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La Scena Musicale - Vol. 16, No. 1 September 2010

Critiques / Reviews

Par/by Francine Bélanger, René Bricault, Frédéric Cardin, Éric Champagne, Alexandre Lazaridès, Paul E. Robinson, Camille Rondeau, Joseph K. So / September 1, 2010


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MUSIQUE VOCALE

Bizet: Carmen Duets and Arias
Andrea Bocelli, Marina Domashenko, Eva Mei, Bryn Terfel; Orchestre Philharmonique de Radio France/Myung-Whun chung
DECCA 4759143 (75 min 51 s)


This is a highlights disc of the complete Carmen recorded back in 2005. Studio recordings of operas on Decca are virtually extinct except in rare instances, such as with its star crossover tenor Andrea Bocelli. Even though there is little or no likelihood of his ever singing Don Jose onstage, his discs must continue to sell for Decca to take this risk. Actually this is one of the more successful attempts, thanks to the strong conducting of Myung-Whun Chung and the playing of the Orchestre Philharmonique de Radio France. Ukrainian mezzo Marina Domashenko, a powerful Carmen when seen live as at the Deutsche Oper Berlin around the time of this recording, is suitably sultry and dark-toned, even if one wishes for a more forward vocal placement and clearer diction. Welsh baritone Bryn Terfel is a rich-sounding Escamillo although he has yet to inhabit the role. Italian soprano Eva Mei is a girlish and appealing Micaela, a few tremulous moments and a too-pronounced vibrato at the top notwithstanding. What of Signor Bocelli? His timbre remains appealing and instantly recognizable, but he typically combines lovely moments—including some nicely turned mezza voce—with a certain awkwardness in the passaggio and the top register. Bocelli fans will love this disc while his detractors won’t be convinced. In any case, this highlights disc has all the best bits, and at the bargain price of about $10, it is a worthwhile purchase.   JKS

Cantus æternus : Splendeur du chant grégorien
Chœur des moines de l’Abbaye de Solesmes/Dom Joseph Gajard
XXI Records XXI-CD 2 1710 (76 min 10 s)


À regarder la pochette, l’acheteur serait en droit de s’attendre à un tout nouvel enregistrement de la mythique abbaye. Or, il n’en est rien : on constate avec regret que les pièces datent des années 60 (!) et 80. Les limites de la bande magnétique se font entendre, surtout lors du passage d’une pièce à l’autre. À la défense de l’étiquette, il faut admettre que le travail de restauration s’avère supérieur à la moyenne. Sans oublier que le contenu mérite pareille résurrection : mis à part un vibrato étrangement hors contexte pour les solistes de certaines pièces (dans le Salve Festa Dies tout particulièrement), le tout respire la dévotion, le travail et le sérieux; l’ensemble chante vraiment d’une seule voix. Solesmes, fondée il y a mille ans en 1010, ce n’est pas rien !   RB

Magnus Lindberg : Graffiti et Seht die Sonne
Chœur de chambre de Helsinki; Orchestre symphonique de la radio finlandaise/Sakari Oramo
Ondine ODE 1157-2 (57 min 12 s)


Le compositeur finlandais Magnus Lindberg s’était déjà démarqué dans les années 1990 par des œuvres contemporaines au langage harmonique fortement consonant. Après la création de Joy, en 1990, le compositeur avait déclaré : « Je sentais que je ne pouvais pas aller plus loin dans cette direction – l’étape suivante aurait vraiment été Hollywood ! » Force est de constater que presque vingt ans plus tard, il succombe en partie au genre hollywoodien. Graffiti (2009), une cantate pour chœur et orchestre basée sur des textes de la Rome antique, a des accents de la musique de Ben Hur ! Mais tout le style flamboyant et direct de Lindberg s’y retrouve avec éloquence. Le langage y est clair et franc, avec une certaine grandiloquence hollywoodienne qui n’est cependant jamais de mauvais goût. Quant a Seht die Sonne (2007), Lindberg déploie sa maîtrise absolue des techniques instrumentales et orchestrales dans une pièce particulièrement captivante. On retrouve ici le style qui a fait la renommée de Lindberg : virtuosité instrumentale, construction solide, mouvement haletant. Un excellent disque pour celui qui désire découvrir le répertoire de ce compositeur majeur d’aujourd’hui.   EC

Mahler: Songs with Orchestra
Susan Graham, mezzo-soprano; Thomas Hampson, baritone; San Francisco Symphony/Michael Tilson Thomas
San Francisco Symphony 821936-0036-2 (64 min 55 s)


