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La Scena Musicale - Vol. 13, No. 1 September 2007

Critiques/Reviews

September 7, 2007


Politique de critique : Nous présentons ici tous les bons disques qui nous sont envoyés. Comme nous ne recevons pas toutes les nouvelles parutions discographiques, l’absence de critique ne constitue pas un jugement négatif. Vous trouverez des critiques additionnelles sur notre site Web www.scena.org.

Review Policy: While we review all the best CDs we get, we don’t always receive every new release available. Therefore, if a new recording is not covered in the print version of LSM, it does not necessarily imply that it is inferior. Many more CD reviews can be viewed on our Web site at www.scena.org.

HHHHHH indispensable / a must!

HHHHHI excellent / excellent

HHHHII très bon / very good

HHHIII bon / good

HHIIII passable / so-so

HIIIII mauvais / mediocre

$ < 10 $

$$ 10–15 $

$$$ 15–20 $

$$$$ > 20 $

Critiques / Reviewers

AL Alexandre Lazaridès

JKS Joseph K So

PMB Pierre Marc Bellemare

PG Philippe Gervais

RB René Bricault

GL Graham Lord

Musique vocale

Bach Cantatas, vol. 23

English Baroque Soloist, John Eliot Gardiner

2 cd, 111 m.

SDG 131

HHHHHI

Sans être très connues, les cantates retenues dans ce volume double sont toutes de grande qualité et offrent un panorama varié de l’art de Bach. Le premier CD a été enregistré à Arnstadt. On y entend d’abord une oeuvre ancienne, dans un style proche de celui de Buxtehude, qui se termine par un austère choeur-chaconne. Elle contraste vivement avec la cantate qui suit, écrite vingt ans plus tard, dont le mouvement initial déborde d’entrain. Place ensuite à une extraordinaire scène dramatique : les cordes et le choeur déchaînés illustrent l’angoisse des croyants alors que la voix de basse – Stephen Varcoe noble et émouvant que soutiennent les hautbois – vient à quatre reprises calmer la tempête, répétant inlassablement ses paroles de paix. Qui dira que cette musique n’est pas d’actualité? Le deuxième disque propose trois cantates pastorales, mais pourtant bien différentes. Le première présente un joyeux tableau rustique avec ses cors et son duo vif, sur rythme de bourrée. Les deux autres, plus tendres, font une large place aux hautbois, dans l’esprit de la fameuse symphonie des bergers de l’Oratorio de Noël. D’ordinaire bouillonnant d’énergie, Gardiner sait pour l’occasion trouver un ton apaisé, sans devenir soporifique. On regrette seulement que l’alto Daniel Taylor et le ténor Charles Daniels, qu’on entend sur le premier disque, aient cédé leur place à des collègues moins doués pour le second. Philippe Gervais

Mahler: Symphony No. 2 “Resurrection”

Maria Stader, Maureen Forrester (live performance, Carnegie Hall, 17 Feb. 1957)

Philharmonic-Symphony Orchestra, Bruno Walter, conductor

Music & Arts CD 1199 (79m 47s)

HHHHHI $$

This disc – first time on CD – documents the legendary collaboration between Bruno Walter and Maureen Forrester. Walter worked under Mahler and he was also the only conductor who attended the first performance of the Second Symphony led by Mahler in 1895. Forrester was handpicked by Walter as a “successor” to the great Kathleen Ferrier. The maestro personally coached the young Canadian and she became a great Mahler interpreter in her own right. The two recorded this work in the studio for Columbia in 1957, but Walter suffered a heart attack after completing only the fourth and fifth movements. The recording was finished a year later. This Carnegie performance took place a few weeks before the studio sessions, with a different soprano soloist – Maria Stader instead of Emilia Cundari. According to the booklet essay by Mark Kluge, critic Michael Kennedy claims Walter’s interpretation of Mahler is “softer-centered” and “seems to downplay the more sardonic elements.” Whether or not that is the case, the listener can decide. The 50-year-old broadcast sound is very dated, with fairly narrow dynamics. Mahler’s original score specifies that there should be a five-minute pause between the first and second movement, but it was edited out in order to fit onto a single CD. There is some audience noise, but it is not obtrusive. Forrester made two other commercial recordings of the Mahler Second – with Leonard Slatkin in 1982, and with Gilbert Kaplan in 1988, plus numerous broadcast performances. But it was with Walter that she did her best work. This is a performance to treasure and enjoy. Joseph K So

