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La Scena Musicale - Vol. 13, No. 10 July 2008

Critiques/Reviews

July 1, 2008


Politique de critique : Nous présentons ici tous les bons disques qui nous sont envoyés. Comme nous ne recevons pas toutes les nouvelles parutions discographiques, l’absence de critique ne constitue pas un jugement négatif. Vous trouverez des critiques additionnelles sur notre site Web www.scena.org.

Review Policy: While we review all the best CDs we get, we don’t always receive every new release available. Therefore, if a new recording is not covered in the print version of LSM, it does not necessarily imply that it is inferior. Many more CD reviews can be viewed on our Web site at www.scena.org.

HHHHHH indispensable / a must!

HHHHHI excellent / excellent

HHHHII très bon / very good

HHHIII bon / good

HHIIII passable / so-so

HIIIII mauvais / mediocre

$ < 10 $

$$ 10–15 $

$$$ 15–20 $

$$$$ > 20 $

Critiques / Reviewers

FC Frédéric Cardin

JKS Joseph K. So

LPB Louis-Pierre Bergeron

PD Pierre Demers

PMB Pierre Marc Bellemare

RB René Bricault

PG Philippe Gervais

SH Stephen Habington

MUSIQUE VOCALE

Buxtehude : Membra Jesu Nostri

Chapelle Rhénane; Maîtrise de Colmar;
Benoît Haller, dir.

K617 207 (61 min 23 s)

HHHHHI $$$$

Le cycle des Membra Jesu Nostri, composé de sept cantates dédiées chacune à une partie du corps souffrant du Christ, s’impose de plus en plus comme l’un des chefs-d’œuvre de la musique sacrée du XVIIe siècle. Une douzaine de versions discographiques s’offrent déjà aux mélomanes, en plus d’un DVD chez harmonia mundi (hélas de peu d’intérêt sur le plan visuel). La Chapelle Rhénane, ce jeune ensemble encensé depuis ses débuts par la presse européenne, a choisi de tirer cette musique du côté des répertoires plus anciens qui lui sont familiers. C’est en effet l’univers de Schütz et de Monteverdi qu’évoque ici l’introduction d’un chœur puissant dialoguant avec les solistes, ainsi que la présence d’un continuo très étoffé (deux violones, orgue, clavecin, théorbe, harpe…). Buxtehude, diront certains, n’en demandait pas tant, et nous voilà plus prêts des fastes vénitiens que du mysticisme luthérien de l’Allemagne du Nord. Pourtant, la surprise initiale passée, force est de reconnaître le grand intérêt d’une telle approche. Tandis que les constants changements d’instruments de continuo font à tout moment dresser l’oreille, le chœur, énergique et précis, crée d’intenses effets dramatiques : voyez par exemple avec quelle éloquence il ouvre la dernière cantate (Illustra faciem tuam). Du côté des solistes, malgré de légères faiblesses, a-t-on jamais entendu Vulnerasti cor meum plus troublant et plus angoissant ? Portée de bout en bout par une urgence théâtrale qui n’a rien de déplacé, cette version se hisse donc au sommet de la discographie, non loin de celle de Jos van Veldhoven (Channels Classics), plus intimiste mais tout aussi incandescente. PG

The Golden Age (Siglo de Oro)

The King’s Singers

Signum 119 (64 min 31 s)

HHHHHI $$$

Les King’s Singers. Toujours aussi bons. Toujours aussi lumineux. Toujours aussi indispensables. La tradition de perfection vocale qui est synonyme de ce nom d’ensemble, véritable appellation contrôlée et garantie de qualité exceptionnelle, est ici mise à la disposition d’un univers en noir et or, aux demi-teintes à contre-jour rappelant le Greco. Le Siècle d’Or est avant tout celui de la magnificence culturelle de la péninsule ibérique. Il est celui des Conquistadors et de leurs crimes, mais également de cet art de la « somptuosité de la beauté » illustré avec maestria dans la polyphonie vocale hispanique et portugaise. Il faut écouter ce disque pour ressentir toute l’incroyable puissance spirituelle véhiculée par cette musique, la ressentir dis-je telle une vague intemporelle nous happant de plein fouet et nous laissant exsangue, mais libéré et heureux, comme si ce passage à vide nous avait permis d’être élevé à un niveau inégalé de conscience et de transcendance. FC

Bach : Cantates, Vol. 39

Bach Collegium Japan; Concerto Palatino; Masaaki Suzuki, dir.

