Critiques/Reviews
July 8, 2009
HHHHHH indispensable / a must!
HHHHHI excellent / excellent
HHHHII très bon / very good
HHHIII bon / good
HHIIII passable / so-so
HIIIII mauvais / mediocre
$ <
10 $
$$ 10–15
$
$$$ 15–20
$
$$$$ >
20 $
Critiques / Reviewers
RB René
Bricault
FC Frédéric
Cardin
EC Éric
Champagne
PG Philippe
Gervais
WSH Stephen
Habington
AK Arthur
Kaptainis
AL Alexandre
Lazaridès
PER Paul
E. Robinson
LR Lucie
Renaud
CR Camille
Rondeau
JKS Joseph
K. So
|
Musique Vocale
Musique Instrumentale
DVD
Livre
Musique Vocale
Handel: Rodrigo
María Bayo, Sharon Rostorf-Zamir, Anne-Catherine
Gillet, soprano; Maria Riccarda Wesseling, mezzo-soprano; Max Emanuel
Cencic, countertenor; Kobi van Rensburg, tenor; Al Ayre Español/Eduardo
Lopez Banzo
Ambroisie AM 132 (3CD)
HHHHHH $$$$
Rodrigo est le premier opéra
qu’écrivit Haendel lors de son séjour de formation en Italie, et
on y retrouve la fougue et la fraîcheur qui caractérisent les plus
belles œuvres de cette période, comme le Dixit dominus et la
Résurrection. Les airs de Rodrigo sont généralement courts,
mais toujours finement caractérisés et souvent virtuoses. C’est
toute la palette des affects baroques dont s’empare ici le jeune Haendel,
avec une assurance qu’auraient pu lui envier bien des compositeurs
italiens. L’œuvre avait déjà été enregistrée par Alan Curtis
en 1999, mais la présente version s’avère infiniment supérieure.
Eduardo Lopez Banzo dirige un orchestre sensationnel, dont la vigueur
et la précision ne sont pas sans rappeler les Musiciens du Louvre,
qui servaient jadis si bien ce répertoire. Sous la baguette du chef
espagnol, même les récitatifs prennent vie et n’ennuient jamais,
soutenus par un magnifique clavecin de facture italienne. Exception
faite du chant un peu maniéré de Maria Bayo, la distribution est plus
que satisfaisante. Si le Rodrigo de Maria Riccarda Wesseling séduit
dès le premier air, on aura tôt fait d’apprécier aussi l’agilité
d’Anne-Catherine Gillet, le timbre androgyne de Max Emanuel Cencic
et la bravoure du ténor Kobie van Rensburg, très sollicité ici. Un
incontournable pour tout amateur de Haendel. PG
L’Écrit du Cri: Renaissance &
19th to 21st-Century Songs
Ensemble Clément Janequin/Dominique
Visse
Harmonia Mundi HMC 902028 (73 min 50
s)
HHHHII $$$
Cet enregistrement de l’ensemble Clément
Janequin est une fantaisie et doit être pris comme tel. La première
moitié du disque s’articule autour des cris de rue, en prenant pour
axe les célèbres Cris de Paris de Janequin, dans une version
toutefois moins dynamique que celle de 1982 du même ensemble. Les
Cris de Marseille, parodie ingénieuse et truculente qu’on doit
à notre contemporain Régis Campo, est tout à fait hilarant, tout
comme les extraits d’œuvres de Jean Georges Kastner et d’Édouard
Deransart, qui révèlent une part méconnue du répertoire français
léger du XIXe siècle. Cependant, le fil conducteur de cette fricassée
étonnante se brouille dans la seconde moitié du disque, franchement
décevante, où il est question du cri du prisonnier politique torturé,
du cri patriotique, d’un mystérieux « cri de blog » et qui se conclut
avec le cri des soldats dans les tranchées, réclamant langoureusement
une présence féminine… De plus, s’il est rafraîchissant d’entendre
des voix formées au chant ancien dans un répertoire plus récent,
notamment le baryton Vincent Bouchot, le timbre nasillard de Dominique
Visse devient vite irritant. Surtout, on reste plus que perplexe à
entendre des arrangements farfelus pour voix, piano, orgue, contrebasse
