Jazz
November 19, 2007
Visites européennes
Irène Schweizer :
Molto Piano
Marc Chénard
Dans
un passé pas si lointain, les amateurs de jazz européen n’avaient
d’autre choix que de nourrir leur passion par des disques dont la
distribution était soit sporadique, soit inexistante. Mais les
temps ont changé, si bien que l’on ne désespère plus de voir quelques
noms fréquenter nos scènes par-delà le blitz festivalier annuel.
Dans les semaines qui suivent, les fanas seront choyés par le passage
de quelques personnalités de marque, en commençant par la grande dame
du piano en Suisse, Irène Schweizer, puis par l’inénarrable saxophoniste
batave Willem Breuker et son ensemble, le Kollektief.
En mars dernier, le Festival international
des films sur l’art (FIFA) présentait un film intitulé simplement
Portrait, un documentaire sur Irène Schweizer. À 66 ans bien sonnés,
cette pianiste hors pair du Vieux Continent compte plus de 40 ans de
carrière et elle était aux premiers rangs de la grande percée du
free jazz européen. À ses débuts pourtant, cette autodidacte joua
dans des formations mainstream et hard bop, son style étant
apparenté à celui d’Horace Silver. Mais en 1966, tout bascule pour
elle lorsqu’elle entend Cecil Taylor en concert à Stuttgart. « C’était
trop, jamais je n’avais entendu autant de piano dans ma vie, dit-elle
lors d’une entretien téléphonique de son domicile à Zurich. Je
pensais même abandonner tout simplement… mais j’ai fini par m’en
remettre. » Heureusement pour nous.
Bien qu’elle ait raconté cette
anecdote à maintes reprises au fil des ans, elle nous en livre une
autre, moins connue, mais qui en dit long sur son parcours musical.
« Quelques années plus tard, j’ai eu la chance de voir Monk en solo
au festival de jazz de Berlin et l’effet a été encore plus fort
sur moi que l’expérience du concert de Taylor. Ce n’était pas
au même niveau technique, mais cela lui convenait pour dire ce qu’il
avait à dire et c’est cela qui compte au bout de la ligne pour un
artiste. »
Influencée à parts égales par
ces deux monstres sacrés de la musique afro-américaine, Irène Schweizer
retient aujourd’hui dans son jeu cet aspect rythmique et percussif
qui trahit ses premiers amours pour le hard bop. De nos jours, elle
peut jouer avec autant d’intensité et de ferveur qu’à l’époque
de ses escapades free, mais elle ne dédaigne pas non plus insérer
un numéro de Monk dans ses récitals solos.
Bien que sa réputation soit fondée
sur un grand savoir-faire pianistique, elle s’est intéressée également
à la batterie dès sa jeunesse et elle en joua parfois dans un collectif
de femmes musiciennes durant les années 1970 et 1980, le Feminist Improvising
Group (FIG). En 1988, on la vit aux tambours durant un festival de femmes
organisé à Montréal par les Productions Super Mémé, l’ancêtre
de l’actuelle compagnie SuperMusique. Qui plus est, elle a enregistré,
comme pianiste, plusieurs duos avec des batteurs, entre autres Han Bennink,
Andrew Cyrille, Louis Moholo, Pierre Favre…
Chose intéressante aussi, sa prestation
solo du 10 novembre à la Chapelle historique du Bon-Pasteur fermera
en quelque sorte la boucle avec son premier spectacle en ville, au Festival
de Jazz de Montréal en 1986. Elle s’est aussi produite au FIMAV de
Victoriaville en 1989 et 1997 et son dernier passage date de 1999, lorsqu’elle
se produisit avec les Diaboliques, un trio constitué de ses consœurs
improvisatrices Joëlle Léandre (basse) et Maggie Nichols (voix).
Montréal ne sera que l’une de
trois villes en Amérique du Nord où elle fera escale – les deux
autres étant Chicago et New York. Ne ratez donc pas l’occasion
de voir et surtout d’entendre une grande artiste au sommet de sa carrière.