July 7 of this year marked the 150th anniversary of the birth of Gustav Mahler. As a result, there has been a mad scramble worldwide of Mahler performances and recordings. San Francisco Symphony has issued this collection of Mahler songs with orchestra – Das Knaben Wunderhorn from 2007, with both Rückert-Lieder and Lieder eines fahrenden Gesellen dated 2009. Baritone Thomas Hampson is of course the premiere American interpreter of Mahler. He sings the songs with great attention to textual nuance. Listening to Hampson, his way with the text and his communicative power, it recalls none other than Dietrich Fischer-Dieskau. The American is best in the quieter moments; the more declamatory passages occasionally find him taxed by the dramatic demands, such as in “Ich hab’ein Glühend Messer”. Mezzo Susan Graham is best known for her French songs, although she is also a noted Mahler interpreter. After twenty years of a major career, Graham’s high mezzo with its lovely timbre and gleaming tone remains fresh and appealing. The Rückert Lieder is exquisite, with a most poetic “Ich bin der Welt abhanden gekommen”. Michael Tilson Thomas brings out the high-strung, rather neurotic nature of some of these songs. His tempo can be rather eccentric at times but his reading of the score is never less than compelling. The sound of this hybrid CD is exemplary. This is a must-have disc for all Mahler lovers and fans of the respective artists.   JKS

Schubert : Die schöne Müllerin
Mark Padmore, ténor; Paul Lewis, piano
Harmonia Mundi HMU 907519 (74 min 18 s)

James Gilchrist, ténor; Anna Tilbrook, piano
Orchid Classics ORC100006 (65 min 32 s)

Konrad Jarnot, baryton; Alexander Schmalcz, piano
Oehms Classics OC 816 (68 min 37 s)


La Belle Meunière de Padmore risque de susciter autant d’avis contradictoires que celle, assez récente, de Jonathan Kaufmann chez Decca. Padmore réussit à créer une atmosphère qui convient bien au drame de ce jeune homme dont la flamme est dédaignée par une meunière que l’éclat des apparences séduit plus que le mérite individuel. Mais la voix laisse percer de la fatigue malgré le métier indéniable du ténor anglais, sorte de voix de tête blanche et frêle qu’un vibrato mal maîtrisé rend encore moins engageante. S’y mêlent aussi certains maniérismes, tels ces effets de soufflet sur des vers successifs. En fin de compte, il se pourrait que le véritable intérêt de cet enregistrement se trouve dans l’accompagnement imaginatif et, par moments, tout à fait saisissant de Paul Lewis. James Gilchrist partage avec Padmore quelques caractéristiques vocales, mais ne réussit pas à toucher comme le fait parfois son confrère. Il est vrai aussi qu’il ne jouit pas d’un soutien pianistique équivalent, il s’en faut de beaucoup. Le baryton Konrad Jarnot semble trop souvent à bout de forces, alors que la prise de son, caverneuse à souhait, avantage un accompagnement médiocre au détriment de la voix. Notes et texte en allemand seulement chez Oehms.   AL

Schubert : Die schöne Müllerin, D. 795
Les Chantres Musiciens/Gilbert Patenaude; Mariane Patenaude, piano
XXI Records XXI-CD 2 1678


Voici un très beau disque qui réjouira les amateurs de chant choral. D’abord parce que ce cycle de La belle meunière est une pièce maîtresse de la période de maturité de Schubert fort appréciée et ensuite parce que Les Chantres Musiciens en font une interprétation empreinte de fraîcheur et de naïveté. Cette chorale de jeunes hommes, tous issus de la Maîtrise des Petits chanteurs du Mont-Royal, possèdent une solide formation en chant choral et connaissent bien les exigences de leur directeur et fondateur Gilbert Patenaude. Soutenus par la pianiste Mariane Patenaude, elle-même enseignante et gagnante de nombreux prix, Les Chantres Musiciens nous offrent un disque de grande qualité sous l’étiquette de la jeune maison de production XXI qui ne cesse de nous surprendre par l’excellence de ses produits.   FB

Stabat Mater & Motets to the Virgin Mary
Philippe Jaroussky, contre-ténor; (Marie-Nicole Lemieux, contralto); Ensemble Artaserse
Virgin Classics 50999 693907 2 2 (71 min 31 s)


Ce disque de 2010, mais paru pour la première fois en 2006, regroupe des motets italiens à la Vierge composés par des musiciens de cette époque florissante alors que Monteverdi et ses disciples abandonnaient peu à peu la polyphonie pour composer des motets pour voix soliste. Philippe Jaroussky et l’ensemble Artaserse dont il est le fondateur interprètent très justement cet équilibre voulu entre le texte et la musique. Jaroussky est un contre-ténor français dont la réputation n’est plus à faire. D’abord étudiant en violon, il se consacre au chant et après seulement trois ans d’études, il devient la révélation lyrique de l’année en 2004 en France. Depuis, les prix ne cessent d’affluer : artiste lyrique de 2007, gagnant d’un Victoire de la musique 2008, récipiendaire du Grand Prix Charles Cros 2009 et en 2009 également, il se voit décerner le titre de Chevalier des Arts et des Lettres. Sa voix se distingue par une tessiture de tête d’une grande pureté qui se prête particulièrement bien à l’interprétation des Motets. La contralto québécoise Marie-Nicole Lemieux unit sa superbe voix à celle de Jaroussky pour interpréter le motet de Legrenzi Ave Regina Coelorum ainsi que pour O intemerata du compositeur vénitien Alessandro Grandi. L’auditeur ne peut qu’être transporté par ces voix et cette musique propices au recueillement.   FB