et luth; du drôle, on passe au ridicule. Au moins, on rit encore. CR
Midsummer Night: Arias by Alwyn, Barber,
Britten, Dvofiák, Floyd, Herrmann, Korngold, Lehár, Messager, Stravinsky,
Walton
Kate Royal, soprano; Crouch End Festival
Chorus; English National Opera Orchestra/Edward Gardner
EMI 50999 2 68192 2 8 (61 min 45 s)
HHHHHI
$$$
This is the British soprano’s second
album for EMI and to my ears superior to her debut disc. The album title
refers to the surfeit of emotions – love in all its guises – that
bubble over on a midsummer night, a theme that links rather loosely
a collection of thirteen arias on the disc. It is an interesting mixture
of the familiar (‘Vilja Lied’, ‘Song to the Moon’) and the obscure
(‘Midsummer Night’ from William Alwyn’s Miss Julie). Royal’s
soft-grained, cool, silvery tone is lovely, a little reminiscent of
a young Kiri Te Kanawa. Particularly beautiful are the arias from Stravinsky’s
Le Rossignol, Ellen Orford’s ‘Embroidery Aria’, and ‘The
Trees on the Mountains’ from Carlyle Floyd’s Susannah. The
only drawback is the presence of a borderline slow vibrato, a beat in
the voice in the high fortissimos when she puts too much pressure on
the voice – not a healthy sign in a young singer. The ENO Orchestra
and Edward Gardner do yeoman service. The recorded sound is spacious,
with the voice well captured. This is an interesting and rewarding disc
for anyone keen to discover a new voice. JKS
Mozart: Idomeneo
Richard Croft (Idomeneo); Bernarda Fink
(Idamante); Sunhae Im (Ilia); Alexandrina Pendatchanska (Elettra); Kenneth
Tarver (Arbace); Nicolas Rivenq (Gran Sacerdote); Luca Tittoto (La Voce);
RIAS Kammerchor; Freiburger Barockorchester/René Jacobs
Harmonia Mundi HMC 902036.38 (3CD: 3 h
11 min + 1DVD: 45 min 50 s)
HHHHII $$$$
Quel orchestre et quel chef ! À la tête
d’un ensemble baroque galvanisé, René Jacobs conduit sans faillir
le premier véritable chef-d’œuvre que Mozart aura donné au genre
lyrique. Après Harnoncourt et Gardiner, il réussit à nous en faire
saisir d’autres beautés, loin du hiératisme figé de l’opera
seria. Il réitère ainsi le tour de force accompli, il y a trois
ans, avec La Clemenza di Tito, faisant des récitatifs des moments
dramatiques ou à tout le moins significatifs. Notre bonheur aurait
été complet si la prestation soliste ou chorale était toujours de
la même qualité. Oubliant qu’il fut grand guerrier, Richard Croft
réduit un peu trop son Idoménée au ton élégiaque, ce qui fait double
emploi avec le rôle d’Idamante, et la voix de Sunhae Im est trop
éthérée pour faire croire à l’éprouvée Ilia, mais Bernarda Fink
et Alexandrina Pendatchanska sont bien à leur place. Ces réserves
peuvent être tenues pour mineures en regard d’une magnifique réalisation
d’ensemble. Un DVD nous permet de jeter un coup d’œil sur les séances
de travail intensif qui ont précédé l’enregistrement, tout en nous
livrant les réflexions du chef et des artistes sur l’œuvre. AL
Penderecki: Utrenja
Iwona Hossa, soprano; Agnieszka Rehlis,
mezzo-soprano; Piotr Kusiewicz, tenor; Piotr Nowacki, bass; Gennady
Bezzubenkov, basso profondo; Warsaw Boys’ Choir; Warsaw Philharmonic
Choir and Orchestra/Antonio Wit
Naxos 8.572031 (74 min 51 s)
HHHHHH $
Dès les premières mesures, simple
pianissimo aux voix graves, on sent que quelque chose d’extraordinaire
se prépare. Il faut dire que Wit nous a habitués au grandiose avec
ses Penderecki sur Naxos (la Passion selon Saint Luc et le
Requiem polonais, entre autres), mais ici il se surpasse. L’intensité
est palpable, sans perte de contrôle de l’imposante masse orchestrale.