Charles-Marie WIDOR, Symphonies no 5 & 9,

John Grew,

ATMA classique, ACD2 2370,

71 mn 53 sec,

HHHHII $$

Un récital Widor, exécuté sur un instrument remarquable, le 32 pieds Casavant de l’église St-Nom-de-Jésus à Montréal, une tribune très recherchée pour son répertoire d’orgue symphonique, la variété de ses jeux de fond et l’équilibre de ses tutti. On pouvait donc s’attendre à un vaste déploiement de couleurs dans ces 5e et 9e symphonies, ce que nous a brillamment livré John Grew, professeur d’orgue à l’école de musique Schulich de l’Université McGill et concertiste de réputation internationale.

La célèbre 5e Symphonie de Widor est égrénée avec ampleur, les variations du premier mouvement sont plus phrasées que dans bien d’autres enregistrements et la toccata est jouée à un tempo modéré qui rappelle nettement celui de Widor lui-même à Saint-Sulpice, comme on peut l’entendre dans des enregistrements historiques. La 9e Symphonie, la « Gothique », est abstraite et orientée vers le mysticisme, l’autre visage du répertoire d’orgue de Widor. PG

Gioacchino Rossini

Le Comte Ory

Czech Philharmonic Choir, Czech Chamber Soloists / Brad Cohen. Huw Rhys-Evans (Ory), Luca Salsi (Raimbaud), Linda Gerrard (la Comtesse de Formoutiers), etc.

Naxos - 2 disques 8.660207-08 - (2 h 7 min 35 s.)

HHHHII $$$

L’avant-dernier ouvrage lyrique de Rossini et sa dernière comédie, Le Comte Ory, est aussi l’une de ses partitions les plus achevées, un délice ininterrompu. Il fut longtemps oublié et le grand public le connaît encore très peu. Le livret, très réussi, se concentre sur deux épisodes des désopilantes aventures du Comte Ory, mauvais sujet et coureur de jupons impénitent. Le deuxième acte, où le comte et ses hommes d’armes se déguisent en nonnes pour s’introduire dans un refuge de femmes vertueuses, est particulièrement bien ficelé. Ce nouvel enregistrement s’avère très bon, sans toutefois parvenir à supplanter celui, plusieurs fois primé, de Gardiner (Phillips,1989), par rapport auquel il présente néanmoins le double avantage d’être moins coûteux et plus facile à trouver. La direction d’orchestre est excellente, de même que les chanteurs qu’on sent cependant inégalement rompus aux subtilités de l’art lyrique français et à ses difficultés inhérentes. Par ailleurs, il manque à cet enregistrement la dimension visuelle d’un DVD, indispensable puisque le livret nous propose une farce dont l’humour de situation s’apparente à la comédie de boulevard. À cet égard, cette nouvelle version audio aura peine à concurrencer le témoignage vidéo d’une superbe production du Festival de Glyndebourne (Kultur, 2005) qui, en plus d’être très drôle, met en vedette une belle brochette de chanteurs francophones dans les rôles principaux.

Notes et synopsis. Livret en français disponible sur Internet.

Pierre Marc Bellemare

Dietrich Buxtehude: Membra Jesu Nostri

Les Voix baroques, le Consort des voix humaines / Suzie LeBlanc (soprano); Catherine Webster (soprano); Matthew White (alto); Pascal Charbonneau (ténor); Thomas Meglioranza (basse).

ATMA Baroque - ACD2 2563 - (54 min, 58 sec.)

