Critiques/Reviews
July 1, 2008
Politique de critique : Nous présentons
ici tous les bons disques qui nous sont envoyés. Comme nous ne recevons
pas toutes les nouvelles parutions discographiques, l’absence de critique
ne constitue pas un jugement négatif. Vous trouverez des critiques
additionnelles sur notre site Web www.scena.org.
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version of LSM, it does not necessarily imply that it is inferior. Many
more CD reviews can be viewed on our Web site at www.scena.org.
HHHHHH indispensable / a must!
HHHHHI excellent / excellent
HHHHII très bon / very good
HHHIII bon / good
HHIIII passable / so-so
HIIIII mauvais / mediocre
$ <
10 $
$$ 10–15
$
$$$ 15–20
$
$$$$ >
20 $
Critiques / Reviewers
FC Frédéric
Cardin
JKS Joseph
K. So
LPB Louis-Pierre
Bergeron
PD Pierre
Demers
PMB Pierre
Marc Bellemare
RB René
Bricault
PG Philippe
Gervais
SH Stephen
Habington
MUSIQUE VOCALE
Buxtehude : Membra Jesu Nostri
Chapelle Rhénane; Maîtrise de Colmar;
Benoît Haller, dir.
K617 207 (61 min 23 s)
HHHHHI
$$$$
Le cycle des Membra Jesu Nostri,
composé de sept cantates dédiées chacune à une partie du corps souffrant
du Christ, s’impose de plus en plus comme l’un des chefs-d’œuvre
de la musique sacrée du XVIIe siècle. Une douzaine de versions discographiques
s’offrent déjà aux mélomanes, en plus d’un DVD chez harmonia
mundi (hélas de peu d’intérêt sur le plan visuel). La Chapelle
Rhénane, ce jeune ensemble encensé depuis ses débuts par la presse
européenne, a choisi de tirer cette musique du côté des répertoires
plus anciens qui lui sont familiers. C’est en effet l’univers de
Schütz et de Monteverdi qu’évoque ici l’introduction d’un chœur
puissant dialoguant avec les solistes, ainsi que la présence d’un
continuo très étoffé (deux violones, orgue, clavecin, théorbe, harpe…).
Buxtehude, diront certains, n’en demandait pas tant, et nous voilà
plus prêts des fastes vénitiens que du mysticisme luthérien de l’Allemagne
du Nord. Pourtant, la surprise initiale passée, force est de reconnaître
le grand intérêt d’une telle approche. Tandis que les constants
changements d’instruments de continuo font à tout moment dresser
l’oreille, le chœur, énergique et précis, crée d’intenses effets
dramatiques : voyez par exemple avec quelle éloquence il ouvre la dernière
cantate (Illustra faciem tuam). Du côté des solistes, malgré
de légères faiblesses, a-t-on jamais entendu Vulnerasti cor
meum plus troublant et plus angoissant ? Portée de bout en bout
par une urgence théâtrale qui n’a rien de déplacé, cette version
se hisse donc au sommet de la discographie, non loin de celle de Jos
van Veldhoven (Channels Classics), plus intimiste mais tout aussi incandescente.
PG
The Golden Age (Siglo de Oro)
The King’s Singers
Signum 119 (64 min 31 s)
HHHHHI
$$$
Les King’s Singers. Toujours aussi
bons. Toujours aussi lumineux. Toujours aussi indispensables. La tradition
de perfection vocale qui est synonyme de ce nom d’ensemble, véritable
appellation contrôlée et garantie de qualité exceptionnelle, est
ici mise à la disposition d’un univers en noir et or, aux demi-teintes
à contre-jour rappelant le Greco. Le Siècle d’Or est avant tout
celui de la magnificence culturelle de la péninsule ibérique. Il est
celui des Conquistadors et de leurs crimes, mais également de cet art
de la « somptuosité de la beauté » illustré avec maestria dans la
polyphonie vocale hispanique et portugaise. Il faut écouter ce disque
pour ressentir toute l’incroyable puissance spirituelle véhiculée
par cette musique, la ressentir dis-je telle une vague intemporelle
nous happant de plein fouet et nous laissant exsangue, mais libéré
et heureux, comme si ce passage à vide nous avait permis d’être
élevé à un niveau inégalé de conscience et de transcendance.