Wit fait preuve d’une grande maîtrise de la partition, prouvée par
sa façon de bien différencier la couleur de chaque cluster,
de chaque bruit vocal, de chaque glissando. Au milieu de tant
de modernisme, les sporadiques et humbles sections tonales en deviennent
écrasantes d’émotion. Malgré quelques petites anicroches, les solistes
chantent fort bien, avec chaleur et conviction. On aurait souhaité
une réverbération plus discrète, mais on se console en constatant
qu’elle rehausse certains passages. Qui ne paierait pas dix dollars
pour risquer une révélation spirituelle ? RB
Songs by Ravel
Gerald Finley, baritone; Julius Drake,
piano
Hyperion CDA67728 (73 min 28 s)
HHHIII $$$
Le baryton canadien Gerald Finley ne
cesse d’éblouir par la beauté de son timbre et son agilité à chanter
du répertoire de tout genre avec un égal bonheur. Il propose ici un
programme entièrement consacré aux mélodies de Ravel. Le choix du
répertoire est bien équilibré, alternant des œuvres plus connues
(Don Quichotte à Dulcinée, Cinq mélodies populaires grecques)
avec des pièces moins souvent jouées (Sur l’herbe, Un
grand sommeil noir). L’interprétation est excellente : bon phrasé,
grande sensibilité, prononciation juste. L’accompagnement de Julius
Drake est sans faille. Un disque parfait? Malheureusement non ! La prise
de son est des plus étranges : le piano semble placé à l’avant-plan
de la voix. De plus, autant la couleur du piano est très claire, autant
Finley semble éloigné, voire étouffé, ce qui crée un contraste
particulièrement déplaisant. On réussit à tendre l’oreille pour
apprécier la musique, mais cette prise de son nous rattrape souvent.
Dommage, car ces musiciens de grand talent offraient une interprétation
des plus intéressantes de ces charmantes mélodies. EC
Musique Instrumentale
A French Collection : Pièces de clavecin
Skip Sempé, clavecin
Paradizo PA0007 (62 min 11 s)
HHHHHI $$$$
C’est une sélection des plus colorées
que propose Skip Sempé dans son récent disque consacré aux pièces
de clavecin françaises du XVIIIe siècle. Presque toutes sont à peu
près inconnues, à l’exception de la flamboyante Marche des Scythes
de Joseph Nicolas Pancrace Royer qui clôt le disque dans un feu d’artifice
de virtuosité. Ce sont donc d’heureuses découvertes que Les Grâces
de Jacques Duphly et Les Etoiles de Michel Corrette, véritables
joyaux d’une tendresse exquise. Le jeu de Sempé est sensible et raffiné,
mais il prend des libertés discutables quant au texte, notamment en
ce qui a trait aux reprises et à l’ornementation. C’est par contre
un plaisir que d’entendre dans une prise de son aussi chaleureuse
un son de clavecin à la fois clair et riche qui saura séduire toutes
les oreilles, les amoureux de clavecin tout comme ceux qui restent à
convaincre. Un beau disque de découvertes à déguster. CR
Albinoni : Sinfonie a Cinque
Chiara Banchini, violon & dir.; Ensemble
415
Zig Zag Territories ZZT090202 (54 min
10 s)
HHHHHH $$$$
La lumière fragile d’un matin vénitien,
l’éclat d’un midi sur les gondoles et la moiteur aux mille odeurs
d’un crépuscule se déposant doucement sur la place Saint-Marc, voilà
ce que ressent l’auditeur de ce merveilleux disque et de sa musique,
placés sous la magistrale direction de Chiara Banchini et la tendre
ferveur des musiciens de l’Ensemble 415. Que dire de plus, sinon que
tout y est parfait, savamment dosé, admirablement exprimé, suavement
enveloppé dans une prise de son qui respire sans délaisser le caractère
intimiste de la musique. Du grand art. FC
Bach : Sonates BWV 1027-1029, Chorals
& Trios
Les Basses Réunies (Bruno Cocset, alto
« Bettera », ténor & grande basse de violon « alla bastarda
»; Bertrand Cuiller, clavecin et orgue positif; Richard Myron, contrebasse)
Alpha 139 (58 min 28 s)
HHHHHH $$$$
Les trois Sonates pour clavecin et viole
de gambe ne sont pas données ici en continuité, étant encadrées
chacune par un choral et un trio, pour un total de neuf titres. Un tel
encadrement, choisi toujours à bon escient, abolit les frontières
entre le profane et le sacré et met en valeur la sonate en préparant
et en prolongeant son atmosphère propre. Bruno Cocset nous en livre
une interprétation prenante en compagnie de ses deux complices des
Basses Réunies. Il joue de trois instruments, dont l’un, l’alto
« Bettera », a été fabriqué d’après un tableau du peintre italien
du même nom qui vécut au dix-septième siècle. C’est donc un exemplaire
unique aux sonorités lumineuses. Pour accomplir son projet, Cocset
a dû changer d’instrument au cours d’un même mouvement, ou encore
recourir au play-back. La beauté sonore et l’intelligence
de l’interprétation sont constamment au rendez-vous. La prise de
son a été idéalement réalisée à l’église de Pampigny, en Suisse. AL
Beethoven: Piano Concertos WoO 4 &
No. 2
Ronald Brautigam, piano; Norrköping
Symphony Orchestra/Andrew Parrott
BIS-SACD-1792 (58 min 4 s)
HHHHHH $$$$
Celui qu’on pourrait appeler l’ancêtre
des cinq concertos pour piano de Beethoven a été composé alors que
ce dernier avait moins de quatorze ans. La partie d’orchestre étant
depuis restée introuvable, c’est Ronald Brautigam qui l’a reconstruite
à partir d’une réduction pour piano et sa propre connaissance de
l’écriture classique. Le résultat est tout à fait convaincant.
