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La Scena Musicale - Vol. 15, No. 10 juillet 2011

Lionel Daunais, le rassembleur

Par Lucie Renaud / 1 juillet 2011


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Baryton, harmonisateur, parolier, organisateur, metteur en scène, Lionel Daunais reste l’une des figures marquantes de l’art lyrique canadien du 20e siècle et a su jouer un rôle de premier plan dans la vie culturelle de son époque sans jamais négliger ses activités de compositeur.

Né le 31 décembre 1901 à Montréal, Lionel Daunais remporte en 1923 le premier prix au Montreal Musical Festival, événement organisé par la Metropolitan Choral Society. Trois ans plus tard, il fait ses débuts à l’opéra au théâtre Orpheum, donne un premier récital à l’hôtel Ritz-Carlton et se voit remettre le Prix d’Europe, qui lui permet de poursuivre ses études avec Émile Marcellin à l’Opéra-Comique, tant en chant qu’en mise en scène, et d’étudier le contrepoint avec une élève de Darius Milhaud. En 1929, sa voix lui ouvre les portes de l’Opéra d’Alger, qui l’accueille comme premier baryton; il y chantera 23 rôles importants en un peu plus d’un an.

Alors que tant de chanteurs de sa génération choisissent de s’exiler, il revient plutôt au pays en 1930 et débute à la Société canadienne d’opérette de Montréal dans La Basoche d’André Messager, devenant rapidement une vedette de la compagnie. Polyvalent, il fonde en 1932 avec le contralto Anna Malenfant et le ténor Ludovic Huot le Trio lyrique, ensemble avec lequel il participera notamment pendant 87 semaines à l’émission Une heure avec vous et se produira au réseau CBS pendant six mois.

Considéré comme l’un des premiers auteurs-compositeurs canadiens-français d’importance, Lionel Daunais a signé les textes et la musique d’une centaine de mélodies pour voix et piano. Après avoir entendu ses chansons, Francis Poulenc n’hésitera pas à affirmer : « Il y a souvent un esprit cocasse dans votre musique et lorsque quelqu’un vous en fera la remarque, n’en rougissez pas, c’est un don très rare ! » À la fin des années 1940, certains de ses plus importants succès sont sur toutes les lèvres, dont Aglaé, Le petit chien de laine, La tourtière, Intanouiche in’tanaga et Monsieur le curé. Les thèmes se veulent représentatifs de la réalité québécoise de l’époque, plus ruraux qu’urbains, puisent souvent leurs racines dans le folklore et usent toujours d’un sens de la dérision assumé, qui permet au compositeur de maintenir une essentielle distanciation.

En 1936, en collaboration avec Charles Goulet, il fonde les Variétés lyriques qui, sans aucune subvention gouvernementale ou privée, cherche à « rendre entièrement au théâtre lyrique, en tenant compte de l’évolution des idées, la première place artistique dans la métropole ». Au cours des vingt années suivantes, la compagnie offrira 102 productions d’opérettes, 15 d’opéras et une revue, pour un total de 1084 représentations courues du public. Travailleur infatigable, Daunais deviendra metteur en scène de séries d’opérettes à la télévision de Radio-Canada et remportera encore trois prix au Concours de la chanson canadienne. Il s’éteindra à l’âge de 80 ans, le 18 juillet 1982.

Le Festival d’opéra de Saint-Eustache offrira lors de sa première édition un récital-hommage, sous la présidence d’honneur des enfants du compositeur, le 24 juillet.

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