FC
Bach : Cantates, Vol. 39
Bach Collegium Japan; Concerto Palatino;
Masaaki Suzuki, dir.
BIS SACD 1641 (72 min 42 s)
HHHHHI
$$$$
Des différentes intégrales des cantates
de Bach actuellement en cours, celle de Masaaki Suzuki continue de s’affirmer
comme l’une des plus solides, et l’on aurait tort de se fier aux
photographies banales et toujours semblables qui ornent les pochettes.
Ample prise de son SACD, instrumentistes de premier plan (quels hautbois
!), solistes vocaux parfois timides (Robin Blaze) mais toujours satisfaisants,
voire remarquables (Peter Kooij), chœur superlatif, théâtralité
qui n’exclue pas la ferveur, vraiment l’aventure est passionnante !
Ce trente-neuvième volume propose cinq courtes cantates d’humeur
plutôt festive et à l’instrumentation très variée, comme toujours
chez Bach. La BWV 175, par exemple, débute avec un trio de flûtes
à bec à la fois bucolique et inquiet (il s’agit, dit le poème,
de guider l’âme jusqu’à de verts pâturages) pour s’achever
sur un air où la voix de basse, soutenue par deux trompettes, proclame
la victoire divine sur la mort et le démon. Fait à signaler, toutes
les œuvres enregistrées ici datent de 1725 et quatre d’entre elles
emploient en soliste le violoncello da spalla, un violoncelle
piccolo tenu non pas entre les jambes, mais contre l’épaule, en accord
avec de récentes recherches musicologiques. La sonorité n’en est
pas toujours aussi épanouie qu’on le souhaiterait, parfois pour cause
de tempi bien rapides, mais elle intrigue et séduit néanmoins. Notons
aussi la présence occasionnelle en renfort de l’excellent Concerto
Palatino (cornetto, trois trombones), qui donne une ampleur magnifique
à la fugue conclusive de la cantate BWV 68. PG
Karl Jenkins : Stabat Mater
Jurgita Adamonyte, mezzo-soprano; Melinda
Sykes, vocalises et mey; EMO Ensemble; Royal Liverpool Philharmonic
Orchestra and Choir; Karl Jenkins, dir.
EMI 5099950028320 (62 min)
HHHHII
$$
Dès les premières mesures, la « touche
» de Karl Jenkins est évidente. Les harmonies vocales qui ont fait
sa célébrité, depuis le succès populaire de sa série « Adiemus
», sont présentes. Puis, il y a cette mixture particulière (que certains
décrieront comme racoleuse, ce qui n’est pas entièrement faux) de
musique classique néoromantique, de couleurs instrumentales et vocales
« ethniques », d’inspirations littéraires issues de toutes les
religions et cultures, de populisme avoué et assumé, de grandiloquence
hollywoodienne et parfois de jazz. Cet amalgame sera profondément indigeste
pour plusieurs. Mais, tout comme les œuvres chorales de John Rutter,
la musique « sacrée » de Karl Jenkins (il a également un Requiem
et une Messe à son actif) possède ces qualités très spéciales
: elle plaît immédiatement à un public large et profane, ce qui n’est
pas nécessairement une maladie honteuse, et elle est immédiatement
reconnaissable, contrairement à plusieurs compositions contemporaines
anonymes. Cette musique ne survivra probablement pas à l’épreuve
du temps, mais si l’on est prêt à accepter l’éphémère et ses
légitimes petits plaisirs comme tremplin permettant la découverte
et la démystification du « sacré » chez le public profane, alors
on pourra laisser tomber nos réflexes défensifs l’instant d’un
accueil sincère et candide. FC
MUSIQUE INSTRUMENTALE
Chopin : Concertos pour piano nos 1
& 2
Boris Berezovsky, piano; Ensemble orchestral
de Paris; John Nelson, dir.
Mirare 047 (67 min)
HHHHII
$$$$
Boris Berezovsky est un interprète athlétique.
Sa virtuosité sans failles n’a d’égale que la robuste musculature
de ses étreintes. Il mord les trilles et écrase les barres de mesure.
