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La Scena Musicale - Vol. 12, No. 9

Critiques/Reviews

July 14, 2008


Politique de critique : Nous présentons ici tous les bons disques qui nous sont envoyés. Comme nous ne recevons pas toutes les nouvelles parutions discographiques, l’absence de critique ne constitue pas un jugement négatif à leur sujet. Vous trouverez des critiques additionnelles sur notre site Web www.scena.org.

Review Policy: While we review all the best CDs we get, we don’t always receive every new release available. Therefore, if a new recording is not covered in the print version of LSM, it does not necessarily imply that it is inferior. Many more CD reviews can be viewed on our Web site at www.scena.org.

HHHHHH indispensable / a must!

HHHHHI excellent / excellent

HHHHII très bon / very good

HHHIII bon / good

HHIIII passable / so-so

HIIIII mauvais / mediocre

$ < 10 $

$$ 10–15 $

$$$ 15–20 $

$$$$ > 20 $

Critiques / Reviewers

AL Alexandre Lazaridès

FC Frédéric Cardin

GB Guy Bernard

JKS Joseph K So

OGF Olivier Giroud-Fliegner

PMB Pierre Marc Bellemare

PG Philippe Gervais

RB René Bricault

Disque du mois

Charpentier

Tristes déserts

Il Seminario musicale/Gérard Lesne

Zig-Zag, ZZT070302 (75 min)

HHHHHH $$$$

Surtout connu pour sa musique religieuse, Charpentier s’est également illustré dans l’art subtil de l’air de cour : on en trouve ici de beaux exemples, qui n’ont rien à envier à ceux des meilleurs maîtres du genre. Dans un autre registre, le disque propose aussi les stances du Cid, d’abord récitatif passionné, puis air lancinant sur une basse obstinée, illustrant au mieux « l’étrange peine » de Rodrigue. Mais le plus étonnant demeure cette Epitaphium Carpentarii, qui met en scène le compositeur lui-même, revenu sur terre après sa mort pour revoir ses amis et leur proposer un avant-goût du paradis, sous la forme d’un chœur angélique ! Gérard Lesne est l’interprète idéal de ce répertoire ; malgré une voix désormais un peu frêle, il n’a en effet rien perdu de son talent. Au contraire, sa diction se fait ici plus précise que jamais, et partout l’on admire cette façon de modeler la ligne mélodique, de tracer d’un même souffle les pleins et les déliés, à l’instar de la viole de gambe. On aurait tort d’y voir un excès de raffinement quand l’émotion est là, simple et directe, magnifiée par un continuo éloquent. Et Charpentier qui disait, dans son épitaphe, n’avoir « rien apporté en ce monde » ! Philippe Gervais

DVD of the month

Strauss

Die Frau ohne Schatten

Luana DeVol, Janis Martin, Marjana Lipovsek, Peter Seiffert, Alan Titus; Bayerisches Staatsorchester / Wolfgang Sawallisch

TDK, DVWW-OPSIBOW (2 discs; 183 min)

HHHHHH $$$$

This Munich Opera production of Die Frau ohne Schatten, Strauss’ most complex – and some would argue his greatest – work, was taped live in Nagoya in November 1992, when the Munich Opera was on tour in Japan. It was deliriously received by audience and critics alike, but the video was never shown on Japanese TV due to objections by the censors over the opera’s treatment of women – surely one of the more bizarre censorship decisions! With stunning set design by Setsu Asakura and directed by Ennosuke Ichikawa, in the traditional Japanese Kabuki theatre style, this production works fabulously well with the fantastic fairy-tale story. The dazzling costumes and sets are authentically Japanese. For some of more other-worldly moments in this opera – and there are many, Ichikawa employs technical effects from Japanese sci-fi or horror-type movies to great effect. The performance boasts a superb cast under the inspired leadership of Wolfgang Sawallisch, a great Strauss conductor. This production marked the farewell of Sawallisch to Munich, and the orchestra responded by playing magnificently. Peter Seiffert (Kaiser) sings with clarion tone, well matched by Luana DeVol (Kaiserin) whose high register is impressive. Alan Titus is terrific as Barak, his warm tones and engaging characterization a pleasure. Dramatic soprano Janis Martin, not always the sweetest sounding singer, rises to the occasion and gives a searing portrayal as the Dyer’s Wife. Marjana Lipovsek is a deliciously nasty Amme. The videography is a little on the dark side and the colours are not ideally vibrant, but these are quibbles. This magnificent DVD should be in the collection of every fan of this great opera. Joseph K. So

Musique vocale

Handel

Il duello amoroso

Andreas Scholl, Hélène Guilemette, Accademia Bizantina / Ottavio Dantone

Harmonia Mundi, HMC 901957 (72 min)

