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La Scena Musicale - Vol. 13, No. 9

Critiques/Reviews

June 4, 2008


Critiques

Reviews

Politique de critique : Nous présentons ici tous les bons disques qui nous sont envoyés. Comme nous ne recevons pas toutes les nouvelles parutions discographiques, l’absence de critique ne constitue pas un jugement négatif. Vous trouverez des critiques additionnelles sur notre site Web www.scena.org.

Review Policy: While we review all the best CDs we get, we don’t always receive every new release available. Therefore, if a new recording is not covered in the print version of LSM, it does not necessarily imply that it is inferior. Many more CD reviews can be viewed on our Web site at www.scena.org.

HHHHHH indispensable / a must!

HHHHHI excellent / excellent

HHHHII très bon / very good

HHHIII bon / good

HHIIII passable / so-so

HIIIII mauvais / mediocre

$ < 10 $

$$ 10–15 $

$$$ 15–20 $

$$$$ > 20 $

Critiques / Reviewers

AL Alexandre Lazaridès

FB Francine Bélanger

JKS Joseph K. So

LPB Louis-Pierre Bergeron

PD Pierre Demers

PMB Pierre Marc Bellemare

PG Philippe Gervais

RB René Bricault

SH Stephen Habington

Un disque : deux points de vue

Marc-André Hamelin : In a State of Jazz

Hyperion CDA 67656

Ce disque s’aborde avec intérêt et curiosité. D’emblée, la technique irréprochable, la qualité du son et l’extrême vivacité du jeu de Marc-André Hamelin séduit et engage l’écoute de l’auditeur. Cet enregistrement de plus de 65 minutes est, comme son titre le laisse entendre, une œuvre teintée d’harmonies de jazz. Dans ses notes de présentation, d’ailleurs très informatives, le pianiste suggère d’en faire une écoute ininterrompue, laquelle peut s’avérer fort constructive. Hamelin précise du reste qu’il ne faut pas voir cette musique comme du jazz, du moins au sens habituel du terme, car tout est écrit, à l’exception d’une seule petite cadence. Le pianiste a plutôt voulu rendre hommage à quatre compositeurs du dernier siècle qui ont réussi à « fusionner » la musique de concert et l’univers du jazz. Qui plus est, trois d’entre eux sont des pianistes reconnus, lesquels ont sûrement pressenti un désir des habitués de concerts d’entendre quelque chose de différent. La sonate d’Alexis Weissenberg, In a State of Jazz (d’où le titre du disque) me semble de prime abord d’une complexité redoutable, mais se révèle tout aussi captivante que fascinante après quelques écoutes. Pour sa part, la Sonate aux couleurs de jazz du Russe Nikolai Kapustin surprend : exubérante par moments, cette œuvre brillante est décrite par Hamelin comme merveilleusement bien adaptée à la main. Puis il y a les Exercices de l’Autrichien Friedrich Gulda (les nos 1, 2, 4 et 5) qui parsèment le disque de notes de gaieté et d’agrément, servis comme entremets entre des plats plus copieux. Ce retour un brin nostalgique au siècle passé saura plaire à de nombreux mélomanes, les amoureux du piano et admirateurs d’Hamelin en tête de liste. Notons enfin que ce disque vient de mériter un Diapason d’or dans la récente livraison de ce prestigieux magazine français. HHHHII

Julie Roy (Pianiste et corniste de formation)