BIS SACD 1641 (72 min 42 s)

HHHHHI $$$$

Des différentes intégrales des cantates de Bach actuellement en cours, celle de Masaaki Suzuki continue de s’affirmer comme l’une des plus solides, et l’on aurait tort de se fier aux photographies banales et toujours semblables qui ornent les pochettes. Ample prise de son SACD, instrumentistes de premier plan (quels hautbois !), solistes vocaux parfois timides (Robin Blaze) mais toujours satisfaisants, voire remarquables (Peter Kooij), chœur superlatif, théâtralité qui n’exclue pas la ferveur, vraiment l’aventure est passionnante ! Ce trente-neuvième volume propose cinq courtes cantates d’humeur plutôt festive et à l’instrumentation très variée, comme toujours chez Bach. La BWV 175, par exemple, débute avec un trio de flûtes à bec à la fois bucolique et inquiet (il s’agit, dit le poème, de guider l’âme jusqu’à de verts pâturages) pour s’achever sur un air où la voix de basse, soutenue par deux trompettes, proclame la victoire divine sur la mort et le démon. Fait à signaler, toutes les œuvres enregistrées ici datent de 1725 et quatre d’entre elles emploient en soliste le violoncello da spalla, un violoncelle piccolo tenu non pas entre les jambes, mais contre l’épaule, en accord avec de récentes recherches musicologiques. La sonorité n’en est pas toujours aussi épanouie qu’on le souhaiterait, parfois pour cause de tempi bien rapides, mais elle intrigue et séduit néanmoins. Notons aussi la présence occasionnelle en renfort de l’excellent Concerto Palatino (cornetto, trois trombones), qui donne une ampleur magnifique à la fugue conclusive de la cantate BWV 68. PG

Karl Jenkins : Stabat Mater

Jurgita Adamonyte, mezzo-soprano; Melinda Sykes, vocalises et mey; EMO Ensemble; Royal Liverpool Philharmonic Orchestra and Choir; Karl Jenkins, dir.

EMI 5099950028320 (62 min)

HHHHII $$

Dès les premières mesures, la « touche » de Karl Jenkins est évidente. Les harmonies vocales qui ont fait sa célébrité, depuis le succès populaire de sa série « Adiemus », sont présentes. Puis, il y a cette mixture particulière (que certains décrieront comme racoleuse, ce qui n’est pas entièrement faux) de musique classique néoromantique, de couleurs instrumentales et vocales « ethniques », d’inspirations littéraires issues de toutes les religions et cultures, de populisme avoué et assumé, de grandiloquence hollywoodienne et parfois de jazz. Cet amalgame sera profondément indigeste pour plusieurs. Mais, tout comme les œuvres chorales de John Rutter, la musique « sacrée » de Karl Jenkins (il a également un Requiem et une Messe à son actif) possède ces qualités très spéciales : elle plaît immédiatement à un public large et profane, ce qui n’est pas nécessairement une maladie honteuse, et elle est immédiatement reconnaissable, contrairement à plusieurs compositions contemporaines anonymes. Cette musique ne survivra probablement pas à l’épreuve du temps, mais si l’on est prêt à accepter l’éphémère et ses légitimes petits plaisirs comme tremplin permettant la découverte et la démystification du « sacré » chez le public profane, alors on pourra laisser tomber nos réflexes défensifs l’instant d’un accueil sincère et candide. FC

MUSIQUE INSTRUMENTALE

Chopin : Concertos pour piano nos 1 & 2

Boris Berezovsky, piano; Ensemble orchestral de Paris; John Nelson, dir.

