Critiques/Reviews
June 4, 2008
Critiques
Reviews
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: Nous présentons ici tous les bons disques qui nous sont envoyés.
Comme nous ne recevons pas toutes les nouvelles parutions discographiques,
l’absence de critique ne constitue pas un jugement négatif. Vous
trouverez des critiques additionnelles sur notre site Web www.scena.org.
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in the print version of LSM, it does not necessarily imply that it is
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HHHHHH indispensable
/ a must!
HHHHHI excellent
/ excellent
HHHHII très bon
/ very good
HHHIII bon / good
HHIIII passable
/ so-so
HIIIII mauvais / mediocre
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10 $
$$ 10–15
$
$$$ 15–20
$
$$$$ >
20 $
Critiques
/ Reviewers
AL Alexandre
Lazaridès
FB Francine
Bélanger
JKS Joseph
K. So
LPB Louis-Pierre
Bergeron
PD Pierre
Demers
PMB Pierre
Marc Bellemare
PG Philippe
Gervais
RB René
Bricault
SH Stephen
Habington
Un disque : deux points
de vue
Marc-André Hamelin :
In a State of Jazz
Hyperion CDA 67656
Ce disque s’aborde
avec intérêt et curiosité. D’emblée, la technique irréprochable,
la qualité du son et l’extrême vivacité du jeu de Marc-André Hamelin
séduit et engage l’écoute de l’auditeur. Cet enregistrement de
plus de 65 minutes est, comme son titre le laisse entendre, une œuvre
teintée d’harmonies de jazz. Dans ses notes de présentation, d’ailleurs
très informatives, le pianiste suggère d’en faire une écoute ininterrompue,
laquelle peut s’avérer fort constructive. Hamelin précise du reste
qu’il ne faut pas voir cette musique comme du jazz, du moins au sens
habituel du terme, car tout est écrit, à l’exception d’une seule
petite cadence. Le pianiste a plutôt voulu rendre hommage à quatre
compositeurs du dernier siècle qui ont réussi à « fusionner » la
musique de concert et l’univers du jazz. Qui plus est, trois d’entre
eux sont des pianistes reconnus, lesquels ont sûrement pressenti un
désir des habitués de concerts d’entendre quelque chose de différent.
La sonate d’Alexis Weissenberg, In a State of Jazz (d’où
le titre du disque) me semble de prime abord d’une complexité redoutable,
mais se révèle tout aussi captivante que fascinante après quelques
écoutes. Pour sa part, la Sonate aux couleurs de jazz du Russe
Nikolai Kapustin surprend : exubérante par moments, cette œuvre
brillante est décrite par Hamelin comme merveilleusement bien adaptée
à la main. Puis il y a les Exercices de l’Autrichien Friedrich
Gulda (les nos 1, 2, 4 et 5) qui parsèment le disque de notes de gaieté
et d’agrément, servis comme entremets entre des plats plus copieux.
Ce retour un brin nostalgique au siècle passé saura plaire à de nombreux
mélomanes, les amoureux du piano et admirateurs d’Hamelin en tête
de liste. Notons enfin que ce disque vient de mériter un Diapason d’or
dans la récente livraison de ce prestigieux magazine français. HHHHII
Julie
Roy (Pianiste et corniste de formation)
Le soi-disant phénomène
du crossover, on le connaît bien : quand les musiciens dits
« sérieux » abordent les terrains plus « populaires » (le jazz
compris), le scepticisme se fait sentir dans un camp comme dans l’autre.
En voulant rendre hommage à des compositeurs qui affichent une certaine
affection pour la note bleue, et pianistes pour la plupart, Marc-André
Hamelin a habilement contourné le piège tendu par cette étiquette
aux connotations suspectes. Les intentions du musicien sont tout à
fait intègres, comme ses qualités d’exécutant, et il demeure fidèle
à sa vocation première, celle de s’attaquer à des répertoires
méconnus. Quant aux œuvres choisies, elles trahissent pourtant quelques-uns
des problèmes intrinsèques à cette fusion des genres. La Sonate
de Kapustin, par exemple, passe pour un ramassis de styles de piano
jazz, mais empreints d’une virtuosité romantique; les Exercices
de Gulda (qui fut l’un des rares classicistes à pouvoir swinguer
décemment) sont de jolis bonbons, sans plus; la Jazz Sonata
de Georges Antheil en fin de disque est une vignette de 90 secondes
composée en 1922 quand le jazz était encore à ses premiers balbutiements;
les Six arrangements de chansons chantées par Charles Trenet
(de Weissenberg, mais transcrits par Hamelin à partir d’enregistrements)
parcourent un éventail de styles jazzistiques plus modernes. Pourtant,
c’est la pièce-titre de Weissenberg qui, effectivement, est la plus
réussie, puisque le compositeur sublime les colorations jazzistiques
dans sa partition, suscitant alors un état qui dépasse le pastiche.