Le soi-disant phénomène du crossover, on le connaît bien : quand les musiciens dits « sérieux » abordent les terrains plus « populaires » (le jazz compris), le scepticisme se fait sentir dans un camp comme dans l’autre. En voulant rendre hommage à des compositeurs qui affichent une certaine affection pour la note bleue, et pianistes pour la plupart, Marc-André Hamelin a habilement contourné le piège tendu par cette étiquette aux connotations suspectes. Les intentions du musicien sont tout à fait intègres, comme ses qualités d’exécutant, et il demeure fidèle à sa vocation première, celle de s’attaquer à des répertoires méconnus. Quant aux œuvres choisies, elles trahissent pourtant quelques-uns des problèmes intrinsèques à cette fusion des genres. La Sonate de Kapustin, par exemple, passe pour un ramassis de styles de piano jazz, mais empreints d’une virtuosité romantique; les Exercices de Gulda (qui fut l’un des rares classicistes à pouvoir swinguer décemment) sont de jolis bonbons, sans plus; la Jazz Sonata de Georges Antheil en fin de disque est une vignette de 90 secondes composée en 1922 quand le jazz était encore à ses premiers balbutiements; les Six arrangements de chansons chantées par Charles Trenet (de Weissenberg, mais transcrits par Hamelin à partir d’enregistrements) parcourent un éventail de styles jazzistiques plus modernes. Pourtant, c’est la pièce-titre de Weissenberg qui, effectivement, est la plus réussie, puisque le compositeur sublime les colorations jazzistiques dans sa partition, suscitant alors un état qui dépasse le pastiche. En terminant, une suggestion pour M.-A. H. : comme il existe de nos jours des transcriptions de solos de Bud Powell, de Thelonious Monk et d’Art Tatum, le plus redoutable de tous, pourquoi ne pas essayer votre main là-dessus un de ces jours ?... HHHHII

Marc Chénard (Clarinettiste jazz et chef
de rédaction de la section du même nom.)



MUSIQUE VOCALE

Mozart : Lieder et Klavierstücke

Werner Güra, ténor, Christoph Berner,
pianoforte Streicher

harmonia mundi 901979 (63 min 39 s)

HHHHHI $$$

La trentaine de lieder composés par Mozart reste un jardin secret et finalement assez peu fréquenté, à l’ombre de ses propres opéras et airs de concert, et du massif romantique des lieder de Schubert et de Schumann. Aussi faut-il saluer le nouvel enregistrement où Werner Güra nous livre une interprétation d’une passion contagieuse de quatorze de ces lieder, entre autres les admirables Das Veilchen (sur un texte de Gœthe), Sehnsucht nach dem Frühlinge et Abendempfindung an Laura. On aurait tout de même souhaité parfois un peu plus de creusement du texte, comme le faisait si bien Elisabeth Schwarzkopf en compagnie de Gieseking. Ici, Christoph Berner sert les intentions du chanteur sans trop s’avancer. Le « divertissement » de quatre compositions pour clavier (entre autres la Fantaisie en ré mineur et les Variations sur l’air « Mio caro Adone » de Salieri) est une fausse bonne idée. Elle rompt l’atmosphère propre au lied, ce qui est d’autant plus regrettable que l’approche du pianofortiste, tout en étant satisfaisante, manque de cachet. On peut préférer Ronald Brautigam (chez Bis), plus personnel, dans ce répertoire. AL

Schmidt : Das Buch mit sieben Siegeln

Johannes Chum, ténor, Robert Holl, basse-baryton, Sandra Trattnigg, soprano, Michelle Breedt,
mezzo; Nikolai Schukoff, ténor, Manfred Hem, basse, Robert Kovács, orgue; Wiener Singverein; Tonkünstler-Orchester Niederösterreich /
Kristjan Järvi

Chandos 50612 SACD (2 CD : 112 min 59 s)

HHHIII $$$$

L’oratorio Le Livre aux sept sceaux, tiré par le compositeur du livre de l’Apocalypse, est sans doute la seule œuvre de Franz Schmidt encore au répertoire. Malgré ses qualités réelles (rappelons que Schmidt a connu Brahms, Bruckner et Mahler), elle n’a pas réussi à s’imposer vraiment à l’attention des mélomanes. Il est à craindre que le nouvel enregistrement en public qu’en donne Chandos ne fera pas avancer les choses. Le plateau vocal et choral est à l’évidence dépassé par les difficultés de la partition. L’Évangéliste Jean est chanté par un Johannes Chum à la limite de ses moyens (sa première entrée est particulièrement ratée); Robert Holl, la Voix de Dieu, manque de grandeur; enfin, la confusion qui règne dans les parties chorales n’est pas seulement une affaire d’acoustique peu flatteuse. Quant au jeune chef estonien, à la tête d’un Orchestre d’État de la Basse-Autriche essoufflé, il ne parvient pas à débrouiller l’entremêlement contrapuntique de l’écriture surchargée de Schmidt, dont l’orchestration, souvent d’une grande originalité, passe ainsi inaperçue. Il suffirait de comparer cette version avec celle qu’en a donnée Nikolaus Harnoncourt à la tête du Philharmonique de Vienne (Teldec, 2000), d’un souffle spirituel autrement convaincant, pour remettre les pendules à l’heure. AL