L’on est heureux de découvrir une œuvre qui, sans ajouter beaucoup
à la gloire du compositeur, nous permet de comprendre qu’il ne s’est
pas créé d’un seul coup, mais a dû se dégager des lourdes influences
de Haydn et de Mozart, malgré certaines caractéristiques déjà reconnaissables.
Le Deuxième concerto opus 19, qui a en fait été composé en
premier après le WoO4, possède, sous les doigts de Brautigam et la
baguette de Parrott, une transparence toute particulière. Le piano
a été placé au centre de l’orchestre pour atteindre à l’intimité
idéale de la musique de chambre. Le Rondo en si bémol
WoO6, prévu d’abord comme dernier mouvement de l’opus 19, complète
intelligemment ce programme brillant et inattendu. AL
Franz Schubert: Symphony No 8 in C
major “The Great”
Bamberger Symphoniker/Jonathan Nott
Tudor 7144 (Hybrid SACD – 61 min 47
s)
HHHHII $$$$
Until the relatively recent but belated
arrival of the Zurich-based Tudor label, we had been denied a Schubert
symphony cycle in super audio. Now the omission has been handsomely
rectified. This disc (in the revised numerology in which the ‘Unfinished’
is designated No 7) caps a cycle of the highest merit and in state-of-the
art sound. The other symphonies have been coupled as 1, 3 and 7 (7141);
2 and 4 (7142); and 5 and 6 (7143). Recorded between 2004 and 2008,
these are performances to rival the effervescent finesse of the 1980s
cycle from Claudio Abbado and the Chamber Orchestra of Europe (DG).
In this account of the ‘Great’ C major, Jonathan Nott treads a lighter
and more flexible path than we may be accustomed to. This pays off in
the wider dynamic of the super audio sound stage. If you overlooked
RB’s enthusiastic reviews of Nott in Mahler and Janáãek (LSM
14.9, June), this is a rewarding introduction to an up-and-coming British
conductor and a highly responsive orchestra. WSH
Gustav Mahler: Symphony No 6
London Philharmonic Orchestra/Klaus Tennstedt
LPO-0038 (2CD: 83 min 53 s)
HHHHHI $$$
In 1991, Norman Lebrecht wrote of the phenomenal effect of Klaus Tennstedt
in concert: “He found his favourite audience in London, where luridly
coifed punks stood motionless in the bear pit of the Royal Albert Hall
through his 90-minute performance of Mahler’s Sixth.” About
the conductor’s return to the podium after surgery and treatment for
cancer, Lebrecht went on, “He returned to give an awesome Mahler
Sixth… that left many in tears.” And here is Tennstedt live
in this crucial work captured by BBC engineers at the peak of his powers.
It is an astonishing account and one that amply demonstrates the virtuosity
of the LPO of 1983 and its consummate devotion to the fragile and chronically
insecure conductor. This is a disc that no self-respecting Mahlerian
should be without. Note also that the LPO label also offers an equally
impressive 1985 performance of Mahler’s First (LPO-0012) coupled
with Lieder eines fahrenden Gesellen sung by Thomas Hampson.