En terminant, une suggestion pour M.-A. H. : comme il existe de nos
jours des transcriptions de solos de Bud Powell, de Thelonious Monk
et d’Art Tatum, le plus redoutable de tous, pourquoi ne pas essayer
votre main là-dessus un de ces jours ?... HHHHII
Marc
Chénard (Clarinettiste jazz et chef
de rédaction de la section du même nom.)
MUSIQUE VOCALE
Mozart
: Lieder et Klavierstücke
Werner Güra, ténor, Christoph Berner,
pianoforte Streicher
harmonia mundi 901979 (63 min 39 s)
HHHHHI
$$$
La trentaine de lieder
composés par Mozart reste un jardin secret et finalement assez peu
fréquenté, à l’ombre de ses propres opéras et airs de concert,
et du massif romantique des lieder de Schubert et de Schumann. Aussi
faut-il saluer le nouvel enregistrement où Werner Güra nous livre
une interprétation d’une passion contagieuse de quatorze de ces lieder,
entre autres les admirables Das Veilchen (sur un texte de Gœthe),
Sehnsucht nach dem Frühlinge et Abendempfindung an Laura.
On aurait tout de même souhaité parfois un peu plus de creusement
du texte, comme le faisait si bien Elisabeth Schwarzkopf en compagnie
de Gieseking. Ici, Christoph Berner sert les intentions du chanteur
sans trop s’avancer. Le « divertissement » de quatre compositions
pour clavier (entre autres la Fantaisie en ré mineur et les
Variations sur l’air « Mio caro Adone » de Salieri) est une
fausse bonne idée. Elle rompt l’atmosphère propre au lied, ce qui
est d’autant plus regrettable que l’approche du pianofortiste, tout
en étant satisfaisante, manque de cachet. On peut préférer Ronald
Brautigam (chez Bis), plus personnel, dans ce répertoire. AL
Schmidt
: Das Buch mit sieben Siegeln
Johannes Chum, ténor, Robert Holl, basse-baryton,
Sandra Trattnigg, soprano, Michelle Breedt,
mezzo; Nikolai Schukoff, ténor, Manfred Hem, basse, Robert Kovács,
orgue; Wiener Singverein; Tonkünstler-Orchester Niederösterreich /
Kristjan Järvi
Chandos 50612 SACD (2 CD : 112 min 59
s)
HHHIII
$$$$
L’oratorio Le Livre
aux sept sceaux, tiré par le compositeur du livre de l’Apocalypse,
est sans doute la seule œuvre de Franz Schmidt encore au répertoire.
Malgré ses qualités réelles (rappelons que Schmidt a connu Brahms,
Bruckner et Mahler), elle n’a pas réussi à s’imposer vraiment
à l’attention des mélomanes. Il est à craindre que le nouvel enregistrement
en public qu’en donne Chandos ne fera pas avancer les choses. Le plateau
vocal et choral est à l’évidence dépassé par les difficultés
de la partition. L’Évangéliste Jean est chanté par un Johannes
Chum à la limite de ses moyens (sa première entrée est particulièrement
ratée); Robert Holl, la Voix de Dieu, manque de grandeur; enfin, la
confusion qui règne dans les parties chorales n’est pas seulement
une affaire d’acoustique peu flatteuse. Quant au jeune chef estonien,
à la tête d’un Orchestre d’État de la Basse-Autriche essoufflé,
il ne parvient pas à débrouiller l’entremêlement contrapuntique
de l’écriture surchargée de Schmidt, dont l’orchestration, souvent
d’une grande originalité, passe ainsi inaperçue. Il suffirait de
comparer cette version avec celle qu’en a donnée Nikolaus Harnoncourt
à la tête du Philharmonique de Vienne (Teldec, 2000), d’un souffle
spirituel autrement convaincant, pour remettre les pendules à l’heure.
