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La Scena Musicale - Vol. 16, No. 4

Les galeries du Belgo : petit mode d’emploi

Par Normand Babin / 1 décembre 2010


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Véritable institution montréalaise, le Belgo abrite depuis plusieurs années plus de 25 galeries d’art. Pour s’y retrouver, et peut-être un peu pour oser y mettre les pieds, le badaud aura besoin d’un petit guide d’emploi. A priori il faut, pour apprécier les expositions qu’on y présente, s’intéresser et être sensible à l’art contemporain. Contrairement aux galeries qui ont pignon sur rue dans le Vieux-Montréal par exemple et qui s’adressent plutôt aux touristes et aux néophytes, les galeries du Belgo donnent à voir les artistes qui tôt ou tard se retrouveront dans les plus grands musées, les collections privées les plus pointues ou les collections d’entreprises. À l’amateur d’art donc d’y déceler ce qui demain sera actuel, d’ouvrir grand les yeux et de se laisser séduire par les artistes.

Il faut savoir que les galeristes défendent avec passion les artistes qu’ils représentent et une petite conversation avec eux convaincra du plaisir qu’il y a à vivre entouré de beau. Les galeristes choisissent les artistes en voyant d’innombrables expositions dans les maisons de la culture, les festivals et les foires d’art, suivent de loin les carrières des artistes qui les intéressent. Les trop nombreux porte-folios qu’ils reçoivent ne garantissent en rien que l’artiste est là pour durer. Voilà pourquoi on retrouve rarement des artistes fraîchement sortis des écoles au Belgo, mais plutôt ceux qui ont amorcé une carrière prometteuse.

Chez Donald Browne, suite 528, l’art est à un pas en avant de ce qui se fait aujourd’hui. Par-delà l’esthétique pure, Browne choisira plutôt un artiste ayant une base historique forte et qui reflétera des préoccupations actuelles. Donald Browne se fie d’abord à son œil. Ici on ne trouve pas de minimalisme ou de modernisme, ce qu’il considère dépassé, mais des œuvres où la performance, le geste de l’artiste se perçoivent au premier regard. Jusqu’au 15 janvier, on y verra des sculptures de céramique de John Francis. En deux ou en trois dimensions, placées au mur ou au sol, les œuvres de Francis jouent avec nos perceptions du lourd et du pur. Fin janvier, la galerie accueillera un nouvel artiste. Mark Igloliorte peint sur du plexiglas des paysages ou des éléments de son environnement immédiat en utilisant son double regard. Considérant que chaque œil voit de façon autonome et différente, il propose toujours deux visions d’un même objet. Le peintre d’origine inuite expose du 28 janvier au 5 mars.

À la galerie Pierre-François Ouellette, suite 216, on a des préférences pour l’art au discours actuel en dialogue avec l’histoire de l’art. Ici on privilégiera une technique sophistiquée, souvent multimédia, et une voie distincte. Ouellette choisit des artistes dont les œuvres auront une longue portée dans le temps. En plus de représenter des artistes montréalais, Pierre-François Ouellette collabore parfois avec certaines galeries hors frontières. En janvier, en collaboration avec une galerie cubaine, il offrira l’exposition Ruido Azul (Voir avec les oreilles) de l’artiste Glenda Leon. Elle nous fait visualiser ce que nous pourrions entendre. On nous promet une partition faite de photos d’étoiles superposées sur portée musicale. Voilà de quoi faire rêver autant l’amateur d’art que le mélomane.

La Galerie [SAS] quant à elle choisit souvent des artistes plus jeunes et fait également office de centre de formation. Des stages permettent à des étudiants en histoire de l’art, en communication, en animation culturelle et, plus rarement, en art pratique de se familiariser avec toutes les étapes de la présentation d’une exposition. Les artistes chez [SAS] ont souvent une démarche singulière, on y recherche une certaine profondeur dans la réflexion, une individualité forte. Pourtant, il s’agit à notre avis de la galerie du Belgo qui présente les expositions les plus accessibles. Les visiteurs qui en sont à leurs premiers pas dans l’édifice devraient en faire une priorité : suite 416 ! En décembre, Small is beautiful donnera à voir des artistes de la galerie contraints au petit format. On pourra découvrir comment Laurent Craste ou Peter Gnass se débrouilleront pour ne pas dépasser les 30 x 30 centimètres imposés.

Il y a enfin les exceptions du Belgo. Certaines galeries présentent surtout des installations ou des œuvres aux dimensions imposantes qui aboutiront dans les musées : Skol, suite 314 et Circa-art, suite 444 entre autres. À l’autre bout du spectre, on trouve la maison Kasini, suite 408. Ici, l’art se vit dans le quotidien. Ce collectif du Vermont installé à Montréal depuis environ un an représente certains artistes, offre une boutique de petits objets d’art et un service d’impression pour artistes. Certains concerts de musique contemporaine y sont parfois présentés, reproduisant ainsi les salons où musique et art visuels se côtoient.

La grande majorité des galeries sont ouvertes au public du mercredi au samedi, le samedi étant la journée la plus achalandée.


Le Belgo : 372, rue Sainte-Catherine O.


(c) La Scena Musicale 2002