WSH
Harry Somers : musique pour piano
Artistes variés
Centredisques CMCCD 14509 (2CD : 125 min
43 s)
HHHHHI $$$$
Cette nouvelle publication de la série
A Window on Somers nous fait découvrir l’intégrale des œuvres
pour piano solo d’Harry Somers, l’un des plus formidables compositeurs
canadiens du XXe siècle. À l’exception de Nothing Too Serious,
composé en 1997, soit peu de temps avant sa mort, les autres œuvres
ont été écrites entre 1942 et 1957. Nous avons donc affaire à un
jeune compositeur fraîchement formé qui possède déjà une forte
personnalité musicale (et à un excellent pianiste, si l’on se fie
au degré de difficulté technique de certaines pièces). Néanmoins,
certaines influences sont présentes : on décèle facilement un rapport
à la couleur et à la résonance qui rapproche de nombreuses pièces
des impressionnistes français, Debussy en tête, mais aussi un peu
de Messiaen. On retrouve certaines harmonies typiques d’un Scriabine
et d’un Schoenberg et même certains gestes propres à Chostakovitch.
Mais partout le souffle, la direction et un étonnant lyrisme se distinguent
et confèrent un caractère original à ce répertoire qui mérite d’être
entendu plus souvent. Cette anthologie regroupe des enregistrements
transférés pour la première fois sur CD et dans l’ensemble, la
qualité sonore est au rendez-vous. Un incontournable pour apprécier
à sa juste valeur l’œuvre de Somers. EC
Janitsch : Sonate da camera Vol. 1
– Notturna
Christopher Palameta, hautbois, hautbois
d’amour et dir.; Stephen Bard, hautbois; Mika Putterman, traverso;
Hélène Plouffe, violon et alto; Kathleen Kajioka, alto; Karen Kaderavek,
violoncelle; Erin Helyard, clavecin
Atma classique ACD2 2593
HHHHHI $$$
Si Johann Gottlieb Janitsch est un compositeur
inconnu, ce n’est pas faute de talent, mais bien parce que la plus
grande partie de son œuvre a disparu lors de la Seconde Guerre mondiale.
Heureusement, vingt-sept quatuors survivent, dont Atma entreprend ici
l’édition, audacieux projet discographique appelé à faire date.
Les œuvres révélées dans ce premier volume, pour la plupart inédites,
sont en effet du meilleur cru. Actif à la cour de Frédéric II de
Prusse, Janitsch développe un langage personnel raffiné où l’art
du contrepoint savant hérité de la tradition côtoie l’esprit galant
des frères Graun et le style fantasque de Carl Philip Emmanuel Bach.
Pour notre plus grand plaisir, chaque pièce est présentée dans une
instrumentation différente et souvent inusitée, voire rarissime, dont
la seule mention est déjà prometteuse (flûte traversière, hautbois
et hautbois d’amour, deux hautbois et un alto, hautbois d’amour
et deux altos et ainsi de suite). Les musiciens du jeune ensemble montréalais
Notturna, dont c’est ici le premier disque, maîtrisent parfaitement
leurs instruments et en exploitent tout le grain sonore en de savoureux
échanges colorés. Néanmoins, l’ajout d’une contrebasse ou d’un
basson serait peut-être souhaitable, afin d’insuffler plus de vigueur
au continuo, ici un peu en retrait. PG
L’Héritage Beethoven: Horn works
by Beethoven, Czerny, Ries, Moscheles
Louis-Philippe Marsolais, horn; David
Jalbert, piano
ATMA ACD2 2592
HHHHHI $$$
Louis-Philippe Marsolais produced a revelatory
live performance late in 2007 of Beethoven’s Horn Sonata Op. 17
at the Jeunesses Musicales house in Montreal. I dock a star off this
stunning ATMA release only because the young Canadian prizewinner has
switched the spectrally colourful natural horn he used on that occasion
for a modern valve horn. Not to worry: The playing is not only technically
impeccable (as one might expect on the easier instrument) but tonally
as forthright or lyrical as the musical occasion demands. David Jalbert
is an equal partner in a piano part Beethoven clearly wrote with his
own virtuoso abilities in mind. If the searching second subject of the
first movement is a little more elongated than is considered proper
in our neoclassical age, we can still appreciate how well the players
have captured the young-Prometheus spirit of this wonderful early score.
As the title
of the disc suggests, the other selections are by composers who knew
and followed Beethoven. Carl Czerny’s Andante e polacca is eminently
hummable and Ferdinand Ries demonstrates how much he had learned from
the master in his fresh-tuned and well-constructed Sonata Op. 34.
Two sets of variations by Ignaz Moscheles are more than merely entertaining.