AL
MUSIQUE INSTRUMENTALE
Schoenberg et Sibelius : Concertos
pour violon
Hilary Hahn, violon; Orchestre symphonique
de la radio suédoise/Esa-Pekka Salonen
Deutsche Grammophon 4777346 (63 min 7
s)
HHHHII
$$
C’est en 1997 que j’ai
entendu le violon de Hilary Hahn pour la première fois. Cette jeune
fille qui n’avait alors que 17 ans jouait Bach avec la fougue de sa
jeunesse et le brio d’une musicienne accomplie. Depuis, cette jeune
artiste s’est produite sur toutes les scènes du monde et possède
à son actif une discographie impressionnante. Aujourd’hui, à vingt-huit
ans, elle nous offre son interprétation de deux compositeurs qu’elle
fréquente depuis longtemps et à qui elle a voulu rendre hommage. Il
n’est pas facile de jouer Schoenberg, et seuls les grands interprètes
s’y attaquent. Mais notre jeune violoniste n’a pas eu peur des difficultés
et elle les surmonte comme une grande virtuose, rendant bien par la
force de son jeu tout le côté dramatique et la profondeur lyrique
de cette œuvre. Quant au concerto de Sibelius, c’est un pur bonheur
d’écoute. Hilary Hahn, qui tout d’abord n’était pas particulièrement
attirée par cette œuvre, y est revenue et a su en comprendre l’intensité
musicale et nous le faire apprécier par le vibrato de son archet. Bref,
cette toute jeune virtuose a su redonner à ces œuvres d’une grande
force virile sa vision personnelle, mais sans les trahir. Accompagnée
par le prestigieux orchestre de la radio suédoise, Hilary Hahn nous
offre ici un enregistrement d’une qualité exceptionnelle. FB
Wilhelm Furtwängler Conducts Bruckner
: Symphonies 4-9
Music and Arts CD-1209 (5 CD: 372 min
55 s)
HHHHHH
$$$
The six symphonies presented
here by the Berlin and the Vienna Philharmonic lead by their conductor
of the time, the legendary Wilhelm Furtwängler, were captured in Stuttgart,
Berlin, Vienna and Cairo from 1942- 1951. Most were performed in wartime
and we sense the experience that only a live recording can convey, a
time-capsule preserving the encounter between the highly trained forces
of the orchestra and the people sitting in the hall on an evening out
for divertissement from the harsh realities of life. The sound quality
(the recordings used the then new tape technology) is eerily accurate,
and a “harmonic balancing” technique has been applied to the excellent
monaural recordings which capture the nuances of the strings and woodwinds
and all the glory of the brass and percussion.
The breadth and
depth of feeling and the enormous energy that Furtwängler marshaled
from the musicians and the massive sound that results are impressive.
Of course we’re talking about Bruckner, so grand blocks of sound come
with the territory, but here the musicians play with exceptional intensity,
clarity and purpose. Adolph Hitler’s favourite conductor, who was
also nearly everyone’s favorite conductor (even Toscanini recognized
Furtwängler as an equal) rises to the challenge of making Bruckner
(with his naïve sense of form) the meaningful musical experience that
it can be. Furtwangler is competing for the audiophile’s attention
with the likes of Jochum, Karajan, Solti, Barenboim, Walter and Bohm,
but the conviction and accuracy the maestro gets from the respective
orchestras is likely unsurpassable. During WWII, Furtwangler worked,
much to his disgust, under the Nazi regime, something he was vilified
for later, but one must cite his words, “No one who did not live here
himself in those days can possibly judge what it was like,” which
Furtwangler said at his post-war “denazification” trial. He also
said that “the concern that my art was misused for propaganda had
to yield to the greater concern that German music be preserved, that
music be given to the German people by its own musicians.” The fact
of the wartime setting adds significance to the massive forces of sound,
especially in Bruckner’s forceful scherzos (especially the sinister
one from the 9th symphony). The combination of brilliant, piercing brass
flare-ups announcing masses of sound with military connotations along
with peaceful, deeply spiritual adagios, is hard to resist. Furtwangler
apparently treated the orchestra’s time-feel like that of a chamber
orchestra, letting the musicians determine the beat, while he focused
on the interpretation of the deeper levels of the stories the symphonies
have to tell.
