Au bout du conte Par Lucie Renaud
/ 1 avril 2011
Version Flash ici
Son album Seul au piano trône
au sommet des ventes francophones depuis sa sortie en février, mais
Pierre Lapointe refuse de se cantonner dans le rôle de vedette comblée.
Après avoir vu certains de ses succès réinterprétés par des étudiants
en composition du Conservatoire de Montréal en décembre dernier, il
s’associe cette fois aux artistes visuels David Altmejd et Pascal
Grandmaison, au compositeur Yannick Plamondon, au Quatuor Molinari,
et propose Conte crépusculaire, « un espace inquiétant d’une
beauté absolue ». « Je trouve que la chanson française tourne en
rond et n’évolue pas assez, affirme d’entrée de jeu Lapointe.
Le média possède autant de potentiel que la musique, les arts ou le
design contemporains, mais fait plutôt figure de parent pauvre. »
Privilégiant une approche multidisciplinaire,
qui rend floues les spécificités des genres, le projet se veut une
véritable rencontre, entre collaborateurs d’abord, puis avec le public,
qu’on souhaite hétérogène. « Il était très important d’avoir
des gens qui ne travaillent pas de façon statique », explique Lapointe.
On rencontre trop souvent dans la création une surenchère d’ego
qui cherchent à défendre des projets personnels, tout en choisissant
sciemment d’occulter les expérimentations des autres milieux, croit-il
d’ailleurs : « La création ne devrait pas connaître de frontières.
Son but premier est de rejoindre les gens. »
Le projet est né d’une volonté
de travailler avec David Altmejd, rencontré à la Galerie de l’UQAM
en 2006 : « Ce fut un grand choc, toutes catégories artistiques confondues.
Je suis bouleversé par le travail de David, il possède un langage
poétique, très troublant. » L’œuvre visuelle évoluera tout au
long des six représentations du projet, débordant d’une plateforme
centrale, et permettra l’interaction avec les personnages issus de
l’imaginaire de Pierre Lapointe. L’œuvre finale sera exposée à
la Galerie de l’UQAM après les spectacles et intégrée au film réalisé
par Pascal Grandmaison en périphérie du projet.
Le « tableau vivant » relatera les
derniers instants d’un roi qui, à l’aube de la trentaine, doit
respecter la tradition et avaler un poison préparé par son fils. Si
Pierre Lapointe a écrit six courtes chansons de moins de deux minutes
pour le projet, il souhaitait que le langage musical de Yannick Plamondon
(rencontré en 2007 lors de la collaboration du chanteur avec l’Orchestre
métropolitain) puisse évoluer en toute liberté. « Le public n’aura
pas le choix d’être ému par la musique de Yannick », croit-il.
Le spectacle sera une montée dramatique d’une quarantaine de minutes
: « Nous avons perdu l’habitude d’apprécier ces longues montées
d’émotion et d’intensité. » La violoniste du Quatuor Molinari
Olga Ranzenhofer précise que chaque art conservera son unicité, sa
raison d’être : « C’est l’occasion d’aller à la rencontre
d’une autre forme d’art. Nous ne cherchons pas à diluer la musique
contemporaine, mais plutôt à amorcer quelque chose de nouveau. »
Si Pierre Lapointe admet volontiers vouloir
brouiller les pistes et bousculer le statu quo, il croit fermement que
la synergie entre les divers univers ne pourra que transporter. Deux
exigences tout au plus ont été retenues : le choix d’un lieu qui
n’ait rien à voir avec la salle de spectacle et la nécessité d’offrir
un spectacle court, qui ne prendra pas en otage le spectateur, mais
lui offrira plutôt un espace libre de tout code : « L’art reste
un monde de communication. »
» Galerie de l’UQAM, du 4 au 7 mai
www.galerie.uqam.ca |
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