Coherent at pianissimo or fortissimo and equal to any articulatory demand,
Marsolais has the measure of all this music. He sounds very much primed
to become an international horn virtuoso. We shall see. AK
Mozart/Brahms: Clarinet Quintets
Scharoun Ensemble Berlin (Karl-Heinz
Steffens, clarinet; Guy Braunstein, Christoph Streuli, violin; Ulrich
Knörzer, viola; Richard Duven, cello)
Tudor SACD 7137 (70 min 44 s)
HHHHII $$$$
Brahms’ Clarinet Quintet is
arguably the finest composition of the composer’s last years. Brahms
was inspired by the 35-year-old clarinetist of the Meiningen Court Orchestra
– Richard Mühlfeld – to write no fewer than four chamber music
works for the instrument in quick succession, but the Quintet
is almost in a class by itself. It has autumnal qualities one associates
with Brahms’ old age but it has plenty of energy too. Its most sublime
moments are probably in the slow movement with its inspired use of gypsy
elements. This new recording by members of the Berlin Philharmonic is
superb. Clarinetist Karl-Heinz Steffens follows a long line of illustrious
predecessors in the BPO including Karl Leister and Sabine Meyer, but
easily holds his own. His sound is incredibly pure from top to bottom
and his range of dynamics is extraordinary.
The performance
of the Mozart is just as good. In both pieces the string players are
at one with the soloist and the give and take is consistently engrossing.
The sound quality is perhaps a little clinical but the clarity is amazing. PER
Nareh Arghamanyan: Rachmaninov &
Liszt
Nareh Arghamanyan, piano
Analekta AN 2 8762 (51 min 49 s)
HHHHHI $$
Nineteen-year-old Armenian Nareh Arghamanyan
swept the major prizes at the Montreal International Music Competition
(piano edition) in May 2008 and with it a highly coveted chance to make
a recording on the Analekta label. This disc of Rachmaninoff and Liszt
sonatas is the result. It amply demonstrates all the fine qualities
with which Arghamanyan wowed the judges last year. She has chosen two
very difficult sonatas – the Rachmaninoff No. 2 and the Liszt
B minor. These pieces not only require technical virtuosity, but
also a musical maturity and a depth of understanding of the material
that is sometimes lacking in very young prizewinners. Arghamanyan meets
the daunting demands of these two ultra-Romantic pieces with a combination
of technical bravura, singing tone and poetic expression. Her ability
to shape a piece in an unhurried fashion is impressive, giving it room
to breathe, bringing out all the nuances yet never losing sight of the
overall architecture of the work. This applies to both sonatas, but
the Liszt is particularly memorable. The recorded sound is clear and
has good presence, although I would have liked a warmer sound from the
piano. This is a most auspicious debut album, and hopefully the first
of many more recordings to come from this artist. JKS
Schindler’s List: Williams &
Bloch
Alexandre da Costa, violon; Marc Pantillon,
piano; Orchestre Symphonique Bienne/Thomas Rösner
Atma Classique ACD2 2579 (51 min 16 s)
HHHHII $$$
Classical music purists sometimes turn
their noses up at film music, which is rather unjustified when it comes
to a masterpiece like John Willliams’ Schindler’s List Suite,
composed for Spielberg’s film. Few who have heard it played by the
great Itzhak Perlman would fail to be moved by the highly evocative
and emotional primary theme in the first movement. Here we have the
brilliant 30-year-old Canadian Alexandre da Costa, whose singing tone
captures the spirit of the piece beautifully, using just the right amount
of rubato but not so excessively as to turn into schmaltz. Thomas
Rösner and the Orchestre Symphonique Bienne provide appropriately lush
orchestral colours. Ernest Bloch’s Hebrew Suite,
with its distinctively Jewish folk themes, is a perfect companion piece.
The longest work on the disc is Bloch’s Concerto Grosso No. 1.
