Exposition d'estampes Chez Wilder & Davis Par Hedwidge Asselin
/ 2 septembre 2008
Deux conservateurs passionnés de
l'estampe, soient Wah Wing Chan, de l'atelier Circulaire, et Claude
Arsenault, d'Artprim, ont organisé une exposition chez Wilder &
Davis. On retrouve donc, distribuées sur les murs des deux étages
de cet atelier d'instruments à corde, les ?uvres de trente-cinq artistes.
Différentes techniques sont présentées, qui rendent compte de la
recherche individuelle à la fois plastique et intellectuelle de l'artiste.
Le plaisir de la découverte et de la différence grandit au fil de
l’exposition et la magie de l'image opère, celle qui permet de percevoir
une idée et de ressentir spontanément une émotion.
L'arrivée de l'informatique au cours
des années 1980 et 1990 a permis de bénéficier d'outils performants
pour travailler l'image. Les artistes ont pu disposer de logiciels de
traitement de la photographie facilitant la transformation de
l'image et sa manipulation pour des fins d'expression. Nous pourrions
croire que l'informatique en arrivera à détrôner les méthodes traditionnelles
d'impression. Or, certains artistes la rejettent de façon catégorique,
d'autres indiquent que la résistance de l'image numérique au temps
et à la lumière n'est pas encore démontrée. D'autres encore dénigrent
la technologie numérique?: elle serait l'effet d'une mode. Todd Munro,
Isabelle Clermont et Julianna Joos présentent des estampes numériques,
mais certains accompagnent cette technique d'une autre, telle la lithographie
chez Olga Inés Magnano ou la gravure sur aluminium chez Christian Le
Poul.
Le choix de la technique est étroitement
lié au processus de création. Le premier s'établit en fonction du
second. L'interaction entre un écran d'ordinateur et un créateur est
différente de celle qui existe en estampe lors de la manipulation des
matrices. Ce contact avec la matière favorise des réalisations spécifiques
liées aux textures, aux lignes plus ou moins accentuées; des univers
particuliers sont ainsi créés. Ainsi, certaines artistes comme Nicole
Milette, Rochelle Mayer ou Nadine Bariteau choisissent la lithographie
pour la liberté du geste qu'elle procure.
D’autres optent pour l'eau-forte,
technique qui utilise l'attaque du métal au poinçon et permet d'obtenir
des effets particuliers, soit en creusant profondément pour l'obtention
de gros traits ou en traçant des lignes fines et délicates. Celle-ci
semble appréciée de plusieurs artistes de cette exposition qui l'emploient
parfois seule (Roch Landry), avec Chine Collé (Susie Veroff, Maya Grubisic,
Roberto Godoy) ou accompagnée d'autres techniques comme la sérigraphie
(Emmanuelle Jacques, Andréanne Bouchard), le gaufrage (Nadine Bariteau)
ou la pointe sèche (Lisa Driver).
La collagraphie est privilégiée
par peu d'artistes, mais lorsqu'on s'y intéresse comme Ann McCall,
Danielle Cadieux ou Judith Klugerman, il en ressort des pièces surprenantes,
riches de textures, de couleurs.
Enfin, quelques beaux bois gravés,
de Francine Beauvais, Nicole Doré Brunet et Claire Lemay, donnent un
accent des plus intéressants à cette présentation de graveurs actuels
laquelle répond à un besoin constant de diffusion pour cette technique
un peu trop oubliée. |
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