Théodore Dubois : Messe solennelle de saint Remi, Messe de la délivrance
Maria Knapik, soprano; Marc Boucher, baryton; Chœur Philharmonique du Nouveau Monde; Chanteurs de Sainte-Thérèse; Chœur Tremblant; Chœur classique d’Ottawa; Jean-Willy Kunz, orgue; Percussions et cuivres de l’Orchestre philharmonique du Nouveau-Monde/Michel Brousseau
Atma Classique ACD2 2632 (70 min 59 s)


De Théodore Dubois, on connaît principalement les Sept paroles du Christ, son œuvre la plus jouée encore aujourd’hui. Cette nouveauté nous fait découvrir deux messes pratiquement oubliées, ce qui est tout à l’honneur des interprètes. La Messe de saint Remi est d’une facture plus traditionnelle. Bien que conservatrice, elle recèle ici et là des passages d’une grande beauté, notamment dans l’agencement chœur et orgue. C’est dans la Messe de la Délivrance, écrite à la fin de la Première Guerre mondiale, que Dubois surprend par sa maîtrise d’écriture et son inspiration éclatante. Ici, l’agencement judicieux de l’orgue et de l’ensemble de cuivres est des plus intéressants, rappelant parfois les débordements berlioziens, tout en conservant des mouvements de finesse et d’introspection. Sous la direction énergique de Michel Brousseau, ces deux messes de Théodore Dubois sont ici interprétées avec honnêteté et panache. La masse chorale est assez bonne et fournit l’éclat recherché pour ce genre d’œuvre. Jean-Willy Kunz exploite à merveille les couleurs de l’orgue de l’église Saint-Jean-Baptiste où le disque a été enregistré. Les solistes sont à la hauteur des attentes. Bref, ce disque offre une avenue intéressante pour découvrir plus en profondeur la richesse et l’envergure de l’œuvre de Dubois.   EC

To Music – Canadian Song Cycles
Wanda Procyshyn, soprano; Elaine Keillor, piano
Carleton Sound cscd-1013 (76 min 43 s)


La soprano ontarienne Wanda Procyshyn présente un album de cycle de mélodies entièrement canadiennes. Ordonné dans une perspective historique, le programme s’articule autour de quelques figures majeures du genre au Canada. Si les noms d’Healey Willan, Robert Fleming et John Weinzweig nous sont quelque peu familiers, le reste du programme regroupe de nombreux compositeurs très peu diffusés. Et c’est bien dommage, car sans être des incontournables, les œuvres choisies démontrent une belle sensibilité pour la poésie dont elles sont issues et possèdent de grandes qualités musicales. Le style demeure très traditionnel et peu avant-gardiste, car même les pièces de John Weinzweig – l’un des premiers sérialistes au pays – demeurent dans une esthétique proche de Berg. Si les cinq premières œuvres datent de la première moitié du XXe siècle, les quatre dernières ont été publiées entre 1992 et 2002, mais écrites par des compositeurs établis à l’esthétique très accessible. Il en résulte un joli programme, tout en finesse et en délicatesse, qui plaira aux amateurs de musique vocale avides de nouveau répertoire.   EC

MUSIQUE INSTRUMENTALE

Bruckner: Symphonie no 5
Orchestre de la Suisse Romande/Marek Janowski
PentaTone Classics PTC 5186 351 (73 min 54 s)


Après un cycle à succès des quatre symphonies de Brahms sur la même étiquette, Janowski se lance dans Bruckner, dont voici une Cinquième digne d’attention. Outre un assez bon contrôle des forces orchestrales, le chef réussit à créer un superbe équilibre entre les différentes sections de l’orchestre – entre cuivres et bois, surtout. La prise de son, dans le format Super Audio habituel pour PentaTone, contribue au rayonnement de la vision de Janowski. Malgré tout, ce dernier ne réussit pas à transcender le caractère souvent épisodique de la forme brucknérienne (à part peut-être le dernier mouvement, plus convaincant à cet égard); le disque renferme de nombreuses beautés, mais celles-ci restent par trop isolées. Voici donc une version qui ne révolutionnera pas le monde musical, mais l’enrichira néanmoins d’une indéniable majesté.   RB

Castelnuovo-Tedesco - Respighi - Guastavino
José Miguel Cueto, violon; St. Petersburg Symphony Orchestra/Vladimir Lande 
Marquis Classics 7 74718 14072 2 (67 min 55 s)


La première œuvre du disque est le Concerto pour violon no 2 « I Profeti » (Les Prophètes), op. 66, de Mario Castelnuovo-Tedesco (1895-1968). Ce compositeur né en Italie et immigré aux États-Unis en 1933 avouait lui-même n’être que très peu intéressé par le modernisme (et encore moins l’avant-garde) musical de son époque. Sa palette orchestrale, bien que conventionnelle, intègre habilement des touches de couleurs exotiques, telles ces harmonies « hébraïques » présentes dans le Concerto, et faisant référence au monde biblique évoqué par le sous-titre de l’œuvre. Le résultat est somptueux, telle une musique de film de grande facture (Castelnuovo-Tedesco, d’ailleurs, travailla à Hollywood, en plus d’être l’un des professeurs du célèbre John Williams). Le Concerto Gregoriano d’Ottorino Respighi est un compagnon tout indiqué puisqu’il fait appel, lui aussi, à une inspiration d’ordre spirituel et religieux, le chant grégorien. À travers l’écriture luxuriante de Respighi, l’extrême sobriété homophonique de ce type de chant se retrouve assez richement enveloppée, mais le respect évident du compositeur et la beauté magnifique de l’écriture violonistique en font une partition que l’on souhaiterait entendre plus souvent au concert. La rosa y el sauce de Carlos Guastavino (1912-2000) est à l’origine une pièce pour voix et piano. Purement néoromantique, la mélodie est belle à faire pleurer, sans apparaître racoleuse. Un exploit en soi pour un compositeur contemporain. FC

