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La Scena Musicale - Vol. 15, No. 10 July 2010

Critiques // Reviews

Par/by René Bricault, Frédéric Cardin, Éric Champagne, Philippe Gervais, Alexandre Lazaridès, Claudio Pinto, Paul E. Robinson, Camille Rondeau, Joseph K. So / July 1, 2010


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MUSIQUE VOCALE

Igor Stravinsky : Monumentum, Mass, Symphonie des Psaumes; J.-S. Bach/Stravinsky : Choral-Variationen
Collegium Vocale Gent; Royal Flemish Philharmonic/
Philippe Herreweghe

PentaTone Classics PTC 5186 349 SACD (50 min 47 s)
5/6
Clarté, limpidité, transparence. La vision de Philippe Herreweghe des œuvres sacrées de Stravinski est des plus intéressantes et des plus abouties. Ici, le contrepoint et les plans sonores sont très bien équilibrés. De la Messe (1948), on retiendra la magnifique couleur des vents qui accompagnent un chœur particulièrement attentif à la partition. Les tempos rapides choisis pour la Symphonie des Psaumes rendent cette œuvre moins dramatique que certaines versions courantes. Un chœur moins nombreux qu’à l’habitude et une légèreté de la part de l’orchestre en font une version terriblement efficace. Ce que l’on perd en puissance sonore est compensé en souplesse et en justesse de ton, une « marque de commerce » qui caractérise Herreweghe, spécialiste du répertoire polyphonique choral. Les deux autres œuvres du programme sont des arrangements que Stravinski réalisa d’œuvres de maîtres anciens. Monumentum regroupe des pièces de Gesualdo, orchestrées avec une originalité surprenante dans le choix des timbres. Finalement, le Choral-Variationen, d’après Bach, est une pièce d’une joie exubérante, à l’orchestration colorée, où chœur et orchestre se donnent la réplique avec un allègre plaisir. Un disque particulièrement réussi, notamment grâce à l’investissement des interprètes. EC

Schubert : Heliopolis
Matthias Goerne, baryton; Ingo Metzmacher, piano

Harmonia Mundi HMC 902035
(CD :71 min 53 s; DVD: 17 min 39 s)
6/6
Dans ce quatrième tome de la belle édition Goerne/Schubert, celui que l’on tient à juste titre pour l’héritier de Fischer-Dieskau ne démérite pas. La voix d’airain moiré qu’avait rendue célèbre un enregistrement de Winterreise (Hyperion, 1997) s’est naturellement assombrie, mais demeure toujours expressive – il faut écouter Das Heimweh ou Abschied, chargés d’émotion retenue. Les deux premiers titres de cette édition de conception thématique, Sehnsucht et An mein Herz, étaient empruntés à un lied évocateur. Les dix-neuf chants regroupés ici sous le titre de Heliopolis sont en relation plus ou moins évidente avec le thème de la ville-soleil où s’exalte, héritée des Lumières, une vision idéalisée de la Grèce, pays des dieux à la fois humains et immortels, et de la clarté indéfectible, celle de la raison autant que du ciel. Comme ses prédécesseurs avec Goerne – Leonskaja, Deutsch ou Eschenbach –, Ingo Metzmacher est un accompagnateur attentif et éloquent. Le DVD fournit des renseignements intéressants, plus visuels que musicaux, sur le « making of ». Prise de son idéale. AL

Verdi Arias
Sondra Radvanovsky, soprano; Philharmonia of Russia/
Constantine Orbelian

Delos DE 3404 (61 min 38 s)
5/6
This new release of Verdi arias amply demonstrates why American-born Canadian soprano Sondra Radvanovsky is considered the Verdi soprano of our generation. Hers is a huge, darkly opulent voice of great beauty backed by an unfailing technique, even from top to bottom and capable of producing roof-rattling fortissimos as well as the most exquisite high pianissimos. Her innate musicality and discerning taste are present in everything she does—we simply haven’t heard such Verdi singing since the heydays of Milanov and Price. The ten arias featured here, from the Trovatore Leonora to Elvira of Ernani to Elena of Vespri are her calling cards—or will soon be, in the case of Aida, which Radvanovsky will sing for the first time this fall at the COC. Everything is dispatched with refulgent tone, dramatic acuity and technical command. Her surprising, interpolated high note at the end of the Bolero shows off her range. Equally stunning is her high C in Amelia’s Act Two “gallows aria” from Ballo. Constantine Orbelian, the conductor of choice for Dmitri Hvorostovsky in the recording studio, offers solid if diffident support, with the occasional over-leisurely tempo, as in “Pace, pace, mio Dio.” The booklet contains texts in Italian and English, a laudatory essay by journalist George Loomis, artist photos and bios. JKS

