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Le Concert contre le Cancer, principale
source de financement de l’Institut du cancer de Montréal, fêtera
son cinquième anniversaire en février. En cinq ans, le dévouement
de ses bénévoles et de sa directrice générale, Maral Tersakian,
ainsi que sa campagne publicitaire choc, montrant des compositeurs la
tête rasée, en ont fait un succès.
Les deux dernières éditions ont
d’ailleurs permis de recueillir des montants nets entre 550 000 $
et 570 000 $ chacune.
« On a trouvé une formule gagnante,
dit Maral Tersakian. C’est une soirée où viennent autant des chefs
d’entreprises et des connaisseurs de musique classique que des personnes
du grand public qui ne sont jamais venues à un concert symphonique
auparavant, et qui ne l’auraient peut-être jamais fait, mais qui
sont motivées par la lutte contre le cancer. »
L’événement caritatif, en effet,
est accessible à toutes les bourses, les prix des billets variant entre
35 $... et 2500 $ ! « Nous ne voulions pas faire une soirée élitiste,
dit la directrice. Pour remercier de leur don généreux nos partenaires
diamant, or et argent, qui payent leurs billets plus cher, on organise
un cocktail VIP avant le concert. »
Par ailleurs, ce rendez-vous annuel
a contribué à rapprocher l’Institut du grand public, explique la
directrice. « Je parle souvent aux gens qui appellent pour acheter
des billets, et ils sont nombreux à avoir été touchés de près par
cette maladie. Quatre sœurs et leurs conjoints ont acheté des billets
parce que leur sœur était morte du cancer l’année précédente.
C’était leur façon de souligner ce triste anniversaire. »
Comment tout a commencé
Marches, bals, rallyes de vélo : il existe déjà une foule d’activités
destinées à recueillir des fonds pour la lutte contre le cancer. En
2007, alors qu’il fêtait son 60e anniversaire, la question
se posait, pour l’Institut, de trouver un mode de financement qui
se distingue des autres. Et pourquoi pas un concert de musique classique
? Ce serait, par la même occasion, une excellente façon de célébrer
ses soixante ans.
« En examinant le profil de nos
donateurs, on constate que ce sont des personnes éduquées, bien établies
et d’un certain âge, dit Mme Tersakian. Nous avons pensé qu’un
concert symphonique correspondrait bien à ce profil. »
Dès la première édition, on était
ambitieux : le premier concert aura lieu à la salle Wilfrid-Pelletier.
« Nous avons eu la chance de réunir Yannick Nézet-Séguin et Louis
Lortie, qui jouaient ensemble pour la première fois. Ce fut un succès
», se souvient-elle.
Ce n’est que la deuxième année
que l’événement prendra son nom actuel de « Concert contre le Cancer
». L’agence de publicité et de marketing kbs+p a eu l’idée ingénieuse
de présenter Mozart avec la tête rasée sur les affiches. « Cela
a eu un impact médiatique extraordinaire », ajoute la directrice.
Depuis, Verdi, Strauss, et pour la prochaine campagne, Bizet, ont été
rasés pour symboliser leur appui à la cause.
Rapatrier les scientifiques
L’Institut du cancer de Montréal a été fondé en 1947, ce qui
en fait le premier institut francophone en recherche sur le cancer d’Amérique
du Nord. Mais avec la création du CHUM, sa mission a été modifiée
pour en faire une fondation dont la mission est d’appuyer l’axe
Cancer du Centre de recherche du CHUM.
« C’est une petite fondation comparativement
aux autres, dit Maral Tersakian. On s’est penché sur les besoins
pour cibler notre action, et nous avons décidé de créer le programme
Rapatriement de cerveaux. Comme société, nous perdons beaucoup
de scientifiques formés dans nos universités. Ils partent à l’extérieur
pour faire un post-doctorat et ne reviennent jamais au Québec parce
qu’il n’y a pas assez de financement et moins de fonds de démarrage
que dans certains pays pour la recherche. »
Le programme a tenu ses promesses
: depuis quatre ans, cinq chercheurs de haut niveau sont revenus s’installer
ici.
Cette idée de ramener les scientifiques
au bercail a été très bien reçue dans le milieu des affaires. Ainsi,
l’Institut a recruté des membres prestigieux de la communauté des
affaires pour faire partie de son cabinet de campagne. Ceux-ci portent
le message bénévolement, font eux-mêmes des dons, signent des lettres
de sollicitation, ouvrent des portes.
« Les gens d’affaires qui s’engagent
ou donnent de l’argent pour une cause veulent savoir ce que l’on
fait avec l’argent et s’assurer qu’il est bien utilisé, explique
Mme Tersakian. Un chercheur qui s’installe ici, avec le temps, devient
comme une PME. Il reçoit des subventions, embauche du personnel. Cela
fait non seulement avancer la science, mais crée de l’activité économique.
En ajoutant un concert de musique classique pour financer ce programme,
on se retrouve avec plusieurs ingrédients qui contribuent au succès.
Quand on a un projet intéressant et bien ficelé, cela donne aux gens
le goût de participer. »
De plus, l’organisme réduit ses
coûts de fonctionnement au minimum en sollicitant des commandites pour
le matériel nécessaire à la campagne et la publicité. « Tout ce
que l’on obtient gratuitement de la part des médias et des fournisseurs
est une clé du succès », ajoute-t-elle.
Le prochain Concert contre le Cancer
aura lieu le 3 février 2012, pour la première fois à la Maison symphonique
de Montréal, à 20 h. On pourra entendre l’Orchestre Métropolitain,
sous la direction de Stéphane Laforest, la soprano Marie-Josée Lord
et la violoniste Marie-Ève Poupart, dans un programme comprenant des
œuvres de Bizet, Puccini, Gershwin, Gilles Vigneault, et Le monde
est stone, de Starmania.
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