Comme l’entrée est gratuite,
précipitez-vous dès maintenant pour obtenir un laissez-passer.
Rappel : Irène Schweizer, piano
solo, Chapelle historique du Bon-Pasteur, (100, rue Sherbrooke Est),
samedi 10 novembre, 22 h.
Willem Breuker Kollektief :
Giving a Voice to Silent Images
Paul Serralheiro
Fans of creative music and vintage
flicks will have something to satisfy their respective interests as
the Willem Breuker Kollektief comes to Montreal to present its musical
soundtrack to the German silent-era classic Faust
on November 13 at the Sala Rossa. A composer with a distinguished career
and a seminal presence on the Dutch creative music scene since the late
60s, Breuker leads his ten piece outfit, the Kollektief, in his compositions
of what he calls “people’s music.” After a pair of previously-failed
attempts of performing music to film—one a proposed New Cinema Festival
appearance that never materialized, the other a 1999 Victoriaville Festival
performance that was aborted because the in-house projector was not
compatible with the film’s format—all bodes well this time around.
Breuker and band come to Montreal
after touring North American with the famous 1926 silent film. Who does
not know this story, penned by Goethe and since retold by such great
writers as Christopher Marlowe? Directed by the legendary F. W. Murnau,
the cinematic Faust is a masterpiece of German expressionism.
And with its chiaroscuro subtleties, it is tailor-made for a soundtrack.
Characterized as “one of the most beautifully crafted films ever made”
(Theodore Huff, in Sight & Sound), Breuker was inspired to
compose an original score, which premiered in 2003 at Paris’ Cité
de la Musique.
Breuker’s Kollektief applies
its virtuosic talent to the score, which apparently contains no improvised
solos. The tension between composing and improvising was what led to
Breuker’s 1973 departure from the Instant Composer’s Pool (the improvisation
collective he co-founded in Amsterdam in 1967 with Misha Mengelberg
and Han Bennik). After his departure, Breuker continued to be an important
force in Dutch jazz, eventually founding his own record label (BVHaast)
in addition to the Kollektief, which has, since its inception in 1974,
combined a theatrical element with serious music-making, a combination
at once refreshing and entertaining. Breuker, it can be said, is to
jazz what Bertolt Brecht was to theatre: he makes audiences aware of
the form and content of the art, as well as its social conventions and
contexts, with references to contemporary social and political issues.
More information on this event can be
found by visiting the Website of the arts production company Traquenart
(http://www.traquenart.ca).
au rayon du disque - jazz tracks
Marc Chénard, Charles Collard, Félix-Antoine
Hamel, Paul Serralheiro
Herbie Hancock : River–The Joni
Letters
Verve B 000979102
HHHHHI
Certains diront que le pianiste Herbie
Hancock est le génie des métamorphoses. Cette réputation repose en
bonne partie sur ses qualités de musicien qui trace librement sa voie
par de constants va-et-vient entre les genres. Pourtant, beaucoup de
puristes scrupuleux du jazz s’interrogent, car Hancock est aussi un
surdoué, voire un visionnaire qui fit partie du légendaire quintette
de Miles Davis des années 1960 et dont la carrière est marquée par
plusieurs éclatantes réussites. Le nouveau projet proposé ici comporte
dix titres qui rendent un hommage subtil à Joni Mitchell et à sa passion
pour le jazz. Comme le pianiste a pris le temps d’analyser autant
les textes que la musique de quelques-unes des chansons qui ont fait
la gloire de Mitchell, cette artiste exigeante ne pouvait désavouer
pareille entreprise. Notons aussi que celle-ci vient tout juste de sortir
un premier album en dix ans, Shine. Elle prête sa voix singulière
sur l’autobiographique Tea Leaf Prophecy, une voix de nuit
marquée par les années et un spleen profond. La somptueuse introduction
de Hancock sur Court and Spark élève Norah Jones à un degré
supérieur d’interprétation. Tina Turner, pour sa part, chante avec
l’émotion d’une débutante, alors que le saxophoniste Wayne Shorter
joue avec une étrangeté aussi prenante qu’une douceur apaisante.
