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La Scena Musicale - Vol. 13, No. 3 November 2007

Michel Brousseau et le Requiem de Mozart

by Patricia Jean / November 19, 2007


Le concert, qui sera présenté le 25 novembre prochain à la basilique Notre-Dame, réunira l’Orchestre et le Chœur philharmonique du Nouveau Monde, Les Chanteurs de Sainte-Thérèse, le Chœur classique d’Ottawa et le Chœur Tremblant, lesquels ont Michel Brousseau pour chef et directeur artistique. Les Petits Chanteurs du Mont-Royal seront aussi de la partie, sans compter tous les choristes qui se joindront à ces chœurs pour l’occasion.

Rappelons que le Requiem de Mozart est légendaire entre autres parce qu’il s’agit de la dernière œuvre du grand compositeur. « C’est paradoxal parce que c’est un chef-d’œuvre de Mozart, mais en même temps, la majeure partie n’est pas de Mozart. C’est une œuvre écrite sur son lit de mort, explique Brousseau. La version que nous présentons a été complétée par un de ses élèves, Süssmayer. Mais Süssmayer a su saisir les idées de son maître et a réussi à compléter l’œuvre de façon géniale. »

Selon Brousseau, le Requiem témoigne nettement du génie de son compositeur : « Mozart a su introduire une symbolique dans son écriture. Il a réussi à intégrer musicalement des paramètres comme la Trinité, par exemple. Le Père, le Fils et le Saint-Esprit font partie de l’écriture musicale même de la fugue. Il est assez rare de retrouver dès le début d’une fugue un sujet et un contre-sujet. Mozart a écrit une ligne qui représente le Père et une autre représentant le Fils. Il les a superposées et musicalement, il a réussi à faire en sorte que ce soient deux thèmes différents, mais complémentaires, l’un étant à l’image de l’autre. La symbolique musicale rejoint la symbolique spirituelle. On reconnaît là le génie de l’écriture de Mozart et c’est ainsi tout au long de l’œuvre. » L’unité entre l’écriture de Mozart et celle de Süssmayer en est d’autant plus remarquable : « Ce qui est extraordinaire, c’est que Süssmayer ait réussi à aller chercher cette symbolique à travers l’œuvre. Par contre, on se demande s’il ne s’en serait pas approprié plus qu’il n’en a réellement écrit. On pense maintenant que Mozart en aurait composé beaucoup plus… »

Après huit ans, Michel Brousseau ne s’est pas lassé du Requiem de Mozart, loin de là. Selon lui, il s’agit, comme c’est le cas pour bien des œuvres, d’une pièce qu’on ne cerne jamais totalement : « D’année en année, je découvre de nouvelles choses dans cette œuvre, de nouvelles symboliques. Il faut dire qu’il y a beaucoup de messages dans la musique de Mozart et je trouve chaque fois de nouvelles couleurs à donner à sa musique. Mon analyse continue d’évoluer, moi comme musicien j’évolue également, c’est ce qui est merveilleux dans le domaine de la musique. »

Grand passionné d’opéra, le chef d’orchestre a trouvé un parallèle entre les opéras de Mozart et son Requiem : « Dans les opéras de Mozart, il existe des relations de tempos entre toutes les parties de l’opéra. Comparativement à certaines autres interprétations du Requiem où les gens pensent chacune des sections de façon individuelle, j’ai développé une certaine relation de tempo, un peu comme dans les opéras de Mozart, entre les différentes parties du Requiem. »

Les mélomanes qui ont déjà entendu plusieurs versions du Requiem de Mozart pourront tout de même apprécier la prestation des musiciens, des choristes et du chef d’orchestre : « J’encourage ces gens à venir, dit Brousseau, car nous offrons une version assez particulière, différente de ce qu’on a l’habitude d’entendre ».

Dans les semaines à venir, le chef d’orchestre travaillera avec les choristes et les musiciens afin d’assurer que tous partagent une même vision de l’œuvre : « Le rôle du chef d’orchestre étant d’unifier les idées, je vais, dans un premier temps, travailler seulement avec les choristes pour réussir à avoir une conception de l’œuvre et obtenir la couleur et l’interprétation que je désire. Dans un deuxième temps, on fera des répétitions avec les solistes et l’orchestre pour tout unifier. Une fois que ces répétitions sont faites, eh bien, en concert on s’amuse et on essaie de donner le meilleur de soi-même. »

La version du Requiem de Mozart de Brousseau a été saluée par le public et la critique. Rappelons que le chef d’orchestre s’est vu décerner en 2006 le Grand Prix pour la création artistique en région pour les Laurentides par le Conseil des Arts et des Lettres du Québec. n


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