Nous amorçons ici une série d’articles proposant quelques balises au lecteur désireux d’affermir et de développer son appréciation de la musique classique.

Bien que l’expression « musique classique » revienne souvent dans nos oreilles, celle-ci demeure encore nébuleuse pour plusieurs. Pourquoi ne pas poser, le plus simplement, la question : « Qu’est-ce que la musique classique » ?

Par définition, la musique classique est l’ensemble de la musique occidentale dite savante composée depuis la Renaissance (1400 à 1600) jusqu’à aujourd’hui. Par « savante », nous entendons la musique dont la structure, la forme et l’aspect théorique témoignent non seulement d’un souci artistique et esthétique profond, mais aussi d’un respect sans précédent de la tradition musicale. Elle englobe la musique profane et religieuse, instrumentale et vocale, baroque et contemporaine – musique sérielle et électroacoustique incluse.

Immédiatement, les noms de quelques grands maîtres viennent à l’esprit, à savoir Monteverdi, Bach, Haydn, Mozart, Beethoven, Brahms, Mahler et plusieurs autres, dont les œuvres sont encore abondamment étudiées et interprétées par les orchestres et musiciens du globe. Leurs contributions constituent le fondement de la musique classique. Qu’en est-il de la musique dite populaire ? Aussi rigoureusement élaborée soit-elle, elle représente ni plus ni moins le versant opposé de la musique savante, en ce sens qu’elle ne découle pas d’une tradition musicale assujettie à des considérations poussées sur le plan structurel et formel. Qu’à cela ne tienne, un grand nombre d’artistes en musique populaire continuent de s’inspirer de la musique classique pour leurs créations – la liste de ces créateurs est bien longue et il vaudra la peine d’y consacrer un article ultérieurement –, sans parler des compositeurs pour le cinéma dont l’œuvre est directement et le plus souvent influencée par celle des grands maîtres.

La musique classique demeure un art exigeant, tant par la maîtrise qu’elle requiert du musicien que par l’écoute attentive qu’elle demande pour en apprécier les plus splendides subtilités. Comme le disent les musicologues Jean et Brigitte Massin : « De tous les mondes de l’art, le monde de la musique n’est pas le plus immédiatement facile à pénétrer en profondeur. » Il ne fait aucun doute que pour le mélomane ou le musicien, l’abondance des connaissances musicales lui permettra d’affermir son goût et sa passion pour cet art qui sait le mieux exprimer la sensibilité et les préoccupations de l’esprit humain.

À qui, donc, instrumentiste, mélomane, audiophile, sera dédiée cette chronique ? Laissons Franz Schubert conclure, lui qui, se faisant poser la même question à la création de son Trio en mi bémol, avait répondu, laconiquement : « À ceux qui y prendront plaisir. »