Wolkenstein: Songs of Myself 
Andreas Scholl, contre-ténor, baryton; Shield of Harmony (Kathleen Dineen, soprano et harpe; Marc Lewon, guiterne, luth, vielle et nyckelharpa; Margit Übellacker, dulce melos; Crawford Young, luth, guiterne et dir.) 
Harmonia  Mundi HMC 902051 (80 min 53 s) 
5/6
Oswald von Wolkenstein est un fort curieux musicien; poète, chanteur et diplomate, il a voyagé partout en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient au début du XVe siècle. Andreas Scholl consacre ce disque à des chansons du dernier Minnesinger ainsi qu’à quelques autres pièces de la même époque qui constituent un complément intéressant. Ce sont les textes qui frappent d’abord : tantôt pieux, tantôt grivois, autobiographiques ou courtois, ils rappelleront certains passages des Carmina Burana. Musicalement, la fuga Nu rue mit sorgen vaut un disque à elle seule, et Des himels trone, un étrange contrepoint à deux voix note contre note, ne ressemble à rien de bien familier ! C’est le cas de nombreuses œuvres d’Oswald, qui, n’ayant pas suivi de formation musicale sérieuse, se souciait fort peu des règles de la théorie officielle de son époque. L’interprétation est peut-être moins trépidante ou charnelle que chez La Reverdie ou le Clemencic Consort, mais elle n’en est pas moins satisfaisante, jouant plutôt la carte de l’intimité, des subtilités et de la mise en valeur du texte; les voix sont magnifiques, en particulier celle de la soprano et harpiste Kathleen Dineen. CR

MUSIQUE INSTRUMENTALE

Brahms: Piano Quartet No. 2; Clarinet Trio
The Nash Ensemble (Ian Brown, piano; Richard Hosford, clarinette; Marianne Thorsen, alto; Paul Watkins, violoncelle)
Onyx ONYX 4045 (73 min 46 s)
5/6
Le Trio avec clarinette met en vedette les qualités de jeu individuelles et collectives de l’ensemble Nash comme on en entend rarement. En effet, la délicatesse des phrasés et des attaques impressionne presque autant que la maîtrise des registres dynamiques extrêmes, prouvant une fois de plus que la clarinette compte parmi les rares vents à ne rien devoir envier aux cordes et au piano. La prise de son nous permet d’ailleurs d’apprécier pleinement cette qualité, sans chercher les pianissimi et sursauter aux fortissimi. La complicité entre musiciens ne fait pas de doute non plus, car ils chantent d’une seule voix. Dommage qu’ils ne réussissent pas à donner une âme pleine à la note écrite; ils jouent bien, mais ne transcendent rien. Heureusement, ce n’est pas le cas pour le second Quatuor avec piano, car pareil mastodonte nous ferait périr d’ennui sans une dévotion totale des interprètes. Et dévotion il y a, faisant assurément de cette version l’une des meilleures disponibles sur le marché. RB