Chopin: Piano Concertos No. 1 & 2
Jan Lisiecki, piano; Sinfonia Varsovia/Howard Shelley
Narodowy Institut Fryderyka Chopina NIFCCD 200


The classical piano world is full of wunderkinder, brilliant young musicians who perform at a level typical of artists many years their senior. At 15 Jan Lisiecki certainly belongs to this select group, although I understand he hates to be called a “prodigy”. Born in Calgary of Polish parents, Lisiecki made his orchestral debut at nine, has since performed as soloist with orchestra some fifty times and given recitals in important venues from Carnegie Hall to Zelazowa Wola, Chopin’s birthplace. He is now on the roster of IMG Artists, a high-power classical artist agency. Recently I heard him give a recital at Stratford Summer Music, playing the Andante Spianato and Grand Polonaise, as well as the ChopinPiano Concerto No. 1. The latter is also featured on this disc, his debut CD. It was recorded two years ago at the Warsaw Philharmonic Concert Hall during the festival Chopin and His Europe. On this disc as well as in the live performance last month, Lisiecki combines technical virtuosity and excellent musicianship with a maturity and sensitivity that are really quite remarkable. His lyrical approach to the two pieces, in particular his gorgeous singing tone and sensitivity of touch are in full display. Howard Shelley, leading the Sinfonia Varsovia, offers sympathetic support. Even with many excellent versions of these two concertos already available, Lisiecki’s performance is a worthy addition to the already very crowded catalogue.   JKS

Gershwin by Grofé : Orchestrations originales et arrangements
Lincoln Mayorga, piano; Al Gallodoro, clarinette et saxophone; Harmonie Ensemble, New York/Steven Richman
Harmonie Mundi HMU 907492 (54 min 46 s)


Voulant retracer l’aventure du « jazz symphonique », Steven Richman a reformé l’ensemble de Paul Whiteman (allant même jusqu’à recruter un de ses musiciens, Al Gallodoro, qui livre ici sa dernière performance, la mort l’ayant emporté quelques mois après la séance d’enregistrement) et regroupé autour de la version d’origine de la Rhapsody in Blue divers arrangements de chansons réalisés par Ferde Grofé pour cette même formation. Il en résulte un disque agréable et sympathique, vif et allègre. Avec une direction agile et vivante, Richman accentue le relief des timbres et use de tempos allants. Le style est ici entièrement senti et nous rappelle à quel point le jazz des années 1920 et 1930 est redevable au ragtime. Petit paradoxe, Richman dirige dans un esprit léger et souple, alors que les arrangements réalisés par Ferde Grofé pour le Paul Whiteman Orchestra se voulaient plus proches de l’opulence symphonique. Cela ne gâche en rien notre bonheur, bien au contraire ! Ce disque s’écoute avec le plaisir contagieux que procure la musique de Gershwin, allié à la complicité évidente des musiciens avec ce répertoire irrésistible. Un pur plaisir !   EC

Lord: To Notice Such Things
Jon Lord, piano; Cormac Henry, flûte; Jeremy Irons, narration; Royal Liverpool Philharmonic Orchestra/Clark Rundell 
Avie 2190 (54 min 21 s)


Jon Lord était le claviériste du célèbre groupe rock Deep Purple. Comme pour plusieurs musiciens rock de cette époque, les liens, académiques ou sentimentaux, avec la musique classique étaient parfois assez étroits. Si bien que, quelques décennies plus tard, ces derniers ont osé s’aventurer dans des compositions orchestrales. Paul McCartney l’a fait, Roger Waters (Pink Floyd), Ritchie Blackmore (de Deep Purple, comme Jon Lord), Jon Anderson (Yes) et plusieurs autres aussi. Comme c’est souvent le cas, la personnalité « symphonique » de ces compositeurs est rarement très affirmée. Ce qu’ils écrivent est presque toujours constitué de gestes largement calqués sur la musique orchestrale du 19e siècle, mais avec un accent porté sur la simplicité des mélodies qui les amènent à être assez semblables à de la musique de film actuelle. La plume de Jon Lord est en ce sens très comparable à ce qui se fait dans le genre. À sa décharge, on doit reconnaître un talent de mélodiste certain et une attention portée à la coloration pastorale de ses partitions. Lord demeure économe et assez dépouillé dans son traitement de l’orchestre, ce qui est une qualité. Sans être une révélation, cette musique est néanmoins fort agréable.   FC

