Accueil     Sommaire     Article     La Scena Musicale     Recherche   

La Scena Musicale - Vol. 16, No. 6

Musique baroque

Par Caroline Rodgers / 18 mars 2011


Version Flash ici

Amour, pirates et opéra baroque

Des jeunes filles enlevées par des pirates. Un héros fort et courageux. Un triangle amou­reux déchirant. Non, ce n’est pas le scénario d’un film d’Holly­wood, mais bien la trame d’Imeneo, l’un des derniers opéras de Haendel, présenté à l’École de musique Schulich de l’Université McGill, en première canadienne, ce mois-ci.

Si cette histoire d’une demoiselle devant choisir entre son sauveur et le véritable élu de son cœur est plutôt banale, ce n’est pas le cas de la musique. C’est d’ailleurs avant tout pour la grande beauté de sa partition que l’on a choisi de faire figurer Imeneo à la saison d’opéra de McGill, explique Patrick Hansen, metteur en scène et directeur des études d’opéra de l’École Schulich.

Par ailleurs, un souci d’équilibre dans la taille des œuvres a aussi guidé ce choix. « Après Hansel et Gretel, assez modeste, puis La Bohème, une énorme production, je voulais compléter la saison avec un opéra baroque moins ambitieux. Cet opéra ne dure que deux heures, ce qui est court pour du Haendel », explique M. Hansen.

L’histoire, en trois actes, ne comporte que cinq personnages. Toutefois, dix étudiants du baccalauréat ou de la maîtrise prennent part au projet, puisque la distribution est double. Dans le rôle-titre, on retrouve Garry McLinn et Kevin Myers. La partie instrumentale est assurée par l’Orchestre baroque de McGill, dirigé par Hank Knox.

« Cette collaboration que nous avons avec le programme de musique ancienne est particu­lièrement intéressante, car les musiciens sont déjà formés pour jouer ce style de musique et le programme possède une collection d’instruments anciens », dit Patrick Hansen.

Fondé en 1960 par Kenneth Gilbert, le programme de musique ancienne de McGill est d’ailleurs l’un des plus vieux en son genre et l’un des plus actifs en Amérique du Nord. Il est aussi l’un des seuls à participer à une production d’opéra par an, mentionne Hank Knox, professeur associé et chef de l’Orchestre baroque de McGill.

Imeneo est un opéra très rarement joué. L’une des dernières productions nord-américaines remonte au festival de Glimmerglass, dans l’État de New York, en 2004.

Après La Bohème, qui fut la production la plus coûteuse dans l’histoire de l’opéra à McGill, le metteur en scène se devait d’économiser sur les moyens. Pour ce faire, on a récupéré quelques éléments de décors d’anciennes productions. Le metteur en scène a choisi de situer l’action dans la Grèce antique, avec costumes de cette époque, tel que prévu dans le livret. Le tout est représenté dans un lieu de rencontre abstrait, à l’extérieur d’Athènes.

« Habituellement, les personnages entrent en scène et chantent seuls, puis repartent, mais j’ai décidé de faire les choses autrement, dit Patrick Hansen. Tout le monde restera sur scène pour écouter les autres chanteurs. »

25, 26, 27 mars music.mcgill.ca


Conservatoire de musique de Montréal : Complètement baroque !

Quatre soirs et un après-midi avec Bach, Purcell, Haendel et Couperin, c’est ce que promet le nouveau Festival baroque du Conservatoire de musique de Montréal, qui se déroule du 15 au 20 mars. Au programme : Dido and Aeneas, l’Oratorio de Pâques, et un concert de musique de chambre.

En concoctant cette semaine baroque, Raffi Armenian, le directeur du Conservatoire, qui travaille à ce projet depuis deux ans, souhaite fournir aux étudiants la chance de vivre une expérience qui les préparera mieux au monde professionnel.

Pour les instrumentistes à cordes, notamment, c’est une occasion d’apprivoiser le jeu caractéristique de cette époque avec des archets baroques dont le Conservatoire a récemment fait l’acquisition.

« Je pense que c’est une expérience essentielle à acquérir pour les élèves, dit Raffi Armenian. Ils doivent savoir manipuler ces instruments. À long terme, nous voulons bâtir une collection pour avoir au moins un exemplaire ancien de chaque instrument de l’orchestre. »

L’idée du festival n’est donc pas du tout d’entrer en compétition avec d’autres événements présentés à Montréal. Au contraire, elle vise à mieux préparer les élèves à assumer leur rôle dans la vie musicale de la métropole, voire du monde.

« À Montréal, la scène baroque est importante, dit Luc Beauséjour, claveciniste et professeur. Nous avons de nombreux ensembles consacrés à cette période. Le répertoire est mieux connu qu’auparavant et connaît un engouement croissant auprès du public. C’est aussi vrai des étudiants : je n’ai jamais eu autant d’élèves en musique baroque ! On voit vraiment une différence aujourd’hui par rapport à il y a cinq ans. »

Un engouement que l’on constate aussi avec le chant. « De plus en plus de maisons d’opéras du monde présentent des œuvres baroques et insistent pour que les chanteurs maîtrisent le style, dit Daniel Taylor, contre-ténor et professeur de chant. Avec Dido and Aeneas, on permet aux étudiants de chanter un opéra que plusieurs auront sûrement l’occasion de chanter de nouveau au cours de leur carrière. »

Questions de style

En musique baroque, peut-être plus que pour toute autre musique, on peut discuter à l’infini des façons de jouer. « Il y a une impression au sein du public selon laquelle il y a une façon universelle d’interpréter la musique baroque, dit Raffi Armenian. Ce n’est pas du tout le cas ! Les gens doivent comprendre qu’il y a beaucoup de polémiques, et que différentes approches peuvent être valables. À l’époque, chaque ville développait son style et les moyens de communications n’étaient pas ce qu’ils sont aujourd’hui. »

Au-delà du style, l’important est de transmettre le goût de cette musique, une expérience positive que peut apporter un festival.

« Les meilleurs professeurs pour enseigner la musique baroque sont le répertoire et les instruments eux-mêmes, dit Luc Beauséjour. En jouant, on en explore les possibilités. Il faut un élément déclencheur pour que des musiciens se découvrent une passion du baroque et que certains choisissent d’approfondir cette voie. »

15 au 20 mars conservatoire.gouv.qc.ca


(c) La Scena Musicale 2002