Contrairement à d’autres hommages du genre, celui-ci contient deux
pièces instrumentales, Solitude
et Nefertiti, deux des standards préférés de la chanteuse.
Signalons aussi la présence de Dave Holland, pilier de la contrebasse
s’il en est un, et du guitariste africain Lionel Loueke, un talent
à suivre. Leonard Cohen se fait aussi entendre en récitant d’un
texte bien choisi The Jungle Line, un poème digne de la Beat
Generation sobrement accompagné par Hancock. CC
François Bourassa Quartet : Rasstones
Effendi FND 075
HHHHII
Il y a de ces musiciens qui se lancent
tête première dans l’aventure, risquant le tout pour le tout à
chaque moment, sans vraiment se préoccuper du résultat final. Puis
il y a ceux qui peaufinent leurs concepts pour arriver à un résultat
qu’ils souhaitent achevé. François Bourassa appartient bel et bien
au second camp et son troisième opus pour l’étiquette Effendi en
est la preuve. En un peu plus d’une heure (et huit nouvelles compos),
le pianiste et ses compères, le toujours trépidant André Leroux (saxo
ténor et flûte), l’infaillible bassiste Guy Boisvert et le non moins
efficace batteur Greg Richtie, marquent un pas de plus dans leur développement
collectif. Issu de l’univers pianistique de Bill Evans (avec un soupçon
de McCoy Tyner et un brin de Chick Corea), Bourassa a digéré ses influences
pour arriver à une expression personnelle, à son clavier bien sûr,
mais surtout dans son écriture. Dans ses disques précédents, on sentait
déjà une volonté d’aller plus loin; ici il arrive vraiment à élaborer
des structures plus recherchées harmoniquement et surtout métriquement,
dans lesquelles l’écrit et l’improvisé se fondent. Seule la ballade
Moitié de truite et le dernier numéro d’inspiration monkienne
évidente Nationz sont de facture plus conventionnelle, les six
plages précédentes étant plus audacieuses dans leurs explorations.
Notons aussi la présence (plutôt subtile) du percussionniste africain
Aboulayé Koyé sur les deux premières plages et d’un second batteur
Phillipe Melanson (qui prend le relais de Richtie sur la première et
la cinquième). Autant le dire : quatre étoiles bien reluisantes et
quelques poussières avec cela. (Au fait, cet enregistrement avec le
tandem Derome-Tanguay, on l’attend encore...) MC
Du côté de la Cité des Vents : deux
essentiels
1
› Muhal Richard Abrams/George Lewis/Roscoe Mitchell : Streaming
Pi Recordings 22
HHHHII
2
› Fred Anderson & Hamid Drake : From The River To The Ocean
Thrill Jockey thrill 183
HHHHHI
1 En 1961, le pianiste Muhal Richard
Abrams fondait à Chicago l’Experimental Band, groupe mythique à
l’origine de l’Association for the Advancement of Creative Musicians
(AACM). Cinq ans plus tard paraissait le premier manifeste de ce mouvement,
un album du saxophoniste et polyinstrumentiste Roscoe Mitchell judicieusement
baptisé Sound. Plus de quarante ans plus tard, c’est toujours
de son(s) qu’il s’agit : déferlements de graves du piano d’Abrams,
interventions perçantes des saxophones de Mitchell, bourdonnements
du trombone de George Lewis, leur cadet également issu de l’AACM
et pionnier de l’usage de l’électronique dans la musique improvisée.
Ça et là surgissent également des chants d’oiseaux, des bruissements
de cymbales, des entrelacs de cloches et autres objets métalliques,
des motifs brisés ou répétitifs de piano et toutes sortes d’ambiances
synthétiques, quelquefois planantes, quelquefois percussives, souvent
obsédantes. Un peu trop, peut être, dans la dernière partie de
Dramaturns, mais ce sont les moments d’improvisation collective
acoustique, comme Streaming, pièce de résistance qui vient
en fin de disque, qui permettent vraiment d’apprécier le mieux le
jeu des trois musiciens. Grâces soient rendues au label Pi (dont le
catalogue comporte également des œuvres de Henry Threadgill, de l’Art
Ensemble of Chicago, de Wadada Leo Smith et Anthony Braxton et du Revolutionary
Ensemble) qui documente avec soin la musique de ces maîtres ès improvisation.