HHHHHI $$$$

Harmonia Mundi fait paraître ces jours-ci un enregistrement de quatre cantates et une sonate écrites par un Handel dans la jeune vingtaine, pendant les années qu’il passa en Italie. Le disque met à l’avant-plan des chefs-d’œuvre (composés à la demande de mécènes) pour voix soliste accompagnée uniquement par la basse continue. Andreas Scholl, artiste dont le travail est toujours synonyme de grande qualité, fut mandaté pour porter au disque ces œuvres profanes. Timbre riche, pur, d’une justesse inégalée, connaissance et maîtrise du style ne sont que quelques-uns des attributs qu’on lui reconnaît. En ce sens, les amateurs de cette voix magnifique seront comblés. Mais cet enregistrement réserve plus encore. Il met en valeur une artiste dont la sobriété n’a d’égale que l’élégance. Hélène Guilemette, jeune soprano québécoise, possède justesse, sincérité, diction claire et contrôle sur tout le registre. En fait, elle apporte tant à cet enregistrement qu’on l’eût écoutée bien davantage que dans cette seule cantate HWV 82. L’Accademia Bizantina assure un soutien instrumental avec mesure et réserve.
Guy Bernard

J.S. Bach

Te Deum

André Isoir, orgue

Calliope, CD no CAL 5722 (54min)

HHHHHI $$$

Calliope nous présente avec ce CD une partition que Bach n’a jamais écrite telle quelle : son Te Deum luthérien, pour orgue, auquel se superpose un chœur mixte chantant le choral en allemand. Dans le même esprit suivent onze autres chorals interprétés par le chœur soit avec l’orgue, soit en alternance avec lui. L’enregistrement se termine par le De Profundis, à l’orgue avec chœur d’hommes. L’idée est d’André Isoir, qui tient ici les grandes orgues de l’église St-Thomas d’Aquin à Paris, et auquel se joignent les ensembles Métamorphoses et Coeli & Terra, dirigés par Maurice Bourbon. Cet enregistrement n’est pas une nouveauté (2000), mais l’effet de ce vitrail sonore demeure confondant et force l’admiration, tant André Isoir suit de près, dans ce projet, le sentiment religieux du compositeur. Un enregistrement d’une qualité d’exécution manifeste qui souligne la spiritualité de Bach avec beaucoup de grandeur.

Olivier Giroud-Fliegner

Handel

Tobit

Maya Boog, Linda Perillo, Barbara Hannigan, Alison Browner, Knut Schoch ; Junge Kantorei, Frankfurt Baroque Orchestra / Joachim Carlos Martini

Naxos, 8.570113-14 (2 cd - 156 min)

HHHHII $$

C’est en vain que l’on chercherait un Tobit dans la liste des oratorios de Georg Frideric Handel, à moins de s’adresser à des ouvrages très spécialisés et très récents. En vérité, il s’agit moins d’une œuvre d’art que d’une opération commerciale. Je m’explique : en 1759, lorsque mourut Handel, le genre de l’oratorio sacré en anglais qu’il avait créé jouissait encore des faveurs du public londonien. Flairant la bonne affaire, un assistant du compositeur, Johann Christoph Schmidt, qui avait accès aux manuscrits du maître, décida de répondre à la demande en produisant une série de pastiches entièrement composés de musiques tirées des œuvres authentiques de Handel, mais avec des textes nouveaux. Après avoir connu un certain succès, ces partitions tombèrent dans un oubli profond dont des musicologues s’emploient maintenant à les retirer. Sauf erreur, Tobit est le troisième, après Narbal et Gideon, des pastiches de Schmidt à faire son apparition dans le catalogue Naxos sous la forme d’un enregistrement dirigé par Joachim Carlos Martini. Comme dans les autres cas, l’interprétation musicale est de bonne tenue, mais sans rien d’exceptionnel - à l’instar de l’œuvre musicale elle-même.

Pierre Marc Bellemare

Schütz

Opus ultimum

Collegium Vocale Gent, Concerto Palatino /
Philippe Herreweghe

Harmonia Mundi, 901895.96 (2 cd – 128 min)

HHHHHI $$$$

Herreweghe a des affinités avec Schütz : en témoignait déjà, il y a vingt ans, son remarquable enregistrement du Requiem allemand (Musikalische Exequien), où se trouvait réunie une équipe de chanteurs fameux (Mellon, Fouchécourt, Crook, Kooy…), alors tous au sommet de leur art. Sans tout à fait égaler une telle réussite, le présent coffret poursuit sur cette lancée, proposant ce qui pourrait être le testament de Schütz, un recueil de onze motets polyphoniques qu’il acheva vers l’âge de 86 ans, et qui ne fut redécouvert qu’au début du vingtième siècle. La notice, très intéressante, explique les détails de cette spectaculaire mise à jour, à laquelle Stephen Zweig lui-même aurait participé ! Écrits à deux choeurs et basse continue, ces motets étaient pour l’époque de facture traditionnelle, mais certes pas anachronique, si l’on songe que Bach contribua lui aussi plus tard à ce genre. Doublant les voix par des instruments, et jouant de l’alternance soli-tutti, Herreweghe offre une lecture théâtrale, mais également empreinte de sérieux et de noblesse. On retrouve avec plaisir le Collegium Vocale, souple, homogène, aux assises graves somptueuses, d’esprit plus français que germanique, mais néanmoins ici parfaitement convaincant. PG

