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La Scena Musicale - Vol. 17, No. 3 novembre 2011

Être indépendant à Ottawa

Par Natasha Gauthier / 1 novembre 2011

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Ce n’est pas chose facile de faire carrière en musique à Ottawa. À l’instar de Washington, la capitale du Canada regorge d’institutions emblématiques, bien financées et de grande envergure, mais elle est moins bien lotie en matière de ces petites formations locales bien diversifiées qui font de Montréal ou de Vancouver des villes si dynamiques sur le plan culturel.

Pour prendre un exemple, pendant sa saison de danse le Centre national des Arts fait venir de grandes productions du monde entier, mais Ottawa ne compte aucune compagnie professionnelle qui présenterait une saison régulière en ballet ou en danse moderne. La présence de grands établissements de ressort fédéral tels que le Musée des beaux-arts du Canada ou le Musée de la civilisation empêche les petites galeries de se faire remarquer. Les possibilités pour les musiciens hors de l’Orchestre du CNA tendent à être limitées, surtout s’ils veulent faire carrière dans un genre particulier, comme la musique ancienne ou contemporaine, qui sort des sentiers battus de la musique orchestrale ou de chambre.

Andrew Burn essaye de remédier à cette situation. Ce résident d’Ottawa de 22 ans, qui termine à l’Université Carleton un baccalauréat en musique avec spécialisation en basson moderne et baroque, a fondé un nouveau groupe passionné par la musique ancienne qui, espère-t-il, inspirera d’autres musiciens à se faire une place sur la scène locale.

«Je pense qu’Ottawa recèle autant de talents que de grandes villes comme Montréal ou Toronto, explique-t-il. La différence ici, c’est que les artistes manquent d’esprit d’entreprise, surtout les plus jeunes. Hors de l’Orchestre du CNA, les musiciens qui remportent des succès ont au moins 45 ans. Les plus jeunes ont l’impression de ne pas pouvoir percer: donc ils partent pour ne plus revenir.»

M. Burn aurait pu se joindre au rang des exilés en essayant de décrocher une audition pour un orchestre en Amérique du Nord ou en Europe. Au lieu de cela, il a fondé l’Ensemble OVO (pour «Our Very Own» ou « bien à nous»). À part lui, le groupe est constitué à la base de la claveciniste Marie Bouchard et de la soprano Anne-Sophie Neher. S’y ajouteront d’autres musiciens selon les exigences de l’heure.

«Il existe bien l’Ottawa Baroque Consort, mais l’ensemble ne donne pas du travail régulier et il y a parfois des conflits d’horaire, souligne-t-il. C’est que tout dépend des horaires des autres groupes, à Montréal, Québec ou Toronto, dont font partie les musiciens. En créant mon ensemble, j’avais pour but que les musiciens finissent par adapter leurs calendriers aux nôtres.»

Un objectif ambitieux, certes, pour un groupe qui n’a même pas encore donné son premier concert officiel. Mais l’optimisme n’est pas ce qui manque à son fondateur.

«Si vous voulez que les jeunes musiciens restent, il faut leur montrer que ça bouge ici. On m’a dit que dans une ville comme Ottawa, où l’auditoire demeure assez traditionaliste, on ne peut pas avoir deux groupes qui jouent des instruments anciens. Pourtant, je pense que l’émulation est une bonne chose à avoir.»

L’Ensemble OVO a donné une première prestation le 21 octobre en jouant des pièces rares du baroque français. Son fondateur annonce qu’il présentera deux autres concerts cette saison, mais ne peut en dire plus. Son but est d’avoir une feuille de route qui permettra au groupe de se qualifier au financement des conseils des arts de la province et du fédéral (en général, les candidats doivent avoir été actifs pendant au moins trois années consécutives avec un minimum de trois concerts par saison).

Traduction: Anne Stevens


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