Chopin : Sonate pour violoncelle, Trio opus 8, Grand Duo
Andreas Brantelid, violoncelle
Marianna Shirinyan, piano
EMI Classics 50999 6 87742 2 (68 min 42 s)
4/6
La Sonate pour violoncelle et piano opus 65estla dernière œuvre que Chopin a publiée de son vivant. Pour bien l’exécuter, l’interprète doit entrer au cœur même de l’imminente fatalité qui gagnait Chopin au moment de sa composition. Ce sentiment est parfaitement bien assimilé par Andreas Brantelid, jeune violoncelliste né en 1987 et grand vainqueur du Concours de violoncelle Pauloen 2007. Sa compatriote, la pianiste Marianna Shirinyan, admirable de clarté et d’égalité, en fait autant, démontrant une complicité sans faille dans tous les mouvements de la Sonate. Cette complicité se poursuit dans le Trio avec piano opus 8(avec Vilde Frang au violon), œuvre peu jouée dont le premier mouvement à la carrure très classique fait rapidement penser à Brahms (le hasard veut que l’opus 8 du compositeur allemand soit également un trio avec piano !) et le second à Schubert. La sonorité que tire Brantelid de son instrument est ample et ronde, un peu comme la voix d’un ténor paysan à la palette expressive extraordinaire. Il y a chez cet interprète une vibrante maturité musicale, d’une noblesse à toute épreuve et respectueuse de la tradition. Un disque magnifique, véritable baromètre du talent de la nouvelle génération d’interprètes classiques. CP

D’Indy : Symphonie no 3, Choral varié, Istar, Dyptique méditerranéen
Sigurdur Flosason, saxophone;
Iceland Symphony Orchestra/Rumon Gamba

Chandos CHAN 10585 (71 min 9 s)
6/6
On n’entend pas suffisamment la musique somptueusement expressive de Vincent d’Indy. Heureusement que la maison britannique Chandos a eu le courage d’embarquer dans un projet d’intégrale de la musique symphonique du compositeur français. Voici le volume trois, et c’est un bijou. Le Dyptique méditerranéen, avec ses accents folkloriques, est éminemment accrocheur. L’héroïque Symphonie no 3 est rendue avec un rare panache par les Islandais de Rumon Gamba, ainsi que les Variations Symphoniques Istar op. 42. Le Choral varié, une découverte, est écrit pour saxophone et orchestre, chose encore rare à cette époque. La prise de son est impeccable, le plaisir est total. On en redemande ! FC

Éric Lemieux : Trois suites pour guitare
Éric Lemieux, guitare
Centaur CRC 3008 (49 min 25 s)
5/6
Le répertoire contemporain pour guitare est encore aujourd’hui trop peu diffusé et laissé pour compte. Il est néanmoins possible d’y découvrir de véritables voix créatrices d’un grand intérêt. C’est le cas du présent disque qui regroupe les trois suites pour guitare seule du compositeur et guitariste montréalais Éric Lemieux. Créées entre 1998 et 2001, ces suites sont d’une grande fraîcheur et d’un intérêt constant pour l’auditeur. Le langage y est clair, structuré, tout en conservant une spontanéité qui évoque parfois l’improvisation. La fusion des styles et des influences marque ici un aboutissement surprenant. Le compositeur jongle avec les styles pour mieux évoquer son univers et son imaginaire, marqué par l’intimité, la poésie et l’intensité du présent. Le compositeur offre donc une interprétation en toute sensibilité de son œuvre qui, sans être d’une virtuosité gratuite et flamboyante, est riche dans l’exploitation de l’instrument. La prise de son bien équilibrée nous permet de bien vivre cette intimité proposée par le compositeur-interprète. On regrette seulement que la pochette du disque soit unilingue anglaise. À découvrir ! EC

From the New World: Dvorˇàk, Marquez, Estacio
Youth Orchestra of the Americas/Jean-Pascal Hamelin
Fidelio FACD029 (59 min 9 s)
5/6
Surprenante réalisation que ce disque qui capte en concert la performance de l’Orchestre des Jeunes des Amériques sous la direction du chef québécois Jean-Pascal Hamelin en août 2009, au Domaine Forget de Charlevoix. La pièce de résistance, la célèbre 9e Symphonie de Dvorˇàk, est ici interprétée avec grandeur, une certaine nostalgie et une dignité soutenue. Miraculeusement, ce qui fait « lever la pâte », c’est l’incroyable énergie des jeunes musiciens de cet ensemble hors du commun (un orchestre regroupant des musiciens de 18 à 30 ans, recrutés à travers les Amériques). Loin de reculer devant autant d’intensité, Jean-Pascal Hamelin canalise cet élan au service de la musique et donne à la célèbre symphonie, déjà entendue mille et une fois, un nouveau souffle. En complément de programme, on découvre avec joie le Danzon no 2 d’Arturo Marquez, sympathique et entraînante danse mexicaine, ainsi que Bootlegger’s Tarantella du Canadien John Estacio, œuvre tout aussi virtuose et dynamique. On ressort plein d’enthousiasme à l’écoute de ce disque qui transmet une énergie électrisante et contagieuse et permet les plus grands espoirs pour ces jeunes artistes talentueux. EC