2 Certains magazines américains,
lors de leurs sondages annuels auprès des lecteurs, placent encore
Hamid Drake dans la catégorie étoile montante, batterie. Peut-être
a-t-on oublié que sur les premiers albums du ténor Fred Anderson,
Dark Day et The Missing Link, tous deux enregistrés en 1979,
il était déjà là, bien que se prénommant encore Hank à l’époque.
Quoi qu’il en soit, batteur et saxophoniste sont encore étroitement
associés, comme ce récent album en fait foi. Les familiers de la musique
d’Anderson connaissent son goût pour les situations libres et les
improvisations tortueuses au détour desquelles nous attendent toujours
ces petites phrases familières, sans cesse déplacées. Ils seront
d’autant plus surpris qu’ici le contexte est à la fois plus traditionnel
(les thèmes sont plus soulignés, le développement des improvisations
suit un contour assez classique) et inédit dans l’instrumentation
en comparaison avec les nombreux disques du saxophoniste en trio ou
en quartette : le groupe est un quintette avec deux contrebasses (Harrison
Bankhead – également au violoncelle – et Josh Abrams) et guitare
(Jeff Parker). Anderson tire profit de cette situation, qui sied à
ravir à son jeu qui combine phrases très libres et son à l’ancienne :
son solo sur Strut Time est un véritable tour de force « saxophonistique
». Le coleader, pour sa part, démontre encore une fois sa grande maîtrise
et son groove infaillible, qui en font assurément l’un des
premiers percussionistes de notre temps. Voici sûrement l’un des
meilleurs disques de jazz de 2007 : cinq étoiles (montantes!). FAH
Tradition and Surprise
in the Rest of Canada
1
› PJ Perry and Campbell Ryga: Joined at the Hip
Cellar Live CL1011506
HHHHII
2
› Micheal Occhipinti and Creation Dream: Chasing After Light
True North TND 480
HHHHII
1Canadian jazz is often known
in relation to the styles established by our neighbours to the south,
but it is also marked by homegrown innovation. For every Oscar Peterson,
Maynard Ferguson and the Boss Brass, there is a Paul Bley, Kenny Wheeler
and Sonny Greenwich. The two discs under review exhibit this bi-modal
strain. The first is the product of the meeting of minds and mouthpieces
of two of the countries most accomplished alto stylists. Listening to
this session captured live at Vancouver’s Cellar jazz club, mainstream
jazz fans couldn’t ask for better fare. The pun in the “hip” of
the title rings true, as both Perry, the elder statesman, and Ryga,
the relative new-comer, revive the spirit of bebop, which was as hip
as could be when it sprang from the head of Charlie Parker. Unlike many
attempts at be-bopping that veer into the ditch of derivativism, the
two virtuoso saxophonists manage to sound fresh while staying true to
the manner and style of the music in a wide range of vehicles, from
Parker’s own “Ah Leu Cha” to originals by Perry and Ryga. How
do they do it? By rendering the spirit of the musical gesture, rather
than spouting parrot-like tributes. They also enjoy solid support from
Terry Clarke on drums, Neil Swainson on bass and Ross Taggart at the
keys.
2The second disc is full of surprises.