MUSIQUE INSTRUMENTALE

Schoenberg et Sibelius : Concertos pour violon

Hilary Hahn, violon; Orchestre symphonique de la radio suédoise/Esa-Pekka Salonen

Deutsche Grammophon 4777346 (63 min 7 s)

HHHHII $$

C’est en 1997 que j’ai entendu le violon de Hilary Hahn pour la première fois. Cette jeune fille qui n’avait alors que 17 ans jouait Bach avec la fougue de sa jeunesse et le brio d’une musicienne accomplie. Depuis, cette jeune artiste s’est produite sur toutes les scènes du monde et possède à son actif une discographie impressionnante. Aujourd’hui, à vingt-huit ans, elle nous offre son interprétation de deux compositeurs qu’elle fréquente depuis longtemps et à qui elle a voulu rendre hommage. Il n’est pas facile de jouer Schoenberg, et seuls les grands interprètes s’y attaquent. Mais notre jeune violoniste n’a pas eu peur des difficultés et elle les surmonte comme une grande virtuose, rendant bien par la force de son jeu tout le côté dramatique et la profondeur lyrique de cette œuvre. Quant au concerto de Sibelius, c’est un pur bonheur d’écoute. Hilary Hahn, qui tout d’abord n’était pas particulièrement attirée par cette œuvre, y est revenue et a su en comprendre l’intensité musicale et nous le faire apprécier par le vibrato de son archet. Bref, cette toute jeune virtuose a su redonner à ces œuvres d’une grande force virile sa vision personnelle, mais sans les trahir. Accompagnée par le prestigieux orchestre de la radio suédoise, Hilary Hahn nous offre ici un enregistrement d’une qualité exceptionnelle. FB

Wilhelm Furtwängler Conducts Bruckner : Symphonies 4-9

Music and Arts CD-1209 (5 CD: 372 min 55 s)

HHHHHH $$$

The six symphonies presented here by the Berlin and the Vienna Philharmonic lead by their conductor of the time, the legendary Wilhelm Furtwängler, were captured in Stuttgart, Berlin, Vienna and Cairo from 1942- 1951. Most were performed in wartime and we sense the experience that only a live recording can convey, a time-capsule preserving the encounter between the highly trained forces of the orchestra and the people sitting in the hall on an evening out for divertissement from the harsh realities of life. The sound quality (the recordings used the then new tape technology) is eerily accurate, and a “harmonic balancing” technique has been applied to the excellent monaural recordings which capture the nuances of the strings and woodwinds and all the glory of the brass and percussion.

The breadth and depth of feeling and the enormous energy that Furtwängler marshaled from the musicians and the massive sound that results are impressive. Of course we’re talking about Bruckner, so grand blocks of sound come with the territory, but here the musicians play with exceptional intensity, clarity and purpose. Adolph Hitler’s favourite conductor, who was also nearly everyone’s favorite conductor (even Toscanini recognized Furtwängler as an equal) rises to the challenge of making Bruckner (with his naïve sense of form) the meaningful musical experience that it can be. Furtwangler is competing for the audiophile’s attention with the likes of Jochum, Karajan, Solti, Barenboim, Walter and Bohm, but the conviction and accuracy the maestro gets from the respective orchestras is likely unsurpassable. During WWII, Furtwangler worked, much to his disgust, under the Nazi regime, something he was vilified for later, but one must cite his words, “No one who did not live here himself in those days can possibly judge what it was like,” which Furtwangler said at his post-war “denazification” trial. He also said that “the concern that my art was misused for propaganda had to yield to the greater concern that German music be preserved, that music be given to the German people by its own musicians.” The fact of the wartime setting adds significance to the massive forces of sound, especially in Bruckner’s forceful scherzos (especially the sinister one from the 9th symphony). The combination of brilliant, piercing brass flare-ups announcing masses of sound with military connotations along with peaceful, deeply spiritual adagios, is hard to resist. Furtwangler apparently treated the orchestra’s time-feel like that of a chamber orchestra, letting the musicians determine the beat, while he focused on the interpretation of the deeper levels of the stories the symphonies have to tell.