Mirare 047 (67 min)

HHHHII $$$$

Boris Berezovsky est un interprète athlétique. Sa virtuosité sans failles n’a d’égale que la robuste musculature de ses étreintes. Il mord les trilles et écrase les barres de mesure. Mais il sait aussi être plus introspectif, voire méditatif, et faire preuve de raffinement. On regrettera quelques moments de (presque) dérapages et d’autres où la brillance et l’éclat de son jeu pourront paraître quelque peu ostentatoires aux oreilles plus raffinées. Heureusement, John Nelson est un navigateur averti, capitaine expérimenté qui sait mouvoir ces deux imposants vaisseaux avec intelligence, et éviter la plupart des écueils posés sur sa route. FC

Felix Mendelssohn Bartholdy:
Complete String Symphonies

Amsterdam Sinfonietta; Lev Markiz, dir.

BIS SACD 1766 (255 min 55 s)

HHHHHI $$$$

This re-issue represents a revolutionary advance in terms of technology and musical value: four-and-a-quarter hours of the best available performances of Mendelssohn’s long lost, astonishing juvenile production – and all on a single disc. BIS made this possible by dispensing with the conventional CD layer and the option of surround-sound playback. Note well that a machine with super audio capability is necessary to reproduce the performances. And the performances are superb in highly articulate stereo sound. The set was recorded between 1993 and 1996 and has been a highlight of the BIS catalogue as a three-CD collection. With 44 index points, the SACD version offers the twelve completed symphonies plus the alternative version of Number 8 with winds and the single movement of Number 13. As if this were not sufficient reason to invest in a SACD deck, BIS has doubled down on the ultra extended playing time super audio format with a companion disc of Mendelssohn’s complete concertos (another four hours-plus). The Amsterdam Sinfonietta and Lev Markiz are joined by violinist Isabelle van Keulen and pianists Ronald Brautigam, Roland Pöntinen and Love Derwinger in vibrant performances of all the composer’s works for soloists and orchestra. In the future, the extended-play SACD should yield entire symphony cycles at one third of the shelf space (and cost) now required. SH

Carl Nielsen: Symphonies Nos. 2 and 3

Inger Dam-Jensen, soprano; Poul Elming, baritone; Danish National Symphony Orchestra; Michael Schønwandt, dir.

Naxos 8.570738 (71 min 11 s)

HHHHII $

Dacapo recorded these fine performances in 1999 and the complete cycle is now being re-issued by Naxos. At budget price, the Schønwandt versions represent a serious challenge to the supremacy of Herbert Blomstedt’s San Francisco set (available on a pair of Double-Decca albums). The first volume of the Naxos re-issue offered a sublime performance of Nielsen’s Sixth (Sinfonia Semplice), and the present accounts of Nos. 2 (The Four Temperaments) and 3 (Sinfonia Expansiva) are similarly inspiring. The Danish National Symphony Orchestra generates a firm impression that they own this music and Schønwandt conducts with enthusiastic flair. The Danish vocal soloists in the Andante pastorale of the Third have no equals on disc. Schønwandt used the corrected critical edition of the scores for the first time on record. This is an interesting point overlooked in the booklet essay. The third volume in the cycle, coupling the dramatically heavyweight Numbers 4 and 5, will be delivered by Naxos in the near future. SH

Roussel : Symphonie no 2; Pour une fête de printemps; Suite en fa

Royal Scottish National Orchestra; Stéphane Denève, dir.

Naxos 8.550529 (68 min 43 s)

HHHHHI $

La Deuxième Symphonie de Roussel est, pour ainsi dire, le mouton noir de la famille rousselienne. Écrite à la sortie de la Première Guerre mondiale, elle ne possède ni l’enracinement rythmique des suivantes ni la luminescence et le scintillement de la portion plus « populaire » de l’œuvre de ce compositeur. Les textures sombres, la dialectique quelque peu éclatée et l’allure peu alerte de ses 42 minutes en font une œuvre difficile d’accès. Par contre, s’il faut avoir un enregistrement de cette symphonie pour apprendre à l’apprivoiser, que ce soit celui-ci. Non seulement pour le prix Naxos dérisoire (ce qui peut être en soi une raison suffisante), mais aussi pour la lecture idéale qu’en réalise Stéphane Denève à la tête de ses Écossais. Pour une fête de printemps est un poème symphonique teinté de picturalisme et contenant de magnifiques dialogues entre bois et cordes. La Suite en fa est un hommage au concerto baroque, mais avec des harmonies beaucoup plus caustiques, et un appui bien senti sur des rythmes motoriques et robustes. FC

Langgaard: Symphony No. 1

Danish National Symphony Orchestra; Thomas Dausgaard, dir.

