Les Temps Nouveaux de Mouawad Par Nathalie De Han
/ 1 avril 2011
Version Flash ici
La dernière création de Wajdi Mouawad,Temps, prend l’affiche du Centre national des
Arts d’Ottawa cinq soirs avant de s’installer pour quatre semaines
au Théâtre d’Aujourd’hui à Montréal. « Cette expérience a
été magnifiquement épique, exaltante, passionnante et dangereuse
», s’exclame le célèbre metteur en scène avec une satisfaction
à laquelle sa politesse nous a peu habitués.
Temps
a vu le jour à la Schaubühne de Berlin, après une résidence de deux
semaines. Mais c’est dans la ville de Québec, où la pièce vient
d’être présentée, que le projet s’est engagé, Mouawad ayant
accepté d’écrire et monter une pièce pour le quarantième anniversaire
du Théâtre du Trident. « Je voulais que la salle de répétition
ne soit plus un endroit d’exécution, mais de création », déclare
en conférence l’auteur et metteur en scène. Avec force gestes et
un verbe toujours imagé, il explique les chemins tortueux sur lesquels
il a mené son équipe, évoque les journées troubles et les tentatives
lamentables qui se sont succédées pour qu’enfin débouche la poétique
du spectacle. « Je n’ai jamais été aussi proche de la puissance
d’un spectacle qu’avec celui-là. Peut-être à cause de la méthode
de travail ? » L’auteur se réjouit d’avoir accouché d’un spectacle
différent de ceux qu’il a portés auparavant – un spectacle violent,
mais libéré de l’hystérie, calme et surtout qui ne se presse pas
pour plaire.
Grandement troublé par la reconnaissance
extraordinaire que la présentation de sa trilogie à Avignon lui a
value, Wajdi Mouawad a trouvé son salut dans une rigoureuse éthique
de création. « Je suis euphorique », déclare en riant celui qui
semble en effet revenir de loin… dans tous les sens du terme, car
l’auteur a choisi de camper Temps dans la ville minière de
Fermont, où les températures descendent jusqu'à moins 60°. Présage
de malheur, une horde de rats envahit la ville alors que deux frères
et leur sœur muette se retrouvent auprès de leur père mourant. «
Il y a dans cette pièce des silences que je n’ai jamais touchés
et les mots sont un peu plus taillés », ajoute Mouawad, qui retourne
en France pour y répéter son prochain spectacle.
« Je me sens prêt à rendre à Sophocle
ce qui appartient à Sophocle », déclarait l’homme de théâtre
alors qu’il triomphait à Avignon. Mouawad a passé au poète Robert
Devreu la commande de la traduction d’un premier opus intitulé
Des Femmes composé des Trachiniennes, d’Antigone
et d’Électre. Cette nouvelle trilogie sera d’ailleurs présentée
cet été en première au Festival d’Avignon. Wajdi Mouawad nous l’offrira-t-il
dans la programmation de sa dernière année comme directeur artistique
du Théâtre français d’Ottawa ? Poser la question, c’est peut-être
y répondre.
» Théâtre du
Trident / Québec
8 mars au 2 avril
» Centre National des Arts, Théâtre Français
/ Ottawa
12 au 16 avril
» Théâtre d'Aujourd'hui / Montréal
19 avril au 14 mai
|
|