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La Scena Musicale - Vol. 17, No. 1 septembre 2011

Québec, ville mélomane

Par Caroline Rodgers / 1 septembre 2011

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Le grand pianiste Menahem Pressler a déjà dit de la ville de Québec que lorsqu’il la visitait, il entrait dans un état d’esprit tel qu’il se sentait obligé d’y jouer mieux que partout ailleurs! C’est là le plus beau compliment de la part d’un artiste dont se souvient Louise Forand-Samson, directrice artistique du Club musical de Québec, qui parle de sa ville avec passion.

Présente au Club depuis 42 ans, elle connaît la vie culturelle de la vieille capitale mieux que personne. À ses yeux, Québec est une ville où les citoyens sont très attachés à la culture.

Cette observation n’étonne pas quand on sait que Québec est une fille de fête et de festivals, avec, comme carte de visite, des événements d’envergure internationale. Le Festival d’été de Québec, un incontournable qui fêtera son 45e anniversaire l’an prochain, attire chaque année plus d’un million et demi de visiteurs, ce qui en fait le plus grand déploiement artistique extérieur au Canada.

Côté théâtre, la ville compte plus d’une vingtaine de compagnies, dont Le Trident, le Théâtre de la Bordée, le Périscope, Niveau Parking et le Gros Mécano.

Québec est aussi une ville de musique, évidemment, avec l’Orchestre symphonique de Québec, le Club musical de Québec, les Violons du Roy, l’Opéra de Québec, le Festival des musiques sacrées, l’Ensemble Anonymus, Erreur de type 27, le Trio Frontenac, le Quatuor Arthur Leblanc et Les Amis de l’orgue de Québec, entre autres.

Ville fortifiée dotée d’un riche patrimoine, près de l’une des plus importantes bases militaires au pays (Valcartier), Québec est également, depuis 1998, l’hôte du Festival international de Musiques militaires. Accueillant des fanfares de haut calibre venues de partout à travers le monde, il fait courir les foules à des concerts et à des défilés hauts en couleur, tels ceux du Chœur de l’Armée rouge ou du Central Band of the Royal Air Force.

De plus, l’été 2011 a vu naître le premier Festival d’opéra de Québec, offrant sept spectacles pour un total de 33 représentations, dont le très attendu Le Rossignol et autres fables de Stravinski mis en scène par Robert Lepage, qui a fait salle comble quatre soirs d’affilée.

Lors d’un bilan, le 8 août dernier, son directeur général et artistique, Grégoire Legendre, déclarait que les objectifs de fréquentation de tous les événements présentés avaient d’ailleurs été dépassés.

Le Club musical a 120 ans
Cette année, le Club musical de Québec célèbre son 120e anniversaire. Forand-Samson, qui aime bien plaisanter en disant qu’elle fait partie des meubles, a eu l’occasion d’y rencontrer les plus grands musiciens du monde, qui se font toujours une joie de venir visiter la capitale.

La liste des musiciens légendaires accueillis par le Club en plus d’un siècle est étourdissante: Artur Rubinstein, Claudio Arrau, Isaac Stern, Glenn Gould, Elisabeth Schwarzkopf, Jessye Norman, Vladimir Ashkenazy, Ivo Pogorelich, Mstislav Rostropovich, et tant d’autres. Sans compter les duos de choc, comme Martha Argerich et Nelson Freire, Gidon Kremer et Krystian Zimerman, ou Murray Perahia et Radu Lupu!

«J’ai tellement de souvenirs marquants que je ne sais par où commencer, dit Forand-Samson. On pourrait écrire un article seulement basé sur les grands moments d’émotion, comme la première visite de Yo-Yo Ma alors qu’il n’avait que vingt ans, le Quatuor Alban Berg, Bryn Terfel… Souvent, des projets exceptionnels, comme le duo Lupu-Perahia, sont présentés à seulement trois ou quatre endroits en Amérique, et Québec en fait partie.»

En 120 ans, le Club a acquis une solide réputation et le bouche à oreille entre musiciens contribue à son succès pour attirer les meilleurs.

«Nous partons du principe qu’un artiste heureux donne un meilleur concert, dit la directrice. On essaie de leur fournir des conditions optimales pour qu’ils soient à l’aise, jusque dans les détails: l’accueil, les loges, ils sont traités aux petits soins. La Ville de Québec leur offre un cadeau, et le Grand Théâtre, une belle boîte de chocolats dans leur loge.»

Sans oublier le plus important: un public fidèle, chaleureux et enthousiaste.

«Notre plus ancien abonné a 50 ans de présence au Club ! Et sur la liste de nos 1200 spectateurs réguliers par concert, entre 800 et 1000 sont très fidèles et reviennent automatiquement chaque année. Cette fidélité est importante et constitue d’ailleurs 85% de notre budget.»

Selon un sondage maison, l’abonné moyen du Club est une personne possédant une scolarité élevée, financièrement à l’aise et cultivé. De plus, il est intéressant d’apprendre que 65% des abonnés fréquentent les autres sociétés musicales de la ville et assistent régulièrement à des concerts des Violons du Roy, de l’OSQ et de l’Opéra de Québec.

«L’offre de concerts à Québec est bien contrôlée, dit la directrice. Les sociétés de concert travaillent ensemble et se consultent pour éviter de présenter des concerts les mêmes soirs. Avec un bassin de population limité, on cherche à ne pas se couper l’herbe sous le pied les uns des autres. Nous avons beaucoup d’abonnés en commun, il faut donc voir à ce que le florilège des concerts proposés soit varié. Chaque société de concert possède sa personnalité. Jusqu’à maintenant, chacun a trouvé son avantage dans cette belle collaboration.»


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