Mozart Klavierkonzerts Nr. 22 & 23
Daniel Barenboim, piano; Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks/Rafael Kubelik
BR Klassik 900709 (58 min 48 s)


Barenboim has recorded these concertos several times in his career and will probably do so again. But these performances from 1970 are exceptional. Both Barenboim and Kubelik approached Mozart without benefit of what could be learned from the period instrument specialists, but only scholarly snobs would find fault with the joy and beauty they find in the music. The wind players are superb in both performances and the give and take is exemplary. Tempi are generally good with one exception: Kubelik takes the opening tutti of the Piano Concerto No. 22 in E flat major K. 482 at a tremendous clip, then has to slow down for the second subject, before speeding up again when the opening material returns. But otherwise these are excellent performances. BR Klassik is the house label for the Bavarian Radio. The label features mostly current performances by the great Bavarian Radio Symphony Orchestra under Mariss Jansons, its current music director.   PER

Rachmaninov: Symphony No. 2
London Symphony Orchestra/Valery Gergiev
LSO Live LSO0677 (60 min 53 s)


Like so much of Rachmaninov’s music, Symphony No. 2 is dark and gloomy. Gergiev makes it even darker, by taking an unusually slow tempo in the last movement and also by emphasizing the lower strings. Gergiev’s approach, while emotionally disturbing, makes most other recordings of the work sound superficial. Since he succeeded Sir Colin Davis as principal conductor of the LSO, Gergiev has introduced a great deal of new repertoire to the orchestra and taken the ensemble’s reputation to an even higher level. This recording was made during a concert at the Barbican in September 2008. The Barbican usually causes problems for record producers but on this occasion James Mallinson got wonderful results. There is plenty of resonance and the strings have never sounded richer.   PER

Roussel : Symphonie nº 4
Royal Scottish National Orchestra/Stéphane Denève
Naxos 8.572135 (69 min 8 s)


Ce quatrième CD est le dernier de la quasi intégrale Naxos des œuvres pour orchestre de Roussel. Son triple mérite est de nous faire découvrir des pages oubliées d’un compositeur pour le moins original, d’aviver l’intérêt pour certaines de ses œuvres encore sous-estimées, enfin, de faire briller d’un nouvel éclat deux titres toujours au répertoire, la Symphonie nº 3 et les deux suites de Bacchus et Ariane. En fait, il ne manque à notre plaisir que le célèbre Festin de l’araignée, laissé de côté pour on ne sait quelle raison. La Symphonie nº 4 (1935), d’une concision toute moderne, constitue la pièce de résistance de ce nouvel enregistrement. Le deuxième mouvement, un Lento con moto d’une dizaine de minutes, se révèle particulièrement captivant; Denève en débrouille les voix avec une attention de grand chef. Les compléments sont loin d’être négligeables : Rhapsodie flamande op. 56, Petite suite op. 39, Concert pour petit orchestre op. 34 et Sinfonietta op. 52. Dans ces quatre œuvres tardives aux mouvements plus ou moins brefs, l’écriture orchestrale de Roussel semble ouvrir de nouvelles portes.   AL

Tchaikovsky-Ewald. Tchaikovsky: Romeo and Juliet; String Serenade; Francesca da Rimini; Ewald: Brass Quintets 1&3
Philadelphia Orchestra/Christoph Eschenbach; David Bilger, Jeffrey Curnow, trumpet; Jennifer Montone, French horn; Nitzan Haroz, trombone; Carol Jantsch, tuba
Ondine 1150-2D (2CD: 113 min 46 s)


This is the ninth and probably last CD release by the Philadelphia Orchestra under Christoph Eschenbach. He was music director from 2003 to 2008 but the partnership was terminated earlier than expected by mutual consent. Their recorded collaborations have been generally well received but the present release is somewhat disappointing. The orchestra plays well but Eschenbach doesn’t have anything special to say about any of these works and the sound in Verizon Hall continues to be a major problem. It lacks warmth and depth.
Romeo and Juliet begins very slowly as if something important were about to happen but the conflict between the Montagues and the Capulets never gets off the ground and the love music is merely pretty when it should be impassioned. Francesca da Rimini also lacks real drama and ­excitement.
It strikes me as odd to couple three Tchaikovsky orchestral works with two brass quintets by Russian composer Victor Ewald (1860-1935). I don’t see the connection except that both composers were Russian. Ewald was not in the same league as a composer. While principal players from the Philadelphia Orchestra perform well, this music will be of interest mainly to other brass players.   PER

Witold Lutoslawski Opera Omnia 2 : Symphonies no 2 et 4
NFM Wroclaw Philharmonic Orchestra/Jacek Kaspszyk
CD Accord ACD161 (50 min 15 s)