Rise O My Soul - English Anthems

Studio de musique ancienne de Montréal /Christopher Jackson ; Consort des Voix humaines

Atma (60 min)

HHHHHI $$$

Pour qui aime un tant soit peu les riches harmonies du chant sacré de la Renaissance, ce disque du SMAM offrira de nombreuses heures d’écoute enivrantes. De Gibbons à John Bull, en passant par Thomas Tomkins et John Ward, le répertoire anglais de cette époque heureuse (en musique du moins…), est scintillant de beauté, de tendresse pieuse et de magnificence. Christopher Jackson est devenu un grand maître de ce répertoire, et le SMAM, accompagné ici du Consort des Voix humaines, est l’écrin idéal pour faire resplendir sa grande musicalité, mais aussi cette grande musique ! Frédéric Cardin

Duets

Anna Netrebko, Rolando Villazón

Staatskapelle Dresden/Nicola Luisotti

Deutsche Grammophon, 4776457 (71 min)

HHHHHI $$$

Now that tenor Rolando Villazón and soprano Anna Netrebko are both on the roster of DG, the company is wasting no time showcasing opera’s hottest couple. First came the Salzburg La Traviata, and now their first duet album. The CD booklet is chock full of photos with the two looking lovey-dovey, smiling at the camera. Never mind they are not married and Villazón has a wife and two kids – it sells records! This would be just so much media hype if it weren’t for the fact that these two have glorious voices and fantastic chemistry together. The disc features eight duets, mostly chestnuts like La Bohème, Rigoletto, Roméo et Juliette, and Manon, all in their current respective repertoires, plus two comparative rarities – an ultra-romantic zarzuela and Tchaikovsky’s Iolanta.

Recorded in August 2006, it was at a time when the tenor was maintaining the heaviest of performance schedule. But in the studio, with the luxury of rests between takes, there is no hint of the fatigue he was reportedly suffering at the time. Also with the possibility of retakes, both singers took more risks. Villazón joins Netrebko in the optional high C ending to “O soave fanciulla”, a note he no longer sings onstage; likewise they both take a high option in the Lucia duet. If I were to quibble, there isn’t a particularly wide emotional range in the interpretation – the pieces are beautifully sung but there is a sameness to them. Conductor Nicola Luisotti plays “follow the diva/divo”, leading the Dresden Staatskapelle in a middle-of-the-road reading. A curiosity: Luisotti actually sings for a fleeting moment in the Rigoletto selection, the first time in memory a conductor actually sings – rather than grunt or stamp his/her foot – in a recording! The recorded sound is typical of DG’s high standards. My review copy is CD-only, but there is a Special Edition with a DVD showing the recording sessions. I would imagine the latter would be the one to buy, but either choice will please their legions of fans. JKS

Early Song Recordings from German Radio

Elizabeth Schwarzkopf, soprano ;
Michael Raucheisen, piano (1941-1943)

Music & Arts, CD-1195(2) (AAD) (2 cd - 140 min)

HHHHHI $$$$

En écoutant ces vieux enregistrements de la radio allemande, les mélomanes qui ne connaissent que la période EMI de sa carrière seront stupéfaits de découvrir une Elisabeth Schwarzkopf dont ils ne soupçonnaient pas l’existence : encore dans la vingtaine, mais déjà en pleine possession de ses moyens, elle interprète les musiques les plus diverses avec un naturel qu’elle perdra plus tard en devenant la grande prêtresse des idéaux de perfection esthétique de son producteur (et mari) Walter Legge. Un jour, confrontée à ces témoignages précoces de son art, elle affectera de les mépriser - bien à tort ! Le programme comporte des enregistrements d’œuvres - ici souvent interprétées en lecture à vue... - auxquelles elle ne reviendra plus par la suite. En complément de programme, on retrouve sept minutes d’une entrevue (1980) portant sur l’interprétation du lied. Ces enregistrements appartiennent aux années de guerre qui ont vu le commencement de la fin du régime hitlérien, avec qui Schwarzkopf a collaboré en se joignant au parti nazi, en 1940. Les notes d’accompagnement abordent ce chapitre controversé de sa vie avec beaucoup d’honnêteté et de mesure et le bénéfice d’une information abondante et solide. Un incontournable pour tous les admirateurs de cette artiste à la fois sublime et pathétique. PMB

