprétation. On souhaite contribuer à former une génération d’acteurs-chanteurs, des artistes complets qui n’ont pas seulement une belle voix, mais savent bouger sur scène. Il y aura des cours de techniques de scène, de danse, d’improvisation et même d’escrime. »

Pour sa première année, Opéra VMana offre deux stages d’un mois chacun. Le premier, en février, accueille de jeunes chanteurs professionnels qui ont besoin de gagner de l’expérience de scène. Il leur propose également des outils pour démarrer leur carrière, et une occasion de créer des contacts professionnels dans le milieu.

Cette première cohorte s’active déjà à préparer la production de l’opéra fantastique Le Quatrième enfant-lune, d’Oriol Thomas et Gabriel Thibaudeau, qui sera présenté en mars à la salle Claude-Gauvreau.

En juillet prochain, le second stage visera les étudiants de baccalauréat qui ont difficilement accès aux grands stages d’opéra canadiens. Ceux-ci étant très contingentés, les places sont généralement attribuées aux étudiants de maîtrise et aux jeunes professionnels.

Les professeurs et coachs, recrutés à Montréal et dans le reste du Canada, ont une solide réputation. Parmi ces derniers, mentionnons la présence de Chantal Lambert, Lyne Fortin, Daniel Taylor, Esther Gonthier et Lorna MacDonald, entre autres.

« L’Atelier d’opéra de Montréal offre une excellente formation pour les jeunes chanteurs, mais les places sont limitées, alors qu’un nombre important de diplômés sort des universités canadiennes chaque année, dit Maude Brunet. Nous pensons répondre à un besoin, et la preuve, c’est que nous avons déjà reçu beaucoup de candidatures. En février, on accueille une vingtaine d’étudiants, et on prévoit en recevoir 28 l’été prochain. »

www.operavmana.com

Un conte fantastique pour toute la famille

Dix ans après avoir écrit le livret du Quatrième Enfant-Lune, Oriol Thomas verra enfin son œuvre produite en version scénique. Opéra VMana, nouvelle compagnie à vocation pédagogique, présente en mars prochain ce conte destiné à initier les enfants à l’opéra.

« C’est l’histoire d’Émile, un petit garçon, qui se retrouve en rêve dans le monde de l’opéra, raconte Oriol Thomas, auteur et metteur en scène. Ce monde est en danger, car il est sous l’emprise de la Reine de la nuit. Émile doit le sauver lors d’un parcours initiatique où il rencontre des personnages d’opéras célèbres, comme Madame Butterfly ou Ping, Pang et Pong. »

Le livret a été écrit en 2001. En 2003, le compositeur Gabriel Thibaudeau a terminé la musique. Depuis, l’œuvre a été présentée une fois en lecture publique, puis en version concert par l’Atelier d’opéra de Montréal, en 2009.

Cette fois, on aura droit à une véritable production, modeste mais intimiste, car la salle Claude-Gauvreau ne compte que 80 places. « Nous travaillons avec des budgets de costumes et de décors limités, mais ce sera une belle expérience pour le public d’être aussi près des chanteurs. Les enfants pourront s’identifier plus facilement aux personnages. Ce sera très ludique et poétique », dit-il.

La musique de Thibaudeau, qu’il décrit comme « plutôt tonale, mélodieuse et accessible », a été écrite à l’origine pour dix instruments. Le chef Julien Proulx en a fait un arrangement pour piano, violoncelle, clarinette et percussions. La distribution est assurée par une vingtaine de jeunes chanteurs de la relève canadienne inscrits au stage d’hiver d’Opéra VMana.

Pour Oriol Thomas, il était tout naturel d’écrire pour les enfants, car il a beaucoup travaillé avec eux.

« Mon premier emploi, quand j’étais jeune, était d’être moniteur dans un camp de vacances, dit-il. Par la suite, j’ai été coordonnateur pendant cinq ans des activités pour enfants à la Ville de Montréal, et j’ai aussi enseigné dans des écoles à vocation musicale. J’ai une grande confiance en l’intelligence des enfants, et j’avais le goût d’écrire une histoire avec des références pour les initier à l’opéra sans les sous-estimer. »

Les adultes et les connaisseurs d’opéra trouveront aussi leur compte dans Le Quatrième Enfant-Lune, croit le jeune metteur en scène. « Dans chaque adulte, il y a un désir d’être émerveillé et de se faire raconter une histoire. Et les connaisseurs apprécient toutes les allusions et les références aux grands opéras qui sont dans l’œuvre. »

Les enfants d’aujourd’hui iront-ils à l’opéra quand ils seront grands ? « Je crois que oui, mais il faut redoubler d’énergie pour les initier, dit-il. Les gens continueront toujours d’aller à l’opéra, mais ce ne sera pas nécessairement dans un format gigantesque de grandes salles comme aujourd’hui. Dans l’avenir, je crois qu’on misera davantage sur des productions plus intimes, où la connivence entre le spectateur et les artistes sera plus facile à établir. »


Le Quatrième Enfant-Lune
2 mars, 20 h, 3 mars, 11 h et 15 h, 4 mars, 15 h, salle Claude-Gauvreau de l’UQAM


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