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Dans le livret joint au présent enregistrement, François Filiatrault souligne avec raison que la célébrité de Buxtehude (1637C.-1707) en tant que compositeur de musique d’orgue semble avoir éclipsé ses réalisations dans d’autres domaines, au point où même le public spécialisé ignore généralement sa production de compositeur de cantates d’église qui est à la fois abondante (112 oeuvres conservées), de la plus haute qualité, comme ne manquera pas d’en témoigner quiconque aura pris la peine de se familiariser avec cette belle gravure. À l’écoute, on est immédiatement frappé par le fait que cette musique « sacrée », quoique méditative et recueillie, n’a rien d’austère. On pourrait même la qualifier de sensuelle, mais d’une sensualité transfigurée par la foi, une foi active, très simple et très sincère. L’inspiration piétiste luthérienne s’y mêle, de façon surprenante, peut-être, à des courants plus anciens, issus de la spiritualité monastique médiévale. L’oeuvre, sur des poèmes mystiques latins longtemps attribués à Saint Bernard, se présente en effet comme une méditation sur sept parties du corps souffrant du Christ rédempteur (dans l’ordre : ses pieds, ses genoux, ses mains, son côté, sa poitrine, son coeur, son saint visage). Je tire mon chapeau à une autre grande réussite du Montréal Baroque ! Textes originaux et traductions anglaise et française. PMB

Howard Hanson : Merry Mount

Seattle Symphony Orchestra and Chorale/Gerard Schwartz (1994); solistes : Lauren Flanigan, Walter MacNeil, Richard Zeller, Charles Robert Austin.

Naxos American Opera Classics - numéro - 8.669012-13 - (2 h 4 min 2 sec.)

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Merry Mount est le plus connu d’une quinzaine d’opéras que le Met a commandés à des compositeurs américains sous l’administration Gatti-Casazza (1908-1935). L’oeuvre, la mise en scène fantasmagorique de l’affrontement idéologique entre puritains et libertins dans la Nouvelle-Angleterre du 17e siècle, doit sa notoriété en partie au fait qu’une bande radiophonique de la production originale de 1934 a survécu. En dépit de graves faiblesses techniques, cette bande a toujours fasciné, et ce tant pour la qualité de l’interprétation que pour la beauté de ce qu’on parvient à entendre de la musique elle-même. Il aura fallu attendre plus de soixante ans pour que Gerard Schwartz ne fasse à la partition les honneurs d’un enregistrement moderne et encore treize ans avant que Naxos ne se décide à le publier (après une tentative de réédition de la bande historique, vite contrée par les avocats du Met.) Alors qu’en penser? On a beaucoup parlé du manque d’originalité du langage musical, de sa facture tour à tour «scandinave» et « russe », de la lourdeur de l’orchestration. Mais l’oeuvre a indéniablement du panache, et même une certaine grandeur, et le succès populaire, désormais acquis, de la suite orchestrale qu’en a tirée le compositeur, suggère qu’elle pourrait encore avoir un bel avenir sur les scènes lyriques nord-américaines. Notes et synopsis, mais pas de livret, même sur Internet. PMB

Musique instrumentale

Beethoven

Piano Sonata no. 32 in C minor, op. 111; Six Bagatelles, op. 126; An die ferne Geliebte, op. 98

Boris Zarankin, piano; Giles Tomkins, baritone

Doremi DDR 71151 (66 m)

