Accueil     Sommaire     Article     La Scena Musicale     Recherche   

La Scena Musicale - Vol. 15, No. 7 avril 2010

Les hôtels à l’heure de l’art

Par Roxana Pasca / 1 avril 2010


Version Flash ici.

Andy Warhol, Roy Lichtenstein, Robert Rauschenberg, James Rosenquist, Jasper Johns, Frank Stella, Sam Francis, Christo, Miro et Chagall réunis dans une même pièce. Mais, contrairement à ce que vous imaginez, ce n’est pas l’exposition du grand collectionneur et marchand d’art, Léo Castelli. Ce n’est pas non plus une nouvelle exposition au Musée des beaux-arts de Montréal ou à tout autre musée d’ici ou d’ailleurs. Non, ces œuvres de grande valeur ne se trouvent pas dans une quelconque exposition, mais bien à l’intérieur des murs d’un hôtel : l’Hôtel du XIXe siècle. Cet établissement d’une élégance et d’un charme inouïs, situé au cœur du Vieux-Montréal au 262, rue Saint-Jacques Ouest, est la fière acquisition du créateur de mode Marciano. Ce dernier a généreusement transformé son hôtel en véritable galerie, où les clients et les amoureux de l’art peuvent découvrir une partie de sa collection privée. De plus, l’entrée de l’hôtel, dont l’architecture est de style Second Empire, est également embellie par deux sculptures impressionnantes, le fameux Love de Robert Indiana et Le Chevalier de Bottero.

Certes, voilà une belle découverte. Mais, une découverte qui pose des questions sur l’importance que l’on accorde à l’art dans notre société, et plus précisément dans les lieux publics. Par lieux publics, il ne faut pas nécessairement entendre des musées, des galeries ou toute autre institution qui a pour but principal de promouvoir l’art, mais des lieux communs, des lieux côtoyés par tous et quotidiennement, tel que des hôtels, des restaurants, des universités, des parcs, etc. Bien que Montréal soit une grande métropole, côté art, elle ne peut être comparée à New York ou Paris, quoiqu’elle en ait le potentiel. Par exemple, à Paris, non seulement les expositions et les galeries d’art sont innombrables, mais l’art est omniprésent à chaque coin de rue. Alors qu’à Montréal, paradoxalement, les arts visuels sont moins visibles.

L’art doit-il se trouver seulement dans les galeries et les musées ? Pourquoi ne pas en être constamment entouré ? Alors, qu’en est-il des autres hôtels de Montréal ? Sont-ils tous aussi sensibles à l’art, au point de faire de leurs établissements un lieu d’exposition ?

Tout d’abord, le St-James et l’Intercontinental, tous deux de luxueux hôtels cinq étoiles, laissent à désirer côté art. Bien que dans le premier nous pouvons remarquer quelques tableaux d’époque, dans le second l’art est encore moins présent : aucune œuvre d’art exposée, aucune acquisition.  Heureusement, les hôtels Sofitel, Nelligan et Delta exposent assez régulièrement des artistes peintres locaux. L’hôtel Sofitel a même décidé de nommer ses salons de réception d’après les grands maîtres du XXe siècle tels Monet, Picasso, Gauguin, Matisse, et Chagall.

Mis à part ces hôtels dont la renommée est considérable, il y a également, au 5225 Côte-des-Neiges, l’Hôtel Terrasse Royale qui sait rendre hommage à l’art. En effet, cet établissement discret, mais charmant, a acquis quelques tableaux d’une peintre en pleine émergence,  M. M. Ciciovan. Pour ceux et celles qui ne connaissent pas encore les œuvres de cette grande artiste, voilà une occasion en or. Vous verrez que grâce à ses toiles, la réception de l’hôtel est tout simplement remplie de lumière, de chaleur, de vie. Alors que les œuvres des grands peintres américains, tels Andy Warhol, Robert Rauschenberg ou James Rosenquist, nous impressionnent par leur valeur et leur renommée, celles de M. M. Ciciovan nous impressionnent par leur beauté et leur douceur.

Schopenhauer avait tout à fait raison lorsqu’il a affirmé que « l’artiste nous prête ses yeux pour regarder le monde ». Ainsi, c’est le monde selon ces grands maîtres qu’on a la chance de découvrir à l’intérieur de ces deux hôtels. Deux hôtels qui sont la preuve que l’art survit malgré tout. Tant qu’il y aura des gens qui prennent la peine de s’arrêter devant une œuvre d’art, de la contempler, de s’émerveiller, l’art triomphera.


(c) La Scena Musicale 2002