La maison de disque polonaise CD Accord a entamé récemment une édition discographique de l’œuvre de Witold Lutoslawski, l’un des plus importants compositeurs polonais de la seconde moitié du XXe siècle. Après un premier volume consacré à la musique de chambre, ce deuxième disque regroupe les symphonies no 2 et no 4, deux incontournables de sa production. La Symphonie no 2 (1965-67) est un pur produit de son époque et démontre l’intérêt de Lutoslawski pour l’avant-garde européenne. Néanmoins, la liberté de pensée, la souplesse du geste mélodique et la riche pensée orchestrale confèrent à cette œuvre une énergie des plus captivantes. La Symphonie no 4 (1992), le chant du cygne du compositeur, est d’une autre trempe musicale. Elle reflète l’idéal lutoslawskien d’une mélodie sinueuse se déployant dans un univers pratiquement tonal, aux couleurs nuancées et mystérieuses. Ces deux œuvres jouissent ici d’une interprétation de très grande qualité. Les plans sonores et les couleurs orchestrales sont clairement définis et richement nuancés. Jacek Kaspszyk donne à ces œuvres une vigueur et un élan notables. On regrettera cependant que le livret, d’une grande qualité graphique, ne soit qu’en anglais et en polonais.   EC

MUSIQUE DE CHAMBRE + SOLO

Echo: Glory of Gabrieli
Canadian Brass; Eric Robertson, orgue
Opening Day ODR 7380 (48 min 2 s)


Le Canadian Brass est l’un des meilleurs ensembles de cuivres au monde et cet album le démontre avec éloquence. Dans un répertoire centré autour de Gabrieli et de Monteverdi, nous retrouvons toute la splendeur et l’éclat du son tout en conservant un sens musical hors du commun. On le sait, les œuvres de Gabrieli ont été écrites en grande partie pour la basilique Saint-Marc de Venise et elles en exploitaient les propriétés d’espace et d’écho pour créer de véritables cathédrales de son. Bien sûr, il est difficile de recréer la spatialisation d’origine de ce répertoire, mais la prise de son du présent album reproduit des effets d’échos et d’espacement des sous-groupes de l’ensemble avec un soin particulier, donnant presque l’impression que l’auditeur est au cœur de l’église en question. Quand à la suite de l’Orfeo de Monteverdi, elle reprend les moments clés de l’opéra, mais revêt ici un panache et un aspect solennel d’une noblesse touchante. Les arrangements proposés sont d’une justesse remarquable, particulièrement dans les pièces avec orgues, qui varient les couleurs et mettent en relief les caractéristiques singulières de chaque instrument. Interprétation juste, technique maîtrisée, musicalité suave, prise de son spectaculaire... Un plaisir à savourer !   EC

Flute Sweet & Tickletoon in Green Golly & Her Golden Flute: an introduction to classical music based on Rapunzel
Ara Malikian, violon; Daniel Del Pino, piano; Barbara Siesel, Green Golly, flûte; Keith Torgan, narrateur et guitare; Jessica Krash, piano


Quelle belle idée que ce disque ! Je suis sous le charme et je ne doute pas que les enfants qui comprennent la langue anglaise le seront aussi. En écoutant cette histoire, je me suis surprise à en imaginer les personnages colorés comme dans les histoires de Fanfreluche de mon enfance. Ce disque est le premier d’une série pour un projet de la télévision éducative américaine. Le but est de faire connaître la musique aux enfants. Keith Torgan, guitariste, acteur et compositeur, s’est joint à Jessica Krash, pianiste diplômée de la célèbre Juilliard School of Music, ainsi qu’à Barbara Siesel, flûtiste et créatrice de musique pour les enfants, pour nous raconter, dans un premier temps, cette charmante histoire ancienne, revisitée et agrémentée d’extraits musicaux puisés dans le répertoire classique et développés par la suite dans la deuxième partie de l’album. Un beau cadeau à offrir.   FB

Piazzolla: 4 seasons 4 guitars
Eos Guitar Quartet
Divox CDX 25221-2 (54 min 34 s)


Cet album est un petit bijou qui brille de toutes ses facettes. Sous une pochette à la fois sobre et élégante, cet enregistrement, datant de 1999, se veut un vibrant hommage à Piazzolla et à la musique d’Amérique latine. Le quatuor Eos, fondé en 1985, est l’un des ensembles les plus prestigieux dans sa catégorie à se produire sur les scènes du monde et il est régulièrement invité dans les plus grands festivals de guitare tels Cordoue, Séville, Rotterdam, Montreux et bien d’autres. Dans des arrangements des musiciens Marcel Ege, Martin Oirktl, David Sautter et Michael Winkler, Les quatre saisons d’Astor Piazzolla divisent l’album en quatre parties et chaque saison devient un point d’ancrage pour d’autres musiques de compositeurs latins. Comme une pause au milieu des saisons, on retrouve une composition du musicien suisse Jacques Demierre, Retrato de A.P., qui se veut un portrait de Piazzolla. Bref, voici un album de grande qualité, très agréable à écouter autant par la chaleur presque palpable de cette musique que par l’incroyable prestation de l’ensemble Eos.   FB