So much so, that a first listen throws one for a loop. The reason is
the preference for non-swing grooves, and the unorthodox guitar sound
of Toronto-based Occhipinti. “Ballo della Famiglia,” which opens
the disc has such a wobbly, almost out-of-tune guitar line that will
disturb some listeners, but not leave them indifferent. The rest of
the disc also plots a brave journey through fresh tonal territory. “The
Cubists,” for example, combines a sort of Latin loop with some heavy
guitar shredding and “The Berlin Wall of Hedges” pairs a harp-like
guitar arpeggio with Hugh Marsh’s driving violin line. Throughout
the disc, trumpeter Kevin Turcotte provides a finely nuanced in-the-moment
spinning of web-like solos. With a varied palette of sound, the band,
rounded off by drummer Barry Romberg, bassists Andrew Downing and Roberto
Occhipinti (the latter on one cut only), careens sportily through 10
numbers, managing to swing without swing clichés and create music that
is not afraid to colour outside the lines. PS
Sophie Alour : Uncaged
Nocturne NTCD 414
HHHHII
Se faire un nom en jouant du saxophone
ténor est un défi en soi en jazz. Et d’autant plus si on est une
femme. Sophie Alour, la trentaine à peine dépassée, est originaire
de Quimper en Bretagne et son assiduité semble avoir été largement
récompensée dans l’Hexagone où ce nouvel album, son second, fit
l’objet d’élogieuses critiques dans les milieux spécialisés.
Uncaged révèle d’emblée une artiste qui n’a rien de conventionnel,
autant dans son style que dans sa sonorité, et ce, malgré une grande
admiration pour Joe Henderson. Son jeu, assez rauque et frondeur, est
particulièrement évident sur la plage-titre du disque, une de cinq
compositions de son cru sur cet album de 11 pièces. Non seulement souffle-t-elle
une belle tempête, mais le guitariste rock Sébastien Martel et le
Fender Rhodes saturé de Laurent Coq contribuent au brouillage sonore
de ce morceau assez décapant. Notons en passant la présence du bassiste
Yoni Zelnik et de l’ex-québécois Karl Jannuska à la batterie. Après
ce départ en trombe, la reste du disque est plus sage, accessible diront
certains, mais le plaisir d’écoute n’en est pas amoindri. Sophie
Alour a puisé aux bonnes sources et on recommande aux amateurs de ballade
son interprétation magnifique du thème fétiche de Benny Goodman,
Goodbye.
CC
Aki Takase
– Silke Eberhard :
Ornette Coleman Anthology
Intakt CD 129 (www.intaktrec.ch)
HHHHII
La première est pianiste, la seconde
joue du saxo alto, de la clarinette et de la clarinette basse.
Entre elles, elles s’attaquent, dans
cette double offrande publiée par la maison de disque helvétique Intakt,
à pas moins de 33 pièces de ce père spirituel du « free jazz » américain.
Proposition inhabituelle que cet enregistrement, puisque sieur Coleman
a conçu une musique libre de tout rapport harmonique, mais la pianiste
d’origine japonaise relève le défi avec brio, comme sa comparse
berlinoise. Impossible de passer en revue toutes les stratégies employées
par ces dames, mais elles réussissent à reconfigurer les morceaux
sans les dénaturer. Le répertoire, soulignons-le, provient presque
entièrement des années 1950 et 60 et ce tandem s’offre une vraie
partie de plaisir… et aux auditeurs aussi. Compte tenu du nombre de
plages, les interprétations sont concises (une douzaine en deçà des
trois minutes), mais cela n’amoindrit en rien les résultats. Bien
que ce bon Ornette ait toujours été contesté en tant que joueur,
nul ne peut nier sa signature musicale en tant que compositeur. Comme
l’œuvre de Monk, celle de Coleman peut être habillée de toute les
façons possibles et ces musiciennes de premier ordre – qui, curieusement,
portent exactement la même robe sur la photo incluse dans le livret
– ont semblé vidé leurs vestiaires respectifs pour offrir un magnifique
défilé de parures et de substances musicales qui feront jubiler les
amateurs. Pas de doute : un vibrant hommage inscrit à l’indicatif
présent. MC
Saviez-vous que...le plus
vieux festival de jazz en Amérique se déroule en Californie ? En effet,
en septembre dernier, la ville de Monterey célébrait la cinquantième
édition de son événement. Fondé en 1958 par l’animateur radio
Jimmy Lyons et le journaliste musical Ralph J. Gleason, le festival
voulait, à l’instar de celui de Newport, sortir la musique des boîtes
enfumées pour la présenter en plein air, dans l’espoir de remplir
une certaine mission éducative. Invité de la première heure, Dave
Brubeck y participa à quatorze reprises, incluant cette année. Pour
souligner cet anniversaire, une compilation de quelques grands moments
du festival vient de paraître.
