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La Scena Musicale - Vol. 16, No. 1 septembre 2010

Anthony Michaels Moore : le « meilleur baryton verdien britannique » incarne Rigoletto

Par Daniel Turp / 1 septembre 2010


Version Flash ici.

Pour incarner le rôle de Rigoletto de la première production de sa 31e saison, l’Opéra de Montréal fait appel à Anthony Michaels Moore, celui que la presse britannique a présenté comme le « meilleur baryton verdien britannique ». Les lyricomanes auront donc l’occasion d’entendre et de voir un « vétéran » de la scène lyrique dont la carrière a pris son envol lorsqu’il a remporté le concours Pavarotti en 1985 et qui a chanté dans les plus grandes maisons d’opéra du monde. Après des prestations dans le rôle de Scarpia à l’English National qui se sont terminées le 10 juillet dernier et sa présence au concert de clôture du Festival d’Édimbourg le 4 septembre prochain où le BBC Scottish Orchestra interprétera la Symphonie no 8 (Symphonie « des mille ») de Gustav Mahler, le prochain Rigoletto de Montréal nous a accordé une entrevue de Santa Fe où il se produit régulièrement et a participé l’année dernière à la création mondiale de l’opéra américain The Letter de Paul Moravec… mais où il était tout simplement en vacances et « où il semble si étrange de ne pas chanter », a-t-il confié en disant apprécier le répit qu’il s’offrait dans cette ville d’art et de culture.

LSM : Après avoir interprété Rigoletto sur les grandes scènes de la planète lyrique, vous acceptez la proposition de l’Opéra de Montréal de participer à la production du grand opéra de Verdi. Pourquoi ?

AMM : Parce que je crois que Montréal, et l’Opéra de Montréal qui est l’une des maisons lyriques d’importance en Amérique du Nord, était un bon choix pour mon début nord-américain dans le rôle de Rigoletto. Je n’ai pas encore interprété ce rôle sur ce continent et la proposition de l’Opéra de Montréal me permettra de chanter, dans votre pays, un des mes rôles de Verdi préférés. Dans cette Amérique francophone dont le Québec est le foyer, je me réjouirai d’y chanter un opéra dont le livret de Francesco Maria Piave est inspiré du roman Le roi s’amuse de Victor Hugo.

Quels sont les défis de chanter un rôle aussi mythique que celui de Rigoletto ?

Les défis sont colossaux. Rigoletto est un personnage tordu (« twisted ») et ce rôle est un immense défi au plan émotif. Devoir traduire les sentiments de passion et d’amour paternel qui l’animent, mais aussi incarner celui dont la vie gravite autour de la trahison et de la vengeance, c’est à chaque représentation un tour de force. Par ailleurs, les défis évoluent dans le temps et j’ai aujourd’hui un âge et une expérience qui me permettent de penser que je joue et chante le personnage et le drame dont il est l’acteur principal avec plus de conviction et de crédibilité. Je crois que suis maintenant en mesure de présenter, au deuxième acte en particulier, la diversité des émotions que vit Rigoletto et notamment celles qu’il exprime à l’égard de sa fille Gilda. D’ailleurs dans cette relation complexe, je me sens à l’âge de 53 ans davantage capable de traduire les émotions brutes et notamment la tendresse qu’éprouve un père à l’égard d’une fille. L’œuvre de Verdi et de Piave est d’ailleurs d’une telle intensité dramatique qu’elle peut être ressentie, pour l’interprète de Rigoletto, comme un exercice de psychothérapie fort utile !

Comment allez-vous aborder l’œuvre, et notamment le rapport avec celui qui la mettra en scène à l’Opéra de Montréal ?

Je compte aborder l’œuvre avec un souci de fidélité pour le compositeur et son librettiste, ayant à l’esprit que le thème de la malédiction doit être bien traduit par le jeu théâtral que je valorise pleinement en tant que chanteur d’opéra. J’aurai un souci particulier de traiter ce thème de façon à ce que le drame de Rigoletto soit vécu et ressenti par celles et ceux qui assisteront à la production de l’Opéra de Montréal. C’est par ailleurs avec un esprit d’ouverture que je travaillerai avec le metteur en scène François Racine dont les choix seront cruciaux, notamment quant à l’importance respective qu’il accordera à chacun des personnages et à l’intensité de leurs rapports.

Le Rigoletto Anthony Michaels Moore a-t-il ses airs préférés ?

En vérité, j’aime chaque mesure de la partition de Verdi et qu’il s’agisse de l’air de la vengeance « Sì, vendetta, tremenda vendetta! » ou du magnifique duo avec Gilda « Figlia... Mio padre », je voudrai faire partager ma passion pour Verdi et démontrer que Le Roi s’amuse de Victor Hugo aura été à l’origine de l’un des plus grands opéras du répertoire lyrique.


Opéra de Montréal, 25 septembre au 9 octobre. Vous pouvez retrouver le parcours et les engagements futurs d’Anthony Michaels Moore au www.anthony-michaels-moore.com


(c) La Scena Musicale 2002