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La Scena Musicale - Vol. 15, No. 7 avril 2010

La danse au Festival TransAmériques

Par Fabienne Cabado / 1 avril 2010


Version Flash ici.

Plusieurs grands noms sont à l’affiche cette année avec, en ouverture, Nearly 90?, la toute dernière œuvre de Merce Cunningham, qui révolutionna la danse en refusant, entre autres, la préexistence de la musique sur le mouvement et en introduisant la notion d’aléatoire dans la création chorégraphique.

Trois pionniers de la danse contemporaine québécoise sont également au programme. La chorégraphe Ginette Laurin s’intéresse à la musique du corps humain en sonorisant les déplacements de ses interprètes et en les branchant sur stéthoscope dans Ondes de choc. La fabuleuse Louise Lecavalier présente Children, une chorégraphie de Nigel Charnock, et nous offre un rappel de ses années chez Lalala Human Steps avec A few minutes of Lock, une série de duos avec des interprètes à la mesure de son talent. Enfin, à la demande générale, Sylvain Émard redescend dans la rue avec sa horde de danseurs en ligne qui regroupe jusqu’à 100 personnes pour Le très grand continental.

Deux figures bien connues et bien aimées de la nouvelle génération sont aussi au programme avec des œuvres qui devraient les révéler sous un jour inhabituel. Dans Chutes incandescentes, la danseuse, comédienne et musicienne Clara Furey est chorégraphiée et mise en scène, en corps à corps avec son piano, par nul autre que Benoit Lachambre. De son côté, l’impertinent et sympathique Frédérick Gravel explore des aspects troubles de la masculinité dans Tout se pète la gueule, chérie, où il partage la scène avec trois autres hommes dont le provocateur Dave St-Pierre.

Au chapitre des grosses pointures, le chorégraphe et plasticien japonais Saburo Teshigawara, représentant de la génération post-butô et danseur à la présence époustouflante, nous revient en solo après 10 ans d’absence pour parler d’harmonie avec Miroku.

L’Afrique est à l’honneur à cette quatrième édition avec deux compagnies invitées : celle des Burkinabés Salia Sanou et Seydou Boro avec Poussières de sang, une œuvre vigoureuse sur les méfaits de la violence, et celle du Congolais Faustin Linyekula, qui présente More, more, more… future,un concert chorégraphique aussi engagé qu’endiablé. Deux beaux exemples des allures que peut prendre la danse contemporaine sur un continent qui, dit-on, n’a pas fini de nous surprendre.

Venue du Portugal, Tãnia Carvalho pourrait bien être une des belles découvertes du festival. Accompagnant ses interprètes en direct au piano, elle se livre à une brillante démonstration de l’interdépendance entre danse et musique dans But from me I can’t escape, have patience, une œuvre aux images expressionnistes. Avec Portrait, séries de courtes formes qui décrivent divers modes de création, D.A. Hoskins fait souffler le vent de l’underground torontois sur la programmation tandis que la Montréalaise Tammy Forsythe développe, dans Golpe (« Coup » en espagnol), le message politique antimilitariste qu’elle lançait l’an dernier au Festival Edgy Woman. Enfin, la proposition la plus étonnante vient du tandem franco-québécois de la compagnie Projet in situ, Martial Chazallon et Martin Chaput, qui nous invite à un parcours à l’aveugle et à un rapport totalement renouvelé au corps et à la danse avec Tu vois ce que je veux dire ? Éminemment excitant.


(c) La Scena Musicale 2002