À écouter : Monterey Jazz Festival
Records MJFR 30352.
À lire : The Art of Jazz:
Monterey Jazz Festival/50 Years, par Keith et Kent Zimmerman, 140
p.
ISBN 13 : 978-0-9794057-0-5
(Ouvrage publié par le festival)
À consulter :
www.montereyjazzfestival.org
BOOK NOTES AND BLUE NOTES
Lee Konitz : Conversations on the
Improviser’s Art
Andy Hamilton, University of Michigan
Press,
284 pages, ISBN 978-0-472-03217-4
For the past sixty years (!), alto saxophonist
Lee Konitz has followed his own musical path, impervious to passing
musical fads. Having turned 80 last month, he is at last considered
one of the respected elders of jazz. Instead of writing a classic narrative
biography or a musicological study, British scholar and journalist Andy
Hamilton has decided to approach his subject by way of interviews, permitting
the reader to appreciate the saxophonist’s own words and wry humour.
The author has included a few different perspectives, for the most part
from musicians who worked with Konitz or are familiar with his music.
Although the book is divided in eleven chapters (with addenda including
transcribed solos and a selective discography), one could say there
are really two divisions here: on the one hand, career and life, on
the other, working methods.
“I don’t have a lurid
personal story to tell”.
Unlike Charlie Parker or
Chet Baker, Konitz’s life wasn’t plagued by personal demons. Although
a private man, somewhat reluctant to talk about his family and personal
life, he does reveal that “my pot smoking would take up a couple of
pages at best!” As a survivor and privileged witness of the modern
jazz era, the first half of the book mostly deals with his musical influences
(Lester Young, his mentor Lennie Tristano), his contemporaries (fellow
tristano-ite Warne Marsh most notably), and other great musicians of
that era, such as Miles Davis and Charlie Parker, whose towering influence
on alto saxophonists he had to escape in order to define himself. His
discussion of the Tristano school, in particular, offers a fascinating
view into an important thread of modern jazz that is still somewhat
neglected. A curious and attentive listener, Konitz also has things
to say about younger musicians, from Ornette Coleman and Cecil Taylor
to Joe Lovano and Brad Mehldau. Somewhat hard on himself, Konitz can
be equally caustic with others, as in his notorious comments on Anthony
Braxton’s playing (which are discussed in some detail). Other, more
surprising subjects occasionally surface, such as his ambivalent relationship
with his Jewish heritage (“I don’t practice Jewishness—except
with the jokes!”) and his flirtation with Scientology.
“I had been working
on becoming the slowest saxophone player around...”
Even more fascinating than
his judgments and reminiscences on his fellow musicians, however, are
Konitz’s descriptions of his working methods, how he practices, and
what his musical goals are. “I prepare myself not to be prepared”
is his motto, and despite favouring and mastering the standard jazz
repertoire (All The Things You Are, Cherokee and Body
And Soul, for example), Konitz has also been a pioneer of free improvisation
and insists on the importance of melodic development in a solo. His
aversion to licks (prepared phrases) and what he calls “showboating”
are also unusual in our age of virtuosity and coded playing.
Konitz remains a highly-respected
musician in his seventh decade of activity, as testified in this book
by comments from John Zorn, Phil Woods, Kenny Wheeler, Sonny Rollins,
Sheila Jordan, Ornette Coleman, Wayne Shorter, Dave Liebman, Paul Bley,
Evan Parker, Bill Frisell, and others. Such an eclectic list demonstrates
the lasting influence of a musician who, sometimes against current tastes,
has always done things his way to become, at 80 years old, one of the
last true jazz originals. FAH |
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