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La Scena Musicale - Vol. 15, No. 7 avril 2010

Au Rayon du disque : Mélodies du bonheur

Par Annie Landreville / 1 avril 2010


Version Flash ici.

The Wynton Marsalis Quintet et Richard Galliano : From Billie Holiday to Edith Piaf 
Futuracoustic F209

La France et les États-Unis. Piaf et Billie Holiday. Le jazz et l’accordéon réunis sur la scène du festival de jazz de Marciac en France, incarnés par Richard Galliano et Wynton Marsalis. Une magnifique idée que de réunir ces musiciens autour des airs de ces deux divas. De Piaf, on a retenu La Foule, Padam… Padam, L’homme à la moto et une interprétation style bossa nova de La Vie en rose pour clore le spectacle. Des chansons de Billie Holiday, on entend Them Their Eyes, What a Little Moonlight Can Do, Sailboat in the Moonlight ainsi qu’une version des plus inspirées de Strange Fruit, émouvante et prenante, durant laquelle le saxophoniste Walter Blanding passe à la clarinette. Galliano, pour sa part, s’intègre avec brio au quintette du trompettiste. Si certains solos ou dialogues se détachent, notamment  dans L’Homme à la moto, c’est un enregistrement qui verse plutôt du côté de l’émotion et de l’élégance que de la haute performance. Outre le compact audio, on peut voir le spectacle en format DVD, le tournage étant dirigé par le réputé réalisateur Frank Cassenti. Tous les musiciens sont mis en évidence par de multiples prises de vues et des gros plans sur tous les instruments, si bien qu’on se sent littéralement transporté sur la scène. Le montage est vivant, rythmé et chaleureux; quant au public, il apporte de la chaleur à la prestation visuelle, mais s’avère un peu trop présent à l’oreille à l’écoute du compact audio.

Carol Welsman : I Like Men, Reflexions of Miss Peggy Lee
Welcar Music WMCD366 (www.carolwelsman.com)

Carol Welsman a une voix chaude, feutrée sans être rauque et toujours juste, avec ce qu’il faut de nonchalance sensuelle pour bien rendre ce swing évocateur des cabarets d’antan. Sous son aisance vocale se cache une technique irréprochable, comme dans cette offrande où elle rend un bel hommage à la légendaire Peggy Lee. Jamais elle ne tente d’imiter cette chanteuse que son père affectionnait tant (et qu’elle a eu la chance de voir toute jeune), même lorsqu’elle reprend certains de ses airs les plus connus comme l’incontournable Why Don’t You Do Right? ou encore Fever. La complicité entre cette chanteuse-pianiste et ses musiciens est telle qu’on écoute un vrai groupe, pas juste des musiciens accompagnant une voix. Parmi ses complices efficaces, signalons le très précis Kevin Ricard aux percussions ainsi que les guitaristes Pat Kelley et Pierre Côté, ce dernier présent sur trois pièces, dont l’émouvante Johnny Guitar. Parfait pour une soirée romantique !

Stacey Kent : Raconte-moi
EMI 5099962682305 (www.staceykent.com)

Comme la chanteuse américaine Stacy Kent intégrait de plus en plus de chansons françaises dans son répertoire, il était inévitable qu’elle fasse un disque dans la langue de Molière. Rappelant la voix de petite fille de Blossom Dearie – chanteuse dont elle reprend un des morceaux de la fin des années 1950, L’étang –, Kent ne force jamais la sienne, se faisant même plus douce encore que lorsqu’elle chante dans sa langue maternelle. Sa diction précise et ses interprétations bien senties témoignent de sa compréhension de la langue. Quelques originaux s’intègrent bien entre les airs plus connus que sont Les eaux de Mars et Le mal de vivre, de Barbara, le second offert en duo avec le pianiste Graham Harvey. Peut-être vaudrait-il mieux pour les disquaires de ranger ce disque dans la section « chanson française » que celle du « jazz ». Les arrangements d’une sobre douceur passent d’un style cabaret rétro dans Mi amor à la bossa nova du Jardin d’hiver, voire à un piano évoquant Satie dans L’étang. On aurait souhaité que ses accompagnateurs, dont le guitariste John Parricelli ou Jim Tomlinson, son saxophoniste et mari, prennent un peu plus de place. La chanson n’y aurait rien perdu, mais la musique et le jazz y auraient gagné beaucoup.


(c) La Scena Musicale 2002