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La Scena Musicale - Vol. 16, No. 9

Prix d’Europe 2011 : Une cure de rajeunissement pour le centenaire

Par Renée Banville / 1 juin 2011

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Véritable joyau du patrimoine culturel au Québec, le prestigieux concours du Prix d’Europe célèbre cette année son centenaire. Wilfrid Pelletier, Jacques Hétu, Colette Boky et Chantal Juillet sont quelques-unes des personnalités renommées du domaine musical au Québec qui ont remporté ce prix permettant de parfaire une formation musicale en Europe. Cette vénérable institution a fait peau neuve pour présenter un concours mieux adapté au 21e siècle et permettre aux lauréats d’avoir une plus grande ouverture sur le monde.

Une restructuration de fond en comble
Fondée en 1870 par décret de la reine Victoria, l’Académie de musique du Québec se voulait une première tentative de normaliser la formation musicale dans la province de Québec. C’est donc à elle que le gouvernement confie en 1911 l’administration du Prix d’Europe. Le nombre de participants étant en progression, il devenait important que les règles établies par l’Académie soient revues et adaptées à la situation actuelle. Il y a deux ans, la pianiste Lise Boucher, elle-même récipiendaire du Prix d’Europe en 1958, présidente de l’Académie et responsable du concours, a décidé de s’attaquer à la restructuration de l’institution. Pour la seconder dans cette tâche difficile, elle a fait appel à l’impresario Michel Buruiana, un passionné des arts et de la culture qui possède une vaste expérience des affaires et du domaine culturel, maintenant président du comité d’honneur et conseiller spécial au sein du conseil d’administration de l’Académie.

Une étape de plus dans le déroulement du concours
Il n’est pas facile pour un jury de comparer instrumentistes et chanteurs. La sélection préliminaire se fait à partir de l’audition d’un disque compact d’une durée de 25 à 30 minutes par un jury formé de trois membres. Par la suite, un récital de 50 à 55 minutes devant jury devient demi-finale du concours. À l’épreuve finale, ajoutée cette année pour la première fois, quatre finalistes doivent présenter un récital de 30 à 40 minutes. Durant ces deux épreuves devant public, 34 candidats seront entendus dans les disciplines suivantes : piano, violon, violoncelle, guitare, saxophone, clarinette, trombone, trompette, hautbois, percussion et chant.

Des prix plus nombreux
Cette année, les lauréats se partageront près de 65 000 $, soit presque deux fois le montant de l’an dernier. Chaque finaliste recevra un prix de 5000 $. Le récipiendaire du Prix d’Europe remportera 30 000 $ et le lauréat du prix John Newmark 9000 $. D’autres prix s’ajoutent : le prix Hedwidge Buruiana (1000 $), le prix Monik Grenier (1000 $) et le prix de composition Fernand-Lindsay 2011. Cette bourse de 10 000 $ est offerte par la Fondation Père Lindsay aux deux ans. En plus, deux prix de journalisme musical seront créés, dont le prix Frédéric-Pelletier, nommé en l’honneur de l’un des pionniers du journalisme musical. Ce prix sera accordé au journaliste qui aura retenu l’attention du jury par un article exceptionnel. L’an prochain, pour répondre à la grande demande dans les conservatoires et les universités, un prix sera attribué dans la nouvelle discipline de jazz classique.0

De grands projets pour redorer le blason du Prix
Pour que l’Académie de musique du Québec et le Prix d’Europe retrouvent le lustre et la renommée qu’ils méritent, il fallait de grands projets. Les idées foisonnent dans la tête des organisateurs qui souhaitent marquer avec éclat le centenaire de l’institution. Ils ont d’abord invité de grandes personnalités pour former un comité d’honneur, des chefs de file dans des milieux variés, qui croient à l’importance du Prix. On y retrouve, entre autres, des grands noms du domaine des arts et d’autres provenant de professions libérales. On y compte aussi deux Grands Ambassadeurs : le chef d’orchestre Yannick Nézet-Séguin et Pierre-Henri Deleau, une sommité dans le monde du cinéma.

Une exposition de 70 photos de lauréats se tiendra à la Chapelle historique du Bon-Pasteur durant le concours. De plus, le clarinettiste et ondiste Jean Laurendeau publiera un livre documentaire au cours de l’année. Mais là ne s’arrête pas le rêve des organisateurs qui espèrent voir l’éclosion d’un Musée de la musique, un temple de la renommée qui suivra l’évolution de la musique au Québec. « Un voyage éducatif fabuleux pour la jeunesse », déclare Michel Buruiana.

Un atout important dans la vie des laureates
Récipiendaire du Prix d’Europe 1986, le pianiste Jean Saulnier a fait partie du jury de l’édition 2005. « Encore aujourd’hui, dit-il, le Prix d’Europe est porté par cet héritage prestigieux qui témoigne à travers le temps de l’importance de la musique chez nous tout en permettant aux jeunes de s’inscrire dans une continuité inspirante. Le Prix d’Europe m’a été très utile comme à tous les lauréats qui sont en début de carrière en me permettant d’avoir accès aux conseils des meilleurs professeurs. Les gestes que j’ai pu poser alors, grâce à ce soutien, déterminent aujourd’hui mes activités de professeur et d’interprète. » Violon-solo à l’OSM depuis 2008 et détenteur du prix en 1997, Olivier Thouin affirme quant à lui : « C’est surtout le point de départ qui a servi a me faire connaître, pour que mon nom circule davantage. » Pour sa part, la soprano Marie-Danielle Parent remarque : « Ce prix m’a apporté la reconnaissance de mes pairs en tant que musicienne et artiste : j’ai remporté ce prix en 1980 contre tous les autres instrumentistes. Je crois bien être la dernière chanteuse qui a remporté ce prix. » Effectivement, depuis cette date, aucun Prix d’Europe n’a été accordé en chant.

La présidence d’honneur de la 100e édition a été confiée au claveciniste et organiste Kenneth Gilbert, lauréat du Prix d’Europe pour orgue en 1953. Les autres membres du jury sont : Jean-Marie Poupelin, professeur de hautbois au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, Yuriko Naganuma, violon solo de l’Octuor de France, Christophe Guiot, violoniste au Théâtre national de l’Opéra de Paris, Nicole Lorange, soprano, tête d’affiche au Metropolitan Opera pendant plusieurs saisons, Rachel Martel, pianiste répétitrice à la Faculté de musique de l’Université Laval et Gabriel Thibaudeau, compositeur et pianiste. Les compositeurs Denis Gougeon, John Rea et Ana Sokolovic seront les membres du jury dans la catégorie composition.

Les organisateurs ne ménagent pas leurs efforts pour assurer la pérennité d’un concours indispensable à l’élargissement des horizons des jeunes musiciens. Le Gala du centenaire aura lieu à la salle Claude-Champagne le 12 juin. On promet une agréable soirée de musique avec, en deuxième partie, Marin Naturisca, Michel Donato et un groupe de jazz. Que la fête commence pour que continue de briller ce joyau de notre culture !


Du 5 au 10 juin, Chapelle historique du Bon-Pasteur. www.prixdeurope.ca


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