Composed at a time (1925) when “serious” composers exited the tonal
idiom en masse, Bloch’s highly romantic musical language was out of
fashion. The structure of this piece is more formal and neoclassical
than Romantic, with parts of the last movement Fugue sounding
almost as if it could be from the Baroque. Too bad Bloch didn’t live
to see his music back in style – 2009 marks the 50th anniversary of
his death. This is a highly enjoyable disc and a worthwhile purchase
for admirers of da Costa and Romantic violin music in general. JKS
Shostakovich
– Symphony No. 15; Hamlet Op. 32
Russian National Orchestra/Mikhail Pletnev
PentaTone SACD PTC 5186 331 (64 min 42
s)
HHHHII $$$$
Les albums les plus décevants ne sont
pas nécessairement les pires. On peut s’attendre à tout avec Pletnev,
mais les augures semblaient bons avec du Chostakovitch par l’Orchestre
national russe. Sans surprise, le résultat est excellent : grande précision
dans l’exécution, belles couleurs orchestrales magnifiquement captées
par les ingénieurs du son, grands moments de passion (les passages
fortissimo des deux adagios en particulier). Malgré tout, l’auditeur
reste sur sa faim, car la beauté de la présentation ne peut sauver
un plat à la limite du morne. Aucune ironie, aucun modernisme ne pointent
à la surface, et pourtant la Quinzième offre beaucoup de possibilités
en la matière. Difficile de trouver une version d’aussi bonne qualité
sonore… malheureusement. RB
Telemann: 3 Orchestral Suites
Carin van Heerden, recorder, oboe &
dir.; L’Orfeo Barockorchester
Cpo 777 218-2 (68 min 50 s)
HHHHHI $$$$
Dans l’immense production instrumentale
de Georg Philipp Telemann, il est aisé de choisir des œuvres non seulement
plaisantes à jouer et entendre, mais dont l’écriture mettra en valeur
la totalité du spectre musical d’un artiste et de son instrument.
Ces lumineuses suites (ou « ouvertures », selon la compréhension
baroque du terme) sont pleines d’une vie tourbillonnante et scintillante.
Elles exhalent un sentiment de bonheur et de ravissement. Elles débordent
de couleurs et excitent l’oreille par la richesse des reliefs et des
textures. L’Orfeo est un ensemble accompli, maître de son discours,
et les divers solistes sont irréprochables. Un délice du début à
la fin. FC
DVD
GF Handel: Tamerlano
Plácido Domingo (Bajazet), Monica Bacelli
(Tamerlano), Ingela Bohlin (Asteria), Sara Mingardo (Andronico), Jennifer
Holloway (Iren), Luigi De Donato (Leone); Orchestra of the Teatro Real
(Madrid Symphony Orchestra)/Paul McCreesh
Stage Director: Graham Vick
Video Director: Ferenc van Damme
Opus Arte OA 1006 D (3DVD: 241 min)
HHHHHI $$$$
Here is Plácido Domingo at the age of
70 giving the performance of a lifetime. The voice may no longer be
the immaculate instrument of the past but Domingo has lost nothing of
his ability to project a character on stage. This appearance, in Handel’s
most dramatic tenor role, amply confirms his standing as the commanding
singer-actor of the era. Tamerlano is a work of annihilating
gloom. Bajazet is the Ottoman sultan taken captive by the Oriental tyrant
Tamerlano. In the first scene, he is anguished and seeking death (which
will take him most of three acts to find). The plot is thickened by
a diabolical love quadrangle, the mutually destructive devotion of a
father and daughter and attempted regicide. Domingo’s performance
is remarkable, yet it is Monica Bacelli, in the title role, who really
steals the show. She delivers inspired singing (with an impressive lower
register so important in a ‘trousers’ role) in a strikingly kinetic
manner. This lady can move to awesome effect. The remainder of the cast
is excellent. The sets and costumes designed by Richard Hudson are gorgeous.
Paul McCreesh directs a fine account of the orchestral score (on modern
instruments), which supplements the momentum created by Graham Vick.
An informative interview with McCreesh is included as a special feature
on disc 1.
The general
entertainment value of baroque opera in general and Handel in particular
on DVD has escalated sharply in the past few years. Tamerlano
as produced by Jonathan Miller and conducted by Trevor Pinnock in 2001
(Arthaus DVD) looks static and seems a lot longer than four hours when
compared to this exciting Madrid production. The trend for the small
screen was set in 2005 with David McVicar’s Glyndebourne production
of Giulio Cesare (Opus Arte) and continued with a sophisticated
Zurich staging of Handel’s Orlando
(Arthaus) last year. William Christie conducted both and returned to
Zurich with Cecilia Bartoli for Semele, which is being released
by Decca. The key point to remember is that Handel illustrated everlasting
characters and timeless relationships with his music. The new wave of
baroque opera films has taken the works out of dusty archives for presentation
in your home theatre. WSH
Mozart: Clarinet Quintet in A major
K. 581/Beethoven: String Quartet No. 16 in F major Op. 135
Sabine Meyer, clarinet; Hagen Quartett
(Lukas Hagen, Rainer Schmidt, violin; Veronika Hagen, viola; Clemens
Hagen, violoncello)
Medici Arts 2072318 (72 min)
HHHHHI $$$$
The late Herbert von Karajan had a genius
for recognizing musical talent at an early age and nurturing it. Violinist
Anne-Sophie Mutter is a prominent example. Another was clarinetist Sabine
Meyer. After a series of grueling auditions she was chosen by Karajan
to be principal clarinetist of the Berlin Philharmonic in 1981. Unfortunately,
members of the orchestra did not agree and voted against the appointment.