In spite of Bruckner’s simple themes and sometimes awkward juxtaposition of episodes (especially in the 4th and 5th) and notwithstanding the sometimes melodramatic contrasts of dynamics and moods, the point of Bruckner’s symphonies and why they’re worth performing is clearly borne our to the listener in this five-CD box set. These massive tableaux are an expression of currents rooted in 19th century European society and which perdured through the nazi regime and echo into out own time: a troublesome but fascinating mix of martial spirit, spiritual thirst and a drive for peace. PS

Geminiani: Sonates pour violoncelle, opus 5

Bruno Cocset; Les Basses Réunies

Alpha 123 (66 min 34 s)

HHHHHI $$$$

Des six sonates pour violoncelle et basse continue de Geminiani, il existe déjà de nombreuses versions discographiques, dont celles d’Anthony Pleeth (l’Oiseau-Lyre) et de Gaetano Nasillo (Symphonia), mais le présent enregistrement possède quelques atouts qui lui permettent de se démarquer. D’emblée, on se réjouit de l’emploi d’un continuo riche et varié, certaines sonates étant accompagnées du théorbe de Luca Pianca (merveilleusement chantant), tandis que d’autres bénéficient du soutien d’un clavecin italien, d’un second violoncelle et d’une contrebasse. Le disque s’enrichit aussi d’œuvres moins connues de Geminiani, dont une pièce de clavecin, tendre et rêveuse, et une sonate pour violon exécutée à l’octave inférieur sur un ténor de violon, instrument rarement entendu en solo. Tout du long, le jeu incisif et articulé de Bruno Cocset rend l’écoute captivante : servi par une excellente prise de son, le violoncelliste retrouve l’esprit du disque éblouissant qu’il avait consacré chez le même éditeur au méconnu Jean Barrière. PG

MUSIQUE CONTEMPORAINE

Schnittke : Concerto for piano, Variations on one chord, Improvisation & fugue

Victoria Lyubitskaya, piano; Russian State Academy Orchestra/Mark Gorenstein

Fuga Libera 532 (44 min 11 s)

HHHHII $$$

Le Concerto pour piano et cordes op. 136 est sans doute la contribution artistique la plus sous-estimée de Schnittke. Les rapports inouïs entre consonance et dissonance extrêmes, entre autres facteurs, en font l’une des œuvres les plus intensément dramatiques de tout le répertoire concertant. Il contraste d’ailleurs fort agréablement avec les deux autres pièces pour piano solo du disque, axées sur des contraintes techniques arides mais surmontées avec imagination. Mais quel dommage et quelle mauvaise surprise de constater que l’album s’arrête là, après moins de trois quarts d’heure seulement ! D’autant plus que la présente version du Concerto est la première à détrôner celle de Pöntinen et le New Stockholm Chamber Orchestra (BIS377) : cordes opulentes, piano déchaîné, parfaite symbiose avec (et malgré) les méandres arachnéens de la forme, prise de son superbe… on en redemande ! RB

Tan Dun, Takemitsu, Hayashi

Wu Man, pipa; Moscow Soloists/Yuri Bashmet

Onyx 4027

HHHHII $$$$
(77 min 57 s)

There are few pleasures greater than being swept away by music you didn’t expect to like. Tan Dun, a Chinese émigré, drifted from his early concert moorings to commercial Hollywood tracks, while the Messiaen-like whimsy of the late Toru Takemitsu never kept me awake for long. Here, though, both fire on fresh cylinders. Tan’s concerto for pipa and string orchestra is a fusion of plangent east and minimalist west with episodes that veer from marshmallow emotion to culture-clash bemusement. At one point, mid-section, the whole ensemble stops and retunes to the pipa’s earthy pitch. Listen, too, for the Tibetan bells. Takemitsu opens with a morose elegy for the Russian director Andrei Tarkovsky, followed by captivating settings of three arthouse movie scores. Yuri Bashmet leads the band with the fastidious curiosity of a Michelin musical gourmet; Wu Man plays a mean pipa. The filler on disc is a viola concerto from the Japanese film composer Hikaru Hayashi, outclassed in this company. NL

DVD

Die Winterreise; Lieder Recital; Masterclass, Parts 1 and 2

Charles Spencer, piano

Arthaus Musik 102089 (2 DVD: 227 min)