Le printemps sacré des slaves : Shamo et Stravinski
Serhiy Salov, piano
Analekta AN 2 9932 (64 min 36 s)
5/6
Les deux œuvres proposés ici ont en commun de s’inspirer des rites païens russes, avec une réalisation étonnamment similaire dans l’usage des rythmes irréguliers et d’une harmonie aux dissonances surprenantes. Les aquarelles printanières d’Ihor Shamo sont une agréable découverte. On y entend des teintes et des couleurs légèrement debussystes (l’aspect « aquarelle » du titre est ici on ne peut plus éloquent), tout en baignant dans un généreux lyrisme russe. La Danse des bergers qui clôt ce cycle de 25 minutes possède l’énergie primitive qui évoque avec panache l’œuvre de Stravinski. Pour Le Sacre du printemps, Salov propose ici son excellent arrangement pour piano seul. Tout en allégeant la texture de certains passages (qui dans l’original orchestral tout comme dans la version à deux pianos sont d’une complexité monumentale), Salov conserve l’énergie, le rythme, la violence, bref l’esprit échevelé et révolutionnaire de Stravinski. Comme interprète, il démontre autant de force que de délicatesse dans son jeu et exploite avec un grand brio les couleurs les plus subtiles de son piano. Bref, jamais le printemps russe n’aura semblé aussi coloré et lumineux que sous les doigts de Serhiy Salov ! EC

Liszt: Années de pèlerinage – Suisse
André Laplante, piano
Analekta AN 2 9980 (49 min 6 s)
4/6
Cet enregistrement au minutage limité est la triste démonstration de la manière dont la technologie peut desservir les intentions d’un artiste. On se demande si le preneur de son n’a pas installé le micro à l’intérieur du piano : l’activité des marteaux saute aux oreilles, si l’on peut dire, et les nuances sont gommées dans une acoustique réverbérante. L’accompagnement de la main gauche d’Au lac de Wallenstadt, formule répétée du début à la fin, ne se fait pas oublier un instant. Autant dire qu’il est difficile de rester attentif à l’exécution musicale. La maîtrise du clavier de Laplante est hors de cause, et les octaves d’Orage sont électrisantes ! On aurait tout de même souhaité plus de différenciation d’atmosphère d’une pièce à l’autre, plus d’enjouement fluide pour Au bord d’une source ou dansant pour Pastorale. Si la pierre de touche du premier cahier des Années de pèlerinage est bien l’admirable Vallée d’Obermann, où alternent introspection et envolées virtuoses, son éloquence n’est pas aussi vivement ressentie que lorsqu’elle est modelée par Alfred Brendel ou Lazar Berman. AL

Mahler: Symphony No. 9
Radio-Sinfonieorchester Stuttgart des SWR/Roger Norrington
Hänssler classic CD 93.244 (72 min 10 s)
4/6
Norrington se veut le champion du jeu de cordes orchestrales sans vibrato (sauf exceptions décoratives). Cette approche interprétative s’avère beaucoup moins ancienne qu’on pourrait le croire : la technique du « vibrato intégral » ne s’est effectivement imposée qu’au siècle dernier. Cela donne ici d’excellents résultats (les premières notes du premier mouvement, de véritables soupirs; les passages contrapuntiques du troisième mouvement, clairs et incisifs), là d’étranges impressions de vide (accords tenus au tutti). Le chef anglais expérimente également avec les tempi, assez rapides. Il illustre de ce fait toute la folie et l’ironie du second mouvement, et le sentiment d’accélération progressive du troisième devient si concret que toute la machine orchestrale passe très près de dérailler complètement. Cela dit, les dernières mesures sont si explosives que l’auditeur en reste le souffle coupé. Norrington aurait pu en profiter pour créer un contraste saisissant avec le finale, qui au contraire s’approche plus d’un Andantino que d’un véritable Adagio. Le tempo s’assouplit par la suite, mais le mal est fait. RB