Music and Sweet Poetry Agree

Matthew White, contre-ténor

Analekta, AN 2 9918 (58 min)

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La musique élisabéthaine de la fin xvie siècle a été qualifiée de « culte de la mélancolie » et c’est bien ce que nous ressentons en l’écoutant, tellement ces histoires d’amours perdues ou impossibles, ou encore ces réflexions sur la douceur de la mort ont été conçues pour amener l’auditeur à totalement partager la tristesse, voire le désespoir de l’auteur. Mais quelle splendide musique cette esthétique laissa à l’humanité ! Des mélodies qui vous tordent les tripes, et qui vous transportent dans les jardins royaux de cette Angleterre déchirée, un luthiste jouant de son instrument, baignant dans une lumière diaphane. Matthew White, bien qu’il ne soit pas encore tout à fait l’égal d’un Andreas Scholl, ou d’un Philippe Jaroussky, possède un superbe instrument. Malléable, velouté, puissant, il ne souffre aucune imprécision tonale. La prise de son est un peu réverbérante, mais elle n’entrave en rien la clarté de la définition des textures musicales. Un mauvais point à la maison Analekta pour n’avoir pas eu la décence de nous indiquer le nom des musiciens qui accompagnent M. White ! FC

Song Journey

Jean Edwards, soprano; Brahm Goldhamer, piano

Canto 0106 (49 min) www.jeanedwards.ca

HHHIII

At the age of eighty, soprano Jean Edwards – ‘granny soubrette’ as she calls herself – is a phenomenon. As an original member of the Canadian Opera Company, Edwards sang Susanna in Le nozze di Figaro, conducted by Nicholas Goldschmidt, way back in 1951. She left singing to raise five sons and later returned to her passion, studying with Bernard Diamant. Edwards has a clear, girlish soprano of nice timbre, used musically and backed by a solid technique. In an age of rampant age discrimination, singers like her are often not taken seriously. This is a pity, as Jean Edwards’ voice remains fresh and youthful, decades younger than her age would indicate. Yes, it is small, not very powerful and not so flexible in fast-moving music. She is best in adagio pieces, lightly accompanied or unaccompanied, allowing the plaintive quality to shine through. Given the right repertoire and surroundings – as in the recent Maureen Forrester Tribute, there is still much to enjoy. Of the fifteen selections, particularly affecting are ‘I Wonder as I Wander’ – the most beautiful track on the album, ‘Summertime’, and ‘The White Cliffs of Dover’, all superbly accompanied by Brahm Goldhamer. Recorded at Reverie Studies in Collingwood, Ontario, the sound is warm and resonant, and the production values first rate. The booklet is beautifully illustrated by many paintings by her son, Douglas Edwards, and photos of the artists. JKS

Musique instrumentale

Alfvén

Symphony No. 5, Andante religioso

Norrköping Symphony Orchestra/Niklas Willén

Naxos, 8.557612 (58 min)

HHHHHI $$

C’est une heureuse surprise que cet enregistrement de la Cinquième Symphonie en la mineur op. 54 du compositeur suédois Hugo Alfvén (1872-1960), tenu en grande estime dans son pays mais peu joué à l’extérieur. Alfvén a remanié cette œuvre, qui l’a occupé durant deux décennies, jusqu’à sa mort. Il faut reconnaître que le dernier mouvement ne tient pas les promesses des trois précédents, et semble s’étirer avec sa vingtaine de minutes. Si l’écriture évoque en général le postromantisme à la veille de s’éteindre, il n’en reste pas moins que l’auditeur est immédiatement saisi par l’impression d’être en présence d’un langage particulier et d’un compositeur qui a quelque chose à dire, à travers un mélange d’angoisse et de grandeur. Si la structure se situe dans la lignée de Bruckner, tout comme les thèmes chantants et larges, l’orchestration évoque plutôt l’univers mahlérien (recours au xylophone dans le troisième mouvement). Le chef, suédois comme l’orchestre qu’il dirige, semble particulièrement à l’aise dans cet univers nordique dont il nous donne ici une vision convaincante. Alexandre Lazaridès

J.S. Bach

Concertos pour clavecin, vol. 2

Concerto Copenhagen/Lars-Ulrik Mortensen

CPO, 777 248-2 (48 min)