HHHHHH $$$$

The release of this marvelous two-DVD set, celebrating the art of Christa Ludwig, coincided with her birthday – thus the title “The Birthday Collection”. Yet Arthaus Musik, the paragon of discretion that it is, doesn’t tell us how old Kammersänger Frau Ludwig is! Well, she turned 80 on March 16 of this year. Now fourteen years into her retirement, I dare say nobody has stepped up to fill her shoes, pace Kozena, Koch, Graham, Kirchschlager and Garanca, all terrific mezzos in their own way. None of these ladies approaches the artistic range of Ludwig, who is an unforgettable Dorabella, Cherubino, Octavian, Waltraute, Venus, Kundry, Charlotte, Fricka, Klytämnestra and Madame de Croissy. Her forays into soprano territory – Leonore, Marschallin, Färberin, Elvira – are also memorable. A great recitalist, a Ludwig liederabend is a special evening in the theatre.

From 1994 come the two “farewell” recitals, Winterreise and a Liederabend of songs by Schubert, Wolf, Mahler, Strauss and Bernstein. If one thinks a 66-year-old lady will sound old, one needn’t worry. She sounds great, with a surfeit of artistry and accumulated wisdom. To do justice to Winterreise, an artist must have already amassed a lifetime of experience. Her delivery is honest, direct, with no artifice, but with an emotional depth that touches the heart. She is perfectly matched by the sensitive and supportive playing of Charles Spencer, with whom Ludwig worked the last dozen years of her career. They collaborated for the first time in a Turin Winterreise in 1982, so it was fitting that they join forces in her farewell tour. From the first chords of the first song, Gute Nacht, he sets the mood perfectly for her storytelling. Some of the songs have been transposed for her, but if truth be told, no vocal compromises are necessary – the voice sounds fresh and youthful. This is a performance to honour and enjoy.

The two discs are packaged separately inside a paper sleeve. In the accompanying booklet is an interesting interview of Ludwig, where she offers her thoughts on women singing Winterreise and teaching masterclasses in front of an audience. In the masterclasses (one on song literature and one on opera arias), Ludwig wisely stays away from technique, focusing entirely on interpretation. The rapport she establishes with the students, her ability to put them at ease, her cogent comments and the near-miraculous ability to lift a student to an altogether higher plane, should serve as a model for every diva/divo contemplating giving classes. Just a few pointers here and there, and voilà, one hears an immediate improvement! For anyone who is an admirer of Christa Ludwig, this is a completely indispensable document, and a perfect companion to her autobiography, In My Own Voice (Limelight Edition 1999). JKS

Verdi : Luisa Miller

Darina Takova (Luisa), Giuseppe Sabbatini (Rodolfo), Alexander Vinogradov (Il conte di Walter), Damiano Salerno (Miller), Ursula Ferri (Federica), Arutjun Kotchinian (Wurm),

Orchestre et chœur du Teatro la Fenice /
Maurizio Benini

Mise en scène : Arnaud Bernard

Naxos 2.11022526 (2 DVD : 157 min 40 s)

HHHHII $$$$

L’opéra Luisa Miller (1849) mérite d’être davantage connu – et même reconnu ! Dommage qu’il n’ait pas droit aux audiences des trois drames lyriques subséquents de Verdi – si on omet le mineur Stiffelio –, soit Rigoletto (1851), Il trovatore (1853) et La Traviata (1853). Luisa Miller partage pourtant avec ces chefs-d’œuvre une densité dramatique soutenue et une partition aux développements foisonnants. Une écoute attentive permet de découvrir, au delà des fleurons notoires que sont l’ouverture et l’aria Quando le sere al placido, plusieurs petits bijoux… Tel qu’indiqué au dos du boîtier, le metteur en scène s’est inspiré du film 1900 de Bertolucci. Le décor est minimaliste. Prennent place, à tour de rôle, perdus dans l’immensité d’un fond noir, quelques chaises, un divan, une table, une table de billard, des torches; et, seule constante au fil des actes, trône au centre de la scène une structure verticale tantôt droite, tantôt oblique, parfois simple, parfois double, qui sert de mur, d’écran où apparaissent des photos géantes de femme. L’obscurité ambiante accentue la tension mélodramatique de l’œuvre et, quand elle se change en lumière, ce sont les personnages qui, par contraste, s’assombrissent, écrasés par leur destinée – d’ailleurs, les chanteurs sont souvent à genoux ou couchés, dans une gestuelle vériste, chanteurs qui accomplissent ici un boulot remarquable tant par leur jeu que par leur voix. PD