Mais il sait aussi être plus introspectif, voire méditatif, et faire
preuve de raffinement. On regrettera quelques moments de (presque) dérapages
et d’autres où la brillance et l’éclat de son jeu pourront paraître
quelque peu ostentatoires aux oreilles plus raffinées. Heureusement,
John Nelson est un navigateur averti, capitaine expérimenté qui sait
mouvoir ces deux imposants vaisseaux avec intelligence, et éviter la
plupart des écueils posés sur sa route. FC
Felix Mendelssohn Bartholdy:
Complete String Symphonies
Amsterdam Sinfonietta; Lev Markiz, dir.
BIS SACD 1766 (255 min 55 s)
HHHHHI
$$$$
This re-issue represents a revolutionary
advance in terms of technology and musical value: four-and-a-quarter
hours of the best available performances of Mendelssohn’s long lost,
astonishing juvenile production – and all on a single disc. BIS made
this possible by dispensing with the conventional CD layer and the option
of surround-sound playback. Note well that a machine with super audio
capability is necessary to reproduce the performances. And the performances
are superb in highly articulate stereo sound. The set was recorded between
1993 and 1996 and has been a highlight of the BIS catalogue as a three-CD
collection. With 44 index points, the SACD version offers the twelve
completed symphonies plus the alternative version of Number 8 with winds
and the single movement of Number 13. As if this were not sufficient
reason to invest in a SACD deck, BIS has doubled down on the ultra extended
playing time super audio format with a companion disc of Mendelssohn’s
complete concertos (another four hours-plus). The Amsterdam Sinfonietta
and Lev Markiz are joined by violinist Isabelle van Keulen and pianists
Ronald Brautigam, Roland Pöntinen and Love Derwinger in vibrant performances
of all the composer’s works for soloists and orchestra. In the future,
the extended-play SACD should yield entire symphony cycles at one third
of the shelf space (and cost) now required. SH
Carl Nielsen: Symphonies Nos. 2 and
3
Inger Dam-Jensen, soprano; Poul Elming,
baritone; Danish National Symphony Orchestra; Michael Schønwandt, dir.
Naxos 8.570738 (71 min 11 s)
HHHHII
$
Dacapo recorded these fine performances
in 1999 and the complete cycle is now being re-issued by Naxos. At budget
price, the Schønwandt versions represent a serious challenge to the
supremacy of Herbert Blomstedt’s San Francisco set (available on a
pair of Double-Decca albums). The first volume of the Naxos re-issue
offered a sublime performance of Nielsen’s Sixth (Sinfonia Semplice),
and the present accounts of Nos. 2 (The Four Temperaments) and
3 (Sinfonia Expansiva) are similarly inspiring. The Danish National
Symphony Orchestra generates a firm impression that they own
this music and Schønwandt conducts with enthusiastic flair. The Danish
vocal soloists in the Andante pastorale
of the Third have no equals on disc. Schønwandt used the corrected
critical edition of the scores for the first time on record. This is
an interesting point overlooked in the booklet essay. The third volume
in the cycle, coupling the dramatically heavyweight Numbers 4 and 5,
will be delivered by Naxos in the near future. SH
Roussel : Symphonie no 2; Pour une
fête de printemps; Suite en fa
Royal Scottish National Orchestra; Stéphane
Denève, dir.
Naxos 8.550529 (68 min 43 s)
HHHHHI
$
La Deuxième Symphonie
de Roussel est, pour ainsi dire, le mouton noir de la famille rousselienne.
Écrite à la sortie de la Première Guerre mondiale, elle ne possède
ni l’enracinement rythmique des suivantes ni la luminescence et le
scintillement de la portion plus « populaire » de l’œuvre de ce
compositeur. Les textures sombres, la dialectique quelque peu éclatée
et l’allure peu alerte de ses 42 minutes en font une œuvre difficile
d’accès. Par contre, s’il faut avoir un enregistrement de cette
symphonie pour apprendre à l’apprivoiser, que ce soit celui-ci. Non
seulement pour le prix Naxos dérisoire (ce qui peut être en soi une
raison suffisante), mais aussi pour la lecture idéale qu’en réalise
Stéphane Denève à la tête de ses Écossais. Pour une fête de
printemps est un poème symphonique teinté de picturalisme et contenant
de magnifiques dialogues entre bois et cordes. La Suite en
fa est un hommage au concerto baroque, mais avec des harmonies beaucoup
plus caustiques, et un appui bien senti sur des rythmes motoriques et
robustes. FC
Langgaard: Symphony No. 1
Danish National Symphony Orchestra; Thomas
Dausgaard, dir.