HHHHHI $$$$

Aucun éditeur n’ayant offert récemment d’intégrale des concertos pour clavecin de Bach, celle-ci, dont voilà le deuxième volume, est tout à fait bienvenue. On remarquera d’emblée l’intérêt de la prise de son : contrairement à ce qu’on observe dans les versions plus anciennes (Pinnock, Koopman…), le clavecin soliste n’est pas ici placé au premier plan, mais se mêle à l’orchestre, sans pourtant s’y perdre. Ainsi, les détails du texte apparaissent clairement, et on apprécie la saveur et l’inventivité des cordes autant que la verve étincelante de Lars Ulrik Mortensen. Ce dernier s’illustre particulièrement dans une version remaniée par Bach du Quatrième Concerto brandebourgeois : transposée d’un ton, l’œuvre accueille toujours deux flûtes à bec, mais une acrobatique partie de clavecin, en remplacement du violon, vient leur disputer la vedette ! De manière générale, les tempos choisis paraissent judicieux : le célèbre largo du Concerto en la mineur, cantilène poignante sur fond de pizzicatos, respire comme il se doit, et seul l’andante du Concerto en sol aurait mérité plus de tendresse. Un disque enthousiasmant ! PG

J.S. Bach

Cantatas vol. 22

The English Baroque Soloists, The Monteverdi Choir/John Eliot Gardiner

Monteverdi Production, SDG 128

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Étiquette placée sous la supervision de John Eliot Gardiner lui-même, la maison de production Monteverdi ne signe que les ensembles du maestro anglais. On parle depuis quelque temps de l’émancipation du cyber-support dans l’industrie de la musique classique. Devant un tel ouvrage, que les prophètes de malheur s’arrêtent et constatent : le « CD objet », expression utilisée pour parler du bijou recherché des collecteurs de musique, possède encore tout son potentiel de véhicule artistique. Soussigné Soli Deo Gloria, Monteverdi Production est un organisme à but non lucratif, réinvestissant les profits générés par la vente de ses disques dans des enregistrements futurs, tout en faisant la promotion des artistes de la relève. La magnifique direction artistique, la sobriété de l’étiquette, la riche documentation des notes de programme ne sont que quelques-unes des qualités inhérentes à cet album. Attaques franches, jeu aucunement maniéré, justesse des voix, équilibre chœur / instruments, transparence des timbres, tout y est. On pardonne donc aux basses leur brin de lourdeur. Bien que les notes de programme ne soient qu’en
anglais et en allemand, on retrouve une
traduction française complète sur le site Internet de la maison. GB

Glazunov

String Quintet op.39, Five Novelettes op.15

Fine Arts Quartet ; Nathaniel Rosen, violoncelle

Naxos, 8.570256

HHHIII $

Un bon petit disque que celui-ci. Le Fine Arts Quartet, auquel s’ajoute le second violoncelliste Nathaniel Rosen, manque clairement de ce mordant bohémien propre (et nécessaire) à la musique, surtout pour cordes, de la vaste Europe orientale, mais offre une version claire, honnête et fiable des deux œuvres. Ces dernières vont bien ensemble, au-delà de l’instrumentation similaire, dans la mesure où la consistance et le sérieux du Quintette font contrepoids à la fraîcheur et à la variété des Novelettes, celles-ci passant de la musique espagnole à la musique hongroise avec aisance. René Bricault

Delerue

Les plus beaux thèmes pour le piano

Yoko Sawai, piano ; Patrick Healy, flûte ;
Guillaume Saucier, violoncelle

DCM Classique, DCM-CL 203 (49 min)

HHHHHI $$$

La musique de Georges Delerue est une suite de mélancolies. De ces petites mélancolies qui vous assaillent au détour du souvenir d’un être cher ou d’un moment de bonheur qui ne reviendra plus. Cette musique est toute simple. La mélodie est déclamée d’entrée de jeu, l’accompagnement ne cherche jamais à être plus qu’un écrin valorisant. Mais cette simplicité est trompeuse. La valeur d’une mélodie inoubliable ne doit jamais être sous-estimée. Et Georges Delerue était un maître de cet art trop peu valorisé par l’intelligentsia musicale. Ces petits cadeaux d’orfèvres, par leur beauté, leur touchante naïveté, et par leur surprenante capacité à nous soutirer une larme ici et là, sont invariablement irrésistibles. Certains y verront du kitsh un peu niais, c’est annoncé. Mais laissons donc parler les mauvaises langues, et savourons sans remords cet ensemble de petits bonheurs tristounets, joués avec assez d’aplomb par les trois musiciens en présence (avec une très légère réserve sur le violoncelliste dont l’intonation est, à une ou deux reprises, approximative). J’adore, et j’assume ! FC

Enescu

Complete Works for Violin & Piano, vol. I

Remus Azoitei, violon ; Eduard Stan, piano

Hänssler Classic, 98.239 (61 min)