Schoenberg: String Trio
Rolf Schulte, violon; Richard O’Neill, Toby Appel, alto; Fred Sherry, violoncelle; Christopher Oldfather, piano; Charles Niedich, Alan R. Kay, clarinettes; Michael Lowenstern, clarinette basse; Simon Joly Chorale; membres de la London Sinfonietta; London Symphony Orchestra/Robert Craft
Naxos 8.557529 (79 min 12 s)
5/6
Naxos peut s’enorgueillir d’avoir mis la main sur une série d’excellents enregistrements du célèbre assistant de Stravinski. Pour résumer, il s’agit d’une des meilleures versions du Trio à cordes op. 45 et de la Suite op. 29 présentement disponibles sur le marché. Les musiciens ont su ici donner à ces œuvres une véritable direction musicale, un discours presque traditionnel (selon le vœu maintes fois exprimé par le compositeur lui-même) malgré leur légendaire austérité. On ne peut en dire tout à fait autant des œuvres pour chœur (op. 27 et op. 28), quelque peu raides dans les passages forte. Peu étonnant donc que la douce Der Wunsch des Liebhabers soit la plus réussie du lot, atteignant même le sublime, osons le dire. Ajoutez à cela un Accompagnement à une scène cinématographique op. 34 aux accents expressionnistes marqués, le tout pour l’habituel prix modique de Naxos, et vous obtenez un résultat plus que recommandable.   RB

Schumann : Sonate en sol mineur op. 22;   Fantaisie en do majeur op. 17
Anton Kuerti, piano
Doremi DDR-6608 (55 min 51 s)

Anton Kuerti nous présente un Schumann curieusement dépassionné, un défi qui ne tient pas la route ici. Il suffit d’écouter la manière dont le thème inaugural de la Fantaisie descend ses degrés de façon alourdie, sur un accompagnement dépouillé de tout bouillonnement et de toute éloquence, pour s’en persuader. Le deuxième mouvement est pris de façon plus prudente que virtuose, avec la conséquence qu’est contourné le risque des écarts terribles imposés à l’interprète, risque nécessaire appelé à suspendre le souffle de l’auditeur qu’il place comme devant un numéro de haute voltige. Après quoi, la poésie du dernier mouvement manque au rendez-vous. La Deuxième Sonate est prise elle aussi sur un rythme mesuré au métronome plutôt que surgi de la respiration même du pianiste. Les montées caractéristiques vers l’aigu dont Schumann possédait le secret n’ont rien de bien vertigineux. On ne sort guère ému ou convaincu de cette audition, d’autant plus que la prise de son égalise les registres de l’instrument.   AL

DVD

Acis and Galatea
Danielle De Niese, Charles Workman, Lauren Cuthbertson, Edward Watson; Orchestra of the Age of Enlightenment/Christopher Hogwood
Director & Choreographer: Wayne McGregor
Opus Arte OA 1025 D (110 min) 


On ne le répétera jamais trop, une recherche historique et un réel travail de réflexion portant sur tous les aspects d’une œuvre scénique baroque sont nécessaires pour lui rendre pleine justice; de trop nombreuses productions d’opéra ont attelé des musiciens et chanteurs attentifs à la partition à une mise en scène et une scénographie d’une esthétique radicalement opposée qui, inévitablement, trahissent plus ou moins profondément le langage de l’opéra baroque. Dans cette production d’Acis and Galatea de Haendel, l’orchestre, sous la direction de Christopher Hogwood, est en effet énergique, brillant, précis; les chanteurs, hormis quelques écarts de style et un ténor qui semble peiner un peu, sont tout à fait convaincants. Quant à la danse, aux décors et à la mise en scène, on a manifestement fait fi de tout indice historique sur cette œuvre – dont nous ne savons même pas, il est vrai, si elle était présentée sur scène ou au concert… On est vivement impressionné par la virtuosité des danseurs, on reconnaît l’intelligence des trouvailles de mise en scène, bref, on ne peut qu’être frappé par la remarquable efficacité de l’ensemble. Cette construction admirable a toutefois l’inconvénient de distraire de certaines beautés musicales et nuit par moments par son hétéroclisme à la rhétorique de l’œuvre. Tout de même, en ce genre de productions, on a rarement vu mieux.   CR

Bruckner: Symphony No. 4 “Romantic”, Symphony No. 7
Münchner Philharmoniker/Christian Thielemann
Unitel Classica DVD 701908 (156 min)


Thielemann is a Bruckner conductor very much in the tradition of Furtwängler, Karajan and Böhm. The tempos are measured, the climaxes massive, and the phrasing is rich and expressive. These performances were recorded in concert in Baden-Baden in 2006 (No. 7) and 2008 (No. 4). The orchestra may not be the equal of the Berlin Philharmonic but it plays extraordinarily well and with obvious commitment.
Thielemann is now entering middle-age for a conductor—he is 51—and continues to build his reputation as the foremost conductor of the German romantic repertoire. He is enormously impressive in Wagner—just last month he was appointed artistic advisor at the Bayreuth Festival after conducting over 100 performances there—and his performances of the Strauss operas have won high praise. But he has a reputation for being dictatorial. He recently resigned from the Münchner Philharmoniker after a dispute but was quickly snapped up by the even more prestigious Dresden Staatskapelle. In the 2010-2011 Season he will record a Beethoven cycle with the Vienna Philharmonic.
Thielemann’s conducting style has become increasingly economical in recent years. He does not beat time, and his gestures can seem stiff and understated to a fault. But the results are remarkable. These are some of the best Bruckner performances available on DVD.   PER