Dacapo 6.220525 (60 min 30 s)

HHHHII $$$

La différence entre « bon » et « génial » tient souvent à peu de choses. La Première Symphonie de Rued Langgaard aurait sans doute subi un autre sort n’eût été le fait qu’elle s’est trouvée contemporaine du Sacre du printemps de Stravinsky plutôt que de la Deuxième de Mahler. Outre le point de vue historique, il y a bien sûr l’aspect purement musical. Croisement entre l’esthétique pastorale de Bruckner et le langage tonal de Strauss, voici une musique qui parle beaucoup, mais ne dit véritablement pas grand-chose. Mais peut-on en vouloir à quelqu’un, sous prétexte d’immaturité, d’avoir composé une symphonie de qualité, dépassant l’heure en durée, à l’âge de seulement 17 ans ? D’autant plus que le Super Audio, encore une fois, fait des merveilles pour l’orchestre. Cordes somptueuses, cuivres gras mais clairs, on ne déplore qu’un marcato fluet dans le 4e mouvement et une polyphonie un tantinet floue. Les amateurs de musique symphonique las des sentiers battus découvriront ici une source peu fréquentée, timide mais fraîche. RB

Johann Baptist Vanhal : Symphonies, Vol. 4

Toronto Chamber Orchestra; Kevin Mallon, dir.

Naxos 8.570280 (66 min 13 s)

HHHHII $

On connaît très peu aujourd’hui la musique du compositeur tchèque Johann Baptist Vanhal (1739-1813). Ce contemporain de Haydn et Mozart (musiciens avec lesquels il aurait joué en quatuor) jouissait pourtant à son époque d’un prestige considérable. Vanhal est d’ailleurs l’un des premiers de son temps à avoir pu vivre de son enseignement et de ses compositions, indépendant de toute forme de mécénat et de patronage. Le vaste catalogue de ce compositeur incroyablement prolifique contient pas moins de 1300 œuvres, notamment une centaine de quatuors à cordes et 76 symphonies. Ces dernières (dont un bon nombre sont dans des tonalités mineures, fait rare à l’époque) montrent une forte influence de Haydn. La
capacité qu’elles ont de développer un matériel thématique restreint en une large structure rappelle les symphonies de son collègue viennois.

Naxos nous propose ici le 4e volume du cycle des symphonies de Vanhal. Il comprend entre autres choses la Symphonie en mi mineur (Bryan e3), composition dans le plus pur style du Sturm und Drang. Autre pièce digne d’intérêt, la Symphonie en do majeur (Bryan C17) montre le talent d’orchestrateur de Vanhal. Dans le premier mouvement, il utilise les timbales de manière extrêmement dynamique, et le deuxième laisse toute la place à un magnifique solo de flûte.

Sous la baguette de Kevin Mallon, le Toronto Chamber Orchestra nous offre ici des interprétations de tout premier ordre. Le jeu, limpide et raffiné, ne laisse transparaître aucun problème de justesse ou d’équilibre. Cela dit, même une interprétation fameuse ne saurait transformer ces pièces en chefs-d’œuvre; à la longue, la musique trop répétitive de Vanhal finit par lasser. Il manque un peu de cette touche d’humour, de cette imagination débordante qui caractérisent les grandes pages classiques de Haydn et de Mozart. LPB

Dvorák: Symphony No. 9 “From the New World”; Symphonic Variations

Baltimore Symphony Orchestra; Marin Alsop, dir.

Naxos 8.570714 (64 min 44 s)

HHHIII $

Quel que soit l’orchestre qu’elle dirige, Marin Alsop reste une coloriste talentueuse plus qu’une dramaturge ou une technicienne. Voilà une approche qui sied assez bien à Dvorˇák, avec son foisonnement de belles idées mélodiques, son style folklorisant, son orchestration soignée. C’est particulièrement efficace dans les Variations symphoniques op. 78, mais moins dans la célébrissime Neuvième, dont le 3e mouvement, par exemple, nécessite un sens de l’abandon au mystère typique des Nachtmusiken d’un Mahler ou d’un Bartók. L’excellente prise de son nous fait oublier qu’on écoute l’enregistrement direct d’un concert, mais l’exubérance des cuivres, aux fortissimi écrasants, nous le rappelle. En dernière analyse, cette version souple et « relâchée » s’adresse moins aux inconditionnels des chefs intenses (Bernstein, Chailly) ou rigoureux (Boulez, Rattle) qu’aux mélomanes plus sensuels, lesquels ne seront pas déçus. RB