In spite of Bruckner’s
simple themes and sometimes awkward juxtaposition of episodes (especially
in the 4th and 5th) and notwithstanding the sometimes melodramatic contrasts
of dynamics and moods, the point of Bruckner’s symphonies and why
they’re worth performing is clearly borne our to the listener in this
five-CD box set. These massive tableaux are an expression of currents
rooted in 19th century European society and which perdured through the
nazi regime and echo into out own time: a troublesome but fascinating
mix of martial spirit, spiritual thirst and a drive for peace. PS
Geminiani: Sonates pour violoncelle,
opus 5
Bruno Cocset; Les Basses Réunies
Alpha 123 (66 min 34 s)
HHHHHI
$$$$
Des six sonates pour
violoncelle et basse continue de Geminiani, il existe déjà de nombreuses
versions discographiques, dont celles d’Anthony Pleeth (l’Oiseau-Lyre)
et de Gaetano Nasillo (Symphonia), mais le présent enregistrement possède
quelques atouts qui lui permettent de se démarquer. D’emblée,
on se réjouit de l’emploi d’un continuo riche et varié, certaines
sonates étant accompagnées du théorbe de Luca Pianca (merveilleusement
chantant), tandis que d’autres bénéficient du soutien d’un clavecin
italien, d’un second violoncelle et d’une contrebasse. Le
disque s’enrichit aussi d’œuvres moins connues de Geminiani, dont
une pièce de clavecin, tendre et rêveuse, et une sonate pour violon
exécutée à l’octave inférieur sur un ténor de violon, instrument
rarement entendu en solo. Tout du long, le jeu incisif et articulé
de Bruno Cocset rend l’écoute captivante : servi par une excellente
prise de son, le violoncelliste retrouve l’esprit du disque éblouissant
qu’il avait consacré chez le même éditeur au méconnu Jean Barrière.
PG
MUSIQUE CONTEMPORAINE
Schnittke
: Concerto for piano, Variations on one chord, Improvisation & fugue
Victoria Lyubitskaya, piano; Russian
State Academy Orchestra/Mark Gorenstein
Fuga Libera 532 (44 min 11 s)
HHHHII
$$$
Le Concerto pour piano
et cordes op. 136 est sans doute la contribution artistique la plus
sous-estimée de Schnittke. Les rapports inouïs entre consonance et
dissonance extrêmes, entre autres facteurs, en font l’une des œuvres
les plus intensément dramatiques de tout le répertoire concertant.
Il contraste d’ailleurs fort agréablement avec les deux autres pièces
pour piano solo du disque, axées sur des contraintes techniques arides
mais surmontées avec imagination. Mais quel dommage et quelle mauvaise
surprise de constater que l’album s’arrête là, après moins de
trois quarts d’heure seulement ! D’autant plus que la présente
version du Concerto est la première à détrôner celle de Pöntinen
et le New Stockholm Chamber Orchestra (BIS377) : cordes opulentes, piano
déchaîné, parfaite symbiose avec (et malgré) les méandres arachnéens
de la forme, prise de son superbe… on en redemande ! RB
Tan Dun, Takemitsu, Hayashi
Wu Man, pipa; Moscow Soloists/Yuri Bashmet
Onyx 4027
HHHHII
$$$$
(77 min 57 s)
There are few pleasures
greater than being swept away by music you didn’t expect to like.
Tan Dun, a Chinese émigré, drifted from his early concert moorings
to commercial Hollywood tracks, while the Messiaen-like whimsy of the
late Toru Takemitsu never kept me awake for long. Here, though, both
fire on fresh cylinders. Tan’s concerto for pipa and string orchestra
is a fusion of plangent east and minimalist west with episodes that
veer from marshmallow emotion to culture-clash bemusement. At one point,
mid-section, the whole ensemble stops and retunes to the pipa’s earthy
pitch. Listen, too, for the Tibetan bells. Takemitsu opens with a morose
elegy for the Russian director Andrei Tarkovsky, followed by captivating
settings of three arthouse movie scores. Yuri Bashmet leads the band
with the fastidious curiosity of a Michelin musical gourmet; Wu Man
plays a mean pipa. The filler on disc is a viola concerto from the Japanese
film composer Hikaru Hayashi, outclassed in this company. NL
DVD
Die Winterreise; Lieder Recital; Masterclass,
Parts 1 and 2
Charles Spencer, piano
Arthaus Musik 102089 (2 DVD: 227 min)
HHHHHH
$$$$
The release of this marvelous
two-DVD set, celebrating the art of Christa Ludwig, coincided with her
birthday – thus the title “The Birthday Collection”. Yet Arthaus
Musik, the paragon of discretion that it is, doesn’t tell us how old
Kammersänger Frau Ludwig is! Well, she turned 80 on March 16 of this
year. Now fourteen years into her retirement, I dare say nobody
has stepped up to fill her shoes, pace Kozena, Koch, Graham,
Kirchschlager and Garanca, all terrific mezzos in their own way. None
of these ladies approaches the artistic range of Ludwig, who is an unforgettable
Dorabella, Cherubino, Octavian, Waltraute, Venus, Kundry, Charlotte,
Fricka, Klytämnestra and Madame de Croissy. Her forays into soprano
territory – Leonore, Marschallin, Färberin, Elvira – are also memorable.
