La cithare sur table Par Bruno Deschênes
/ 17 décembre 2007
De tous les instruments de l’Asie de
l’Est, celui qui pique sûrement le plus notre curiosité est la cithare
sur table, cet instrument à cordes pincées longitudinal typiquement
asiatique. L’instrument peut être posé soit par terre, sur les genoux
du musicien, sur une table ou sur un pupitre. Le musicien pince les
cordes avec les doigts de la main droite ou avec des plectres placés
aux doigts et, de la main gauche, il fait varier la hauteur des notes,
crée différents vibratos ou autres effets sonores. Nous retrouvons
cet instrument principalement en Chine, au Vietnam, en Mongolie, en Corée
et au Japon.
La cithare sur table est originaire
de Chine et aurait été créée il y a plus de 2 000 ou 2 500 ans.
Elle est de deux types : avec ou sans chevalets. Le guqin ou qin
sans chevalets possède 7 cordes, alors que le guzheng ou zheng
(dont le nombre de cordes peut varier entre 12 et 23) et le sé (25
cordes) sont les deux principaux modèles avec chevalets. Les notes
du guqin sont produites de la main gauche qui se déplace sur la corde
et en varie ainsi la longueur (principe similaire à celui du violon).
Les notes du guzheng et du sé sont produites par des chevalets placés
sous chacune des cordes, leur position respective déterminant la hauteur
de la note de chaque corde. En Chine, les cithares sont traditionnellement
accordées selon la gamme pentatonique. Les cordes du guqin, du sé
et du guzheng étaient traditionnellement faites de soie torsadée.
Aujourd’hui, le guqin possède des cordes en métal et le guzheng,
à la suite de la révolution communiste de 1949, est maintenant fabriqué
avec des cordes calquées sur celles du piano. Le sé était utilisé
dans les grands rituels et les cérémonies religieuses et impériales,
le guqin est l’instrument des
lettrés et des érudits alors que le guzheng est l’instrument du
peuple.
Nous retrouvons des variantes de
ces instruments parmi plusieurs peuples avoisinants que la Chine a largement
influencés. Le Vietnam possède le dan tranh qui comprend 17 cordes
en acier. Il existe même une cithare à une corde, le dan bau. La cithare
mongolienne s’appelle le yatag et comprend entre 10 et 12 cordes de
soie. La Corée en a développé deux modèles : le gayageum comprenant
12 cordes et le komun’go comprenant 6 cordes frappées avec une mince
tige en bambou. Au Japon, nous pouvons entendre le koto qui a 13 cordes
en nylon. Nous retrouvons aussi l’ichigenkin à une corde et le nigenkin
à deux cordes, ainsi que des modèles de koto à 17, 20 et 30 cordes.
L’île d’Okinawa possède sa version du koto, aussi avec 13 cordes.
Il en existe une version sur l’île de Java en Indonésie, dans la
région de Sunda, le kechapi.
Consultez mes chroniques CD de
novembre, décembre et février pour des suggestions de CD où vous
pourrez entendre des cithares sur table japonaise, coréenne et chinoise.
Bibliographie
:
A. R. Trasher, Chinese Musical Instruments, Oxford, Oxford University
Press, 2000.
H. de Ferranti. Japanese Musical Instruments,
Oxford, Oxford University Press, 2000.
K. Howard, Korean Musical Instruments,
Oxford, Oxford University Press, 1995.
R. Garfias, The Bamboo Origins of Far
Eastern Bridged Zithers, Anthropology, UCI, http://aris.ss.uci.edu/rgarfias/kiosk/chungkto.html
1 Prononcé « gou-tchin ».
2 Prononcé « gou-djeng ».
The Best of Korean Gayageum Music
Byungki Hwang
ARC Music, 2007, EUCD 2097, 68 min 29
s
Le gayageum est une cithare sur table
coréenne à chevalets amovibles, instrument qui est originaire de Chine.
Il est fabriqué d’un bloc de bois unique en paulownia sur lequel
reposent 12 cordes en soie torsadées. Le musicien s’assoite généralement
par terre et le dépose sur ses cuisses. Les cordes sont pincées par
le pouce, l’index, le majeur et l’annulaire de la main droite. Il
existe plusieurs modèles de gayageum, dont une version à vingt -et
-une cordes. En appuyant de la main gauche du côté gauche du chevalet
sur d’une corde, la hauteur d’une note peut être variée parfois
jusqu’à une quarte. Ces cordes, très lâches, permettent de créer
des sonorités et des mélodies ondulantes, paisibles et méditatives.
Ce CD nous fait découvrir un instrument et une musique très peu connus
en Occident ainsi que des œoeuvres d’un grand musicien coréen du
XXe siècle.
Madagascar, Imerina et Antrandroy
Laboratoire de recherche sur les musiques
du monde
Faculté de musique, Université de Montréal,
2007, 45 min 29 s
CD pédagogique, disponible en appelant
au LRMM, Université de Montréal : 514-343-6921.
À certains égards, l’île de Madagascar
possède encore en Occident une aura mythique. Nous en entendons très
peu parler, que ce soit tant de son histoire ou que de sa musique –
qui a, en fait, été très peu étudiée. Ce CD a été récemment
lancé par le Laboratoire de recherche sur les musiques du monde de
l’Université de Montréal, sous la direction de Monique Desroches,
ethnomusicologue et directrice du laboratoire. Nous avons la chance
d’entendre la musique de patrimoines musicaux du malgaches Madagascar
presque inconnus en Occident, ceux des Hauts-Plateaux d’Antananarivo
(Imerina) et du pays des Antandroy au sud de l’île. Nous entendons
des musiciens qui n’ont jamais été enregistrés, mais surtout des
musiques uniques qui démontrent la force de l’imagination et de la
créativité humaine. Outre un livret très bien documenté, le CD comprend
un contenu interactif accessible autant sous plate-forme MAC que PC,
contenu qui donne aussi un aperçu socio-historique de l’île.
Erratum
: Veuillez prendre note que l’Ensemble Yamato dont j’ai fait
la recension du dernier CD dans le numéro de novembre 2007 est japonais
et non britannique. |
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