Accueil     Sommaire     Article     La Scena Musicale     Recherche   

La Scena Musicale - Vol. 16, No. 10

Mieux vaut être polygame ...

Par Julie Beradino / 1 juillet 2011

English Version...


Version Flash ici

La relation d’un musicien à son instrument repose sur la connaissance intime qu'il en a, l’habitude, la fidélité. Des artistes comme Louis Lortie n’hésitent pas à apporter jusqu’à leur piano en tournée. En général, mieux vaut toutefois pour un pianiste être polygame ! C’est du moins l’avis de Julien Lebond, technicien-accordeur à qui l'on a confié le Off du Concours international de musique de Montréal.

Chaque instrument, une entité organique, exige de l’interprète qu’il aborde son jeu différemment, qu’il s’acclimate à sa personnalité. Certains pianos inspirent davantage, notamment le splendide Steinway de Hambourg qu’a préféré la grande majorité des concurrents du CMIM. D’autres instruments sont plus instables, plus difficiles à manier, mais libèrent davantage de couleurs, de subtilités.

La qualité d’un piano est affaire de critères sans nombre. Comme le violon ou le vin, le piano vieillit bien, pour autant qu’il soit scrupuleusement entretenu et qu’un air trop sec ne fasse pas craquer son bois. Les cordes et la table d’harmonie des pianos de prestige, plus longues, améliorent la résonance par sympathie; elles offrent plus de possibilités pour le calibrage des cordes, ce qui rehausse la finesse et la richesse sonores. La qualité des matériaux est évidemment primordiale pour toutes les constituantes de l'instrument.

Il existe autant d’écoles de fabrication de pianos que d’écoles d’interprétation, mais M. Leblond souligne une tendance croissante à la standardisation; voilà que les instruments et leurs touches se mondialisent eux aussi... La maison Yamaha, à titre d’exemple, contrôle toutes les étapes de production de ses produits, jusqu’à l’élevage des moutons dont la laine constituera les feutres ! On n’arrête pas le progrès. Steingraeber, créateur des instruments sur lesquels Liszt lui-même jouait, propose désormais des pianos à table d’harmonie fabriquée en fibre de carbone pour une plus grande résistance.

Certains facteurs de pianos bien connus au Québec, tels Serge Harel et André Bolduc, vont à contre-courant de cette évolution, installant dans leurs instruments des pièces qu’ils façonnent eux-mêmes, à la main. Leur renommée tient aussi aux bois de Beauce ou d’Abitibi qu'ils utilisent pour fabriquer les sommiers et tables d’harmonie. Comme quoi, en terme de qualité, mieux vaut souvent un vieil instrument restauré par un expert qu’un piano fraîchement sorti de l’usine.

Comme le rappelle M. Leblond, le technicien accordeur est l’expert qui donne vie et âme à l’instrument - en le calibrant, en piquant ses marteaux, en extrayant toute la richesse de ses harmoniques. À ce titre, c'est un proche collaborateur de l’interprète, un allié essentiel.


Piano Leblond
Ouverture prochaine : Au Piano Mécanique
Boutique, concert et café culturel
5401 Verdun (Verdun)


English Version...

(c) La Scena Musicale 2002