Mozart: Violin Concertos (7); Sinfonia Concertante, Piano and Violin Sonatas (16)
Aida Stucki, violin; Christoph Lieske, piano; Zurich Radio Orchestra, etc.
DOREMI DHR-7964-9 (6 CDs)
5/6
Although the name Aida Stucki might not ring a bell today, she was one of the foremost violinists of the 1950s and ’60s—at least in Switzerland where she lived—and she was also, perhaps more importantly, superstar violinist Anne-Sophie Mutter’s teacher.
As the story goes, Herbert von Karajan “discovered”Mutter when she was only a teenager, and nurtured her career for years thereafter. Unfortunately, Stucki herself had no Karajan to promote her career and never became an international star. But on the strength of these recordings—many of them made for the Period label—she played with purity of tone and showed a mastery of Mozart style. Her mentor was Carl Flesch and she won the Geneva International Violin Competition in 1940. With her husband Giuseppe Piraccini, concertmaster of the Zurich RadioOrchestra, she formed the Piraccini-Stucki String Quartet. Piraccini is also her viola partner in the Sinfonia Concertante included in this set.
The concerto performances date from the 1950s while the sonata recordings are from 1977. Interestingly, Anne-Sophie Mutter, her prize student, recorded two Mozart concertos with Karajan and the Berlin Philharmonic in the same year. In 1977, Stucki sounded a little less secure than she did twenty years before, and the sound balance in the later recordings is not at all favourable to the violin. PER

Senza Continuo
Margaret Little, viole de gambe
Atma ACD2 2612 (62 min 16 s)
5/6
Margaret Little continue de s’affirmer comme l’une des meilleures gambistes sur la scène de la musique ancienne. Elles explore dans ce nouveau disque les différentes façons de concevoir la pratique et l’interprétation de la viole de gambe. De la vision mélodique de Sainte-Colombe à celle, harmonique, du Sieur de Machy, en passant par la synthèse définitive qu’opéra Marin Marais ainsi que par les pièces populaires de Tobias Hume, Aurelio Virgiliano et Giovanni Bassano, ce disque confirme non seulement l’immense talent de Mme Little, mais aussi sa profonde connaissance de l’histoire et des différentes facettes de cet instrument qui, plus que n’importe quel autre à l’époque, était considéré comme l’égal de la voix humaine. La prise de son est ample et chaleureuse, le résultat, irrésistible. FC

DVD

Everything Is A Present: Alice Sommer Herz
A Christopher Nupen Film
Allegro Films A 11CD D (54 min)
5/6
The world was introduced to Alice Sommer Herz in We Want The Light, a Christopher Nupen film released a few years ago to coincide with the 60th anniversary of the Holocaust. Herz, now a miraculous – but said to be failing – 106 year old, is a Nazi concentration camp survivor, who stayed alive through the power of music. A concert pianist, she played more than 100 concerts in the Theresienstadt camp. This new, immensely moving documentary focuses on Herz in an extended interview. After the immeasurable suffering she endured in the camp where both her mother and her husband perished, Herz miraculously finds within her heart the power to forgive. In the liner notes, Nupen writes that Herz has “the wisdom to know that all hatred hurts the soul of the hater, not the hated.” When Herz was asked what she has learned in her long life, she responds, “To recognize the difference between what is important and what is not… to be grateful for everything, because life is beautiful and everything is a present.” There are no flashy images in this documentary, only Herz and the interviewer Nupen who remains unseen. Though it is short at 54 minutes, you won’t feel you are not getting your money’s worth. They speak about weighty subjects that don’t make for cheery entertainment, but any viewer interested in a dialogue probing the deepest part of the human psyche will be amply rewarded. JKS