Dacapo 6.220525 (60 min 30 s)
HHHHII
$$$
La différence entre « bon » et «
génial » tient souvent à peu de choses. La Première Symphonie
de Rued Langgaard aurait sans doute subi un autre sort n’eût été
le fait qu’elle s’est trouvée contemporaine du Sacre du printemps
de Stravinsky plutôt que de la Deuxième de Mahler. Outre le
point de vue historique, il y a bien sûr l’aspect purement musical.
Croisement entre l’esthétique pastorale de Bruckner et le langage
tonal de Strauss, voici une musique qui parle beaucoup, mais ne dit
véritablement pas grand-chose. Mais peut-on en vouloir à quelqu’un,
sous prétexte d’immaturité, d’avoir composé une symphonie de
qualité, dépassant l’heure en durée, à l’âge de seulement 17
ans ? D’autant plus que le Super Audio, encore une fois, fait des
merveilles pour l’orchestre. Cordes somptueuses, cuivres gras mais
clairs, on ne déplore qu’un marcato fluet dans le 4e mouvement
et une polyphonie un tantinet floue. Les amateurs de musique symphonique
las des sentiers battus découvriront ici une source peu fréquentée,
timide mais fraîche. RB
Johann Baptist Vanhal : Symphonies,
Vol. 4
Toronto Chamber Orchestra; Kevin Mallon,
dir.
Naxos 8.570280 (66 min 13 s)
HHHHII
$
On connaît très peu aujourd’hui la
musique du compositeur tchèque Johann Baptist Vanhal (1739-1813). Ce
contemporain de Haydn et Mozart (musiciens avec lesquels il aurait joué
en quatuor) jouissait pourtant à son époque d’un prestige considérable.
Vanhal est d’ailleurs l’un des premiers de son temps à avoir pu
vivre de son enseignement et de ses compositions, indépendant de toute
forme de mécénat et de patronage. Le vaste catalogue de ce compositeur
incroyablement prolifique contient pas moins de 1300 œuvres, notamment
une centaine de quatuors à cordes et 76 symphonies. Ces dernières
(dont un bon nombre sont dans des tonalités mineures, fait rare à
l’époque) montrent une forte influence de Haydn. La
capacité qu’elles ont de développer un matériel thématique restreint
en une large structure rappelle les symphonies de son collègue viennois.
Naxos nous propose ici le 4e volume
du cycle des symphonies de Vanhal. Il comprend entre autres choses la
Symphonie en mi mineur (Bryan e3), composition dans le plus pur
style du Sturm und Drang. Autre pièce digne d’intérêt, la
Symphonie en do majeur (Bryan C17) montre le talent d’orchestrateur
de Vanhal. Dans le premier mouvement, il utilise les timbales de manière
extrêmement dynamique, et le deuxième laisse toute la place à un
magnifique solo de flûte.
Sous la baguette de Kevin Mallon,
le Toronto Chamber Orchestra nous offre ici des interprétations de
tout premier ordre. Le jeu, limpide et raffiné, ne laisse transparaître
aucun problème de justesse ou d’équilibre. Cela dit, même une interprétation
fameuse ne saurait transformer ces pièces en chefs-d’œuvre; à la
longue, la musique trop répétitive de Vanhal finit par lasser. Il
manque un peu de cette touche d’humour, de cette imagination débordante
qui caractérisent les grandes pages classiques de Haydn et de Mozart.
LPB
Dvorák: Symphony No. 9
“From the New World”; Symphonic Variations
Baltimore Symphony Orchestra; Marin Alsop,
dir.
Naxos 8.570714 (64 min 44 s)
HHHIII
$
Quel que soit l’orchestre qu’elle
dirige, Marin Alsop reste une coloriste talentueuse plus qu’une dramaturge
ou une technicienne. Voilà une approche qui sied assez bien à Dvorˇák,
avec son foisonnement de belles idées mélodiques, son style folklorisant,
son orchestration soignée. C’est particulièrement efficace dans
les Variations symphoniques op. 78, mais moins dans la célébrissime
Neuvième, dont le 3e mouvement, par exemple, nécessite un sens
de l’abandon au mystère typique des Nachtmusiken d’un Mahler
ou d’un Bartók. L’excellente prise de son nous fait oublier qu’on
écoute l’enregistrement direct d’un concert, mais l’exubérance
des cuivres, aux fortissimi écrasants, nous le rappelle. En
dernière analyse, cette version souple et « relâchée » s’adresse
moins aux inconditionnels des chefs intenses (Bernstein, Chailly) ou
rigoureux (Boulez, Rattle) qu’aux mélomanes plus sensuels, lesquels
ne seront pas déçus. RB
DVD
Donizetti : La Fille du Régiment
Natalie Dessay, Juan Diego Flórez, Felicity
Palmer, Alessandro Corbelli, Dawn French
Orchestra and Chorus of Royal Opera House
Covent Garden; Bruno Campanella, dir.