HHHHII

Russian-born Canadian pianist Boris Zarankan has built such a reputation as a noted teacher that one sometimes forgets he is also a virtuoso pianist with a prodigious technique and uncommon musicality. Zarankin studied at the Kharkov State Conservatory with Regina Horowitz and at the Moscow State Conservatory with Evgueniy Malinin, and has appeared as soloist in recitals and with major orchestras in Russia, the Ukraine, the U.S. and Canada. For the last twelve seasons, Toronto audiences have had ample opportunity to hear Zarankin play in the Off Centre Music Salon series, either accompanying singers, or as a soloist or a ]piano duo with his wife, Inna Perkis. For those not familiar with his playing, this all-Beethoven disc is a perfect introduction. The centerpiece is Piano Sonata in C minor, op. 111, a connoisseur’s sonata if there ever was one. It is late Beethoven and arguably at its most technically demanding – and most spiritual. Zarankin scales the challenges with the assurance and security of a seasoned pro. His playing is solid, non-flashy and never superficial, always well judged and at the service of the music. The sonata is basically a theme with variations, where the soloist negotiates the many changes of mood with skill. The composer’s search for spiritual meaning continues in the six bagatelles, and interestingly Zarankin has chosen quotations from the composer to illustrate each piece. The disc concludes with the well-known song cycle An die ferne Geliebte. The soloist is baritone Giles Tomkins, whose warm and mellow sound is a pleasure. The recorded sound is very good, but inexplicably on my disc, the last seconds of the last song are abruptly cut off – a serious technical flaw. Zarankin himself penned the liner notes, giving us details on the genesis of this disc and his thoughts on the three compositions. This disc is an important contribution to the discography of the three works, particularly that of Opus 111. JKS

Ludwig van Beethoven

The 3rd and the 5th Symphonies

NBC Symphony Orchestra / Arturo Toscanini (1945)

Music & Arts - CD-753 - (72 min)

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Ces enregistrements radiodiffusés étaient destinés à marquer deux grands événements historiques. La 3e symphonie célébrait la reddition de l’Allemagne nazie et la victoire des Alliés en Europe, survenues le jour même du concert, le 8 mai 1945. La diffusion de la 5e symphonie, le 1er septembre 1945, commémorait le sixième anniversaire du début de ce conflit, tout en célébrant la victoire des Alliés dans le Pacifique et la reddition du Japon, survenus un peu plus de deux semaines plus tôt.

Cinquante ans après sa mort, Toscanini demeure sans conteste l’un des interprètes incontournables de ce répertoire. Ce disque s’adresse aux mélomanes passionnés de l’approche nerveuse et musclée du grand chef italien qui refusent de se limiter aux enregistrements ultérieurs (avec le même orchestre), commodément regroupés dans son «intégrale» des symphonies. Le mélomane lira avec intérêt les notes de Christopher Dyment qui conclut, preuves à l’appui, que la conception que se faisait Toscannini de la musique de Beethoven (de l’Eroica en particulier) a beaucoup varié au fil des ans, en dépit du fait qu’il prétendait jouer Beethoven strictement come scritto, un choix esthétique qui, en théorie, laisse peu de place à la variation.

Excellente prise de son, pour l’époque. PMB

Beethoven : Piano Concertos Nos. 1 & 4

Orchestre de Paris/Eschenbach, Lang Lang, piano

DGG 4776719 (74 min 30 s)

HHHHHI $$$$

Ceux qui avaient gardé de Lang Lang le souvenir d’un surdoué qui en faisait trop, seront surpris de découvrir ici un interprète d’une délicatesse sans affectation et d’une virtuosité sans exhibitionnisme. En fait, on est émerveillé par la variété de touchers de ce nouveau Lang Lang et l’exactitude toujours expressive de ses gradations dynamiques. La cadence de chacun des mouvements initiaux des Concertos est un moment d’intense poésie plutôt qu’un étalage de savoir-faire. Soulignons que Christoph Eschenbach apporte une contribution remarquable à cette réussite. Le chef tient l’Orchestre de Paris d’une main de fer et réussit à établir avec le soliste une « conversation musicale » dont la clarté, induite par des bois particulièrement fins, accentue des détails souvent négligés ou vite passés. La seule ombre au tableau, et elle est de taille, arrive dans le second mouvement du Quatrième Concerto, le fameux Andante con moto. Le chef y adopte un rythme plus martial que mouvementé et abandonne le soliste à sa sentimentalité naturelle. Les trois primes du DVD d’accompagnement gratuit n’ajoutent pas grand-chose au plaisir musical. AL

