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La Scena Musicale - Vol. 16, No. 2 octobre 2010

Organistes démoniaques et autres films d’horreur...

Par Julie Beradino / 1 octobre 2010


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Pour provoquer une bonne frousse en cette veille d’Halloween, rien de tel que la musique d’épouvante, qui se nourrit des clichés les plus délectables, mais alimente l’irrationalité, l’imaginaire et le suspense ! On ne saurait dissocier le film d’horreur de sa musique qui, par le biais d’ostinatos déroutants ou d’effets sonores dramatiques, maintient savamment le spectateur au bout de son siège. Des compositeurs de renom comme Bernard Herrmann s’y sont illustrés; on ne compte plus les compilations musicales où apparaissent les cordes délicieusement grinçantes de Psychose (1960)oule sifflement inquiétantde Twisted Nerve (1968),glorieuses trames sonores de tout assassinat potentiel. On en dira de même du classique Rosemary’s Baby (1968) l’utilisation ingénieuse de la voix par le Polonais Krzysztof Komeda ayant inspiré des générations entières de compositeurs. Citons à ce chapitre les œuvres des enfants terribles James Bernard (Le Cauchemar de Dracula, 1958), Jerry Goldsmith (Alien, le huitième passager,1979) ou John Williams (Les Dents de la mer, 1975), dans lequel l’utilisation du silence demeure l’élément le plus dramatique. Dès le début des années 1990, le créneau de la musique d’horreur est plus vivifié que jamais, notamment grâce aux jeux vidéo qui exploitent des sonorités complexes et orchestrales dans leurs trames sonores. Alone in the Dark, par exemple, utilise déjà en 1992 la célèbre Danse macabre du romantique Camille Saint-Saëns ! Inspirée d’un poème d’Henri Cazalis, celle-ci utilisait notamment le xylophone pour dépeindre des squelettes qui dansent...

Sur une note tout aussi ludique, rien n’est plus délectable que la musique d’orgue, instrument de prédilection de fous furieux ne connaissant plus la lumière du jour. Pensons au Fantôme de l’opéra, un franc succès de la comédie musicale popularisé par Andrew Lloyd Webber en 1986 et regorgeant de récitatifs et d’ariosos. L’œuvre est tirée d’un roman de Gaston Leroux, lui-même inspiré de faits malencontreusement vécus dans le Paris du XIXe siècle. Les plus aventureux se tourneront néanmoins vers la Symphonie pour orgue nº 5 de Charles-Marie Widor, les Litanies de Jehan Alain ou encore vers « Dieu parmi nous », un extrait de La Nativité du Seigneur d’Olivier Messiaen, tous des compositeurs français. Mentionnons au passage le spectaculaire Volumina du Hongrois György Ligeti...

Finalement, on ne peut passer sous silence la Fantaisie et fugue en sol mineur BWV 542de Johann Sebastian Bach et ses harmonies surprenantes, ni sa Toccata et fugue en ré mineur BWV 565 (l’œuvre pour orgue la plus connue au monde !) diffusée dans toute bonne maison hantée et figurant de surcroît dans le classique d’animation Fantasia de Disney (1940). Ce film utilise par ailleurs le magnifique et effrayant poème symphonique de Modeste Moussorgski, Une nuit sur le mont Chauve, inspiré d’une nouvelle de l’écrivain russe Nicolas Gogol et mettant en scène un sabbat de sorcière... de quoi donner la chair de poule !


(c) La Scena Musicale 2002