DVD

Donizetti : La Fille du Régiment

Natalie Dessay, Juan Diego Flórez, Felicity Palmer, Alessandro Corbelli, Dawn French

Orchestra and Chorus of Royal Opera House Covent Garden; Bruno Campanella, dir.

Virgin Classics 5099951900298 (132 min)

HHHHHI $$$

This brilliant Donizetti’s La Fille du Régiment is a co-production of Vienna State Opera, Covent Garden and the Met. This DVD captures the run at the Royal Opera, with basically the same cast as the other two houses. French director Laurent Pelly is a genius – nobody can beat his flair for zany French farce, witness his hilarious La belle Helene and equally side-splitting Cendrillon. He is certainly at his best form here, giving the audience belly laughs and sight-gags, even having the tenor come onstage in the last act riding a tank!

French soprano Natalie Dessay seems to have recovered fully from her much publicized vocal problems a few years ago and is now singing wonderfully, perhaps minus the stratospheric high notes. No more Zerbinetta and Queen of the Night for her, but the voice have retained its warmth and soft-grained middle, and she can still summon up a high E-flat when needed. Her Marie is manic, high energy and adorable – an uneducated but big-hearted tom-boy. Dessay doesn’t save her voice by avoiding the abundant spoken dialogue, some written specifically for this production. She certainly seems to be enjoying herself here – her final curtain call is unbelievable. She is well partnered by the vocally resplendent Juan Diego Flórez, who tosses off “Ah, mes amis” with its nine high Cs without fuss. (In fact at the Met last April, the thunderous applause after the aria led him to reprise it).

The supporting cast is generally strong. Buffo baritone Alessandro Corbelli is a fine Sulpice. Felicity Palmer is quite a good Marquise, relatively free of English prissiness, and her voice is still in good shape. The weak link is Dawn French as a vulgar Duchesse de Crackentorp, shouting her way through her scene. Although I must say she isn’t any worse than Marian Seldes at the Met, nor Montserrat Caballé for Vienna. This speaking role can be cut or reduced to a minimum as far as I am concerned. The set by Chantal Thomas is a perfect match for the creative genius of Pelly. Conductor Bruno Campanella gallops his way through the score, although he wisely slows down in the lyrical arias by the two principals. If you are at all interested in bel canto, especially Florez’s Tonio, this DVD is a must-buy, especially at the attractive prize offered by Virgin. JKS

Chin : Alice in Wonderland

Sally Matthews (Alice), Piia Komsi/Julia Rempe (le Chat du Cheshire), Dietrich Henschel (Canard/Chapelier fou), Andrew Watts (Lapin blanc/Blaireau/Lièvre de mars), Guy De Mey (Souris/Pat/Cuisinière/Loir/Homme invisible), Cynthia Jansen (Chouette/Affreuse Duchesse/Deux), Gwyneth Jones (Reine de cœur), Steven Humes (Vieil Homme/Crabe/Roi de cœur), Christian Rieger (Vieil Homme/Aiglon/Valet de pied-poisson/Cinq/Bourreau), Rüdiger Trebes (Dronte/Valet de pied-grenouille/Sept/Simili-Tortue), Stefan Schneider (Chenille)

Orchestre et chœur du Bayerisches Staatsorchester; Kent Nagano, dir.