Musique contemporaine

Brahms

Violin Concerto, Double Concerto

Julia Fischer, violin; Daniel Müller-Schott, cello; Netherlands Philharmonic Orchestra Amsterdam/Yakov Kreizberg

Pentatone PTC 5186 066 SACD (72 min 59 s)

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Violinist Julia Fischer’s latest release on Pentatone (her seventh over the last four years) features two Brahms concerti with Yakov Kreizberg and the Netherlands Philharmonic Orchestra, Amsterdam. Along with cellist Daniel Müller-Schott (who joins her for the Double Concerto), these musicians are extremely familiar collaborators for the young German star. A glance at her recording credentials shows her chamber experience with both Kreizberg and Müller-Schott. Furthermore, she was appointed as Artist In Residence with this orchestra last season.

In the Violin Concerto, Fischer and Kreizberg achieve the idea of “symphonic concerto,” which is so necessary for this masterwork (regarded by many as the pinnacle of the solo violin repertoire) wherein virtuosity is present but somehow does not ruin the complex dialogue between soloist and orchestra. Fischer’s playing is effortlessly clean throughout, and always conveys a deep sense of ease, while Kreizberg and the orchestra do not fall into the common trap of excessive sentimentality. This interpretation allows the piece to breathe and speak for itself, even throughout the luscious harmonies that have immortalized this concerto. This especially applies to the oboe and wind section solo at the beginning of the Adagio, which sounds simple and sublime, rather than heart-on-the-sleeve.

Müller-Schott is a perfect match for Fischer in the Double Concerto, as the unity between the two solo voices brings the intimacy of chamber music to the orchestral hall. While isolated sections in both works may seem austere and lacking the full-blown passion and drama of other recordings, this disc is of remarkable quality, not only of execution and interpretation, but also of sound quality and production presented in remarkably well engineered SACD. Graham Lord

Wuorinen : Tashi and other works

The Group for Contemporary Music / New Jersey Percussion Ensemble

Naxos 8.559321

Durée: 68 min.

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La musique de Charles Wuorinen nous plonge dans un monde de synthèse. Il nous propose des réminiscences du contrepoint étriqué d’un Schönberg ou d’un Boulez dans Tashi, de l’orchestration d’un Varèse (voire Takemitsu) dans Percussion Quartet, du sens mélodique d’un Messiaen ou de l’art du silence d’un Webern dans Fortune. Sans s’approprier le cachet fracassant du sceau de la révolution, son écriture affiche néanmoins une rigueur et un raffinement hors de portée du compositeur moyen. Qui plus est, le Group for Contemporary Music et le New Jersey Percussion Ensemble interprètent ses œuvres avec tant de précision et de dévouement qu’on peut affirmer en toute confiance qu’il s’agit là de versions de référence. Le modique prix d’acquisition fixé par Naxos nous confirme que nous sommes en présence d’une valeur sûre. RB

Zodiac Trio : Music for Clarinet, Violin and Piano (Paul Schoenfield, Marcus Paus, Aram Khachaturian and Sy Brandon)

Emeritus 20072 (53 min 03 s)

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Le trio Zodiac, fondé en 2004 par trois étudiants de la Manhattan School of Music (Vanessa Mollard au violon, Riko Higuma au piano et Kliment Krylovskiy à la clarinette) avait pour objectif de présenter un répertoire aussi peu éclectique que possible, en accordant une attention particulière aux œuvres contemporaines. Dans cet enregistrement, c’est le Trio de l’Américain Schoenfield qui constitue la pièce de résistance, tant par la maîtrise de l’écriture et l’équilibre instrumental que par l’interprétation convaincante qui en est donnée. L’œuvre est innervée par les mélodies et les rythmes klezmer : tantôt emportés tantôt alanguis, ils culminent ensemble en des sommets électrisants. Le trio Zodiac s’avère moins convaincant dans ses trois autres compositions. Le Trio de Khatchatourian n’est pas rendu avec la nostalgie propre à l’âme arménienne, en partie à cause de la lourdeur du piano. Le Trio du Norvégien Paus n’est pas très séduisant, à cause de ses formules répétitives. Et l’on s’attendait à mieux de Sy Brandon, dont l’œuvre intitulée Lest We Forget, consacrée au triomphe de l’esprit sur la dévastation, manque singulièrement d’émotion. AL

