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La Scena Musicale - Vol. 13, No. 7 avril 2008

Quoi voir et quoi faire ce printemps

Par Julie Beaulieu / 13 avril 2008


Difficile de croire que le printemps s’installe tout doucement. Avec toute cette neige tombée sur nos têtes, les bourgeons verdoyants de la fin avril semblent une image à la fois révolue et surréelle. Et pourtant, si dame nature se fait plutôt lente et paresseuse – à preuve cette épaisse couche cristalline qui persiste à recouvrir toute végétation –, la scène des arts visuels, en plein éveil saisonnier, bourgeonne d’activités, à commencer par la 26e édition du FIFA qui vient tout juste de se terminer. Je vous propose donc un bref portrait des activités en cours et à venir ce printemps.

Présentement à l’affiche

Les événements politiques et culturels majeurs de Cuba sont désormais bien connus du grand public. Mais que sait-on véritablement de l’art cubain ? En fait, bien peu de choses. D’où l’importance de l’exposition ¡Cuba! Art et histoire de 1868 à nos jours, la plus importante réalisée à ce jour sur l’art cubain. Divisée en cinq parties qui épousent les moments forts de l’histoire des arts visuels cubains, l’exposition retrace à travers quelque 400 œuvres les grandes étapes de l’identité cubaine (la cubanidad). Quel rôle pour l’artiste cubain d’hier à aujourd’hui ? Voilà l’une des questions soulevée dans cette exposition. À l’affiche au Musée des beaux-arts de Montréal jusqu’au 8 juin.

Le Musée d’art contemporain de Montréal consacre actuellement la première exposition bilan de l’artiste Geoffrey Farmer. Farmer est considéré comme l’une des voix les plus personnelles et déconcertantes de l’art contemporain canadien. Jumelant la poésie au commentaire social, l’artiste travaille différents médiums – la sculpture, la vidéo, la performance, le dessin, la photographie et l’objet trouvé – selon une esthétique de l’accumulation. Farmer s’intéresse particulièrement à l’histoire et l’histoire de l’art, à la culture populaire ainsi qu’à la mise en exposition, c’est-à-dire tant son pouvoir fictionnel que sa composante temporelle. L’exposition présente une vingtaine d’œuvres réalisées au cours des quinze dernières années, dont certaines inédites et créées pour l’occasion, telle The Idea and the Absence of the Idea (2008), qui met en pratique une stratégie qui lui est chère : définir l’œuvre en fonction de son processus de création. Pour ce faire, l’artiste a découpé une petite surface du plancher de bois de la salle d’exposition, qu’il a ensuite réduite en pâte et utilisée pour fabriquer un morceau de papier sur lequel on peut lire la citation suivante : « Not the work, the worker » (Gordon Matta-Clark). Vous aurez l’occasion de découvrir les œuvres clés de l’artiste ainsi que la spectaculaire installation The Last Two Million Years, créée en 2007 au Drawing Room, à Londres, et présentée pour l’occasion sous une forme nouvelle. Cette installation est constituée de centaines de découpages tirés d’un exemplaire de l’ouvrage éponyme (publié dans les années 1970 par les éditions du Reader’s Digest) qui souhaitait résumer l’histoire de l’humanité en un seul ouvrage. À son tour, Farmer découpe l’histoire (et ce faisant le livre) à sa façon, histoire préalablement morcelée, amputée, décomposée, et produit une série de rapprochements libres entre les époques, les cultures et les régions. Selon les propos de Pierre Landry, commissaire de l’exposition, « le résultat est à la fois monumental et fragile, ordonné et chaotique, solennel et humoristique – et merveilleusement poétique ». En somme, une installation et une œuvre à découvrir. À l’affiche jusqu’au 20 avril.

Le MAC présente du 19 mars au 18 mai un cycle de projection mettant en vedette les œuvres vidéographique du poète, écrivain et vidéaste Tseng Yu-Chin, figure dominante de la jeune scène artistique taïwanaise. C’est par l’intermédiaire d’une œuvre à consonance autobiographique et poétique que l’artiste revisite ses propres souvenirs d’enfance, source de joie et de bonheur, mais aussi de douleur. Une œuvre troublante dont les images, fortes de leur facture poétique, trouble le spectateur.

Le revenant de l’utopie : voilà un titre d’exposition qui surprend, interroge et cultive le mystère. Que peut bien présenter une telle exposition ? Il s’agit en fait d’une réinterprétation plutôt extravagante (au sens d’inhabituelle) du postmodernisme, troisième volet d’une série d’expositions réalisées avec la collaboration d’étudiants universitaires. Le processus même de création se veut singulier puisque l’exposition a été créée à partir d’un séminaire de recherche dirigé par Reinhold Martin de l’École supérieure d’architecture d’urbanisme et de conservation de l’Université Columbia. L’exposition est constituée d’une installation qui couvre les murs de la salle octogonale. Une série d’images de référence reproduites puis assemblées par les commissaires étudiants sous la forme d’un réseautage croisent des œuvres originales qui y sont juxtaposées. L’installation inclut aussi des maquettes, dessins et rendus empruntés à la collection d’archives architecturales du CCA, témoins des travaux réalisés par des architectes de réputation internationale comme Peter Eisenman, Michael Graves, John Hejduk, Arata Isozaki, Aldo Rossi, James Stirling et Robert Venturi. À l’affiche au Centre canadien d’architecture jusqu’au 25 mai (salle octogonale).

Du 14 mars au 19 avril 2008, la Galerie Leonard et Bina Ellen présente l’exposition This is Montréal !, composée d’œuvres modernistes telles que des peintures, dessins et sculptures de Marcel Barbeau, Yves Gaucher, Denis Juneau, Guido Molinari, Françoise Sullivan et Claude Tousignant, ainsi que d’autres œuvres des années 1960 et 70, plus rarement présentées au grand public – notamment l’importante installation textile de Nancy Herbert.

Enfin, pour ceux et celles qui n’ont pas encore tenté l’aventure « voyeuriste » que vous propose actuellement le Musée McCord, à mi-chemin entre la pudeur et l’érotisme, il n’est pas trop tard. L’exposition Dévoiler ou dissimuler, qui retrace l’évolution des tendances vestimentaires et des critères culturels des deux derniers siècles, est présentement à l’affiche, et ce, jusqu’au 18 janvier 2009. Pourquoi les femmes en arrivent à dévoiler ou à camoufler leurs courbes et leurs atouts féminins ? À vous de découvrir !

À venir

Je vous propose, en guise de conclusion, un aperçu des expositions à venir dans les prochains mois, sorte de pot-pourri des activités à planifier à votre agenda à l’approche de la belle saison – on espère vivement qu’elle viendra !

› -Printemps Plein temps 2008, Finissantes et finissants du baccalauréat en arts visuels et médiatiques de l’UQAM, Galerie de l’UQAM
(11 au 19 avril 2008)

› -PROTOCOLES DOCUMENTAIRES II : les artistes comme travailleurs culturels et gestionnaires d’information au Canada (1967-1975), Galerie Leonard et Bina Ellen
(1er mai au 14 juin)

› -Inuit - Une sélection d’œuvres du Musée national des beaux-arts du Québec, Musée McCord (2 mai au 13 octobre)

› -Phenomena, par Jean-Pierre Aubé, Isabelle Hayeur, Patrick Coutu, Galerie de l’UQAM
(16 mai au 21 juin)

› -La triennale québécoise, Musée d’art contemporain (24 mai au 7 septembre)

› -Yves Saint Laurent, Musée des beaux-arts
de Montréal (29 mai au 28 septembre)


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