CD Découverte : Anne Robert Par Julie Berardino
/ 18 mars 2011
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Soliste et chambriste accomplie et hautement
active, membre du réputé Trio Hochelaga qu’elle a fondé en 2000,
la violoniste montréalaise Anne Robert connaît une carrière variée
et empreinte de poésie. Soigneusement choisies par l’artiste, les
pistes du CD Découverte de ce mois-ci, tantôt énergiques, tantôt
méditatives, dressent le portrait d’une artiste ayant collaboré
à plus de trente disques allant de Bach à Messiaen, avec une passion
toujours communicative et une sensibilité inégalée.
Passionnée, Mme Robert s’est
dédiée à donner au public le goût de voir plus loin, de découvrir
des œuvres entières variées et peu connues. Le jeu en vaut la chandelle,
notamment pour la Sonate pour violon et piano de Louis Vierne,
enregistrée avec Sylviane Deferne, ou le Divertissement sur un vieil
air breton de René-Emmanuel Bâton, enregistré par le Trio Hochelaga.
À cela s’ajoute une œuvre inédite de Théodore Dubois, Méditation
pour violon, harpe et orgue, à paraître en 2011 sur un album consacré
aux motets du compositeur (XXI Productions). Né d’un profond et stimulant
travail de recherche, ces interprétations invitent à la découverte
de sonorités et de langages musicaux de grande qualité, issus de la
plume de compositeurs « ne méritant pas de retomber dans l’oubli
». C’est cette même philosophie, cette curiosité cruciale qui aura
permis au Trio Hochelaga de faire connaître, mondialement, la musique
de Théodore Dubois, au grand plaisir de l’auditeur, comme on peut
le constater à l’écoute du magnifique Quatuor en la mineur
de Dubois !
L’intérêt de longue date que
voue Anne Robert au répertoire français du tournant du siècle passé
est manifeste. Elle nous a confié que cette passion lui est venue naturellement;
c’est une sensibilité qui la touche beaucoup, un style et un défi
dans lequel elle est à l’aise. Le répertoire prolifique, mais trop
peu exploré, regorge de petits chefs-d'œuvre d’une incroyable richesse,
qui nous ramènent à nos racines françaises. « C’est de la musique
romantique, mais avec un langage harmonique souvent très particulier
et où il y a beaucoup de couleurs sonores; il faut avoir beaucoup d’imagination
[...] et user de toute la palette sonore du violon. »
Parmi les plus rares et magnifiques
trouvailles que nous vous proposons figurent des œuvres peu enregistrées
où l’orgue symphonique côtoie le violon, notamment Prière pour
violon et orgue de Pierre de Bréville, qui fut élève de César
Franck et de Théodore Dubois. Figurent également au programme une
œuvre d’un maître italien du baroque, Tomasso Vitali, et d’un
compositeur suédois de la fin du romantisme, Gustav Hägg, tous rompus
à l’art de marier les deux médiums. Pour la violoniste, chacune
de ces expériences s’est avérée unique et stimulante, « chaque
orgue ayant une personnalité, une couleur et une intonation différentes
». Elles sont d’une profondeur d’autant plus considérable qu’elles
sont réalisées avec son époux, l’organiste Jacques Boucher, avec
qui elle partage une grande complicité musicale.
Des joyaux parmi les plus appréciés
du répertoire sont de plus au programme : la splendide Méditation
de Thaïs de Jules Massenet, une des pages les plus populaires
du compositeur, aux côtés d’un extrait du Porgy and Bess
de Gershwin sur des arrangements de Heifetz, sans oublier le Liebesleid
de Fritz Kreisler ou la Sonate no 2 pour violon seul (BWV 1003)
de Jean-Sébastien Bach. Elle partage ces œuvres non seulement avec
le plus grand respect des intentions du compositeur, mais aussi avec
un souci d’absolu : « Pour moi, il n’y a pas une note qui ne devrait
pas chanter, qui ne devrait pas avoir un sens ou porter un message au
public. Chaque note doit vivre, quelle qu’elle soit. » Pédagogue
chevronnée, elle se trouve choyée de pouvoir transmettre cette conviction
à ses étudiants de l’Université de Montréal et du Conservatoire
de musique, qu’elle amène à se dépasser. « La musique est le langage
de l’âme. Il ne faut pas rester uniquement dans le côté cartésien,
il faut exprimer. »
» Anne Robert sera en concert
avec le Trio Hochelaga le 11 mars au Conservatoire de musique de Montréal,
en compagnie de l’artiste invitée Teng Li, alto solo de l'Orchestre
Symphonique de Toronto. Au programme, l’Élégie opus 23 de
Josef Suk ainsi que le Trio et le majestueux Quatuor (inachevé)
de Guillaume Lekeu, compositeur belge du tournant du siècle dernier
décédé à 24 ans. Un enregistrement des œuvres de Lekeu est également
prévu en mars, chez Atma, pour qui le trio enregistrera également
des paraphrases d’opéra d’Ernest Aubert à l’automne 2012.
»
Le trio sera en concert le 6 mai au Conservatoire, le 13 mai à Québec
et les 14 et 15 mai à Dunham, en plus de faire une tournée en France
et en Italie. Une tournée en Colombie-Britannique est prévue à l’automne.
» Anne Robert planifie également
en juin un concert avec orgue aux Bermudes ainsi qu’une tournée orgue
et violon en Italie, en août.
» À la fin juin, Anne Robert
enregistrera avec la pianiste Maneli Pirzadeh et pour XXI Productions
la 2e Sonate de Fauré ainsi que la Sonate de Louis Aubert,
œuvre romantique française n’ayant jamais été enregistrée.
www.triohochelaga.com/annerobert.html |
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