Chatman

Vancouver Visions

Borealis String Quartet, Sara Davis Buechner, piano; Andrew Dawes, violin; Jane Coop, piano; Robyn Driedger-Klassen, soprano; Karen Lee-Morlang, piano; Paolo Bortolussi, flute

Centrediscs CMCCD 11105

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This 2005 release from the Canadian Music Centre label features an eclectic mix of chamber music from Vancouver-based composer Stephen Chatman. As the head of composition at the UBC School of Music, he is particularly well known on the west coast and claims to incorporate his affinity for “the West” into his works. Seven of these works are on Vancouver Visions, performed mostly by UBC staff and teamed up with a few recognizable names in the Vancouver music scene.

Appropriately, the works are taken from the span of Chatman’s career, from recent compositions back to those of his student years in the early 1970’s. As a result, there is certainly more than enough stylistic contrast to keep the listener’s attention. For instance, the 2003 Lawrence S. Harris Suite for Piano Quintet is representative of Chatman’s more recent work: accessible, warm and displaying a tonal language that is unabashedly North American (think Copland or Bernstein). Conversely, Wild Cat, for solo flute, primarily features extended techniques, disjunct flashes of technique and the imitation of the cat sounds. Andrew Dawes and Jane Coop contribute impressive performances in the highly virtuosic Varley Suite for Solo Violin and the Black and White Fantasy. Chatman’s lyrical capabilities are highlighted in the Five Songs on Poems by Miriam Waddington, which seem inspired by traditional, folk, and popular music sensibilities.

The elegiac In Memoriam Harry Adaskin (founder of the UBC School of Music and Canada’s first professional string quartet) and the slightly comical Home On The Range Variations round out the disc. With all but one of the works having been recorded at the UBC Recital Hall, the general ambiance suggests that we could be listening to a live performance, which is often what we most hope for in chamber music recordings. GL

DVD

Rameau

Zoroastre

Les Talens Lyriques, Choeur et Orchestre de Drottningholm, Christophe Rousset

2 dvd, 227m.

Opus Arte OA 0973 D

HHHIII

Rameau au petit théâtre baroque de Drottningholm, celui-là même où Bergman a filmé La Flûte enchantée, voilà qui semblait prometteur! La magie des lieux opère grâce à de splendides effets d’éclairage mais on aurait pu faire un meilleur usage de la machinerie de scène. On a aussi inexplicablement renoncé aux toiles de fond, indispensables pour compléter les vues en perspective que suggèrent les décors latéraux. En l’absence de ces éléments et aussi à cause des nombreux plans de caméra en plongée, la scène semble bien vide. La pantomime frénétique des danseurs nous apparaît également très discutable, à moins qu’on ne partage l’avis du chorégraphe pour qui « Zoroastre, quelque part, c’est du rock ». Dans la fosse, Christophe Rousset dirige un orchestre fringant mais pas tout à fait assez plein pour s’imposer aux moments les plus dramatiques ; William Christie, qui a enregistré l’oeuvre pour Erato en 2003, nous présentait un bien meilleur équilibre entre les voix et les instruments. Restent donc les chanteurs, heureusement convaincants pour la plupart, à deux exceptions près : Gérard Théruel, faux et criard dans le rôle du grand prêtre, découragera les plus indulgents tandis qu’Evgueny Alexiev campe un sorcier tout en rudesse, au débit lourd et à la diction parfois déficiente. Bref, un Zoroastre plutôt décevant, nous offrant quelques beaux moments, une captation léchée et un documentaire intéressant dont les plus curieux pourraient se contenter, mais on a connu de bien meilleurs Rameau en DVD, notamment Platée et les Boréades. PG

