Accueil     Sommaire     Article     La Scena Musicale     Recherche   

La Scena Musicale - Vol. 17, No. 4 décembre 2011

Concert contre le Cancer : L’histoire d’un succès

Par Caroline Rodgers / 1 décembre 2011

English Version...


Version Flash ici.

Le Concert contre le Cancer, principale source de financement de l’Institut du cancer de Montréal, fêtera son cinquième anniversaire en février. En cinq ans, le dévouement de ses bénévoles et de sa directrice générale, Maral Tersakian, ainsi que sa campagne publicitaire choc, montrant des compositeurs la tête rasée, en ont fait un succès.

Les deux dernières éditions ont d’ailleurs permis de recueillir des montants nets entre 550 000 $ et 570 000 $ chacune.

« On a trouvé une formule gagnante, dit Maral Tersakian. C’est une soirée où viennent autant des chefs d’entreprises et des connaisseurs de musique classique que des personnes du grand public qui ne sont jamais venues à un concert symphonique auparavant, et qui ne l’auraient peut-être jamais fait, mais qui sont motivées par la lutte contre le cancer. »

L’événement caritatif, en effet, est accessible à toutes les bourses, les prix des billets variant entre 35 $... et 2500 $ ! « Nous ne voulions pas faire une soirée élitiste, dit la directrice. Pour remercier de leur don généreux nos partenaires diamant, or et argent, qui payent leurs billets plus cher, on organise un cocktail VIP avant le concert. »

Par ailleurs, ce rendez-vous annuel a contribué à rapprocher l’Institut du grand public, explique la directrice. « Je parle souvent aux gens qui appellent pour acheter des billets, et ils sont nombreux à avoir été touchés de près par cette maladie. Quatre sœurs et leurs conjoints ont acheté des billets parce que leur sœur était morte du cancer l’année précédente. C’était leur façon de souligner ce triste anniversaire. »

Comment tout a commencé
Marches, bals, rallyes de vélo : il existe déjà une foule d’activités destinées à recueillir des fonds pour la lutte contre le cancer. En 2007, alors qu’il fêtait son 60e anniversaire, la question se posait, pour l’Institut, de trouver un mode de financement qui se distingue des autres. Et pourquoi pas un concert de musique classique ? Ce serait, par la même occasion, une excellente façon de célébrer ses soixante ans.

« En examinant le profil de nos donateurs, on constate que ce sont des personnes éduquées, bien établies et d’un certain âge, dit Mme Tersakian. Nous avons pensé qu’un concert symphonique correspondrait bien à ce profil. »

Dès la première édition, on était ambitieux : le premier concert aura lieu à la salle Wilfrid-Pelletier. « Nous avons eu la chance de réunir Yannick Nézet-Séguin et Louis Lortie, qui jouaient ensemble pour la première fois. Ce fut un succès », se souvient-elle.

Ce n’est que la deuxième année que l’événement prendra son nom actuel de « Concert contre le Cancer ». L’agence de publicité et de marketing kbs+p a eu l’idée ingénieuse de présenter Mozart avec la tête rasée sur les affiches. « Cela a eu un impact médiatique extraordinaire », ajoute la directrice. Depuis, Verdi, Strauss, et pour la prochaine campagne, Bizet, ont été rasés pour symboliser leur appui à la cause.

Rapatrier les scientifiques
L’Institut du cancer de Montréal a été fondé en 1947, ce qui en fait le premier institut francophone en recherche sur le cancer d’Amérique du Nord. Mais avec la création du CHUM, sa mission a été modifiée pour en faire une fondation dont la mission est d’appuyer l’axe Cancer du Centre de recherche du CHUM.

« C’est une petite fondation comparativement aux autres, dit Maral Tersakian. On s’est penché sur les besoins pour cibler notre action, et nous avons décidé de créer le programme Rapatriement de cerveaux. Comme société, nous perdons beaucoup de scientifiques formés dans nos universités. Ils partent à l’extérieur pour faire un post-doctorat et ne reviennent jamais au Québec parce qu’il n’y a pas assez de financement et moins de fonds de démarrage que dans certains pays pour la recherche. »

Le programme a tenu ses promesses : depuis quatre ans, cinq chercheurs de haut niveau sont revenus s’installer ici.

Cette idée de ramener les scientifiques au bercail a été très bien reçue dans le milieu des affaires. Ainsi, l’Institut a recruté des membres prestigieux de la communauté des affaires pour faire partie de son cabinet de campagne. Ceux-ci portent le message bénévolement, font eux-mêmes des dons, signent des lettres de sollicitation, ouvrent des portes.

« Les gens d’affaires qui s’engagent ou donnent de l’argent pour une cause veulent savoir ce que l’on fait avec l’argent et s’assurer qu’il est bien utilisé, explique Mme Tersakian. Un chercheur qui s’installe ici, avec le temps, devient comme une PME. Il reçoit des subventions, embauche du personnel. Cela fait non seulement avancer la science, mais crée de l’activité économique. En ajoutant un concert de musique classique pour financer ce programme, on se retrouve avec plusieurs ingrédients qui contribuent au succès. Quand on a un projet intéressant et bien ficelé, cela donne aux gens le goût de participer. »

De plus, l’organisme réduit ses coûts de fonctionnement au minimum en sollicitant des commandites pour le matériel nécessaire à la campagne et la publicité. « Tout ce que l’on obtient gratuitement de la part des médias et des fournisseurs est une clé du succès », ajoute-t-elle.


Le prochain Concert contre le Cancer aura lieu le 3 février 2012, pour la première fois à la Maison symphonique de Montréal, à 20 h. On pourra entendre l’Orchestre Métropolitain, sous la direction de Stéphane Laforest, la soprano Marie-Josée Lord et la violoniste Marie-Ève Poupart, dans un programme comprenant des œuvres de Bizet, Puccini, Gershwin, Gilles Vigneault, et Le monde est stone, de Starmania.


English Version...

(c) La Scena Musicale 2002