HHHHHI $$$

Le programme de ce premier disque d’une intégrale de l’œuvre pour violon et piano de Georges Enescu, lui-même violoniste virtuose réputé et bon pianiste, nous propose trois opus. La Sonate no 2 en fa mineur op. 6 date de 1899; c’est donc une œuvre de jeunesse où l’on entend des échos de Schumann et de Brahms passer à travers trois mouvements solidement architecturés. Un long mouvement de plus d’un quart d’heure constitue la Sonate « Torso » de 1911, au langage déjà beaucoup plus personnel et coulé dans un moule presque classique. Mais c’est surtout Impressions d’enfance op. 28 de 1940 qui est le bijou de cet enregistrement. Il s’agit de dix pièces plutôt brèves (la plus longue ne fait que trois minutes et demie), enchaînées sans arrêt notable, où la sensibilité (« Ruisselet au fond du jardin »), l’imagination (« L’oiseau en cage et le coucou au mur ») et la poésie (« Lune à travers les vitres ») exigent d’être servies par une grande virtuosité, et le sont en effet par les deux instrumentistes, tous deux Roumains de naissance. AL

Tournemire

Resurrectio

Vincent Boucher, orgue

Atma classique, ACD2 2470 (59 min)

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C’est le premier volume d’une intégrale de l’œuvre de Charles Tournemire (1870-1939) qu’entreprend Vincent Boucher sur l’orgue Casavant de l’église des Saints-Anges-Gardiens de Lachine. Le musicologue Gilles Cantagrel signera, avec son érudition coutumière, la présentation de chaque opus. Sous le titre Resurrectio, l’organiste montréalais a regroupé sept titres d’inspiration pascale ou, dans une mesure moindre, profane, avec un souci de variété qui permettra de découvrir, à chaque volume, les facettes d’un compositeur dont Messiaen disait, nous rappelle Boucher, que, « un jour, le monde redécouvrira Tournemire ». Avec ses audaces harmoniques (« Paraphrase et double choral » nous conduit aux confins du son musical), l’écriture de Tournemire réussit à suggérer un univers dont il faut bien dire qu’il est mystique, pour employer un mot qui lui était cher. De fait, une atmosphère impalpable règne sur les pièces liturgiques, souvent brèves. L’organiste à l’œuvre démontre une intuition évidente de cet univers, ainsi qu’une connaissance assurée de l’instrument royal qu’il a sous les doigts... et les pieds ! Autant dire que ce premier volume annonce une intégrale de haute volée. AL

French Organ Masterworks

David M. Patrick, orgue

Sanctuary classics, RSN 3073 (74 min)

HHHHII $

Voici un florilège de pièces appartenant au répertoire de l’orgue symphonique francais, interprétées par un spécialiste du genre, doublé d’un virtuose. L’organiste anglais David M. Patrick est reconnu internationalement pour son exécution de ce répertoire, tant en concert, que par ses enregistrements (dont les œuvres complètes de Maurice Duruflé). On trouve dans ce CD les grands noms: Alain, Widor, Bonnet, Duruflé, etc., dans des œuvres souvent entendues en concert comme la « Toccata » de Widor (5e symphonie), l’Impromptu de Vierne, mais aussi les chorals Phrygien et Dorien de J. Alain, ou bien un Prélude de Vincent D’Indy. Les timbres du 32 pieds de la cathédrale de Gloucester se prêtent bien à l’audition de ces pièces, et la massivité de certains plans sonores n’alourdit pas les effets pyrotechniques. OGF

Musique contemporaine

Adams

Complete piano music

Ralph van Raat, piano

Naxos, 8.559285 (52 min)

HHHIII $

John Adams pratique une sorte de « minimalisme-fusion » : moins pur que celui de Reich, moins populiste que celui de Glass, il incorpore des éléments traditionnels et populaires à son écriture. La qualité d’enregistrement de cette (première ?) intégrale de son œuvre pour piano respecte les standards de la populaire étiquette Naxos. Les imperfections techniques de certains passages transitoires ou virtuoses sont à noter, surtout dans la colossale Phrygian Gates (un flot ininterrompu de près de 25 minutes, tout de même). On louera, en contrepartie, la musicalité générale de van Raat, qui aime visiblement ce qu’il fait. Malgré la note moyenne, c’est une écoute qui en vaut la peine, surtout à ce prix. RB

Forestare

Richard Desjardins, voix ;
Forestare / Alexandre Éthier

Atma, ACD2 2550 (56 min)

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Voici un projet doté de plusieurs vertus : il est original et intelligent, il est versatile (populaire autant que savant, sans rechigner sur l’un, ni dénigrer l’autre) et il est porteur d’avenir (on réentendra ces musiciens avant longtemps, parions là-dessus). Cet ensemble de 12 guitares classiques (rien de moins !), fondé et dirigé par Alexandre Éthier, apporte un vent d’air frais sur le petit monde classique d’ici. Richard Desjardins collabore à ce projet avec grand bonheur. Les versions de La maison est ouverte et Les Yankees qu’il interprète avec l’ensemble sont franchement superbes. Bien que sa rencontre avec la chanson populaire soit heureuse, Forestare a fait le choix (courageux et avisé) de jouer également de la musique contemporaine, d’ailleurs, mais surtout d’ici. Steve Reich et son minimalisme envoûtant, Leo Brouwer, Denis Gougeon, Francis Marcoux, Pascal Sasseville Quoquochi, des échos de chamans indiens ou de gamelan balinais, bref c’est un voyage excitant et stimulant qui nous est proposé dans ce magnifique disque. Du bois de ces guitares si brillamment caressées, c’est une forêt de beauté et de plaisir qui jaillit. Une très belle réussite. FC