Mise en scène : Achim Freyer

Medici Arts 2072418 (123 min)

HHHHHI $$$$

En première mondiale, le travail d’une jeune compositrice coréenne, élève de György Ligeti (c’est d’ailleurs ce dernier qui aurait suggéré à Unsuk Chin de faire un opéra du conte de Lewis Carroll). Une musique accessible, variée, d’une grande force rythmique, qui ralliera même ceux que la musique contemporaine habituellement rebute – d’autant plus que l’histoire racontée est universellement connue et suivie de près (sauf pour le début et la fin). Peuplée d’animaux et d’objets dotés de la parole, cette œuvre suscitera, chez les amateurs d’opéra, des réminiscences de L’enfant et les sortilèges de Ravel. Étrangement, cet anthropomorphisme à outrance n’échauffe pas l’atmosphère, n’apporte pas un surplus de chaleur humaine. Le spectacle a beau être très coloré et animé, il a une froideur sidérale. Les chanteurs, placés dans un espace vertical, se cachent derrière des masques, derrière des maquillages complexes, ou sont représentés par des pantins qui se meuvent comme en apesanteur et gravitent autour de la case centrale occupée par Alice. Une mise en scène « inhumaine », cosmique, très agréable à l’œil, très étoffée. Dommage que la réalisation vidéo ne comprenne pas davantage de plans d’ensemble pour rendre compte de l’ampleur de l’opération. Tous les chanteurs s’acquittent fort bien d’une tâche qui n’est pas toujours facile – saluons la performance de Sally Matthews qui s’exprime presque jusqu’à la fin sous une sorte de heaume inexpressif. Il est rafraîchissant de voir Guy De Mey, d’ordinaire confiné au baroque, se retrouver dans une telle aventure. Nagano, à l’aise dans ce répertoire comme un poisson dans l’eau, obtient de l’orchestre toutes les nuances voulues… Une telle production coûte une fortune à monter et, comme les différentes maisons d’opéra préfèrent s’en tenir aux valeurs sûres du passé, quand reverra-t-on cet Alice au pays des merveilles ? Bonne question… et surtout bonne raison de se procurer cet excellent DVD. PD

Verdi: Aida

Urmana, Alagna, Komlosi, Giuseppini, Guelfi

Orchestra del Teatro alla Scala; Riccardo Chailly, dir.

Decca 0743209 (2 DVDs, 158 min)

HHHHII $$$$

This Aïda preserves for posterity the return of Franco Zeffirelli to La Scala after a long absence, in a no-expenses-spared production of the Verdi warhorse, billed as “the Aïda to end all Aïdas.” By all accounts the prima on Dec. 7, 2006 was glitzy even by La Scala standards. It was indeed a spectacle, but unfortunately not always in a positive way. At the second performance on December 10, tenor Roberto Alagna (Radames) threw a hissy fit and walked off after he was booed by the infamous loggionisti after “Celeste Aïda”. His departure was so sudden that his understudy, Antonello Palombi, was pressed into service to finish Act One in jeans and t-shirt! Alagna added fuel to the fire by speaking to the press, hitting back at the opera house and the behaviour of the audience. Zeffirelli didn’t mince words either in his displeasure of the tenor.

Given that Alagna only sang the prima and the first 20 minutes of the second, it was a minor miracle that Decca salvaged enough to issue this DVD. No specific date appears on the box, leading one to assume that it is likely a composite of opening night and the dress rehearsal. What of the artistic quality of this Aïda? If you fancy a Hollywood/Cecil B. Demille-type treatment, you’ll love it - “over-the-top” is an understatement. There’s enough gold dust for the treasuries of several countries, and the dancing slaves are made up in the blackest of black face, complete with masks, feathers and a sort of “African tribal choreography”. Incidentally, blackface has been abandoned by opera companies including Covent Garden, but Zeffirelli sticks to this embarrassing practice for the sake of “realism”, even
though such realism is strictly through the Eurocentric lens of what ancient Egypt should have looked like.

The singing is variable – not terrible but not great either. Mezzo-turned-soprano Violeta Urmana is a good Aida but does not erase memories of the great exponents of the past. Roberto Alagna sounds a little dry and the voice takes on an unpleasant beat when pushed, but his singing is generally good and he does not deserve the single boo at the final curtain. Hungarian mezzo Ildiko Komlosi is a standard-issue Amneris, and Carlo Guelfi a good if somewhat gruff Amonrasro. Riccardo Chailly manages to inject life to the proceedings, and the La Scala orchestra is in its glory in this repertoire, even though this opera has not been mounted for twenty years. The picture and sound are great. This Aida is worth purchasing if you’re a fan of Zeffirelli and his mega-productions, otherwise there are better sung alternatives. JKS


(c) La Scena Musicale