A great recitalist, a Ludwig liederabend is a special evening
in the theatre.
From 1994 come
the two “farewell” recitals, Winterreise and a Liederabend
of songs by Schubert, Wolf, Mahler, Strauss and Bernstein. If
one thinks a 66-year-old lady will sound old, one needn’t worry. She
sounds great, with a surfeit of artistry and accumulated wisdom. To
do justice to Winterreise, an artist must have already amassed
a lifetime of experience. Her delivery is honest, direct, with no artifice,
but with an emotional depth that touches the heart. She is perfectly
matched by the sensitive and supportive playing of Charles Spencer,
with whom Ludwig worked the last dozen years of her career. They collaborated
for the first time in a Turin Winterreise
in 1982, so it was fitting that they join forces in her farewell tour.
From the first chords of the first song, Gute Nacht, he sets
the mood perfectly for her storytelling. Some of the songs have been
transposed for her, but if truth be told, no vocal compromises
are necessary – the voice sounds fresh and youthful. This is a performance
to honour and enjoy.
The two discs are
packaged separately inside a paper sleeve. In the accompanying booklet
is an interesting interview of Ludwig, where she offers her thoughts
on women singing Winterreise and teaching masterclasses in front
of an audience. In the masterclasses (one on song literature and one
on opera arias), Ludwig wisely stays away from technique, focusing entirely
on interpretation. The rapport she establishes with the students, her
ability to put them at ease, her cogent comments and the near-miraculous
ability to lift a student to an altogether higher plane, should serve
as a model for every diva/divo contemplating giving classes. Just a
few pointers here and there, and voilà, one hears an immediate improvement!
For anyone who is an admirer of Christa Ludwig, this is a completely
indispensable document, and a perfect companion to her autobiography,
In My Own Voice (Limelight Edition 1999). JKS
Verdi
: Luisa Miller
Darina Takova (Luisa), Giuseppe Sabbatini
(Rodolfo), Alexander Vinogradov (Il conte di Walter), Damiano Salerno
(Miller), Ursula Ferri (Federica), Arutjun Kotchinian (Wurm),
Orchestre et chœur du Teatro la Fenice
/
Maurizio Benini
Mise en scène : Arnaud Bernard
Naxos 2.11022526 (2 DVD : 157 min 40
s)
HHHHII
$$$$
L’opéra Luisa Miller
(1849) mérite d’être davantage connu – et même reconnu ! Dommage
qu’il n’ait pas droit aux audiences des trois drames lyriques subséquents
de Verdi – si on omet le mineur Stiffelio –, soit Rigoletto
(1851), Il trovatore (1853) et La Traviata (1853).
Luisa Miller partage pourtant avec ces chefs-d’œuvre une densité
dramatique soutenue et une partition aux développements foisonnants.
Une écoute attentive permet de découvrir, au delà des fleurons notoires
que sont l’ouverture et l’aria Quando le sere al placido,
plusieurs petits bijoux… Tel qu’indiqué au dos du boîtier, le
metteur en scène s’est inspiré du film 1900 de Bertolucci.
