Les Grands ballets canadiens de Montréal passent l'été à Paris Par Aline Apostolska
/ 13 avril 2008
Du 21 juillet au 9 août prochains,
Les Grands Ballets Canadiens de Montréal seront les invités des Étés de la danse de Paris, l’un des plus prestigieux festivals de ballet au monde.
Être la compagnie choisie parmi
des centaines pour cet événement unique représente donc un honneur
exceptionnel. En effet, placés sous la présidence de Mme Bernadette
Chirac, les Étés de la danse enrichissent Paris durant la saison estivale
avec cette grande manifestation entièrement dédiée à la danse depuis
sa fondation en 2005. L’événement, dirigé par M. Valéry Colin
(ancien danseur de l’Opéra de Paris), reçoit chaque année une
seule compagnie de réputation internationale et bien sûr, ce côté
unique mobilise tout autant l’ensemble de la presse française que
le reste de la France par le biais d’une vaste campagne publicitaire,
ainsi que les médias internationaux. C’est donc une vitrine inespérée
pour notre compagnie montréalaise.
Le San Francisco Ballet, l’Alvin
Ailey American Dance Theater et le Ballet National de Cuba comptent
parmi les compagnies reçues. Les GBCM, qui ne se sont pas présentés
à Paris depuis trois décennies, se produiront donc en plein cœur
de la capitale française, du 21 juillet au 9 août 2008, pour une résidence
de plus de 3 semaines, soit 16 spectacles en tout. Une visibilité record
! La compagnie devient ainsi la première compagnie canadienne à être
retenue pour illustrer l’excellence, le dynamisme et l’innovation
en danse à un niveau international : « Je suis particulièrement fier
de présenter le nouveau visage des Grands Ballets dans une vitrine
aussi exceptionnelle que ce festival », souligne le directeur artistique
Gradimir Pankov, qui a choisi de présenter quatre œuvres récemment
créées spécialement pour la compagnie et qui en montrent l’éclectisme
et la virtuosité, quatre pièces contemporaines et très à-propos
: le fameux Minus One,
virtuose collage signé Ohad Naharin, unanimement salué sur les scènes
mondiales, le ludique et poétique Toot
de Didy Veldman, l’iconoclaste et détonnant Noces de Stijn
Celis ainsi que les aériennes et mathématiques Quatre Saisons
revues par Mauro Bigonzetti.
Ces spectacles seront donnés sur
une scène spécialement construite pour l’occasion dans la partie
centrale du Grand Palais, bâtiment patrimonial prestigieux et lieu
mythique s’il en est, qui ouvre sur le pont Alexandre III ! De plus,
ayant lieu en été 2008, cet événement s’inscrit d’emblée dans
le cadre des célébrations du 400e anniversaire de la ville de Québec
qui elle-même marque la fondation de l’Amérique française, double
anniversaire conjointement fêté par la France et le Québec. L’une
dans l’autre, toutes ces raisons font que l’on attend plus de 45
000 spectateurs lors de ces trois semaines estivales au cœur de la
Ville-Lumière ! Valéry Colin résume le tout en soulignant que «
les GBCM sont l’une des rares compagnies capables de tenir l’affiche
pendant trois semaines avec des créations de leur cru. »
Alain Dancyger, directeur général
des GBCM, nous en dit plus long :
La SCENA : Avec Gradimir Pankov, vous
êtes l’un des armateurs de ce projet exceptionnel. Selon vous, quels
sont les critères qui ont remporté la décision de Valéry Colin et
de son équipe, alors que la concurrence ne manque pas ?
Alain Dancyger : La personnalité de
la compagnie, internationale, consacrée à la création contemporaine,
a sans doute beaucoup joué. Le fait de pouvoir mettre en avant les
performances des danseurs dans des pièces commandées par nous aussi.
Donc c’est véritablement l’identité des Grands Ballets.
LS : Gradimir Pankov vient d’Europe
et a ses contacts, est-ce que cela a joué ?
AD : C’est sûr qu’il a son réseau,
principalement en Allemagne, en Suisse, mais il l’a tout autant à
New York. Et puis, si les décideurs n’appréciaient pas la compagnie,
ces contacts ne pourraient pas jouer. Non, je pense vraiment que c’est
la qualité, l’éclectisme des interprètes, leur formation internationale
aussi, qui a joué pour nous. Au final, nous étions en lice avec le
Ballet de Stuttgart et c’est nous qui avons été retenus.
LS : Est-ce que le fait que l’on
fête les 400 ans de Québec, qu’il y ait beaucoup d’argent en jeu
pour cela a pu faire pencher la balance de votre côté ?
AD : À dire vrai, ça n’a pas été
un critère vraiment déterminant pour les Étés de la danse, car il
reste que dans un événement aussi prestigieux, il leur faut choisir
une compagnie de haut niveau pour des raisons avant tout artistiques.
Pour nous, en revanche, cela a constitué un élément déterminant,
tant financièrement que politiquement.
LS : Au plan des
subventions qui vous ont été consenties ?
AD : Oui, au plan des subventions exceptionnelles
qui nous ont été attribuées à l’intérieur de l’enveloppe de
ces célébrations d’une part, et aussi parce que nous représentons
la création québécoise dans le cadre de cet anniversaire. Nous sommes
la seule compagnie à le faire, et nous sommes d’ailleurs la seule
compagnie canadienne à tourner régulièrement en Europe.
LS : Comment expliquez-vous cela ?
AD : C’est une bonne question. Notre
premier marché est devenu l’Europe alors que je pensais moi-même
que ce serait les États-Unis. Mais en danse, le Ballet de Vancouver
s’oriente davantage vers l’Asie et le Ballet de Toronto n’est
absolument jamais reçu en Europe. Nous venons de faire une grande tournée
en Italie et le directeur du Théâtre de Modène, qui reçoit sans
cesse des compagnies étrangères, nous a dit que nous étions sans
doute la meilleure compagnie depuis dix ans.
LS : Qu’attendez-vous de ces Étés
de la danse à Paris ?
AD : Rien de plus que cet événement
déjà assez exceptionnel en soi ! Pour nous, c’est une consécration
de notre travail à l’international. Bien sûr, des diffuseurs du
monde entier verront la compagnie à Paris et nous espérons ainsi développer
de nouveaux marchés, notamment dans les pays de l’Est et dans les
Balkans.
LS : C’est donc une plateforme
exceptionnelle ?
AD : Exceptionnelle ! |