Franz Schubert: Winterreise - Die schöne Müllerin
Dietrich Fischer-Dieskau, baryton; Alfred Brendel, András Schiff, piano
Arthaus Musik 101509 (135 min)
6/6
Des lieder de Schubert chantés par Fischer-Dieskau : y a-t-il quoi que ce soit à ajouter ? Oui, peut-être, vu le choix à faire entre les multiples enregistrements des mêmes cycles qu’a faits le baryton au fil de sa longue carrière. Winterreise, avec Alfred Brendel au piano, a été enregistré en studio en 1979 : les deux artistes sont au sommet de leur art. Les attitudes et expressions faciales captées par les plans serrés sont un complément enrichissant à l’excellent disque de 1965 avec Jörg Demus au piano, par exemple. Die schöne Müllerin, enregistré en public en 1991 avec András Schiff, laisse entendre un chanteur dont le timbre est un rien durci et dont l’élocution s’est légèrement fatiguée, mais qui n’a rien perdu de la présence scénique et de l’intelligence musicale et poétique qui ont fait de lui peut-être le plus grand récitaliste du XXe siècle. En prime, une courte et lumineuse entrevue et une heure de répétition de Winterreise ne font qu’appuyer l’admiration chaleureuse qu’inspire depuis des décennies cet artiste plus que complet. CR

Sacrificium : The Art of Castrati
Cecilia Bartoli, mezzo-soprano; Il Giardino Armonico
Decca 0743396 (60 min)
5/6
Après Sacrificium, le passionnant récital que Cecilia Bartoli a consacré tout récemment à l’art des castrats, voici le dvd, qui reprend neuf des quinze airs qui se trouvaient sur le coffret et y ajoute deux brèves pièces instrumentales. Après le concert Viva Vivaldi filmé il y a dix ans au Théâtre des Champs-Élysées, on espérait retrouver la magie d’une captation sur le vif, avec les prises de risque que cela implique, tant cette musique semble appeler la présence de l’auditoire et ses applaudissements. Rien de tel ici : la chanteuse se produit en un lieu idéal, le théâtre baroque du palais de Caserta, hélas vidé de son public, qu’un jeu de montage fait néanmoins apparaître fugitivement à quelques reprises. Du coup, les gestes expressifs de la diva, tout comme ses costumes extravagants, peuvent sembler hors de propos, et il eût peut-être mieux valu, à ce compte, nous faire entrer dans l’intimité d’une répétition en studio. Trois airs ont cependant été enregistrés au jardin du palais ou dans des salles plus petites (dont l’un, spectaculaire, montre l’orchestre faisant cercle autour de la chanteuse) et font oublier la froideur du théâtre vide. On ne saurait trop louer par ailleurs la caméra d’Olivier Simonnet, qui souvent saisit au vol les détails les plus intéressants. Ainsi la troublante intensité du Sposa, non mi conosci de Giacomelli, déjà bien perceptible au disque, se trouve redoublée par la vue du geste large et inspiré du chef d’orchestre. Un dvd imparfait, mais néanmoins très recommandable. PG

The Young Romantic: A Portrait of Yundi Li
A Film by Barbara Willis Sweete
EuroArts 3079058 (88 min; Bonus: 44 min)
5/6
Yundi Li, or Yundi—as he has recently been re-branded by marketing gurus—is the other Chinese pianist today, the “anti-Lang Lang” as he is sometimes facetiously coined. To many piano cognoscenti, Yundi has the same great qualities but without the excessive artifice and crass commercialism of Lang Lang. This film by Canadian Barbara Willis Sweete of Rhombus Media is a very revealing study on Yundi’s life and career, detailing his childhood, early studies, his stunning triumph at the Chopin piano competition in Warsaw, and his current hectic pace of balancing a demanding international career with recital tours in China and time with family. The pianist comes across as intelligent, well spoken, polite, sensible, and down to earth. The centerpiece of the documentary is a concert in Berlin conducted by Seiji Ozawa. Particularly interesting are interviews with his parents and grandparents, and footage of Yundi in a masterclass, and simply with the pianist relaxing and having a tasty Chinese banquet. Also, fascinating is the segment filmed in a Chinese piano factory. If the claim of at least 20 million classical piano students in China is accurate, we can expect more future pianists the likes of Lang Lang, Yundi Li, Yuja Wang and Sa Chen to emerge from this nation. The thin booklet isn’t terribly informative, with next to nothing about the music, only a short essay in three languages by Toronto Star critic John Terauds. As a bonus, there is a short recital of Yundi playing Chopin and Liszt filmed at the La Roque d’Antheron Festival in 2004. JKS


(c) La Scena Musicale