Virgin Classics 5099951900298 (132 min)
HHHHHI
$$$
This brilliant Donizetti’s La Fille
du Régiment is a co-production of Vienna State Opera, Covent Garden
and the Met. This DVD captures the run at the Royal Opera, with basically
the same cast as the other two houses. French director Laurent Pelly
is a genius – nobody can beat his flair for zany French farce, witness
his hilarious La belle Helene and equally side-splitting Cendrillon.
He is certainly at his best form here, giving the audience belly laughs
and sight-gags, even having the tenor come onstage in the last act riding
a tank!
French soprano Natalie Dessay seems
to have recovered fully from her much publicized vocal problems a few
years ago and is now singing wonderfully, perhaps minus the stratospheric
high notes. No more Zerbinetta and Queen of the Night for her, but the
voice have retained its warmth and soft-grained middle, and she can
still summon up a high E-flat when needed. Her Marie is manic, high
energy and adorable – an uneducated but big-hearted tom-boy. Dessay
doesn’t save her voice by avoiding the abundant spoken dialogue, some
written specifically for this production. She certainly seems to be
enjoying herself here – her final curtain call is unbelievable. She
is well partnered by the vocally resplendent Juan Diego Flórez, who
tosses off “Ah, mes amis” with its nine high Cs without fuss. (In
fact at the Met last April, the thunderous applause after the aria led
him to reprise it).
The supporting cast is generally
strong. Buffo baritone Alessandro Corbelli is a fine Sulpice. Felicity
Palmer is quite a good Marquise, relatively free of English prissiness,
and her voice is still in good shape. The weak link is Dawn French
as a vulgar Duchesse de Crackentorp, shouting her way through her scene.
Although I must say she isn’t any worse than Marian Seldes at the
Met, nor Montserrat Caballé for Vienna. This speaking role can be cut
or reduced to a minimum as far as I am concerned. The set by Chantal
Thomas is a perfect match for the creative genius of Pelly. Conductor
Bruno Campanella gallops his way through the score, although he wisely
slows down in the lyrical arias by the two principals. If you are at
all interested in bel canto, especially Florez’s Tonio, this
DVD is a must-buy, especially at the attractive prize offered by Virgin.
JKS
Chin : Alice in Wonderland
Sally Matthews (Alice), Piia Komsi/Julia
Rempe (le Chat du Cheshire), Dietrich Henschel (Canard/Chapelier fou),
Andrew Watts (Lapin blanc/Blaireau/Lièvre de mars), Guy De Mey (Souris/Pat/Cuisinière/Loir/Homme
invisible), Cynthia Jansen (Chouette/Affreuse Duchesse/Deux), Gwyneth
Jones (Reine de cœur), Steven Humes (Vieil Homme/Crabe/Roi de cœur),
Christian Rieger (Vieil Homme/Aiglon/Valet de pied-poisson/Cinq/Bourreau),
Rüdiger Trebes (Dronte/Valet de pied-grenouille/Sept/Simili-Tortue),
Stefan Schneider (Chenille)
Orchestre et chœur du Bayerisches Staatsorchester;
Kent Nagano, dir.
