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La Scena Musicale - Vol. 15, No. 9 juin 2010

Alex Benjamin : un héritage lourd à porter

Par Renée Banville / 1 juin 2010


Version Flash ici.

Pur produit de l’éducation musicale du grand pédagogue qu’était le père Lindsay, Alex Benjamin a passé son enfance à baigner dans l’atmosphère du camp musical de Saint-Côme et du Festival d’été de Lanaudière. Il n’est pas surprenant qu’un concours de circonstances l’ait amené à occuper le poste d’adjoint au père du Festival, au moment de la démission de Louise Forand-Samson en 2000. En novembre dernier, le conseil d’administration du Festival de Lanaudière annonçait officiellement sa nomination comme directeur artistique du Festival.

Du piano à la direction artistique

Alex Benjamin possède une solide formation musicale. Après un baccalauréat en piano de l’Université Laval, sous la direction de Robert Weisz, et une maîtrise en interprétation de la State University de New York à Stony Brook avec Martin Canin, il a effectué des études de doctorat sous la direction de Gilbert Kalish. Au concours pour le Prix d’Europe, il a reçu le prix John Newmark en 1990 et 1991.

À son arrivée au Festival en 1999, il a d’abord travaillé comme recherchiste-musicologue, rédigeant des notes de programmes, tout en occupant ses temps libres au transport d’artistes, ce qui lui permettait de faire des rencontres passionnantes. L’organisation du travail avec le père Lindsay était vraiment une étroite collaboration, un échange d’idées, de goûts et d’intérêts communs. Alex s’occupait déjà des négociations avec les agents et travaillait en plus avec les chefs pour bâtir le répertoire. Le pouvoir décisionnel est venu graduellement et, en 2007, le père Lindsay lui confiait l’entière responsabilité de la programmation des concerts et des choix artistiques. Si la transition n’a pas été trop difficile après la disparition du fondateur, c’est que les bases étaient déjà solides. L’équipe du Festival a beaucoup travaillé pour créer un contexte propice à une découverte particulière de la musique. On y ressent une émotion palpable, grâce à la merveilleuse sonorité de l’amphithéâtre.

L’orientation du Festival

Alex Benjamin est un amoureux indéfectible de cette région. Il adore les promenades à la campagne entre les différentes églises pour assister à des concerts et il ne connaît pas de lieux plus extraordinaires pour écouter et découvrir la musique que l’amphithéâtre. Toute son ambition est maintenant centrée sur le festival et il n’a plus de temps pour maintenir son niveau en piano. Ses goûts musicaux sont très diversifiés. Il avoue un grand intérêt pour le quatuor, mais il hésite quand on lui demande ses compositeurs favoris. Très curieux, il aime faire des découvertes et varier les styles et les atmosphères. En dehors du festival, il fait de la photo, se consacre à sa vie de famille et enseigne le piano à sa petite fille de six ans.

Pour le nouveau directeur artistique, une empreinte claire est l’orientation qu’il veut continuer à donner au festival. Le choix est incontournable cette année, alors qu’on fête Chopin et Schumann. Mais il peut être coiffé d’un thème ou inclure un projet bâti autour d’un artiste. Alex aimerait aussi présenter plus de chant choral dans les églises, par exemple un cycle Monteverdi. Mais ce qui compte avant tout, c’est qu’il maintienne une ambiance festive, faite d’une série d’événements qu’on ne retrouve habituellement pas durant l’année. Loin de se reposer sur ses lauriers, il veut se montrer ambitieux. Son objectif idéal est d’obtenir la participation de très grands orchestres de l’étranger, tout en gardant une place privilégiée pour nos ensembles. « Ça dynamise le milieu et l’environnement musical quand on entend différentes interprétations. Un festival est là pour ça. » L’Orchestre symphonique de Pittsburgh et la Deutsche Kammerphilharmonie Bremen ont répondu à son appel cette année, démontrant une reconnaissance du festival comme lieu d’intérêt pour ces orchestres. 

Un défi et un rêve

Il n’est certes pas facile de marcher dans les pas d’un géant, d’une force de la nature comme le père Lindsay. C’est un héritage lourd à porter, mais le grand visionnaire avait accordé toute sa confiance à ce jeune passionné et enthousiaste qu’il voyait comme son successeur. Si le festival a perdu son créateur, il a trouvé un ardent défenseur dans ce directeur artistique qui veut continuer d’étonner le public, en rêvant de toujours faire grandir le festival. Tout un défi ! Alex Benjamin fera tout en son pouvoir, avec l’aide de sa dynamique équipe, pour que survive l’âme du père Lindsay et que grandisse encore le grand projet de sa vie.


(c) La Scena Musicale 2002