DVD

Lehar

Der Graf von Luxemburg

Bo Skovhus, Juliane Banse ; Radio Symphonieorchester Wien et I Festival-Chor KlangBogen Wien / Alfred Eschve

CPO, 777 194-2 (135 min)

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À l’époque du vinyle, l’opérette viennoise était un genre vocal plutôt mal servi au disque. Non seulement les dialogues parlés étaient-ils invariablement coupés, mais les textes des airs n’étaient pour ainsi dire jamais fournis et même les résumés d’œuvres se faisaient rares. Le DVD a changé cela : on peut maintenant visionner plusieurs de ces œuvres conçues pour la scène dans un format très proche de l’original. Mais y gagne-t-on au change ? Cela reste à voir. À l’essai, il apparaît que les canevas dramatiques sur lesquels sont montés tous ces beaux airs ont beaucoup et mal vieilli et que l’humour, en particulier, appartient à une époque et un contexte socio-culturel totalement étrangers à la plupart d’entre nous. Donc, si vous avez déjà vu une production de La Veuve joyeuse, que vous avez aimé la musique, mais que les situations dramatiques et les dialogues vous ont paru complètement niais, alors vous feriez sans doute mieux de limiter votre exploration de ce répertoire aux collections d’extraits et anthologies disponibles en disque audio. Autrement, je vous recommande ce disque, témoignage d’une production récente et on ne peut plus viennoise d’un classique du genre. Pour l’instant, c’est le seul enregistrement de l’oeuvre disponible en DVD et tous les interprètes sont excellents. Sous-titres en allemand, français et anglais. PMB

Menotti

Help, Help, the Globolinks!

Edith Mathis, Arlene Saunders, Raymond Wolanski, William Workman, Kurt Marschner, Ursula Boese, Franz Grundheber et Noël Mangin ; The Hamburg Philharmonic State Orchestra/Matthias Kuntzsch

Arthaus, 101 281 (71 min)

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Cet enregistrement studio de 1969, réalisé par Menotti lui-même, doit être considéré comme un document plutôt daté qui ne convainc pas beaucoup : décors tantôt confus tantôt conventionnels, mise en place incohérente d’acteurs laissés à eux-mêmes, lipsync défectueux, couleurs délavées, etc. Cet opéra pour enfants, aux intentions lourdement pédagogiques, repose sur un argument science-fictionnel, ici, l’envahissement de la Terre par des créatures nommées Globolinks, que seule la musique effraye, et qui, à vrai dire, ont l’air plus drôles que méchants. Les 12 enfants de l’autobus scolaire arraisonné en pleine forêt par ces extraterrestres ont malheureusement oublié d’emporter leurs instruments avec eux, à l’exception d’une fillette dont le violon et le courage finiront par les tirer tous du danger. Le livret, de Menotti, est en allemand et ne brille pas par sa finesse, tandis que la musique se cantonne dans un langage dont on ne peut pas dire qu’il déborde d’originalité. AL

Pergolesi

Lo frate ‘nnamorato

Alessandro Corbelli, Nuccia Focile,
Amelia Felle ; Orchestra and Chorus
of Teatro alla Scala/Riccardo Muti

Opus Arte/La Scala Collection, OA LS3005 D
(172 min)

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Il aura fallu attendre le DVD pour rendre les énormes richesses d’inventivité comique et mélodique du Frère amoureux, de Giovanni Battista Pergolesi, véritablement accessibles à un auditoire moderne. En effet, l’action de ce chef-d’œuvre du comique musical italien aux proportions monumentales est tellement compliquée qu’il est à toutes fins pratiques impossible de la suivre si l’on est limité à des enregistrements audios, comme c’était le cas jusqu’à maintenant. Avec la dimension vidéo, la compréhension, naturellement, progresse à pas de géant. Par ailleurs, l’œuvre est chantée dans une langue populaire, le dialecte napolitain, qui n’est qu’à demi intelligible à un auditoire italophone moderne. C’est là qu’interviennent les sous-titres anglais qui, s’ils ne rendent pas toutes les nuances du texte, permettent au moins de le suivre. Enfin, la production elle-même est tout à fait exceptionnelle, avec des interprètes qui savent jouer la comédie aussi bien que chanter et qui évoluent dans des décors d’une opulence baroque dont le style s’harmonise parfaitement à celui de la musique. Même les costumes et autres accessoires réussissent à provoquer l’hilarité ! Certains, peut-être, se plaindront de ce que l’ouvrage est un peu long. On leur répondra que, si l’on avait maintenu tous les airs, récitatifs et reprises prévus par la partition, la soirée aurait facilement pu durer deux heures de plus ! PMB