Mise en scène : Achim Freyer
Medici Arts 2072418 (123 min)
HHHHHI
$$$$
En première mondiale, le travail d’une
jeune compositrice coréenne, élève de György Ligeti (c’est d’ailleurs
ce dernier qui aurait suggéré à Unsuk Chin de faire un opéra du
conte de Lewis Carroll). Une musique accessible, variée, d’une grande
force rythmique, qui ralliera même ceux que la musique contemporaine
habituellement rebute – d’autant plus que l’histoire racontée
est universellement connue et suivie de près (sauf pour le début et
la fin). Peuplée d’animaux et d’objets dotés de la parole, cette
œuvre suscitera, chez les amateurs d’opéra, des réminiscences de
L’enfant et les sortilèges de Ravel. Étrangement, cet anthropomorphisme
à outrance n’échauffe pas l’atmosphère, n’apporte pas un surplus
de chaleur humaine. Le spectacle a beau être très coloré et animé,
il a une froideur sidérale. Les chanteurs, placés dans un espace vertical,
se cachent derrière des masques, derrière des maquillages complexes,
ou sont représentés par des pantins qui se meuvent comme en apesanteur
et gravitent autour de la case centrale occupée par Alice. Une mise
en scène « inhumaine », cosmique, très agréable à l’œil, très
étoffée. Dommage que la réalisation vidéo ne comprenne pas davantage
de plans d’ensemble pour rendre compte de l’ampleur de l’opération.
Tous les chanteurs s’acquittent fort bien d’une tâche qui n’est
pas toujours facile – saluons la performance de Sally Matthews qui
s’exprime presque jusqu’à la fin sous une sorte de heaume inexpressif.
Il est rafraîchissant de voir Guy De Mey, d’ordinaire confiné au
baroque, se retrouver dans une telle aventure. Nagano, à l’aise dans
ce répertoire comme un poisson dans l’eau, obtient de l’orchestre
toutes les nuances voulues… Une telle production coûte une fortune
à monter et, comme les différentes maisons d’opéra préfèrent
s’en tenir aux valeurs sûres du passé, quand reverra-t-on cet
Alice au pays des merveilles ? Bonne question… et surtout bonne
raison de se procurer cet excellent DVD. PD
Verdi: Aida
Urmana, Alagna, Komlosi, Giuseppini,
Guelfi
Orchestra del Teatro alla Scala; Riccardo
Chailly, dir.
Decca 0743209 (2 DVDs, 158 min)
HHHHII
$$$$
This Aïda preserves for posterity
the return of Franco Zeffirelli to La Scala after a long absence, in
a no-expenses-spared production of the Verdi warhorse, billed as “the
Aïda to end all Aïdas.” By all accounts the prima on Dec.
7, 2006 was glitzy even by La Scala standards. It was indeed a spectacle,
but unfortunately not always in a positive way. At the second performance
on December 10, tenor Roberto Alagna (Radames) threw a hissy fit and
walked off after he was booed by the infamous loggionisti
after “Celeste Aïda”. His departure was so sudden that his understudy,
Antonello Palombi, was pressed into service to finish Act One in jeans
and t-shirt! Alagna added fuel to the fire by speaking to the press,
hitting back at the opera house and the behaviour of the audience. Zeffirelli
didn’t mince words either in his displeasure of the tenor.
Given that Alagna only sang the
prima and the first 20 minutes of the second, it was a minor miracle
that Decca salvaged enough to issue this DVD. No specific date appears
on the box, leading one to assume that it is likely a composite of opening
night and the dress rehearsal. What of the artistic quality of this
Aïda? If you fancy a Hollywood/Cecil B. Demille-type treatment,
you’ll love it - “over-the-top” is an understatement. There’s
enough gold dust for the treasuries of several countries, and the dancing
slaves are made up in the blackest of black face, complete with masks,
feathers and a sort of “African tribal choreography”. Incidentally,
blackface has been abandoned by opera companies including Covent Garden,
but Zeffirelli sticks to this embarrassing practice for the sake of
“realism”, even
though such realism is strictly through the Eurocentric lens of what
ancient Egypt should have looked like.
The singing is variable – not
terrible but not great either. Mezzo-turned-soprano Violeta Urmana is
a good Aida but does not erase memories of the great exponents of the
past. Roberto Alagna sounds a little dry and the voice takes on an unpleasant
beat when pushed, but his singing is generally good and he does not
deserve the single boo at the final curtain. Hungarian mezzo Ildiko
Komlosi is a standard-issue Amneris, and Carlo Guelfi a good if somewhat
gruff Amonrasro. Riccardo Chailly manages to inject life to the proceedings,
and the La Scala orchestra is in its glory in this repertoire, even
though this opera has not been mounted for twenty years. The picture
and sound are great. This Aida is worth purchasing if you’re
a fan of Zeffirelli and his mega-productions, otherwise there are better
sung alternatives. JKS |
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