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La Scena Musicale - Vol. 16, No. 1 septembre 2010

Otto Dix de passage au Musée des beaux-arts de Montréal

Par Julie Beaulieu / 1 septembre 2010


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Organisée en collaboration avec la Neue Galerie New York, Rouge Cabaret : L’amour, la mort, le monde effroyable et beau d’Otto Dix est une première exposition d’envergure en Amérique du Nord consacrée à cet artiste qui, encore aujourd’hui, ne laisse personne indifférent. En effet, ses tableaux à la fois fascinent et dérangent. L’exposition au Musée des beaux-arts de Montréal rassemblera plus de 200 œuvres et documents historiques révélateurs du regard unique de l’artiste sur le monde, et notamment sur la république de Weimar qu’il a fortement critiquée, ce qu’on lui a d’ailleurs vivement reproché. Le Portrait de l’avocat Hugo Simons, acquis par le Musée après beaucoup d’effort et d’énergie, fait évidemment partie des tableaux de l’exposition. L’événement Otto Dix – car il s’agit bien là d’un événement majeur cet automne – permettra aux visiteurs de suivre un parcours didactique multimédia qui proposera notamment, à ceux et celles qui connaissent moins l’époque et la culture, un portrait de la société allemande, et ce, depuis la Première Guerre mondiale jusqu’à la montée du régime nazi. L’exposition s’annonce donc fort prometteuse et réussira sûrement à rejoindre un large public, celui des connaisseurs, des « fans » et aussi des non-initiés qui découvriront un artiste et une œuvre des plus singulières.

L’expressionnisme fait partie de ces courants artistiques novateurs et révolutionnaires qui ont marqué le début du XXe siècle, particulièrement en peinture, mais aussi dans les autres arts dont le cinéma. Les films expressionnistes, inspirés de la littérature romantique gothique comme de la peinture expressionniste, ont profondément marqué le cinéma allemand. Le Cabinet du docteur Caligari (Robert Wiene, 1920) est sans aucun doute l’exemple filmique reconnu pour avoir bouleversé les conventions de la représentation visuelle, notamment avec l’utilisation des décors peints à la manière expressionniste (p. ex. utilisation prononcée des lignes diagonales, des contrastes entre le noir et le blanc, etc.). En réaction à l’impressionnisme, dont la représentation reste somme toute fidèle à la réalité, ne serait-ce que par les liens étroits que le mouvement entretient avec la tradition, l’expressionnisme porte un regard critique sur la réalité. L’artiste expressionniste ne cherche pas forcément à rendre le monde qui l’entoure de manière réaliste en suivant les conventions du canon. Au contraire, l’esthétique expressionniste procède par la déformation des sujets et des lieux dans le but de susciter une émotion souvent très forte. N’est-ce pas l’effet déroutant que produit le célèbre tableau de l’artiste norvégien Edvard Munch, Le Cri (1893), emblème de cette surprenante esthétique ? C’est dans cet esprit à la fois expressif, contestataire et formel que s’inscrit l’œuvre du peintre allemand Otto Dix (1891-1969).

Présentée au Musée des beaux-arts de Montréal à compter du 24 septembre prochain. www.mbam.qc.ca


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