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La Scena Musicale - Vol. 13, No. 8 mai 2008

Concours Musical International de Montréal

Par Laurier Rajotte / 11 mai 2008


En voie de devenir une tradition, le Concours Musical International de Montréal (CMIM) lance fièrement sa 7e édition. Après la voix et le violon, 2008 se consacre au piano et le comité du concours nous promet, comme à chaque année, d’y faire entendre quelques-uns des meilleurs jeunes musiciens de l’heure. Un véritable événement musical, s’il en est. Avec tout le sérieux d’une grande rencontre culturelle internationale, si vous êtes dans la métropole, c’est un rendez-vous à ne pas manquer.

Bienvenue aux amateurs de sensations fortes

Bien plus qu’un travail colossal, qu’une passion ou qu’un ensemble de sacrifices, participer à un concours international est un mode de vie et en ce sens, les candidats nous font vivre leurs hauts et, parfois, leurs bas. Ici, les enjeux sont grands : un premier prix de 30 000 $ et les possibilités de carrière qui se présentent. Les dernières années du CMIM nous ont révélé d’intenses moments de scène, de l’épouvantable trou de mémoire au délicieux moment de grâce.

Salle Pierre-Mercure, le jury est installé au balcon, le public est religieusement silencieux, les drapeaux des pays représentés scrupuleusement alignés au fond de la scène et, finalement, une voix hors-champ appelle le candidat. C’est l’heure des quarts de finale qui, pour la moitié des 24 pianistes âgés de 18 à 30 ans, sera le début de la fin, car seulement 12 d’entre eux seront retenus pour les demi-finales. À chaque épreuve, car s’en est véritablement une, les jeunes musiciens doivent briller de virtuosité; si l’on veut passer à l’étape suivante, la marge d’erreur est très mince, voire nulle. Ainsi, parmi une liste de répertoire imposé par le concours, les 24 candidats devront composer leur récital de 45 minutes de deux études de virtuosité, d’une œuvre classique, d’une œuvre à caractère romantico-lyrique, d’une œuvre au choix et de la pièce canadienne imposée, Fastforward de la compositrice Alexina Louie. Ensuite, pour les demi-finales, on entendra 12 programmes libres de 45 minutes et, pour terminer, les 6 finalistes interpréteront un des grands concertos du répertoire en compagnie de l’Orchestre Métropolitain du Grand Montréal sous la direction de Jean-Marie Zeitouni.

Un concours de concours

En 2008, pas moins de 43 concours internationaux auront lieu, dont 11 se consacrent au piano, et ce nombre exclut tous les concours indépendants et ceux qui ne sont pas membres de la Fédération mondiale des concours internationaux. Les chasseurs de concours internationaux ont l’embarras du choix, à un point tel qu’y participer peut devenir un emploi à temps plein. Il est donc impératif pour un concours souhaitant se démarquer des autres de chercher à attirer les meilleurs candidats. À ce sujet, il n’y a pas de secret, il faut d’abord du prestige et de bons prix pour les lauréats. Pour cela, il faut créer une tradition et des liens avec la communauté afin de faire vivre le projet dans le temps. C’est le pari qu’a fait le CMIM.

Élaboré dans le sillon du défunt Concours international de musique de Montréal (1965-1989), le CMIM s’est librement inspiré de l’un des plus célèbres et prestigieux concours de la planète, le Concours Reine-Élisabeth (CRE) qui a lieu chaque année à Bruxelles. En assistant à ce dernier, on constate du reste la parenté structurelle et la sympathie qu’ont les organisateurs du CRE pour le CMIM. Parmi les points communs, citons l’alternance voix-piano-violon, la promotion à l’aide des médias nationaux, la diffusion en direct sur le Web, la composition d’un éminent jury international, la création de liens avec les différents paliers de gouvernement avec insistance sur le municipal et l’importance de rester en contact avec les anciens lauréats. Certes, le CMIM est encore jeune à côté du CRE de 64 ans son aîné, mais à voir l’ensemble de ses réussites, des lauréats à l’excellence de l’ensemble des candidats, il semble déjà se démarquer de la masse.

Les jurys

Si les candidats représentent l’âme d’un concours, le jury est certainement son assise et il se doit d’être le gage ultime de qualité par sa franchise, sa notoriété et ses décisions qui peuvent, dans le cas du CMIM, aller jusqu’à n’octroyer aucun premier prix ou autre prix spécial. Cette année, à l’exception de Louise Forand-Samson (Canada), qui fait jalouser Montréal avec son Club musical de Québec, tous les membres du jury sont d’éminents lauréats de prestigieux concours internationaux et enseignent dans de grandes écoles réputées pour le piano : Arnaldo Cohen (Brésil), Dang Thai Son (Vietnam), André De Groote (Belgique), Marc Durand (Canada), Piotr Paleczny (Pologne), Imre Rohmann (Autriche), Peter Rösel (Allemagne) et Jacques Rouvier (France).

Un grand événement culturel à Montréal

Après tous les bouleversements que la musique classique a connus ces dernières années, de la saga Espace Musique/Chaîne culturelle à Radio-Canada à la récente tentative de mise à mort de la Chapelle historique du Bon-Pasteur, plusieurs seront rassurés de constater que certains fiefs classiques sont bien défendus. En effet, le CMIM est en train de devenir un des fleurons culturels de la métropole; ne cherchez pas d’équivalent chez nos voisins ontariens, il n’y en a pas. Le CMIM est une spécificité au Québec et un événement unique au pays. Voilà de la matière à nourrir ce rêve de « Montréal métropole culturelle ». Les Jeunesses Musicales peuvent s’enorgueillir de diriger le CMIM. Or, aussi dynamiques que puissent être les organisateurs, et ils le sont, il reste nécessaire de protéger et surtout de promouvoir un tel événement afin d’arriver à en faire une tradition, en faire notre culture.

Quarts de finale : 20, 21 et 22 mai, à 13 h et 19 h

Demi-finales : 23 mai à 19 h et 24 mai à 13 h et 19 h

Salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau.

Finales : 26 et 27 mai, à 19 h 30

Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts

Concert gala : 29 mai à 19 h 30

Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts


(c) La Scena Musicale 2002