Strauss: Salome

Teresa Stratas, Bernd Weikl, Astrid Varnay, Hans Beirer

Wiener Philharmoniker, Karl Böhm, conductor

Deutsche Grammophon DVD 00440 073 4339 (101m)

HHHHHI $$$$

It is good to have Salome, one of the greatest opera films ever made, reincarnated on DVD, in magnificent 5.1 DTS Surround Sound. It stars the great Canadian soprano Teresa Stratas in a role that she never sang on stage. It’s a pity, since she would have been the Salome of one’s dreams – or should I say nightmares! True, her modest-sized soprano would have been swamped by the heavy orchestration, but on recordings it is a non-issue. Her voice in 1974 was at its absolute peak; and the timbre had a hard-to-define, childlike quality – not unlike that of Ljuba Welitsch, another great Salome on recording. Physically, Stratas was also an ideal Salome. Itis hard to think of another soprano from her era who could have done a better Dance of the Seven Veils. There is even a split second of rear nudity, tame by today’s standards since audiences are now accustomed to full frontal nudity a la Karita Mattila at the Met. Baritone Bernd Weikl is a rather stoic Jochanaan. Former Wagnerians Hans Beirer (Herod) and Astrid Varnay (Herodias) make a deliciously nasty pair. The set design by Gerd Staub and direction by Götz Friedrich are heavy on Hollywood glitz, but effective just the same. The great Karl Böhm draws torrents of sound from the Vienna Philharmonic. Typical of opera films in this era, it is lip-synched but not too obtrusive. The picture quality is good – if a little on the dark side. The accompanying booklet has full colour photos of Stratas, a short essay, generous track markings, and a synopsis in German, French and English. This is a desert-island Salome and should be in the library of every opera lover. JKS

Books

Start-Up at the New Met: The Metropolitan Opera Broadcasts 1966-1976

Paul Jackson

Amadeus Press

ISBN 1-57467-147-2 $49.95US, Cloth

640 pp., 100 b&w illustrations

For those of us who grew up with the Texaco Metropolitan Opera broadcasts every Saturday afternoon in the winter months, this book is a real trip down memory lane. It covers a ten-year period from the opening of the new house in 1966 to the end of the 1975-76 season. This volume is the third installment by author Paul Jackson, who says it will be his last, which is a pity. Jackson certainly has the credentials – he is professor emeritus of music at Drake University, he studied at the Vienna Academy of Music and holds a Ph.D. in musicology from Stanford. He also toured as a pianist for many Met singers in the 50’s and 60’s. He has a keen ear for voice and a deep knowledge of the repertoire and the history of the Met. His writing style is highly readable, if occasionally a little over the top in his use of fancy language. Voice aficionados are notoriously idiosyncratic, but I find myself agreeing with him most of the time. He deserves a lot of credit for re-listening to all the broadcasts before writing, rather than relying on his memory alone. It is wonderful to relive the broadcasts from my formative years – who could forget the Caballé Don Carlo in 1972, or the Sutherland-Horne Norma in 1970, or Tebaldi’s first Fanciulla in that same year? Given these were radio broadcasts, Jackman focused on voice and secondarily on conducting and other musical values. It should be noted that not every single broadcast is critiqued. For example, missing is the April 15, 1967, broadcast of La Gioconda, although Jackman allotted generous space for the broadcast of this opera the following season. The book is liberally illustrated with 100 photographs of artists, almost all in costume. Some photos are autographed, as is the 1972 Bing Gala program, signed by all the artists. Also interesting are three cheques, issued to Giuseppe de Luca, Gina Cigna and Ettore Bastianini, dated 1930, 1938 and 1956 respectively. The cheque for the great Bastianini was for a grand sum of $374 – my, how times have changed! This is an absolutely indispensable volume for every listener of the Met Opera broadcasts. With Jackson’s retirement, let’s hope someone else will take up the gauntlet and pen the future volumes. JKS


(c) La Scena Musicale