Rossini

La donna del Lago

Rockwell Blake, Giorgio Surjan, Chris Merritt,
June Anderson ; Orchestra & Chorus of Teatro
alla Scala/Riccardo Muti

Opus Arte/La Scala Collection, OA LS#009 D
(167 min)

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La donna del lago, l’un des plus beaux parmi les opéras sérieux de Rossini, est une succession envoûtante d’airs, duos, ensembles et choeurs, tous plus splendides les uns que les autres. La présente gravure en est le seul enregistrement actuellement disponible en DVD. Elle documente une production mémorable de la Scala, destinée à marquer le bicentenaire de naissance du compositeur. Les têtes d’affiche comptaient parmi les plus grandes vedettes du chant rossinien de l’époque et il va sans dire que c’est un must pour tout amateur de bel canto romantique. Cela dit, il faut tout de même noter un bémol ou deux. On doit avouer, en effet, qu’au-delà de leur technique impeccable et de leur vocalité impressionnante, les chanteurs, à une notable exception près (Martine Dupuy), ne savent pas toujours vraiment comment se situer face à une partition difficile et complexe pour laquelle il n’existe aucune tradition interprétative sur laquelle ils pourraient faire fond. Ce qui n’arrange rien ce sont les costumes misérabilistes et les décors sombres et bizarres de la production de Werner Herzog dont un critique notait à l’époque qu’elle donnait l’impression de situer l’action au fond d’une mine de charbon. Sous-titres en anglais seulement. Livret imprimé en italien. PMB

Sibelius

The Early Years - Maturity and Silence

Orchestre Symphonique de la radio suédoise / Vladimir Ashkenazy

Allegro Films, A05 CND (103 min)

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Enregistrement remasterisé datant de 1984, ce documentaire fut réalisé par Christopher Nupen, précieux collaborateur de la BBC et gagnant de plusieurs prix, dont un pour son film sur Jacqueline du Pré. À première vue, on se questionne sur l’intérêt de porter au DVD cette façon surannée de faire du documentaire. Il faut dire que nous sommes depuis longtemps habitués aux interventions de musicologues ou de chefs d’orchestre (jouant et chantant la partition au piano pendant que s’y joint l’orchestre, en fondu). Il s’agit-là d’une façon de faire qui certes fait cliché, mais reste toujours efficace. Or dans ce documentaire de Nupen, le genre est intime et appuyé par quelques extraits de paysages finlandais, là d’une photographie du compositeur, déposée sur le piano de la maison où il fut élevé. Il en ressort cependant une vision attachante de Sibelius. Comme si l’homme tourmenté, longtemps silencieux et un brin austère se donnait en confession. En aparté, Elisabeth Söderström, Boris Belkin et l’Orchestre Symphonique de la Radio Suédoise sous la direction de Vladimir Ashkenazy interprètent plusieurs pages du compositeur. Évidemment, la sonorité de l’ensemble n’est que très peu enrichie par le transfert au support numérique, mais l’essentiel y demeure. GB

Verdi

Simon Boccanegra

Thomas Hampson, Cristina Gallardo-Domâs, Ferrucio Furlanetto, Dan Paul Dumitrescu, Miroslav Dvorsky et Boaz Daniel ; Chor und Orchester der Wiener Staatsoper/Daniele Gatti

TDK, DVWW-OPSIBOW (137 min)

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Thomas Hampson démontre d’indéniables qualités de tragédien dans cette production, captée sur le vif en 2002, d’un opéra au récit complexe, voire quelque peu confus (trois librettistes y ont mis la main successivement), et que Verdi a remanié sur une période de vingt ans sans parvenir à le rendre homogène. Toutefois, à cause de ses qualités musicales, dont une orchestration qui compte, par moments, parmi les meilleures de Verdi, et ne serait-ce que pour la scène imposante de la fin du premier acte où le doge de Gênes, Simon Boccanegra, domine la foule de plébéiens venus le renverser, cette œuvre retient l’attention. Sans démériter, le reste de la distribution (notamment Ferrucio Furlanetto, peu en voix cependant dans le Prologue), entoure convenablement Hampson. La mise en scène de Peter Stein, dans une scénographie abstraite où dominent les lignes droites, refuse les facilités du pathétique pour laisser toute la place à l’intériorité des personnages. Malheureusement, le découpage retenu pour la captation vidéo dérange trop souvent la perception que l’on a de l’espace scénique et nuit parfois à l’intensité dramatique. AL


(c) La Scena Musicale