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La Scena Musicale - Vol. 13, No. 7 avril 2008

Choix de la saison théâtrale avril / mai 2008

Par Marie Labrecque / 13 avril 2008

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Sacré cœur

Au tour du Nouveau Théâtre Expérimental de porter un diagnostic sur notre pauvre système de santé. Dans cet objet théâtral hybride, fruit d’une collaboration entre le dramaturge-philosophe Alexis Martin et le docteur Alain Vadeboncœur, urgentologue à l’Institut de cardiologie de Montréal, le spectateur se voit plongé dans le quotidien mouvementé d’une salle d’urgence. Des témoignages de médecins et de malades ont alimenté cette pièce « métaphysique » qui parle de souffrance, de mort et de vie. Intrigant.

› À l’Espace libre, jusqu’au 19 avril.

Autobahn

Dramaturge passé ensuite derrière la caméra, l’Américain Neil LaBute est reconnu pour ses œuvres qui dissèquent les relations humaines avec une lucidité parfois impitoyable et une plume volontiers trempée dans le cynisme. L’auteur d’In The Compagny of Men, Your Friends and Neighbors et The Shape of Things enfile les tableaux, drôles ou dramatiques, dans cette pièce qui se déroule dans sept voitures différentes. Il met en évidence le malaise qui sourd de cette cohabitation au sein du petit habitacle d’une automobile. Martin Faucher monte cette production du Théâtre de la Banquette arrière, prometteuse petite compagnie de la relève qui a déjà offert les intéressants Betty à la plage et La Fête sauvage.

› À La Licorne, du 8 avril au 3 mai.

Pi...?

Avec leurs spectacles mariant dérision et gravité (Quelques humains, Le Rire de la mer, Mille-Feuilles), Les Éternels pigistes forment l’une des petites compagnies les plus ludiques de la scène montréalaise. L’un des acteurs du quintette prend ici la plume pour traiter d’un sujet qu’on tend à évacuer : la Grande Faucheuse en tant que partie intégrante de la vie. Dans sa seconde pièce – après Circus Minimus –, Christian Bégin met en vedette un quadragénaire qui est mort pendant dix-sept minutes puis en est revenu...

› À La Licorne, du 13 mai au 21 juin.

L’Imprésario de Smyrne

Sylvie Drapeau, Pascale Montpetit et Sophie Cadieux réunies sur une même scène, cela est déjà suffisant pour appâter l’amateur de théâtre. Mais quand ces étincelantes comédiennes jouent une comédie de Carlo Goldoni, dirigée par Carl Béchard – déja maître d’œuvre d’un ludique Malade imaginaire au TNM –, disons qu’on prophétise sans trop de risque que l’ennui ne sera pas au rendez-vous... Dans ce divertissement campé dans la Venise du milieu du 18e siècle, le grand maestro italien trace un portrait ironique de la faune carnavalesque qui peuple l’opéra.

› Au Théâtre du Nouveau Monde, du 15 avril au 10 mai.

Arlecchino servitore di due padroni

Décidément, ce printemps théâtral appartient à Goldoni. L’une de ses plus célèbres comédies est ici jouée par le réputé Piccolo Teatro de Milan, dans une production portant la prestigieuse griffe du regretté metteur en scène Giorgio Strehler. Servi dans la langue de Fellini (avec surtitres), ce spectacle très attendu tourne depuis 1947. Le comédien Ferruccio Soleri y fait des cabrioles dans l’acrobatique rôle-titre depuis pas moins de quarante ans ! Un événement, donc.

› Au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts, du 7 au 11 mai.

Abraham Lincoln va au théâtre

Cette représentation théâtrale aura été funeste pour le président américain puisqu’il y a trouvé la mort, le 14 avril 1866, sous le feu de l’acteur John Wilkes Booth. Quelques décennies plus tard, un metteur en scène embauche Laurel et Hardy afin qu’ils rejouent le meurtre de Lincoln dans une pièce étrange portant sur la « schizophrénie » de l’Amérique... C’est là l’intrigant point de départ de la nouvelle création du toujours surprenant dramaturge Larry Tremblay, que l’excellent Claude Poissant est chargé de mettre au monde. La précédente collaboration des deux artistes avait produit un petit bijou, Le Ventriloque.

› À l’Espace Go, du 22 avril au 17 mai.

Couples

L’auteur et metteur en scène Frédéric Blanchette a déjà montré qu’il s’y connaissait en couples... sur la scène tout au moins. Dans sa pièce Le Périmètre, récompensée par le Masque du texte original en 2007, il explorait avec intelligence et subtilité ce qui restait de l’amour après une séparation. Sa troisième œuvre, Couples, examine divers moments stratégiques des relations amoureuses, sous l’angle de l’humour absurde. La belle distribution (Denis Bernard, Steve Laplante, Marie-Hélène Thibeault et Catherine-Anne Toupin, éternelle complice de Blanchette) n’est pas le moindre attrait de cette production.

› À la salle Jean-Claude Germain, du 1er au 19 avril.

Oreille, tigre et bruit

Les textes que crée Alexis Martin sous l’égide de ses propres compagnies (d’abord le Groupement forestier du théâtre, et maintenant le Nouveau Théâtre Expérimental) font rarement l’objet de reprises dans d’autres théâtres. Comment celle-ci, créée il y a plus d’une décennie, aura-t-elle vieilli ? Questionnant avec humour le poids des mots, Oreille, tigre et bruit met en scène un animateur de radio affligé d’un encombrant acouphène.

Quand les discours commencent-ils à devenir du verbiage, voire un bruit de fond ? Une distribution de grande classe (Christian Bégin, Évelyne de la Chenelière, Patrick Drolet, Fanny Mallette, notamment) portera sur scène cette réflexion fantaisiste sur « l’hypercommunication ».

› Au Théâtre d’Aujourd’hui, du 1er au 26 avril.

Dr Jekyll et M. Hyde

Après avoir vu ce qu’il a fait l’automne dernier avec le Rhinocéros d’Ionesco, on ne peut qu’être curieux devant la forme qu’empruntera cette nouvelle mise en scène de Jean-Guy Legault. D’autant que le célèbre récit de Robert Louis Stevenson, devenu une allégorie de la dualité humaine depuis sa publication en 1886, a déjà fait l’objet de moult adaptations. Le metteur en scène a en tout cas réussi à mettre la main sur une superbe brochette de comédiens d’expérience pour entourer Luc Bourgeois, héritier du double rôle-titre : Sylvie Drapeau, Jean-François Casabonne, Sophie Clément, Albert Millaire, Gilles Pelletier...

› Au Théâtre Denise-Pelletier, jusqu’au 22 avril.

Festival TransAmériques

On n’en connaît pas encore la programmation, mais cet événement est un incontournable pour tout amateur de théâtre. Réincarnation du Festival de théâtre des Amériques sous une nouvelle forme, augmentée d’un volet danse, la manifestation – désormais annuelle – accueillera pour sa seconde édition une vingtaine de compagnies étrangères et québécoises. L’éclaireuse et directrice du festival, Marie-Hélène Falcon, choisit généralement des œuvres exigeantes, parfois percutantes, issues de la création théâtrale contemporaine.

› Du 22 mai au 5 juin.


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