Leonard Bernstein: Debussy: Images, Prélude à l’après-midi d’un faune, La Mer
Orchestra dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia/Leonard Bernstein
Director: Horant H. Hohlfeld
Unitel Classica C Major DVD 701608 (86 min)


During the last decade of his life, conductor Leonard Bernstein (1918-1990) travelled the world guest conducting, and nearly all his concerts were recorded for both audio (CD) and video (DVD). Deutsche Grammophon has long since released most of these performances. But after Bernstein died in 1990 DG lost interest and whatever material had yet to be released was simply put in the archives. The CD version of this Debussy concert was released by DG but not the DVD version. It has just been issued for the first time, on Unitel Classica’s C major label, almost 20 years after the conductor’s passing. Given this history one might suspect that there was something wrong with these performances. On the contrary, these are fantastic versions of all three works. In spite of his declining health, Bernstein could almost always summon up enough strength not only to get through a concert but to galvanize whatever orchestra he was conducting. That is certainly the case here but on top of that one hears myriad details often lost in other performances. Pierre Boulez may be widely regarded as definitive in this repertoire but Bernstein is just as detailed and far more exciting.   PER

Open Air: A Night with the Berlin Philharmonic
Vadim Repin, violin; Berlin Philharmonic/Mariss Jansons
Euro Arts DVD 2051968 (116 min)


Once every summer the Berlin Philharmonic gives a concert for 20,000 people in the huge outdoor facility called Waldbühne. Many such concerts have been issued on DVD and this one from June 23, 2002, is one of the very best.
Mariss Jansons isn’t associated with pop concert fare but he demonstrates a tremendous affinity for the genre. There are some chestnuts here—the “Farandole” from Bizet’s L’Arlésienne, the Prelude to Act III from Wagner’s Lohengrin and the “Intermezzo” from Mascagni’s Cavalleria Rusticana—but there are some refreshing novelties too. Among the latter is the overture to Chapí’s 1897 zarzuela La revoltosa, and a tango by Carlos Gardel arranged by John Williams. Jansons also conducts “The Wild Bears” from Elgar’s Wand of Youth Suite No. 2, and the glorious “Pas de deux” from Tchaikovsky’s The Nutcracker. All these pieces are played with virtuosity and panache.
On top of all this magnificent orchestral music, the audience heard Vadim Repin tossing off one showpiece after another, playing pieces by Wieniawski, Tchaikovsky and Paganini. The highlight was undoubtedly an astonishing rendering of The Carnival of Venice. And to be sure, this Waldbühne concert finished, as they all do, with the audience members on their feet swaying back and forth and whistling to the strains of Berliner Luft.   PER

Verdi: Otello
Alexandr Antonenko, Marina Poplavskaya, Carlos Álvarez, Barbara Di Castri, Stephen Costello; Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor; Salzburger Festspiele Kinderchor; Wiener Philharmoniker/Riccardo Muti
Staged by Stephen Langridge; Video Director: Peter Schönhofer
Unitel Classica C major DVD 701408 (143 min)

This DVD is based on a production given at the 2008 Salzburg Festival. Reviews of that production were largely negative concerning the cast, the stage direction and especially the conducting. One example: “Riccardo Muti is responsible for a lot of the problems. He simply plays so loud that nobody has a chance.” I have quite a different view of this performance. In fact, I would say that Muti’s conducting is masterly and revelatory, and deserves to be ranked with some of the finest Otellos, including the likes of Toscanini, Karajan and Solti. Muti’s conception almost makes Otello a new work. In fact, his performance includes music most listeners would never have heard before: the revised version of the Act III ensemble that Verdi composed for the Paris premiere in 1894. But elsewhere as well, Muti makes the score far more dramatic and modern than is usually the case. Loud? Yes, it is loud when it needs to be but always for dramatic effect and not for cheap thrills. Attentive listeners may notice that one of the loudest instruments in the Verdi-Muti orchestra is physically the smallest: the piccolo. Its piercing sound cuts through every tutti with electrifying effect. The playing of the Vienna Philharmonic is so good it is almost beyond praise.
Director Stephen Langridge deserves plenty of credit too for so carefully aligning the stage action with the music, as Verdi and librettist Boito clearly intended. I do fault him, however, for not making Otello’s deep love for Desdemona clearer in their opening scenes. The tragedy of Otello utterly depends on starting from this foundation.
The cast is not of superstar quality and, in fact, several of the principals were taking their roles for the first time. But every singer is more than competent and part of a genuine ensemble effort. Latvian tenor Alexandr Antonenko looks and sounds every inch the military man he is supposed to be. Marina Poplavskaya is an appealingly vulnerable Desdemona and Carlos Álvarez a very convincing Iago. On the negative side, Antonenko is not impressive in Otello’s lyrical music and Poplavskaya lacks the chest voice so necessary in her role. But on the whole this is an historic production of Otello with several scenes utterly hair-raising in their intensity.
Incidentally, next Spring Muti will be capping off his inaugural season as music director of the Chicago Symphony with concert performances of Otello in both Chicago and New York. PER


(c) La Scena Musicale