Marc-André Hamelin: No Limits

Documentary and Recital of Haydn, Chopin, Debussy, and Gershwin

EuroArts 2055788 (190 min)

HHHHHI $$$$

This documentary/recital is part of the series, Legato: the World of the Piano, created by prolific German filmmaker Jan Schmidt-Garre. My two previous encounters with his work were Bel Canto: tenors of the 78 Era (1997), and Opera Fanatic (1999). However enjoyable those were, this new documentary on Canadian pianist Marc-André Hamelin is head and shoulders above the earlier efforts. I can heartily recommend this new documentary, whether you are a serious lover of the piano or a casual listener.

First of all, Hamelin’s reputation as the super-virtuoso of our generation is unassailable – few alive or dead could match his stupendous technique. But much more than a technician, as his detractors claim, there is a real soul to Hamelin’s music making, as revealed in the 70-minute interview. Footage from this full-length interview is re-edited for the 30-minute portrait found on this DVD, but the interview is so fascinating that it should be watched in its entirety. The recital on the disc is a departure from the “finger-breakers” of Alkan, Goldowsky, Medtner, or Sorabji that regularly appear on his programs. Here we have a completely “traditional” program of Haydn, Chopin, and Debussy. As encores, Hamelin plays one of his compositions, Etude No. 7 (after Tchaiskovsky), and two little Gershwin pieces. Those who have seen an earlier documentary on Hyperion, or a Japanese documentary on Youtube will appreciate his intellectual prowess. Hamelin is an ideal interview subject – one is hard-pressed to find a more articulate spokesperson for the art form. Kudos to Schmidt-Garre for asking all the right questions, probing ones requiring complex answers. Hamelin’s answers are always honest and direct, free of divo posturing, exaggerated histrionics or artifice.

The concert on the DVD was taped last June at the Ruhr Piano Festival in Essen, Germany, in front of a well-behaved and knowledgeable audience. There is much outstanding playing, particularly the Chopin Sonata No. 3 in B minor, Op. 58, and the Debussy Preludes, Book 2. Also on the DVD is a “bonus”, the amusing 45-second “Ring-Tone Waltz” composed by Hamelin himself. Picture and sound quality are exemplary. This DVD, together with the 2005 Hyperion documentary It’s All About the Music, say it all about Hamelin the artist. They are documentaries that I will return to again and again. JKS

LIVRES

Benjamin Britten, de Michael Oliver

Phaidon Press, Londres,
1996, 240 p.

La maison anglaise Phaidon Press rééditait récemment une série de livres fort instructifs sur la vie des grands compositeurs du XXe siècle. D’un format pratique, ces biographies offrent une lecture agréable, agrémentée d’une multitude de photographies et de documents d’époque. On y trouve également en annexe un catalogue exhaustif du compositeur, en plus d’une discographie sélective fort utile.

Benjamin Britten, plus grand compositeur anglais depuis Purcell, mérite amplement sa place dans cette série. Son style, hautement original et personnel, a su rallier lyrisme et modernisme. Britten a réinventé l’opéra (Peter Grimes, Billy Budd, The Turn of the Screw, etc.) et la mélodie anglaise (Les Illuminations, Serenade, etc.), travaillant étroitement avec le ténor Peter Pears. Il a aussi écrit abondamment de musique scénique et télévisuelle.

L’auteur Michael Oliver s’attarde aux épisodes cruciaux de son existence, de son enfance de jeune compositeur prodige, à sa collaboration et sa relation amoureuse avec Peter Pears, en passant par sa vie aux États-Unis en tant qu’objecteur de conscience pendant la IIe Guerre mondiale. Il relate la carrière de pianiste et de chef d’orchestre de Britten et son rapport paradoxal avec l’establishment britannique. L’auteur nous offre aussi une analyse musicale de certaines de ses œuvres clés. Bref, un livre substantiel, idéal pour se familiariser avec l’univers hautement personnel de ce compositeur capital. Le titre n’est malheureusement offert qu’en anglais.
LPB


(c) La Scena Musicale