This was the beginning of a row between conductor and orchestra that
Karajan eventually lost. Meyer was not given the position and she went
elsewhere to pursue her career. After more than a quarter century it
is clear that Meyer became one of the greatest clarinetists of her generation.
If you’re wondering if she’s more a soloist than an orchestral player,
ask Claudio Abbado. He chose her as a principal player for his Lucerne
Festival Orchestra, a hand-picked ensemble of virtuosos if ever there
was one.
On this DVD
Meyer and the Hagen Quartet give us a Mozart Clarinet Quintet
that is impeccably prepared yet joyous and elegant. It is a great performance.
Not far behind it is Beethoven’s Op. 135. The Hagens are known
for their attention to minute detail. But they can be dramatic and powerful
too as in the scherzo movement. This DVD has unobtrusive video and superb
sound. PER
Sergei Prokofiev : Guerre et Paix
Nathan Gunn (prince André Bolkonski),
Olga Guryakova (Natacha Rostova), Elena Obraztsova (Maria Akhrossimova),
Robert Brubaker (comte Pierre Bezoukhov), Anatoli Kotcherga (maréchal
Mikhail Koutouzov); Chœur et orchestre de l’Opéra national de Paris/Gary
Bertini
Metteur en scène : Francesca Zambello
Réalisateur DVD : François Roussillon
Arthaus Musik 107 029 (289 min)
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Bien des facteurs expliquent que Guerre
et Paix de Prokofiev, d’après le roman de Tolstoï, ne soit pas
souvent interprété : l’œuvre est colossale, avec pas moins de 62
rôles (en fait 72, cette production-ci ayant effectué quelques coupures),
un grand chœur, presque quatre heures de spectacle et des changements
de décors des plus saugrenus (champ de bataille, salle de bal, Moscou
en flammes). L’amateur lyrique a donc de quoi se réjouir avec ce
DVD qui capte la production mise en scène par Francesca Zambello pour
l’Opéra de Paris en 2000. Le spectacle est magnifique ! Costumes
soignés, décors ingénieux, déploiement de foule saisissant et distribution
vocale remarquable, avec en tête Nathan Gunn et Olga Guryakova, tous
deux d’une magnifique musicalité et d’une grande expressivité.
L’œuvre n’est cependant pas sans défaut. La première partie est
musicalement monotone, avec étonnamment peu d’épisodes lyriques
saisissants, et il y a ici et là des longueurs qui altèrent notre
intérêt. Les musiques de danse et les chœurs patriotiques sont finalement
les meilleurs éléments de cette œuvre à grand déploiement qui,
sans être un incontournable, mérite le détour. Le tout est complété
par un substantiel making-of traitant à la fois du spectacle
et des faits historiques relatés. EC
Livre
La vie musicale à Trois-Rivières,
1920-1960
Par Amélie Mainville
Québec : Éditions Septentrion, 2009
(132 p.)
ISBN : 9782894485736
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Quand on évoque aujourd’hui la vie
musicale trifluvienne, plusieurs images surgissent spontanément : l’Orchestre
symphonique de Trois-Rivières, les multiples manécanteries, des musiciens
de la région reconnus sur la scène nationale ou internationale. Pourtant,
avant 1960, la diffusion de la musique classique reposait essentiellement
sur les efforts de fervents amateurs qui, bénévolement, à travers
fanfares et chorales, œuvraient dans l’ombre. Dans cet ouvrage particulièrement
fouillé, mais néanmoins présenté dans un style accessible, enrichi
d’une iconographie parfois émouvante, Amélie Mainville retrace le
climat si particulier de ces quarante ans pendant lesquels Trois-Rivières
est passée de ville boudée par les grands artistes à lieu d’une
vitalité certaine. On découvre la petite histoire, souvent fascinante,
de la démocratisation de l’accès à la musique classique, qui implique
une éducation du public, et qui mènera à l’éclosion d’une nouvelle
dynamique, grâce à des pionniers tels J.-Antonio Thompson (qui met
sur pied une série de concerts commentés), Anaïs Allard-Rousseau
ou Gilles Lefebvre (fondateurs du mouvement des Jeunesses Musicales
du Canada). Une page méconnue de notre passé musical à s’approprier
d’emblée ! |