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La Scena Musicale - Vol. 14, No. 1 septembre 2008

Exposition d'estampes Chez Wilder & Davis

Par Hedwidge Asselin / 2 septembre 2008


Deux conservateurs passionnés de l'estampe, soient Wah Wing Chan, de l'atelier Circulaire, et Claude Arsenault, d'Artprim, ont organisé une exposition chez Wilder & Davis. On retrouve donc, distribuées sur les murs des deux étages de cet atelier d'instruments à corde, les ?uvres de trente-cinq artistes. Différentes techniques sont présentées, qui rendent compte de la recherche individuelle à la fois plastique et intellectuelle de l'artiste. Le plaisir de la découverte et de la différence grandit au fil de l’exposition et la magie de l'image opère, celle qui permet de percevoir une idée et de ressentir spontanément une émotion.

L'arrivée de l'informatique au cours des années 1980 et 1990 a permis de bénéficier d'outils performants pour travailler l'image. Les artistes ont pu disposer de logiciels de traitement de la photographie facilitant la transformation de l'image et sa manipulation pour des fins d'expression. Nous pourrions croire que l'informatique en arrivera à détrôner les méthodes traditionnelles d'impression. Or, certains artistes la rejettent de façon catégorique, d'autres indiquent que la résistance de l'image numérique au temps et à la lumière n'est pas encore démontrée. D'autres encore dénigrent la technologie numérique?: elle serait l'effet d'une mode. Todd Munro, Isabelle Clermont et Julianna Joos présentent des estampes numériques, mais certains accompagnent cette technique d'une autre, telle la lithographie chez Olga Inés Magnano ou la gravure sur aluminium chez Christian Le Poul.

Le choix de la technique est étroitement lié au processus de création. Le premier s'établit en fonction du second. L'interaction entre un écran d'ordinateur et un créateur est différente de celle qui existe en estampe lors de la manipulation des matrices. Ce contact avec la matière favorise des réalisations spécifiques liées aux textures, aux lignes plus ou moins accentuées; des univers particuliers sont ainsi créés. Ainsi, certaines artistes comme Nicole Milette, Rochelle Mayer ou Nadine Bariteau choisissent la lithographie pour la liberté du geste qu'elle procure.

D’autres optent pour l'eau-forte, technique qui utilise l'attaque du métal au poinçon et permet d'obtenir des effets particuliers, soit en creusant profondément pour l'obtention de gros traits ou en traçant des lignes fines et délicates. Celle-ci semble appréciée de plusieurs artistes de cette exposition qui l'emploient parfois seule (Roch Landry), avec Chine Collé (Susie Veroff, Maya Grubisic, Roberto Godoy) ou accompagnée d'autres techniques comme la sérigraphie (Emmanuelle Jacques, Andréanne Bouchard), le gaufrage (Nadine Bariteau) ou la pointe sèche (Lisa Driver).

La collagraphie est privilégiée par peu d'artistes, mais lorsqu'on s'y intéresse comme Ann McCall, Danielle Cadieux ou Judith Klugerman, il en ressort des pièces surprenantes, riches de textures, de couleurs.

Enfin, quelques beaux bois gravés, de Francine Beauvais, Nicole Doré Brunet et Claire Lemay, donnent un accent des plus intéressants à cette présentation de graveurs actuels laquelle répond à un besoin constant de diffusion pour cette technique un peu trop oubliée.


(c) La Scena Musicale 2002