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La Scena Musicale - Vol. 15, No. 9 juin 2010

Anne-Sophie Dutoit : Comment devenir cinéaste à 19 ans

Par Roxana Pasca / 1 juin 2010


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Comment devenir cinéaste à 19 ans ? C’est simple. Il faut être passionné, sans peur et savoir diriger. En effet, c’est grâce à ces trois qualités, mais également à son intelligence et son talent, qu’Anne-Sophie Dutoit, petite-fille du grand chef d’orchestre Charles Dutoit, en est à son deuxième projet de long métrage alors qu’elle n’a pas encore atteint la vingtaine.

« J’ai toujours aimé faire des films », avoue-t-elle. À peine atteint l’âge de sept ans, Anne-Sophie Dutoit tournait déjà des vidéos, grâce à la caméra Sony de son père et aux prestations de ses jeunes amies. Toutefois, ce n’était alors qu’un jeu, une façon de laisser aller son imagination débordante : « Je ne savais pas à cet âge qu’être réalisatrice était un travail », dit-elle en souriant.

À 14 ans, Anne-Sophie Dutoit s’envole pour Los Angeles et découvre, avec fascination, les grands plateaux d’Universal Pictures. Toutefois, dans cette ville si différente de Lorraine, où elle a grandi, Anne-Sophie Dutoit se sent différente et très seule. Cet état d’âme lui inspira Faded Memories, le scénario de son premier long métrage, qu’elle réalisera à l’âge de dix-sept ans en plus d’y tenir le rôle principal. « Écrire, c’est une façon de m’exprimer et de sortir mes émotions », dit-elle.

Après l’écriture de ce scénario, qui traite de l’amour impossible entre deux adolescents, Anne-Sophie Dutoit entreprend, avec courage, la réalisation de son film. Toutefois, ce ne fut guère une mince affaire que de convaincre les producteurs de Los Angeles de financer un long métrage d’une jeune fille de 17 ans.

Certes, le scénario avait du potentiel, mais les producteurs étaient plutôt réticents, compte tenu du fait qu’Anne-Sophie Dutoit voulait elle-même le réaliser et y tenir le rôle principal. « J’ai alors décidé de créer un petit film d’environ dix minutes, basé sur mon scénario. Ce film allait leur montrer de quoi j’étais capable. » Ainsi, grâce à sa détermination, la jeune réalisatrice a réussi à obtenir le financement et l’aide nécessaire pour concrétiser son projet.

Faded Memories s’est fait en 20 jours seulement. Vingt jours durant lesquels Anne-Sophie Dutoit était aux anges : « Je ne dormais presque pas, mais je n’étais pas fatiguée. Même durant mes jours de congé, je voulais être sur le plateau. » Anne-Sophie Dutoit se rappelle, en souriant : « J’ai même eu mon premier baiser sur le tournage, en incarnant le rôle de Cassandra. » Ainsi, ce tournage fut plus qu’un simple apprentissage cinématographique, ce fut une véritable leçon de vie.

La sortie de Faded Memories, que ce soit aux États-Unis ou au Québec, ne passa pas inaperçue. Un grand nombre de magazines et de journaux parlèrent de cette nouvelle réalisatrice âgée d’à peine 17 ans, tels The Los Angeles Times, The National Post, The Gazette, La Presse, Elle Québec et j’en passe. De plus, Anne-Sophie Dutoit fut chaleureusement reçue, sur le plateau de Tout le monde en parle, par Guy A. Lepage et son « fou du roi » Dany Turcotte.

Malgré une certaine naïveté, qui se comprend parfaitement étant donné l’âge précoce de la réalisatrice, on ne peut nier que le sujet traité par Faded Memories est intéressant. Anne-Sophie Dutoit y aborde des thèmes difficiles, telle la folie, qu’elle met en scène avec brio. De plus, loin de faire de son héroïne principale, Cassandra, une jeune fille parfaite, elle la rend fragile et vulnérable.

Ce qui est particulier chez Anne-Sophie Dutoit, c’est le naturel, voire la facilité avec laquelle elle mène à bout ses projets cinématographiques. « Quand je fais des films, je ne sais même pas exactement ce que je fais, je le fais par instinct. » Pour notre jeune réalisatrice, trop apprendre tue la créativité. Conséquemment, Anne-Sophie Dutoit préfère faire des films, quitte à faire des erreurs, plutôt que de rester le nez constamment planté dans un livre. Elle est de ceux dont la meilleure école, c’est l’expérience : « Les films que je fais sont en train de créer ma base, dit-elle. Il faut dire que je n’ai jamais autant appris que sur un plateau de tournage. Je grandis avec mes films. »

Anne-Sophie Dutoit entamera donc cet été le tournage de son deuxième long métrage, dans lequel Karine Vannasse tiendra la vedette. Le film porte sur la capacité de surmonter les événements et les obstacles rencontrés, tout en sachant s’accepter soi-même.

Certes, avoir écrit, réalisé et joué dans son propre film, alors qu’on a à peine dix-sept ans, est admirable. Toutefois, ce qui impressionne le plus chez Anne-Sophie Dutoit, c’est son énergie, sa joie de vivre, son charisme. « Je me dis qu’il faut vivre la vie au jour le jour, tout ce qu’on a, c’est d’être positif », dit-elle en souriant.


(c) La Scena Musicale 2002