Le décor est minimaliste. Prennent place, à tour de rôle, perdus
dans l’immensité d’un fond noir, quelques chaises, un divan, une
table, une table de billard, des torches; et, seule constante au fil
des actes, trône au centre de la scène une structure verticale tantôt
droite, tantôt oblique, parfois simple, parfois double, qui sert de
mur, d’écran où apparaissent des photos géantes de femme. L’obscurité
ambiante accentue la tension mélodramatique de l’œuvre et, quand
elle se change en lumière, ce sont les personnages qui, par contraste,
s’assombrissent, écrasés par leur destinée – d’ailleurs, les
chanteurs sont souvent à genoux ou couchés, dans une gestuelle vériste,
chanteurs qui accomplissent ici un boulot remarquable tant par leur
jeu que par leur voix. PD
Marc-André Hamelin: No Limits
Documentary and Recital of Haydn, Chopin,
Debussy, and Gershwin
EuroArts 2055788 (190 min)
HHHHHI
$$$$
This documentary/recital
is part of the series, Legato: the World of the Piano, created
by prolific German filmmaker Jan Schmidt-Garre. My two previous encounters
with his work were Bel Canto: tenors of the 78 Era (1997), and
Opera Fanatic (1999). However enjoyable those were, this new documentary
on Canadian pianist Marc-André Hamelin is head and shoulders above
the earlier efforts. I can heartily recommend this new documentary,
whether you are a serious lover of the piano or a casual listener.
First of all, Hamelin’s
reputation as the super-virtuoso of our generation is unassailable
– few alive or dead could match his stupendous technique. But much
more than a technician, as his detractors claim, there is a real soul
to Hamelin’s music making, as revealed in the 70-minute interview.
Footage from this full-length interview is re-edited for the 30-minute
portrait found on this DVD, but the interview is so fascinating that
it should be watched in its entirety. The recital on the disc is a departure
from the “finger-breakers” of Alkan, Goldowsky, Medtner, or Sorabji
that regularly appear on his programs. Here we have a completely “traditional”
program of Haydn, Chopin, and Debussy. As encores, Hamelin plays one
of his compositions, Etude No. 7 (after Tchaiskovsky), and two little
Gershwin pieces. Those who have seen an earlier documentary on Hyperion,
or a Japanese documentary on Youtube will appreciate his intellectual
prowess. Hamelin is an ideal interview subject – one is hard-pressed
to find a more articulate spokesperson for the art form. Kudos to Schmidt-Garre
for asking all the right questions, probing ones requiring complex answers.
Hamelin’s answers are always honest and direct, free of divo posturing,
exaggerated histrionics or artifice.
The concert on
the DVD was taped last June at the Ruhr Piano Festival in Essen, Germany,
in front of a well-behaved and knowledgeable audience. There is much
outstanding playing, particularly the Chopin Sonata No. 3 in B minor,
Op. 58, and the Debussy Preludes, Book 2. Also on the DVD is a “bonus”,
the amusing 45-second “Ring-Tone Waltz” composed by Hamelin himself.
Picture and sound quality are exemplary. This DVD, together with the
2005 Hyperion documentary It’s All About the Music, say it
all about Hamelin the artist. They are documentaries that I will return
to again and again. JKS
LIVRES
Benjamin Britten, de Michael Oliver
Phaidon Press, Londres,
1996, 240 p.
La maison anglaise Phaidon
Press rééditait récemment une série de livres fort instructifs sur
la vie des grands compositeurs du XXe siècle. D’un format pratique,
ces biographies offrent une lecture agréable, agrémentée d’une
multitude de photographies et de documents d’époque. On y trouve
également en annexe un catalogue exhaustif du compositeur, en plus
d’une discographie sélective fort utile.
Benjamin Britten,
plus grand compositeur anglais depuis Purcell, mérite amplement sa
place dans cette série. Son style, hautement original et personnel,
a su rallier lyrisme et modernisme. Britten a réinventé l’opéra
(Peter Grimes, Billy Budd, The Turn of the Screw, etc.) et la mélodie
anglaise (Les Illuminations, Serenade, etc.), travaillant étroitement
avec le ténor Peter Pears. Il a aussi écrit abondamment de musique
scénique et télévisuelle.
L’auteur Michael
Oliver s’attarde aux épisodes cruciaux de son existence, de son enfance
de jeune compositeur prodige, à sa collaboration et sa relation amoureuse
avec Peter Pears, en passant par sa vie aux États-Unis en tant qu’objecteur
de conscience pendant la IIe Guerre mondiale. Il relate la carrière
de pianiste et de chef d’orchestre de Britten et son rapport paradoxal
avec l’establishment britannique. L’auteur nous offre aussi
une analyse musicale de certaines de ses œuvres clés. Bref,
un livre substantiel, idéal pour se familiariser avec l’univers hautement
personnel de ce compositeur capital. Le titre n’est malheureusement
offert qu’en anglais.
LPB |
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